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UE954 - Dynamiques post-structurelles
Lieu et planning
-
54 bd Raspail
54 bd Raspail 75006 Paris
Salle AS1_08
annuel / mensuel (indifférent), lundi 15:00-17:00
du 17 janvier 2022 au 31 mai 2022
Nombre de séances : 5
Description
Dernière modification : 30 mars 2022 13:34
- Type d'UE
- Séminaires de centre
- Centres
- Centre d'analyse et de mathématique sociales (CAMS)
- Disciplines
- Méthodes et techniques des sciences sociales, Philosophie et épistémologie, Signes, formes, représentations
- Page web
- -
- Langues
- anglais français
- Mots-clés
- Dynamiques sociales Épistémologie Études des sciences contemporaines Mathématiques et sciences sociales Morphologie Vivant
- Aires culturelles
- -
Intervenant·e·s
- Alessandro Sarti [référent·e] directeur de recherche, CNRS / Centre d'analyse et de mathématique sociales (CAMS)
- Giovanna Citti professeure des universités, Université de Bologne, Italie
- Giuseppe Longo directeur de recherche (émérite), CNRS
Pendant le séminaire, nous allons développer une épistémologie des modèles du devenir des formes, entre le structuralisme et le post-structuralisme, jusqu’aux modèles d’hétérogenèse contemporains. Notre intérêt sera orienté au passage des modèles structuraux de catégorisation du structuralisme morphodynamique vers les dynamiques du plastique et les dynamiques hétérogènes. L’intérêt grandissant pour les aspects intensifs et hétérogènes des dynamiques nous amènera à définir le concept d’hétérogénèse.
L'hétérogenèse est une morphodynamique qui se repose sur l'agencement de contraintes différentielles distinctes point par point dans l'espace et dans le temps. L'hétérogénèse met en discussion toute forme de symétrie unitaire et totalisante et permet de développer des formes, des actions et des pensées au moyen de dispositifs de prolifération, juxtaposition et disjonction. Les dynamiques hétérogénétiques adressent directement la question: qu'est-ce que c'est qu'une forme nouvelle ? Comment sortir de la répétition et créer une différence ? Plusieurs domaines empiriques seront impliqués, comme les dynamiques imaginatives en sciences cognitives, les devenir phylogénétiques en sciences de la vie, la semiogenèse en théorie du sens, les morphodynamiques micro-historiques en sciences de l'homme et les dynamiques de la multitude en philosophie politique.
Calendrier des séances :
- Lundi 17 janvier 2022
- Lundi 21 février 2002
- Lundi 21 mars 2022
- Lundi 15 avriil 2022 (salle AS1_23)
- Lundi 16 mai 2022
- Lundi 30 mai 2022
- Jeudi 9 juin 2022, de 17 h à 19 h (salle AS1_23)
Master
Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
Pour tout renseignement contacter Alessandro Sarti
alessandro.sarti@ehess.fr
- Direction de travaux des étudiants
Pour tout renseignement contacter Alessandro Sarti
alessandro.sarti@ehess.fr
- Réception des candidats
Pour tout renseignement contacter Alessandro Sarti
alessandro.sarti@ehess.fr
- Pré-requis
- -
Compte rendu
On est intéressé aux devenir des formes par la morphogénèse, en tant que passage d'un plan intensif à son actualisation dans des formes étendues dans l'espace et dans le temps. Le plan intensif est donc une multiplicité de contraintes différentielles qui s’intègrent pour faire émerger la morphodynamique.
Cette idée de morphogénèse est aujourd’hui propre de la physique mathématique et de la théorie des systèmes complexes. Ce sont des dynamiques qui ne sont pas du tout anodines où les formes émergent, changent dans le temps et il y a une variation continue voire chaotique voire imprévisible mais qui sous-tendent toujours des lois établies. La contrainte différentielle qui dicte la dynamique est donc invariante. Nous avons des vraies lois, comme des lois physiques, l'équation de Schoreidinger en mécanique quantique, les équations d'Einstein de la relativité générale, l'équation de Turing de la morphogénèse. Nous avons des lois universelles.
On se pose la question si dans les sciences du vivant, dans les sciences sociales, dans la science de l'homme, la dynamique des formes peut se réduire à cette définition. Si oui, nous serions dans la perspective d'une naturalisation physicaliste où. la dynamique du vivant se réduirait à des lois dynamiques invariantes. Avec cette idée, il est possible de modéliser certains types de dynamiques, comme le comportement des foules et l'intelligence des essaims, où la composante statistique est prédominante.
