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UE148 - Sociologie historique et politique de la violence au Moyen-Orient


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-B
    2nd semestre / hebdomadaire, lundi 10:30-12:30
    du 20 février 2023 au 12 juin 2023
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 19 octobre 2022 08:32

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire, Sociologie
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Démocratie Ethnicité Islam Minorités Politique Violence
Aires culturelles
Arabe (monde) Iranien (monde) Musulmans (mondes) Turc (domaine)
Intervenant·e·s
  • Hamit Bozarslan [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)
  • Gabriel Martinez-Gros   professeur des universités (retraité·e), Université Paris Nanterre

Longtemps négligés par les sciences sociales, les thèmes de la coercition comme expression extrême des rapports de domination et de la violence, sociale et politiques, attirent désormais un nombre important de chercheurs. Mais la fragmentation sociale, politique et territoriale, la banalisation de la violence auto-sacrificielle et l’esthétisation macabre de la cruauté sur nombre de terrains de conflit nous poussent aussi à réfléchir aux limites des approches qu’on pourrait définir de phénoménologiques. Partant notamment, mais pas exclusivement, des formes de violence qu’on observe au Moyen-Orient depuis le milieu des années 1990, notre séminaire aura pour ambition de problématiser les situations où « la violence domine tout » mais « ne tranche rien » et ne s’inscrit dans la durée qu’au prix de la destruction du « social » qui lui a donné naissance.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous pris par courriel : Hamit.Bozarslan@ehess.fr

 

Réception des candidats

sur rendez-vous pris par courriel : Hamit.Bozarslan@ehess.fr

 

Pré-requis
-

Compte rendu


Comme le régimes poutinien, les anti-démocraties iranienne turque, qui ont tant contribué à ensanglanter le Moyen-Orient depuis une, sinon plusieurs longues décennies, sont désormais en crise, parvenant difficilement à dissimuler leur usure. Certes, leur pouvoir de nuisance reste encore intact, ils disposent de nombreuses ressources et rien ne prédit encore leur chute, mais elles sont en rupture avec leurs sociétés qu’elles sont brutalisées et transformées de fond en comble et ont cessé de constituer des repères de confiance à l’échelle régionale.

L’Iran, théâtre d’une insurrection durable aux multiples expressions publiques ou souterraines depuis la mort de la jeune Kurde Jana Mahsa Amini en septembre 2022, est également en crise. Certes, pour le moment les jours du régime ne sont pas comptés, mais le défi auquel il fait désormais face est inédit, en tout cas très différent des contestations périodiques qui secouent le pays depuis la première présidence du président dit réformiste Muhammad Khatami (1997-2001). Le refus massif de la jeunesse féminine iranienne de porter le foulard signifie aussi son refus de porter le deuil de Hussein, petit-fils de Muhammad martyrisé en 680 à Karbala, par des hommes issus de la tribu même du Prophète, qui consolidaient ainsi leur pouvoir, et certainement pas par des femmes à qui le régime impose depuis plus de quatre décennie un devoir d’expiation. La contestation ébranle la République islamique dans le domaine culturel qu’il avait lui-même désigné comme le principal site de bataille qui déciderait de son avenir, de la vie ou de la mort de son projet de forger un homo islamicus pieux, doté d’une ontologie l’immunisant éternellement contre toute souillure, habité par un esprit sacrificiel et fidèle au vilayet-e faqih en tant que régime transitionnel entre l’Occultation du 12e imam (933) et son retour triomphal marquant la délivrance ultime. Partie du Kurdistan avec un slogan kurde, Femme, Vie, Liberté, la contestation, qui mobilise désormais également nombre de jeunes hommes, prend une dimension interterritoriale, affectant des zones persanes-chi’ites tout autant que l’ultra-conservateur Baloutchistan sunnite. Elle rappelle aussi au pouvoir, qui s’il a pu assurer durant des décennies sa durabilité en faisant miroiter la « reconstruction » économique et infrastructurelle sous Hachemi Rafsandjani, le « Veleyat-e faqih à visage humain » sous Muhammad Khatami, et l’imminence du retour du 12e Imam sous Mahmoud Ahmadinejad, il est désormais contraint de s’exposer au grand jour dans sa tunique kleptocratique et paramilitarisé. Plus personne dans le pays ne croit à la possibilité de réformer le système de l’intérieur. Sans force de conviction et encore moins de mobilisation, le régime des mollahs ressemble en effet de plus en plus à un « pouvoir gothique », agissant comme le mort qui ne cesse de saisir le vif :  les contre-manifestations qu’il a tenté d’organiser contre la jeunesse révoltée n’ont mobilisé chaque fois que quelques milliers de personnes habillées en noir, visiblement incapables de rejouer les scènes de leur jeunesse révolutionnaire du tournant des années 1980.

Il en va de même de la Turquie voisine, où malgré la victoire électorale de son parti et de ses alliés des droites islamistes et nationalistes en mai 2023, le régime d’Erdogan est à bout de souffle. Le double tremblement de terre du 6 février qui fit officiellement 50 000 victimes et l’effondrement économique du pays ont montré les limites du « verticale du pouvoir » à la turque signifie en effet que rien ne bouge avant l’ordre venant du haut, et venant toujours trop tard. Durant les élections tenues alors que la crise économique étouffe la société, et en l’absence de tout débat démocratique contradictoire, les questions politiques principales, à commencer par la cherté de la vie, la question kurde ou la politique étrangère, n’ont pas été évoquées, si n’est sous forme de chantage par Erdogan.

