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UE98 - Acteurs, institutions et interactions : ce que la guerre transforme


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    annuel / bimensuel (2e/4e), mardi 10:30-12:30
    du 9 novembre 2021 au 24 mai 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 19 mai 2022 08:46

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Action Affects Éducation Guerre Institutions Interactions
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Emmanuel Saint-Fuscien [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Julien Blanc   professeur agrégé, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)

Les War Studies ont connu dans les trente dernières années un essor et un renouveau considérables, en intégrant notamment une perspective anthropologique. Au sein même de l’EHESS, des historiens se sont beaucoup interrogés sur les postures sociales spécifiques du temps de guerre : des notions et catégories comme le « penser double » ou le « consentement » ont ainsi émergé. Elles ont fait débat et continuent de faire débat bien au-delà des champs d’étude encore cloisonnés de la Première et Deuxième Guerre mondiale.

Notre séminaire part d’une question simple : la guerre change-t-elle quelque chose dans le rapport entre l’individu et son institution (famille, école, administration, entreprise…) ? L’engagement dans la guerre et les formes de violence qui en découlent – particulièrement la possibilité de tuer ou d’être tué – entraînent-ils un bouleversement des rapports de domination, des hiérarchies sociales, des interactions et des embranchements qui s’offrent aux acteurs ? Provoquent-ils un élargissement des choix de trajectoires ou au contraire une contraction des possibles ? En restant adossés aux historiographies de la Première et de la Seconde Guerre mondiale tout en portant attention à d’autres conflits, nous poursuivons notre questionnement au regard de ce que la guerre change pour les acteurs en leurs institutions.

Les séances des 10 et 24 mai se dérouleront en salle 0.017, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet


Master


  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – exposé oral, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – exposé oral, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – exposé oral, fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

pour tout renseignement complémentaire contacter par courriel Emmanuel Saint-Fuscien : emmanuel.saint-fuscien@ehess.fr ou Julien Blanc : julien.blanc@ehess.fr.

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

il est préférable d'avoir une connaissance de premier cycle sur les grands conflits du XXe siècle.


Compte rendu


La séance d’introduction du mardi 9 novembre 2021 a rappelé la question centrale du séminaire : Dans quelles mesures la guerre et l’épreuve de la violence transforment-elles les institutions (famille, école, armée, hôpital, prison notamment) et les interactions entre ses membres ? En cette date anniversaire des accords d’Evian, un surcroît d’attention est porté cette année à la guerre d’Algérie (4 séances).

 

Avant cela, deux premières séances sont consacrées d’abord aux effets des activités clandestines (Résistance intérieure) et combattantes (France libre) sur les frontières sociales et de genre (Julien Blanc, 23 novembre 2021) puis aux formes d’autorité et d’obéissance qui s’y déploient (Laurent Douzou, professeur émérite, Sciences Po-Lyon – 14 décembre 2021). Lors d’une quatrième séance Lydia Hadj-Ahmed (doctorante, Université de Nanterre) a présenté les points saillants d’une thèse toute proche d’être soutenue sur l’école en Algérie pendant la guerre d’indépendance (1954-1962) dont le sous-titre formulé en question synthétise parfaitement la problématique qui nous occupe : « L’école malgré la guerre, l’école grâce à la guerre ? ». La séance suivante, sous la forme d’un dialogue avec Nelly Forget, cheville ouvrière des Centres sociaux fondés en Algérie par Germaine Tillion, a porté sur la création d’une institution pendant le conflit. L’occasion aussi pour les étudiant-e-s d’entendre un témoin et de s’interroger sur l’usage du témoignage oral en histoire.