Mais le but de notre démarche est celui de montrer comment on peut s'éloigner de cette perspective et comment on peut penser autrement le plan intensif, le différentiel pour sortir des automatismes physicalistes et aborder le problème du devenir des formes dans les sciences de la vie et de l’homme.
On a donc étudié des nouvelles dynamiques que nous pourrions définir comme des mutations ou même des événements. Dans cette dynamique, ce qui est transformé, ce sont les lois mêmes du devenir, plutôt que simplement les formes à l'intérieur d'une structure. Gilles Deleuze appelle cette dynamique « hétérogénèse », comme contrairement à la physique mathématique et au structuralisme, ces dynamiques se caractérisent, d'un point de vue différentiel, par un virtuel hétérogène, défini par une multiplicité de contraintes différentielles (c'est-à-dire de forces, de règles sous-jacentes) qui changent de manière immanente dans l'espace et le temps.
Du point de vue mathématique, nous avons traité ces dynamiques par assemblage avec Giovanna Citti et David Piotrowski, en essayant de définir une concaténation de espaces de possibilité des dynamiques. Les mathématiques sous-jacentes ne sont pas simples et sont basé sur le théorème de Rothschild and Stein (1976) en géométrie sous-Riemannienne. Intuitivement on peut comprendre que si on a un certain espace de possibilité d'une dynamique et un espace de possibilité d'une autre dynamique on peut considérer l'assemblage des deux, c'est-à-dire qu'à l'intersection des deux espaces on a un nouveau espace de possibilité constitué à la fois par les générateurs du premier espace, les générateurs du deuxième espace et tous les commutateurs (A. Sarti, G.Citti, D. Piotrowski 2019, 2022). Cet espace permet le passage d’un processus d’individuation à un autre processus d’individuation.
Cet ensemble hétérogène ne se construit pas sur la base d'une conformité logique, mais par la possibilité de créer de nouveaux espaces non donnés a priori, de telle sorte que les espaces sont inventés de temps en temps par la composition singulière. Ainsi la composition hétérogénétique pose les conditions d'une morphogenèse immanente créée de temps en temps par des assemblages singuliers, tout en prouvant que c'est possible de concevoir mathématiquement des devenir de forme où les lois différentielles changent dans une façon plastique et immanente, comme l'on trouve dans la plupart des phénomènes en science de la vie et en science de l'homme.
Publications
Dernière modification : 30 mars 2022 13:34
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- Séminaires de centre
- Centres
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- Disciplines
- Méthodes et techniques des sciences sociales, Philosophie et épistémologie, Signes, formes, représentations
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- Langues
- anglais français
- Mots-clés
- Dynamiques sociales Épistémologie Études des sciences contemporaines Mathématiques et sciences sociales Morphologie Vivant
- Aires culturelles
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Intervenant·e·s
- Alessandro Sarti [référent·e] directeur de recherche, CNRS / Centre d'analyse et de mathématique sociales (CAMS)
- Giovanna Citti professeure des universités, Université de Bologne, Italie
- Giuseppe Longo directeur de recherche (émérite), CNRS
Pendant le séminaire, nous allons développer une épistémologie des modèles du devenir des formes, entre le structuralisme et le post-structuralisme, jusqu’aux modèles d’hétérogenèse contemporains. Notre intérêt sera orienté au passage des modèles structuraux de catégorisation du structuralisme morphodynamique vers les dynamiques du plastique et les dynamiques hétérogènes. L’intérêt grandissant pour les aspects intensifs et hétérogènes des dynamiques nous amènera à définir le concept d’hétérogénèse.
L'hétérogenèse est une morphodynamique qui se repose sur l'agencement de contraintes différentielles distinctes point par point dans l'espace et dans le temps. L'hétérogénèse met en discussion toute forme de symétrie unitaire et totalisante et permet de développer des formes, des actions et des pensées au moyen de dispositifs de prolifération, juxtaposition et disjonction. Les dynamiques hétérogénétiques adressent directement la question: qu'est-ce que c'est qu'une forme nouvelle ? Comment sortir de la répétition et créer une différence ? Plusieurs domaines empiriques seront impliqués, comme les dynamiques imaginatives en sciences cognitives, les devenir phylogénétiques en sciences de la vie, la semiogenèse en théorie du sens, les morphodynamiques micro-historiques en sciences de l'homme et les dynamiques de la multitude en philosophie politique.