Dernière modification : 19 octobre 2022 08:32

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire, Sociologie
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Démocratie Ethnicité Islam Minorités Politique Violence
Aires culturelles
Arabe (monde) Iranien (monde) Musulmans (mondes) Turc (domaine)
Intervenant·e·s
  • Hamit Bozarslan [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)
  • Gabriel Martinez-Gros   professeur des universités (retraité·e), Université Paris Nanterre

Longtemps négligés par les sciences sociales, les thèmes de la coercition comme expression extrême des rapports de domination et de la violence, sociale et politiques, attirent désormais un nombre important de chercheurs. Mais la fragmentation sociale, politique et territoriale, la banalisation de la violence auto-sacrificielle et l’esthétisation macabre de la cruauté sur nombre de terrains de conflit nous poussent aussi à réfléchir aux limites des approches qu’on pourrait définir de phénoménologiques. Partant notamment, mais pas exclusivement, des formes de violence qu’on observe au Moyen-Orient depuis le milieu des années 1990, notre séminaire aura pour ambition de problématiser les situations où « la violence domine tout » mais « ne tranche rien » et ne s’inscrit dans la durée qu’au prix de la destruction du « social » qui lui a donné naissance.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous pris par courriel : Hamit.Bozarslan@ehess.fr

 

Réception des candidats

sur rendez-vous pris par courriel : Hamit.Bozarslan@ehess.fr

 

Pré-requis
-
  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-B
    2nd semestre / hebdomadaire, lundi 10:30-12:30
    du 20 février 2023 au 12 juin 2023
    Nombre de séances : 12

Comme le régimes poutinien, les anti-démocraties iranienne turque, qui ont tant contribué à ensanglanter le Moyen-Orient depuis une, sinon plusieurs longues décennies, sont désormais en crise, parvenant difficilement à dissimuler leur usure. Certes, leur pouvoir de nuisance reste encore intact, ils disposent de nombreuses ressources et rien ne prédit encore leur chute, mais elles sont en rupture avec leurs sociétés qu’elles sont brutalisées et transformées de fond en comble et ont cessé de constituer des repères de confiance à l’échelle régionale.

L’Iran, théâtre d’une insurrection durable aux multiples expressions publiques ou souterraines depuis la mort de la jeune Kurde Jana Mahsa Amini en septembre 2022, est également en crise. Certes, pour le moment les jours du régime ne sont pas comptés, mais le défi auquel il fait désormais face est inédit, en tout cas très différent des contestations périodiques qui secouent le pays depuis la première présidence du président dit réformiste Muhammad Khatami (1997-2001). Le refus massif de la jeunesse féminine iranienne de porter le foulard signifie aussi son refus de porter le deuil de Hussein, petit-fils de Muhammad martyrisé en 680 à Karbala, par des hommes issus de la tribu même du Prophète, qui consolidaient ainsi leur pouvoir, et certainement pas par des femmes à qui le régime impose depuis plus de quatre décennie un devoir d’expiation. La contestation ébranle la République islamique dans le domaine culturel qu’il avait lui-même désigné comme le principal site de bataille qui déciderait de son avenir, de la vie ou de la mort de son projet de forger un homo islamicus pieux, doté d’une ontologie l’immunisant éternellement contre toute souillure, habité par un esprit sacrificiel et fidèle au vilayet-e faqih en tant que régime transitionnel entre l’Occultation du 12e imam (933) et son retour triomphal marquant la délivrance ultime. Partie du Kurdistan avec un slogan kurde, Femme, Vie, Liberté, la contestation, qui mobilise désormais également nombre de jeunes hommes, prend une dimension interterritoriale, affectant des zones persanes-chi’ites tout autant que l’ultra-conservateur Baloutchistan sunnite. Elle rappelle aussi au pouvoir, qui s’il a pu assurer durant des décennies sa durabilité en faisant miroiter la « reconstruction » économique et infrastructurelle sous Hachemi Rafsandjani, le « Veleyat-e faqih à visage humain » sous Muhammad Khatami, et l’imminence du retour du 12e Imam sous Mahmoud Ahmadinejad, il est désormais contraint de s’exposer au grand jour dans sa tunique kleptocratique et paramilitarisé. Plus personne dans le pays ne croit à la possibilité de réformer le système de l’intérieur. Sans force de conviction et encore moins de mobilisation, le régime des mollahs ressemble en effet de plus en plus à un « pouvoir gothique », agissant comme le mort qui ne cesse de saisir le vif :  les contre-manifestations qu’il a tenté d’organiser contre la jeunesse révoltée n’ont mobilisé chaque fois que quelques milliers de personnes habillées en noir, visiblement incapables de rejouer les scènes de leur jeunesse révolutionnaire du tournant des années 1980.

Il en va de même de la Turquie voisine, où malgré la victoire électorale de son parti et de ses alliés des droites islamistes et nationalistes en mai 2023, le régime d’Erdogan est à bout de souffle. Le double tremblement de terre du 6 février qui fit officiellement 50 000 victimes et l’effondrement économique du pays ont montré les limites du « verticale du pouvoir » à la turque signifie en effet que rien ne bouge avant l’ordre venant du haut, et venant toujours trop tard. Durant les élections tenues alors que la crise économique étouffe la société, et en l’absence de tout débat démocratique contradictoire, les questions politiques principales, à commencer par la cherté de la vie, la question kurde ou la politique étrangère, n’ont pas été évoquées, si n’est sous forme de chantage par Erdogan.