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UE945 - Anthropologie urbaine : Introduction à l’étude des infrastructures


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.06
    1er semestre / hebdomadaire, mercredi 12:30-14:30
    du 17 novembre 2021 au 16 février 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 12 septembre 2022 12:19

Type d'UE
Enseignements fondamentaux de master
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Anthropologie urbaine Géographie Spatialisation, territoires Ville
Aires culturelles
Afrique Amériques Europe Inde
Intervenant·e·s
  • Thomas Cortado [référent·e]   ATER, EHESS / Centre Maurice-Halbwachs (CMH)

Ce séminaire propose une introduction à un champ de recherche relativement récent, qui contribue à rénover les études urbaines : l’anthropologie des infrastructures. Encore peu représentée en France, cette anthropologie s’intéresse « à la façon dont les câbles, tuyaux,
tunnels, conduits, rues, autoroutes et réseaux techniques qui parcourent et infusent les villes sont construits et utilisés » (Graham et Simon, 2002). À partir d’ethnographies diverses (réseaux électriques, systèmes de communication, routes, gestion de l’eau potable, ruines, technologies de sécurité), réalisées dans des contextes historiques et nationaux tout aussi variés (aussi bien au Nord qu’au Sud global), ce séminaire explore les formes de gouvernement impliquées dans la gestion des infrastructures, leurs possibles appropriations et leurs effets sur la subjectivité des individus.
Ce séminaire se partage en deux unités. La première concerne la genèse des infrastructural studies, envisagée à partir de six courants différents : la sociohistoire des macro-systèmes tech-niques (LTS), la généalogie foucaldienne des équipements collectifs, l’ethnographie des
infrastructures informatiques, la géographie critique de la ville divisée et la théorie de l’urbanisation cyborg. La seconde unité abordera quelques objets récurrents en anthropologie des infrastructures et les problématiques qui leur sont associées. À partir d’exemples en
provenance d’Inde et d’Afrique, on montrera que la gestion de l’eau se situe à l’interface de la technique, de la guerre et de la politique. La question des déchets nous permettra de revenir sur un débat très contemporain en anthropologie, celui des frontières et possibles hybridations entre nature et culture. À partir des routes péruviennes ou albanaises, nous approfondirons ce que certains ethnographes appellent « l’enchantement » des infrastructures. La possibilité d’une violence émanant de la façon dont les infrastructures fonctionnent sera notre quatrième objet. Nous discuterons ensuite le fait de vivre au milieu d’infrastructures en ruine, une expérience commune aux habitants du Sud global, mais qui n’est pas non plus étrangère à l’Occident. Nous conclurons sur les problèmes de sécurité posés par les infrastructures modernes, du point de vue de l’organisation économique (logistique) et des risques sanitaires.

1e séance : Présentation du séminaire de recherche

LARKIN, Brian. “The Politics and Poetics of Infrastructure”. Annual Review of Anthropology, v. 42, pp. 327-343. 2013.

Partie I : APPROCHES possibles DES INFRASTRUCTURES

2e séance : La sociohistoire des macro-systèmes techniques (LTS) : le temps long des réseaux

GRAS, Alain. « Introduction » (pp. 3-6), « Chapitre I » (pp. 7-21), « Chapitre II » (ppp. 22-39), « Chapitre III » (pp. 40-54), « Chapitre IV » (pp. 55-64). In : Les macro-systèmes techniques. Paris, PUF, 1997.

3e séance : Governmentality Studies : les infrastructures comme technologie politique

FOUCAULT, Michel. « Leçon du 5 avril 1978 » (pp. 341-370). In : Sécurité, territoire, population : Cours au Collège de France (1977-1978). Paris: Gallimard, Seuil. 2004.

BARRY, Andrew. “Chapter 6: Lines of communication and spaces of rule” (pp. 123-142). In: BARRY, Andrew, OSBORNE, Thomas & ROSE, Nikolas (orgs.). Foucault and Political Reason: Liberalism, Neo-Liberalism and Rationalities of Government. Chicago: The University of Chicago Press. 1996.

4e séance : L’ethnographie des infrastructures : l’exemple de l’informatique

STAR, Susan Leigh. “L’ethnographie des infrastructures”. Tracés, n. 35, pp. 187-206. 2018.