Calendrier des séances :
- Lundi 17 janvier 2022
- Lundi 21 février 2002
- Lundi 21 mars 2022
- Lundi 15 avriil 2022 (salle AS1_23)
- Lundi 16 mai 2022
- Lundi 30 mai 2022
- Jeudi 9 juin 2022, de 17 h à 19 h (salle AS1_23)
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54 bd Raspail
54 bd Raspail 75006 Paris
Salle AS1_08
annuel / mensuel (indifférent), lundi 15:00-17:00
du 17 janvier 2022 au 31 mai 2022
Nombre de séances : 5
On est intéressé aux devenir des formes par la morphogénèse, en tant que passage d'un plan intensif à son actualisation dans des formes étendues dans l'espace et dans le temps. Le plan intensif est donc une multiplicité de contraintes différentielles qui s’intègrent pour faire émerger la morphodynamique.
Cette idée de morphogénèse est aujourd’hui propre de la physique mathématique et de la théorie des systèmes complexes. Ce sont des dynamiques qui ne sont pas du tout anodines où les formes émergent, changent dans le temps et il y a une variation continue voire chaotique voire imprévisible mais qui sous-tendent toujours des lois établies. La contrainte différentielle qui dicte la dynamique est donc invariante. Nous avons des vraies lois, comme des lois physiques, l'équation de Schoreidinger en mécanique quantique, les équations d'Einstein de la relativité générale, l'équation de Turing de la morphogénèse. Nous avons des lois universelles.
On se pose la question si dans les sciences du vivant, dans les sciences sociales, dans la science de l'homme, la dynamique des formes peut se réduire à cette définition. Si oui, nous serions dans la perspective d'une naturalisation physicaliste où. la dynamique du vivant se réduirait à des lois dynamiques invariantes. Avec cette idée, il est possible de modéliser certains types de dynamiques, comme le comportement des foules et l'intelligence des essaims, où la composante statistique est prédominante.
Mais le but de notre démarche est celui de montrer comment on peut s'éloigner de cette perspective et comment on peut penser autrement le plan intensif, le différentiel pour sortir des automatismes physicalistes et aborder le problème du devenir des formes dans les sciences de la vie et de l’homme.
On a donc étudié des nouvelles dynamiques que nous pourrions définir comme des mutations ou même des événements. Dans cette dynamique, ce qui est transformé, ce sont les lois mêmes du devenir, plutôt que simplement les formes à l'intérieur d'une structure. Gilles Deleuze appelle cette dynamique « hétérogénèse », comme contrairement à la physique mathématique et au structuralisme, ces dynamiques se caractérisent, d'un point de vue différentiel, par un virtuel hétérogène, défini par une multiplicité de contraintes différentielles (c'est-à-dire de forces, de règles sous-jacentes) qui changent de manière immanente dans l'espace et le temps.
Du point de vue mathématique, nous avons traité ces dynamiques par assemblage avec Giovanna Citti et David Piotrowski, en essayant de définir une concaténation de espaces de possibilité des dynamiques. Les mathématiques sous-jacentes ne sont pas simples et sont basé sur le théorème de Rothschild and Stein (1976) en géométrie sous-Riemannienne. Intuitivement on peut comprendre que si on a un certain espace de possibilité d'une dynamique et un espace de possibilité d'une autre dynamique on peut considérer l'assemblage des deux, c'est-à-dire qu'à l'intersection des deux espaces on a un nouveau espace de possibilité constitué à la fois par les générateurs du premier espace, les générateurs du deuxième espace et tous les commutateurs (A. Sarti, G.Citti, D. Piotrowski 2019, 2022). Cet espace permet le passage d’un processus d’individuation à un autre processus d’individuation.
Cet ensemble hétérogène ne se construit pas sur la base d'une conformité logique, mais par la possibilité de créer de nouveaux espaces non donnés a priori, de telle sorte que les espaces sont inventés de temps en temps par la composition singulière. Ainsi la composition hétérogénétique pose les conditions d'une morphogenèse immanente créée de temps en temps par des assemblages singuliers, tout en prouvant que c'est possible de concevoir mathématiquement des devenir de forme où les lois différentielles changent dans une façon plastique et immanente, comme l'on trouve dans la plupart des phénomènes en science de la vie et en science de l'homme.
Publications