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UE11 - Comprendre les textes des sciences sociales
Lieu et planning
-
Campus Condorcet (GED/bât. recherche Sud/Nord)
Salle 2.14 - Humathèque (ex-Grand équipement documentaire/GED)
Cours des humanités 93300 Aubervilliers
1er semestre / hebdomadaire, lundi 14:30-16:30
du 7 novembre 2022 au 13 février 2023
Nombre de séances : 12La séance du 16 janvier est annulée et reportée au 20 février (même horaire, même salle)
Description
Dernière modification : 10 mai 2022 11:36
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Méthodes et techniques des sciences sociales, Philosophie et épistémologie
- Page web
- -
- Langues
- français
- L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
- Mots-clés
- Analyse de discours Argumentation Écriture Épistémologie Études des sciences contemporaines Méthodes et techniques des sciences sociales Savoirs Textes
- Aires culturelles
- Europe
Intervenant·e·s
- Wiktor Stoczkowski [référent·e] directeur d'études, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)
Dans un article désormais classique consacré à l’analyse du « champ scientifique », Pierre Bourdieu observait que les écrits des sciences sociales, même lorsqu’ils revêtent tous les attributs de la scientificité, peuvent recourir à des dispositifs rhétoriques et argumentatifs « dont l’ésotérisme savamment entretenu des vieilles traditions lettrées ne représente qu’une pauvre anticipation » (« Le Champ scientifique », 1975, p. 101). Est-ce une boutade ou une vérité profonde sur les textes de nos disciplines ?
S’il est une constante dans les réactions que suscite la fréquentation assidue des textes de sciences sociales, c’est surtout le désarroi de nombreux lecteurs qui confessent de peiner à comprendre ce qu’on leur donne à lire. Les embarras similaires transparaissent dans les comptes rendus publiés par les périodiques spécialisés, où il n’est pas rare de voir des professionnels du savoir se méprendre radicalement sur la signification des publications dont ils cherchent à commenter la teneur. D’où viennent ces difficultés ? Comment les surmonter ?
Cet enseignement présentera une série de savoir-faire qui permettent d’analyser en profondeur les techniques employées dans la confection des textes des sciences sociales. Il s’agit des techniques argumentatives, dialectiques, rhétoriques, poétiques, descriptives et narratives, dont chacune possède ses règles propres, parfois incompatibles avec celles des techniques différentes. À l’instar de la deep description (description approfondie) à laquelle Clifford Geertz invitait naguère les ethnographes, cet enseignement proposera une lecture approfondie des textes des sciences sociales.
On cherchera à montrer que ces textes, loin d’être exclusivement des moyens de communication d’idées et de données, constituent aussi des instruments de l’action pratique destinée à agir sur des collectifs sociaux, mettant en scène le personnage de l’auteur, son autorité, ses talents, son groupe d’appartenance, ses adversaires, son univers conceptuel, ses origines, sa position sociale, ses engagements, sa rectitude morale et politique, sa dextérité scripturale. L’allusion, le faux-semblant, la feinte, la dissimulation, la fanfaronnade, voire la mystification et l’affabulation peuvent y côtoyer les descriptions minutieuses et les raisonnements rigoureux. Pour comprendre les stratégies argumentatives et saisir leurs principes de cohérence il est nécessaire d’appréhender ces textes comme des constructions complexes, pourvues de finalités multiples.
Une partie importante de ce travail se fera à travers des exercices pratiques, à partir d’un échantillon de publications des sciences sociales.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
Master
-
Séminaires de recherche
– Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – contrôle continu -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – contrôle continu
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
contacter l'enseignant par courriel : stoczkow@ehess.fr
- Direction de travaux des étudiants
sur rendez-vous pris par courriel.
- Réception des candidats
sur rendez-vous pris par courriel.
- Pré-requis
- -
Compte rendu
Dans un article désormais classique, consacré à l’analyse du « champ scientifique », Pierre Bourdieu observait que les écrits des sciences sociales, même lorsqu’ils revêtent tous les attributs de la scientificité, peuvent recourir à des dispositifs rhétoriques et argumentatifs « dont l’ésotérisme savamment entretenu des vieilles traditions lettrées ne représente qu’une pauvre anticipation ». Était-ce une boutade ou une vérité profonde sur les textes de nos disciplines ?
S’il est une constante dans les réactions que suscite la fréquentation assidue des textes des sciences sociales, c’est surtout le désarroi de nombreux lecteurs qui confessent leur peine à comprendre ce qu’on leur donne à lire. Des embarras similaires transparaissent dans les comptes rendus publiés par les périodiques spécialisés, où il n’est pas rare de voir des professionnels du savoir se méprendre radicalement sur la signification des publications dont ils cherchent à commenter la teneur. D’où viennent ces difficultés ? Comment les surmonter ?
