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UE983 - Pour une histoire globale des Indiens d’Amérique : élites indigènes et mondialisation ibérique (XVIe-XVIIe siècles)


Lieu et planning


  • Musée du quai Branly-Jacques Chirac
    37 quai Branly 75007 Paris
    annuel / hebdomadaire, mercredi 10:00-13:00
    du 20 octobre 2021 au 15 juin 2022
    Nombre de séances : 25


Description


Dernière modification : 21 juin 2021 11:56

Type d'UE
Séminaires collectifs de recherche
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
anglais espagnol
Mots-clés
Histoire du livre Histoire intellectuelle
Aires culturelles
Amérique du Nord Amérique du Sud
Intervenant·e·s
  • Serge Gruzinski [référent·e]   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Centre de recherches sur les mondes Américains (MONDA-CERMA)

Les sociétés indigènes du Mexique et la conquête alphabétique

L’historiographie  a  longtemps étudié  les sociétés indigènes préhispaniques ou sous domination coloniale dans une perspective étroitement nationale. C’est le cas des écoles hispano-américaines, brésilienne et nord-américaine. Les approches ethnohistoriques ont porté sur des cadres plus restreints encore, souvent liés aux terrains particuliers retenus par les chercheurs. Afin de dépasser ces étapes nécessaires, le séminaire développe une approche globale sensible à des contextes plus larges et plus en prise sur nos préoccupations contemporaines. Nos recherches précédentes ont montré de quelle manière la mondialisation ibérique incitait à replacer les sociétés indigènes de l’empire espagnol dans un cadre planétaire (Les Quatre Parties du monde) et comment une histoire connectée était à même de repenser un comparatisme encore trop rare ou mal pratiqué (L’Aigle et le dragon).

Dans cet esprit, nous nous proposons de reprendre l’étude des contacts entre l’humanisme de la Renaissance et les sociétés indigènes du Mexique et du Pérou. Ce qui  veut dire non seulement réévaluer l’influence européenne sur les pratiques et les modalités de l’évangélisation ou sur les formes de colonisation, mais également  examiner les réponses des élites indigènes et métisses à ces manifestations de la Renaissance européenne. Cette démarche nous incitera à déborder le contexte colonial, voire ibérique et à réintégrer le passé latino-américain et son histoire intellectuelle dans un espace planétaire. L’histoire des idées et l’histoire du livre, l’ethnohistoire et  l’anthropologie seront mises à profit sans tenir compte des frontières qui séparent ces disciplines. On se penchera cette année sur les modalités d'imposition et de réception de l'écriture alphabérique au sein des populations indigènes du Mexique, on analisera  les circonstances (européennes et américaines) de l'installation de l'imprimerie à Mexico (1539) dans le contexte de l'occidentalisation du Nouveau Monde et l'on reconstituera les milieux intellectuels indigènes qui s'emparent de l'écrit et produisent une littérature religieuse en collaboration avec des membres de l'ordre franciscain. La comparaison sera étendue aux terres des Andes et  aux rivages asiatiques (Goa et Nagazaki).

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

personne à contacter : Serge Gruzinski par courriel :gruzinsk@ehess.fr

Le séminaire se déroulera au musée du Quai  Branly  chaque mercredi, du 20 octobre au 15 juin, de 10 h à 13 h.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous uniquement.

Réception des candidats

Serge Gruzinski par courriel : gruzinsk@ehess.fr : du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h.

Pré-requis

présentation d'un projet de recherche, bonne connaissance de l'espagnol et de l'anglais.


Compte rendu


Révolution alphabétique et  colonisation du Nouveau Monde (XVIe-XVIIe siècles).