Le 8 février 2022, Stéphane Audoin-Rouzeau (directeur d’études, EHESS), sous le titre « Trente ans après : retour réflexif sur la "thèse du consentement" », a accepté de revenir sur l’une des plus vives polémiques scientifiques autour de la Première Guerre mondiale et des sociétés en guerre opposant une certaine sociologie des dominations et une anthropologie culturelle attentive aux régimes de justification des acteurs. Le 22 février 2022, une séance de lecture collective a porté sur l’enquête de Raphaëlle Branche publiée en 2020 Papa, qu'as-tu fait en Algérie ? Enquête sur un silence familial. Au cœur de ces lectures croisées, la question de la profondeur et de la durée des effets des expériences de guerre sur les acteurs eux-mêmes, leurs familles et leurs descendants. Lors de la huitième séance (8 mars 2022), deux étudiant-e-s de Master 2 ont soumis leur recherche à la discussion : Laure Manoha (M2, Paris I) sur les prêtres prisonniers français en Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale et Michel Périllat (M2, EHESS) sur les trajectoires d’un groupe d’élèves-maîtres étudiants au sein du lycée Berthollet d’Annecy entre 1939 et 1945. Le 22 mars, Emmanuel Saint-Fuscien a proposé une lecture de l’Expérience concentrationnaire. Essai sur le maintien de l’identité sociale de Michael Pollak (1990) au regard des trois paradigmes déployés dans le séminaire (événement, invention, reconfiguration) pliés respectivement dans les trois derniers chapitres de ce classique (« Ruptures et séparation », « trouver sa voix », « retour à la fin ordinaire »). Le 12 avril 2022 Paul Marquis (docteur, Sciences Po Paris) est venu présenter l’approche historienne de sa thèse sur l’institution psychiatrique de Joinville : une histoire sociale de la psychiatrie dans l’Algérie coloniale (1933-1962). C’est à l’institution militaire qu’a été consacrée l’avant dernière séance du séminaire. Aude-Marie Lalanne Berdouticq (postdoctorante EHESS-LIER-FYT) s’est penchée sur la façon dont la modernité technique et sanitaire en temps de guerre créait une institution ex nihilo à travers l’institutionnalisation de la sélection médicale des pilotes de guerre en France- et au Royaume-Uni (1914-1934). Enfin la dernière séance dédiée à la question des acteurs et des institutions au cinéma a portée cette année sur les institutions politiques et combattantes au cours de la Guerre d’Espagne à travers le film Land and Freedom de Ken Loach (1995).

Publications
  •  « The Teacher, the Institution and the War: Primary Schooling in France, 1913–1924 », French History, Oxford Academic, 15 septembre 2021, https://doi.org/10.1093/fh/crab042
  • Avec Stéphane Audoin-Rouzeau, dans « La guerre transmise », Sensibilités. Histoire, critique et sciences sociales, n°10, 2021, 175 p.
  • Avec Stéphane Audoin-Rouzeau, « Emprises de la guerre », dans « La guerre transmise », op. cit., p. 8-13.
  • « La pulsion de recherche » dans « La guerre transmise », op. cit., p. 150-155.

 

Dernière modification : 19 mai 2022 08:46

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Action Affects Éducation Guerre Institutions Interactions
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Emmanuel Saint-Fuscien [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Julien Blanc   professeur agrégé, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)

Les War Studies ont connu dans les trente dernières années un essor et un renouveau considérables, en intégrant notamment une perspective anthropologique. Au sein même de l’EHESS, des historiens se sont beaucoup interrogés sur les postures sociales spécifiques du temps de guerre : des notions et catégories comme le « penser double » ou le « consentement » ont ainsi émergé. Elles ont fait débat et continuent de faire débat bien au-delà des champs d’étude encore cloisonnés de la Première et Deuxième Guerre mondiale.

Notre séminaire part d’une question simple : la guerre change-t-elle quelque chose dans le rapport entre l’individu et son institution (famille, école, administration, entreprise…) ? L’engagement dans la guerre et les formes de violence qui en découlent – particulièrement la possibilité de tuer ou d’être tué – entraînent-ils un bouleversement des rapports de domination, des hiérarchies sociales, des interactions et des embranchements qui s’offrent aux acteurs ? Provoquent-ils un élargissement des choix de trajectoires ou au contraire une contraction des possibles ? En restant adossés aux historiographies de la Première et de la Seconde Guerre mondiale tout en portant attention à d’autres conflits, nous poursuivons notre questionnement au regard de ce que la guerre change pour les acteurs en leurs institutions.

Les séances des 10 et 24 mai se dérouleront en salle 0.017, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet

  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – exposé oral, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – exposé oral, fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – exposé oral, fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

pour tout renseignement complémentaire contacter par courriel Emmanuel Saint-Fuscien : emmanuel.saint-fuscien@ehess.fr ou Julien Blanc : julien.blanc@ehess.fr.

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

il est préférable d'avoir une connaissance de premier cycle sur les grands conflits du XXe siècle.

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    annuel / bimensuel (2e/4e), mardi 10:30-12:30
    du 9 novembre 2021 au 24 mai 2022
    Nombre de séances : 12

La séance d’introduction du mardi 9 novembre 2021 a rappelé la question centrale du séminaire : Dans quelles mesures la guerre et l’épreuve de la violence transforment-elles les institutions (famille, école, armée, hôpital, prison notamment) et les interactions entre ses membres ? En cette date anniversaire des accords d’Evian, un surcroît d’attention est porté cette année à la guerre d’Algérie (4 séances).