Cet enseignement a présenté un ensemble de savoir-faire qui permettent d’analyser en profondeur les techniques employées dans la confection des textes des sciences sociales. Il s’agit des techniques argumentatives, dialectiques, rhétoriques, poétiques, descriptives et narratives, chacune possédant ses règles propres. À l’instar de la deep description (description approfondie) à laquelle Clifford Geertz conviait naguère les ethnographes, cet enseignement était une invitation à une lecture approfondie des textes des sciences sociales.
Après une introduction théorique, l’essentiel de l’enseignement a consisté en des exercices pratiques, basés sur une lecture minutieuse de trois textes relativement courts : l’article de Pierre Bourdieu « Le champ scientifique » (1976), l’article de Jean-Pierre Vernant « La formation de la pensée positive dans la Grèce archaïque » (1957), et les deux premiers chapitres de La Vie de laboratoire de Bruno Latour et de Steve Woolgar (1979).
L’un des objectifs de ce travail était de faire prendre conscience aux étudiants que la principale difficulté de la lecture ordinaire, habituelle, tient au fait que nous percevons les textes par le prisme d’une multitude de postulats acceptés à priori : une partie importante de ces postulats se rapporte à l’idée relativement étriquée que nous nous faisons des fonctions dévolues aux textes académiques. Afin de mieux comprendre les significations multiples des textes savants, il faut d’abord réviser de fond en comble sa vision des finalités hétérogènes du travail de recherche et de sa restitution écrite.
On a cherché à montrer que ces textes, loin d’être exclusivement des moyens de communication d’idées et de données, constituent aussi des instruments de l’action pratique destinée à agir sur des collectifs sociaux, mettant en scène le personnage de l’auteur, son autorité, ses talents, son groupe d’appartenance, ses adversaires, son univers conceptuel, ses origines, sa position sociale, ses engagements, sa rectitude morale et politique, sa dextérité scripturale. L’allusion, le faux-semblant, la feinte, la dissimulation, la fanfaronnade, voire la mystification et l’affabulation peuvent y côtoyer les descriptions minutieuses et les raisonnements rigoureux. Pour comprendre les stratégies argumentatives et saisir leurs principes de cohérence il est nécessaire d’appréhender ces textes comme des constructions complexes, pourvues de finalités multiples.
Dernière modification : 10 mai 2022 11:36
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Méthodes et techniques des sciences sociales, Philosophie et épistémologie
- Page web
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- Langues
- français
- L’enseignement est uniquement dispensé dans cette langue.
- Mots-clés
- Analyse de discours Argumentation Écriture Épistémologie Études des sciences contemporaines Méthodes et techniques des sciences sociales Savoirs Textes
- Aires culturelles
- Europe
Intervenant·e·s
- Wiktor Stoczkowski [référent·e] directeur d'études, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)
Dans un article désormais classique consacré à l’analyse du « champ scientifique », Pierre Bourdieu observait que les écrits des sciences sociales, même lorsqu’ils revêtent tous les attributs de la scientificité, peuvent recourir à des dispositifs rhétoriques et argumentatifs « dont l’ésotérisme savamment entretenu des vieilles traditions lettrées ne représente qu’une pauvre anticipation » (« Le Champ scientifique », 1975, p. 101). Est-ce une boutade ou une vérité profonde sur les textes de nos disciplines ?
S’il est une constante dans les réactions que suscite la fréquentation assidue des textes de sciences sociales, c’est surtout le désarroi de nombreux lecteurs qui confessent de peiner à comprendre ce qu’on leur donne à lire. Les embarras similaires transparaissent dans les comptes rendus publiés par les périodiques spécialisés, où il n’est pas rare de voir des professionnels du savoir se méprendre radicalement sur la signification des publications dont ils cherchent à commenter la teneur. D’où viennent ces difficultés ? Comment les surmonter ?
Cet enseignement présentera une série de savoir-faire qui permettent d’analyser en profondeur les techniques employées dans la confection des textes des sciences sociales. Il s’agit des techniques argumentatives, dialectiques, rhétoriques, poétiques, descriptives et narratives, dont chacune possède ses règles propres, parfois incompatibles avec celles des techniques différentes. À l’instar de la deep description (description approfondie) à laquelle Clifford Geertz invitait naguère les ethnographes, cet enseignement proposera une lecture approfondie des textes des sciences sociales.