La révolution  alphabétique fut l’une des conséquences les plus irréversibles et les plus insidieuses de la conquête espagnole et portugaise de l’Amérique :  l’imposition de l’alphabet et du papier, l’introduction du livre imprimé et l’installation de l’imprimerie (à Mexico et à Lima)  eurent un impact déterminant sur les rapports avec les populations vaincues et modifièrent en profondeur les formes de communication et d’expression  sur les terres  colonisées. Pourquoi  étudier la « révolution alphabétique » en Amérique ? À quel point la comparer avec la révolution digitale de la fin du XXe siècle ? Quelles furent les réactions des populations indigènes ? Comment des Indiens ont-ils appris à lire et à écrire ? Pourquoi enseigner le latin aux élites amérindiennes ? Dans la perspective d’une histoire globale, nous avons voulu situer cette expérience américaine par rapport à l’Europe du XVIe siècle et à la Renaissance. De quoi constater l’eurocentrisme d’une histoire du livre, souvent indifférente à ses prolongements hors du Vieux Monde. Nous avons exploré les diverses modalités de cette colonisation  alphabétique en insistant sur le processus d’apprentissage du latin : les grammaires, la nature du latin enseigné (celui des humanistes, celui des théologiens, un néolatin adapté aux réalités locales ?). L’usage du latin parlé, la composition de vers latins par les élites indigènes, le rapport au livre imprimé ont retenu notre attention. L’émergence de milieux indigènes formés à l’écriture et au latin fait partie intégrante de la colonisation espagnole et incite à en repenser les modalités. Les dimensions locales (Mexico, Tlaxcala, Texcoco) et globales de ces phénomènes (Goa, Nagasaki) ont été également abordées. Au cours du second semestre, dans la perspective d’une histoire globale, des séances se sont focalisées sur les Philippines, le Pérou, le Brésil et  le rayonnement intellectuel des ordres religieux dans les espaces ibériques au XVIe siècle. Clotilde Jacquelard a analysé la situation du livre dans les Philippines (fin XVIe-milieu du XVIIe siècle). Carmen Bernand a étudié la présentation des Indiens du Brésil dans la galerie des hommes illustres que dresse André Thevet. La question de l'écriture de l'Histoire du Monde a été reprise par  Nejma Kermele. Anne Joyeux  Charlotte Ortiz, Fiona Karcz, Thomas Brignon ont interrogé les manifestations du franciscanisme  à l’échelle du monde à partir du parcours de fray Martín Ignacio de Loyola (1550-1606). Enfin Louise Bénat-Tachot et Loann Berens se sont intéressés au Pérou dans une enquête sur les voies/voix de l’histoire au milieu du XVIe siècle.

Publications
  • Conversation  avec un métis de la Nouvelle-Espagne, Paris, Fayard, 2021.
  • Conversación con un mestizo de la Nueva España, Madrid, Alianza Editorial,  2022.
  • Avec Corinne Vandewalle, Libres Tropiques, Paris, Fayard, 2021.

Dernière modification : 21 juin 2021 11:56

Type d'UE
Séminaires collectifs de recherche
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
anglais espagnol
Mots-clés
Histoire du livre Histoire intellectuelle
Aires culturelles
Amérique du Nord Amérique du Sud
Intervenant·e·s
  • Serge Gruzinski [référent·e]   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Centre de recherches sur les mondes Américains (MONDA-CERMA)

Les sociétés indigènes du Mexique et la conquête alphabétique

L’historiographie  a  longtemps étudié  les sociétés indigènes préhispaniques ou sous domination coloniale dans une perspective étroitement nationale. C’est le cas des écoles hispano-américaines, brésilienne et nord-américaine. Les approches ethnohistoriques ont porté sur des cadres plus restreints encore, souvent liés aux terrains particuliers retenus par les chercheurs. Afin de dépasser ces étapes nécessaires, le séminaire développe une approche globale sensible à des contextes plus larges et plus en prise sur nos préoccupations contemporaines. Nos recherches précédentes ont montré de quelle manière la mondialisation ibérique incitait à replacer les sociétés indigènes de l’empire espagnol dans un cadre planétaire (Les Quatre Parties du monde) et comment une histoire connectée était à même de repenser un comparatisme encore trop rare ou mal pratiqué (L’Aigle et le dragon).

Dans cet esprit, nous nous proposons de reprendre l’étude des contacts entre l’humanisme de la Renaissance et les sociétés indigènes du Mexique et du Pérou. Ce qui  veut dire non seulement réévaluer l’influence européenne sur les pratiques et les modalités de l’évangélisation ou sur les formes de colonisation, mais également  examiner les réponses des élites indigènes et métisses à ces manifestations de la Renaissance européenne. Cette démarche nous incitera à déborder le contexte colonial, voire ibérique et à réintégrer le passé latino-américain et son histoire intellectuelle dans un espace planétaire. L’histoire des idées et l’histoire du livre, l’ethnohistoire et  l’anthropologie seront mises à profit sans tenir compte des frontières qui séparent ces disciplines. On se penchera cette année sur les modalités d'imposition et de réception de l'écriture alphabérique au sein des populations indigènes du Mexique, on analisera  les circonstances (européennes et américaines) de l'installation de l'imprimerie à Mexico (1539) dans le contexte de l'occidentalisation du Nouveau Monde et l'on reconstituera les milieux intellectuels indigènes qui s'emparent de l'écrit et produisent une littérature religieuse en collaboration avec des membres de l'ordre franciscain. La comparaison sera étendue aux terres des Andes et  aux rivages asiatiques (Goa et Nagazaki).