EDWARDS, Paul. “Infrastructure and Modernity: Force, Time, and Social Organization in the History of Sociotechnical Systems”. In: MISA, Thomas; BREY, Philip; FEENBERG, Andrew. Modernity and Technology. Londres et Cambridge: The MIT Press, pp. 185-226. 2003.

5e séance : Le paradigme de la ville divisée et ses détracteurs

GRAHAM, Steve; SIMON, Marvin. “Introduction” (pp. 7-34). In: GRAHAM, Stephen; SIMON, Marvin, Splintering urbanism: networked infrastructures, technological mobilities and the urban condition. Londres et New York: Routledge. 2001.

KOOY, Michelle; BAKKER, Karen. “Splintered networks: The colonial and contemporary waters of Jakarta”. Geoforum, n. 39, pp. 1843-1858. 2008.

6e séance : L’urbanisation cyborg et l’école du métabolisme urbain

GRAHAM, Steve; SIMON, Marvin. “The city as sociotechnical process” (pp. 178-216). In: Splintering urbanism: networked infrastructures, technological mobilities and the urban condition. Londres et New York: Routledge. 2001.

GANDY, Matthew. “Rethinking urban metabolism: water, space and the modern city”. City, v. 8, n. 3, pp. 363-379. 2004.

Partie II : les objets et leurs problématiques

7e séance : La gestion de l’eau ou la continuation de la politique par d’autres moyens

ANAND, Nikhil. “PRESSURE: The PoliTechnics of Water Supply in Mumbai”. Cultural Anthropology, v. 26, n. 4, pp. 542-564. 2011.

CHALFIN, Brenda. “Public things, excremental politics, and the infrastructure of bare life in Ghana’s city of Thema”. American Ethnologist, v.41, n.1, p.92-109. 2014.

8e séance : Entre nature et culture, la vie des déchets

HOAG, Colin; BERTONI, Filippo & BUBANDT, Nils. “Wasteland Ecologies: Undomestication and Multispecies Gains on an Anthropocene Dumping Ground”. Journal of Ethnobiology, v. 38, n. 1, pp. 88-104. 2018.

DOHERTY, Jacob. “Filthy Flourishing: Para-Sites, Animal Infrastructure, and the Waste Frontier in Kampala”. Current Anthropology, v. 60, Supplement 20. 2019.

9e séance : Les routes et leurs promesses

HARVEY, Penelope. “Cementing Relations: The Materiality of Roads and Public Spaces in Provincial Peru”. Social Analysis, v. 54, n. 2, pp. 28-46. 2010.

DALAKOGLOU, Dimitris. “The road: An ethnography of the Albanian-Greek cross-border motorway”. American Ethnologist, v. 7, n. 1, pp. 132-149. 2010.

10e séance : La violence infrastructurelle

RODGERS, Dennis; O'NEILL, Bruce. “Infrastructural violence: Introduction to the special issue”. Ethnography, v. 13, n. 4, pp. 401-412. 2012.

DANIELAK, Silvia. “Navigating urban encounters: an infrastructural perspective on violence in Johannesburg’s taxi industry”. Third World Thematics, v. 4, n. 2-3, pp. 137-157. 2019.

11e séance : Vivre au milieu des ruines

SIMONE, Abdoumaliq. “People as Infrastructure: Intersecting Fragments in Johannesburg”. Public Culture, v. 16, n. 3, pp. 407-429. 2004.

GRAHAM, Stephen; THRIFT, Nigel. “Out of Order: Understanding Repair and Maintenance”. Theory, Culture and Society, v. 24, n. 3, pp. 1-25. 2007.

12e séance : Sécuriser les infrastructures

HARRIS, Ali; KEIL, Roger. “Securitizing Networked Flows: Infectious Diseases and Airports” (pp. 97-110). In: GRAHAM, Stephen (org.), Disrupted Cities: When Infrastructures Fail. New York, London: Routledge. 2010.

COWEN, Deborah. “Containing Insecurity: Logistic Space, U.S. Port Cities, and the ‘War on Terror’” (pp. 69-84). In: GRAHAM, Stephen (org.), Disrupted Cities: When Infrastructures Fail. New York, London: Routledge. 2010.