On cherchera à montrer que ces textes, loin d’être exclusivement des moyens de communication d’idées et de données, constituent aussi des instruments de l’action pratique destinée à agir sur des collectifs sociaux, mettant en scène le personnage de l’auteur, son autorité, ses talents, son groupe d’appartenance, ses adversaires, son univers conceptuel, ses origines, sa position sociale, ses engagements, sa rectitude morale et politique, sa dextérité scripturale. L’allusion, le faux-semblant, la feinte, la dissimulation, la fanfaronnade, voire la mystification et l’affabulation peuvent y côtoyer les descriptions minutieuses et les raisonnements rigoureux. Pour comprendre les stratégies argumentatives et saisir leurs principes de cohérence il est nécessaire d’appréhender ces textes comme des constructions complexes, pourvues de finalités multiples.
Une partie importante de ce travail se fera à travers des exercices pratiques, à partir d’un échantillon de publications des sciences sociales.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
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Séminaires de recherche
– Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – contrôle continu -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs
– M1/S1-M2/S3
Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
MCC – contrôle continu
- Contacts additionnels
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- Informations pratiques
contacter l'enseignant par courriel : stoczkow@ehess.fr
- Direction de travaux des étudiants
sur rendez-vous pris par courriel.
- Réception des candidats
sur rendez-vous pris par courriel.
- Pré-requis
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Campus Condorcet (GED/bât. recherche Sud/Nord)
Salle 2.14 - Humathèque (ex-Grand équipement documentaire/GED)
Cours des humanités 93300 Aubervilliers
1er semestre / hebdomadaire, lundi 14:30-16:30
du 7 novembre 2022 au 13 février 2023
Nombre de séances : 12La séance du 16 janvier est annulée et reportée au 20 février (même horaire, même salle)
Dans un article désormais classique, consacré à l’analyse du « champ scientifique », Pierre Bourdieu observait que les écrits des sciences sociales, même lorsqu’ils revêtent tous les attributs de la scientificité, peuvent recourir à des dispositifs rhétoriques et argumentatifs « dont l’ésotérisme savamment entretenu des vieilles traditions lettrées ne représente qu’une pauvre anticipation ». Était-ce une boutade ou une vérité profonde sur les textes de nos disciplines ?
S’il est une constante dans les réactions que suscite la fréquentation assidue des textes des sciences sociales, c’est surtout le désarroi de nombreux lecteurs qui confessent leur peine à comprendre ce qu’on leur donne à lire. Des embarras similaires transparaissent dans les comptes rendus publiés par les périodiques spécialisés, où il n’est pas rare de voir des professionnels du savoir se méprendre radicalement sur la signification des publications dont ils cherchent à commenter la teneur. D’où viennent ces difficultés ? Comment les surmonter ?
Cet enseignement a présenté un ensemble de savoir-faire qui permettent d’analyser en profondeur les techniques employées dans la confection des textes des sciences sociales. Il s’agit des techniques argumentatives, dialectiques, rhétoriques, poétiques, descriptives et narratives, chacune possédant ses règles propres. À l’instar de la deep description (description approfondie) à laquelle Clifford Geertz conviait naguère les ethnographes, cet enseignement était une invitation à une lecture approfondie des textes des sciences sociales.
Après une introduction théorique, l’essentiel de l’enseignement a consisté en des exercices pratiques, basés sur une lecture minutieuse de trois textes relativement courts : l’article de Pierre Bourdieu « Le champ scientifique » (1976), l’article de Jean-Pierre Vernant « La formation de la pensée positive dans la Grèce archaïque » (1957), et les deux premiers chapitres de La Vie de laboratoire de Bruno Latour et de Steve Woolgar (1979).
L’un des objectifs de ce travail était de faire prendre conscience aux étudiants que la principale difficulté de la lecture ordinaire, habituelle, tient au fait que nous percevons les textes par le prisme d’une multitude de postulats acceptés à priori : une partie importante de ces postulats se rapporte à l’idée relativement étriquée que nous nous faisons des fonctions dévolues aux textes académiques. Afin de mieux comprendre les significations multiples des textes savants, il faut d’abord réviser de fond en comble sa vision des finalités hétérogènes du travail de recherche et de sa restitution écrite.
On a cherché à montrer que ces textes, loin d’être exclusivement des moyens de communication d’idées et de données, constituent aussi des instruments de l’action pratique destinée à agir sur des collectifs sociaux, mettant en scène le personnage de l’auteur, son autorité, ses talents, son groupe d’appartenance, ses adversaires, son univers conceptuel, ses origines, sa position sociale, ses engagements, sa rectitude morale et politique, sa dextérité scripturale. L’allusion, le faux-semblant, la feinte, la dissimulation, la fanfaronnade, voire la mystification et l’affabulation peuvent y côtoyer les descriptions minutieuses et les raisonnements rigoureux. Pour comprendre les stratégies argumentatives et saisir leurs principes de cohérence il est nécessaire d’appréhender ces textes comme des constructions complexes, pourvues de finalités multiples.