 

Avant cela, deux premières séances sont consacrées d’abord aux effets des activités clandestines (Résistance intérieure) et combattantes (France libre) sur les frontières sociales et de genre (Julien Blanc, 23 novembre 2021) puis aux formes d’autorité et d’obéissance qui s’y déploient (Laurent Douzou, professeur émérite, Sciences Po-Lyon – 14 décembre 2021). Lors d’une quatrième séance Lydia Hadj-Ahmed (doctorante, Université de Nanterre) a présenté les points saillants d’une thèse toute proche d’être soutenue sur l’école en Algérie pendant la guerre d’indépendance (1954-1962) dont le sous-titre formulé en question synthétise parfaitement la problématique qui nous occupe : « L’école malgré la guerre, l’école grâce à la guerre ? ». La séance suivante, sous la forme d’un dialogue avec Nelly Forget, cheville ouvrière des Centres sociaux fondés en Algérie par Germaine Tillion, a porté sur la création d’une institution pendant le conflit. L’occasion aussi pour les étudiant-e-s d’entendre un témoin et de s’interroger sur l’usage du témoignage oral en histoire.

Le 8 février 2022, Stéphane Audoin-Rouzeau (directeur d’études, EHESS), sous le titre « Trente ans après : retour réflexif sur la "thèse du consentement" », a accepté de revenir sur l’une des plus vives polémiques scientifiques autour de la Première Guerre mondiale et des sociétés en guerre opposant une certaine sociologie des dominations et une anthropologie culturelle attentive aux régimes de justification des acteurs. Le 22 février 2022, une séance de lecture collective a porté sur l’enquête de Raphaëlle Branche publiée en 2020 Papa, qu'as-tu fait en Algérie ? Enquête sur un silence familial. Au cœur de ces lectures croisées, la question de la profondeur et de la durée des effets des expériences de guerre sur les acteurs eux-mêmes, leurs familles et leurs descendants. Lors de la huitième séance (8 mars 2022), deux étudiant-e-s de Master 2 ont soumis leur recherche à la discussion : Laure Manoha (M2, Paris I) sur les prêtres prisonniers français en Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale et Michel Périllat (M2, EHESS) sur les trajectoires d’un groupe d’élèves-maîtres étudiants au sein du lycée Berthollet d’Annecy entre 1939 et 1945. Le 22 mars, Emmanuel Saint-Fuscien a proposé une lecture de l’Expérience concentrationnaire. Essai sur le maintien de l’identité sociale de Michael Pollak (1990) au regard des trois paradigmes déployés dans le séminaire (événement, invention, reconfiguration) pliés respectivement dans les trois derniers chapitres de ce classique (« Ruptures et séparation », « trouver sa voix », « retour à la fin ordinaire »). Le 12 avril 2022 Paul Marquis (docteur, Sciences Po Paris) est venu présenter l’approche historienne de sa thèse sur l’institution psychiatrique de Joinville : une histoire sociale de la psychiatrie dans l’Algérie coloniale (1933-1962). C’est à l’institution militaire qu’a été consacrée l’avant dernière séance du séminaire. Aude-Marie Lalanne Berdouticq (postdoctorante EHESS-LIER-FYT) s’est penchée sur la façon dont la modernité technique et sanitaire en temps de guerre créait une institution ex nihilo à travers l’institutionnalisation de la sélection médicale des pilotes de guerre en France- et au Royaume-Uni (1914-1934). Enfin la dernière séance dédiée à la question des acteurs et des institutions au cinéma a portée cette année sur les institutions politiques et combattantes au cours de la Guerre d’Espagne à travers le film Land and Freedom de Ken Loach (1995).

Publications
  •  « The Teacher, the Institution and the War: Primary Schooling in France, 1913–1924 », French History, Oxford Academic, 15 septembre 2021, https://doi.org/10.1093/fh/crab042
  • Avec Stéphane Audoin-Rouzeau, dans « La guerre transmise », Sensibilités. Histoire, critique et sciences sociales, n°10, 2021, 175 p.
  • Avec Stéphane Audoin-Rouzeau, « Emprises de la guerre », dans « La guerre transmise », op. cit., p. 8-13.
  • « La pulsion de recherche » dans « La guerre transmise », op. cit., p. 150-155.