Master


  • Initiation/introduction – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

Vous pouvez me contacter sur mon adresse mail.

Pré-requis

Aucun, mais un niveau moyen de compréhension écrite en anglais est recommandé. 


Compte rendu


Ce séminaire se voulait une introduction à un champ de recherche relativement récent : l’anthropologie des infrastructures. En effet, les infrastructures ne sont pas que de vastes installations physiques conçues pour satisfaire nos besoins individuels et collectifs, elles sont faites de rapports sociaux et d’interactions complexes entre l’humain et le non-humain, en même temps qu’elles définissent nombre de ces relations.

La première séance était consacrée à l’article désormais classique de Brian Larkin, « The Politics and Poetics of Infrastructure », ce qui nous a permis de distinguer entre deux approches possibles des infrastructures : 1) la gestion technique et politique des réseaux, y compris les résistances qu’elle soulève ; 2) leur perception par les usagers, ainsi que leur mise en scène par les gouvernants. Ensuite, nous nous sommes attardés sur quatre approches possibles des infrastructures, au croisement des différentes sciences sociales : 1) la sociohistoire des macro-systèmes techniques, inaugurée par les travaux de l’historien Thomas Hughes sur les réseaux électriques en Occident ; 2) les recherches sur le rôle et la place des infrastructures dans le gouvernement des populations, une question qui préoccupait déjà Michel Foucault dans les années 1970 et Paul Rabinow dans les années 1990, mais récemment reprise par divers anthropologues comme Andrew Barry et Stephen Collier ; 3) l’ethnographie des infrastructures, consacrée par les travaux de Susan Leigh Star sur les systèmes informatiques à la fin des années 1990 ; 4) la géographie critique de Steve Graham et Marvin Simon, illustrée par la thèse hautement débattue de la fragmentation des villes (splintering urbanism), formulée au début des années 2000.

La deuxième partie du cours présentait différentes études de cas, afin de montrer les problématiques associées à certaines infrastructures. Sur la base d’exemple en provenance d’Inde et du Ghana, j’ai souligné la façon dont la gestion de l’eau reproduisait les divisions internes aux sociétés, si bien qu’elle devenait un enjeu de ces luttes. J’ai ensuite vu comment la gestion des déchets, dans les décharges clandestines en Ouganda ou dans les usines de biomasse au Danemark, nous obligeait à repenser l’opposition entre nature et culture, en raison des arrangements interespèces qui la composent. Les routes fraîchement inaugurées de l’arrière-pays péruvien ou celle qui traverse la frontière entre l’Albanie et la Grèce nous ont donné l’occasion d’analyser l’esthétique des infrastructures, c’est-à-dire leur capacité à nous affecter et la nôtre de les interpréter, sur la base de leurs propriétés matérielles. La séance consacrée aux réseaux électriques nous a permis d’approfondir cette dimension sensorielle, tout en introduisant le concept d’énergopouvoir, forgé par l’anthropologue Dominic Boyer. Durant la séance sur les dysfonctionnements des infrastructures, nous nous sommes confrontés au fameux article de l’anthropologue Abdoumaliq Simone, « People as Infrastructure », qui théorise sur la façon dont, dans les villes du Sud global, les individus eux-mêmes, avec leurs capacités physiques et relationnelles, se substituent aux infrastructures. Enfin, nous avons discuté le rôle et la place des infrastructures dans la société de contrôle, en présentant les enquêtes ethnographiques de Deborah Cowen sur les espaces logistiques transnationaux.

J’espère avoir ainsi contribué à la promotion et à la diffusion de l’anthropologie des infrastructures au sein de cette école.

Dernière modification : 12 septembre 2022 12:19

Type d'UE
Enseignements fondamentaux de master
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Anthropologie urbaine Géographie Spatialisation, territoires Ville
Aires culturelles
Afrique Amériques Europe Inde
Intervenant·e·s
  • Thomas Cortado [référent·e]   ATER, EHESS / Centre Maurice-Halbwachs (CMH)