Le programme détaillé n'est pas disponible.

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
-
Informations pratiques

personne à contacter : Serge Gruzinski par courriel :gruzinsk@ehess.fr

Le séminaire se déroulera au musée du Quai  Branly  chaque mercredi, du 20 octobre au 15 juin, de 10 h à 13 h.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous uniquement.

Réception des candidats

Serge Gruzinski par courriel : gruzinsk@ehess.fr : du lundi au vendredi, de 9 h à 17 h.

Pré-requis

présentation d'un projet de recherche, bonne connaissance de l'espagnol et de l'anglais.

  • Musée du quai Branly-Jacques Chirac
    37 quai Branly 75007 Paris
    annuel / hebdomadaire, mercredi 10:00-13:00
    du 20 octobre 2021 au 15 juin 2022
    Nombre de séances : 25

Révolution alphabétique et  colonisation du Nouveau Monde (XVIe-XVIIe siècles).

La révolution  alphabétique fut l’une des conséquences les plus irréversibles et les plus insidieuses de la conquête espagnole et portugaise de l’Amérique :  l’imposition de l’alphabet et du papier, l’introduction du livre imprimé et l’installation de l’imprimerie (à Mexico et à Lima)  eurent un impact déterminant sur les rapports avec les populations vaincues et modifièrent en profondeur les formes de communication et d’expression  sur les terres  colonisées. Pourquoi  étudier la « révolution alphabétique » en Amérique ? À quel point la comparer avec la révolution digitale de la fin du XXe siècle ? Quelles furent les réactions des populations indigènes ? Comment des Indiens ont-ils appris à lire et à écrire ? Pourquoi enseigner le latin aux élites amérindiennes ? Dans la perspective d’une histoire globale, nous avons voulu situer cette expérience américaine par rapport à l’Europe du XVIe siècle et à la Renaissance. De quoi constater l’eurocentrisme d’une histoire du livre, souvent indifférente à ses prolongements hors du Vieux Monde. Nous avons exploré les diverses modalités de cette colonisation  alphabétique en insistant sur le processus d’apprentissage du latin : les grammaires, la nature du latin enseigné (celui des humanistes, celui des théologiens, un néolatin adapté aux réalités locales ?). L’usage du latin parlé, la composition de vers latins par les élites indigènes, le rapport au livre imprimé ont retenu notre attention. L’émergence de milieux indigènes formés à l’écriture et au latin fait partie intégrante de la colonisation espagnole et incite à en repenser les modalités. Les dimensions locales (Mexico, Tlaxcala, Texcoco) et globales de ces phénomènes (Goa, Nagasaki) ont été également abordées. Au cours du second semestre, dans la perspective d’une histoire globale, des séances se sont focalisées sur les Philippines, le Pérou, le Brésil et  le rayonnement intellectuel des ordres religieux dans les espaces ibériques au XVIe siècle. Clotilde Jacquelard a analysé la situation du livre dans les Philippines (fin XVIe-milieu du XVIIe siècle). Carmen Bernand a étudié la présentation des Indiens du Brésil dans la galerie des hommes illustres que dresse André Thevet. La question de l'écriture de l'Histoire du Monde a été reprise par  Nejma Kermele. Anne Joyeux  Charlotte Ortiz, Fiona Karcz, Thomas Brignon ont interrogé les manifestations du franciscanisme  à l’échelle du monde à partir du parcours de fray Martín Ignacio de Loyola (1550-1606). Enfin Louise Bénat-Tachot et Loann Berens se sont intéressés au Pérou dans une enquête sur les voies/voix de l’histoire au milieu du XVIe siècle.

Publications
  • Conversation  avec un métis de la Nouvelle-Espagne, Paris, Fayard, 2021.
  • Conversación con un mestizo de la Nueva España, Madrid, Alianza Editorial,  2022.
  • Avec Corinne Vandewalle, Libres Tropiques, Paris, Fayard, 2021.