Ce séminaire propose une introduction à un champ de recherche relativement récent, qui contribue à rénover les études urbaines : l’anthropologie des infrastructures. Encore peu représentée en France, cette anthropologie s’intéresse « à la façon dont les câbles, tuyaux,
tunnels, conduits, rues, autoroutes et réseaux techniques qui parcourent et infusent les villes sont construits et utilisés » (Graham et Simon, 2002). À partir d’ethnographies diverses (réseaux électriques, systèmes de communication, routes, gestion de l’eau potable, ruines, technologies de sécurité), réalisées dans des contextes historiques et nationaux tout aussi variés (aussi bien au Nord qu’au Sud global), ce séminaire explore les formes de gouvernement impliquées dans la gestion des infrastructures, leurs possibles appropriations et leurs effets sur la subjectivité des individus.
Ce séminaire se partage en deux unités. La première concerne la genèse des infrastructural studies, envisagée à partir de six courants différents : la sociohistoire des macro-systèmes tech-niques (LTS), la généalogie foucaldienne des équipements collectifs, l’ethnographie des
infrastructures informatiques, la géographie critique de la ville divisée et la théorie de l’urbanisation cyborg. La seconde unité abordera quelques objets récurrents en anthropologie des infrastructures et les problématiques qui leur sont associées. À partir d’exemples en
provenance d’Inde et d’Afrique, on montrera que la gestion de l’eau se situe à l’interface de la technique, de la guerre et de la politique. La question des déchets nous permettra de revenir sur un débat très contemporain en anthropologie, celui des frontières et possibles hybridations entre nature et culture. À partir des routes péruviennes ou albanaises, nous approfondirons ce que certains ethnographes appellent « l’enchantement » des infrastructures. La possibilité d’une violence émanant de la façon dont les infrastructures fonctionnent sera notre quatrième objet. Nous discuterons ensuite le fait de vivre au milieu d’infrastructures en ruine, une expérience commune aux habitants du Sud global, mais qui n’est pas non plus étrangère à l’Occident. Nous conclurons sur les problèmes de sécurité posés par les infrastructures modernes, du point de vue de l’organisation économique (logistique) et des risques sanitaires.

1e séance : Présentation du séminaire de recherche

LARKIN, Brian. “The Politics and Poetics of Infrastructure”. Annual Review of Anthropology, v. 42, pp. 327-343. 2013.

Partie I : APPROCHES possibles DES INFRASTRUCTURES

2e séance : La sociohistoire des macro-systèmes techniques (LTS) : le temps long des réseaux

GRAS, Alain. « Introduction » (pp. 3-6), « Chapitre I » (pp. 7-21), « Chapitre II » (ppp. 22-39), « Chapitre III » (pp. 40-54), « Chapitre IV » (pp. 55-64). In : Les macro-systèmes techniques. Paris, PUF, 1997.

3e séance : Governmentality Studies : les infrastructures comme technologie politique

FOUCAULT, Michel. « Leçon du 5 avril 1978 » (pp. 341-370). In : Sécurité, territoire, population : Cours au Collège de France (1977-1978). Paris: Gallimard, Seuil. 2004.

BARRY, Andrew. “Chapter 6: Lines of communication and spaces of rule” (pp. 123-142). In: BARRY, Andrew, OSBORNE, Thomas & ROSE, Nikolas (orgs.). Foucault and Political Reason: Liberalism, Neo-Liberalism and Rationalities of Government. Chicago: The University of Chicago Press. 1996.

4e séance : L’ethnographie des infrastructures : l’exemple de l’informatique

STAR, Susan Leigh. “L’ethnographie des infrastructures”. Tracés, n. 35, pp. 187-206. 2018.

EDWARDS, Paul. “Infrastructure and Modernity: Force, Time, and Social Organization in the History of Sociotechnical Systems”. In: MISA, Thomas; BREY, Philip; FEENBERG, Andrew. Modernity and Technology. Londres et Cambridge: The MIT Press, pp. 185-226. 2003.

5e séance : Le paradigme de la ville divisée et ses détracteurs

GRAHAM, Steve; SIMON, Marvin. “Introduction” (pp. 7-34). In: GRAHAM, Stephen; SIMON, Marvin, Splintering urbanism: networked infrastructures, technological mobilities and the urban condition. Londres et New York: Routledge. 2001.

KOOY, Michelle; BAKKER, Karen. “Splintered networks: The colonial and contemporary waters of Jakarta”. Geoforum, n. 39, pp. 1843-1858. 2008.

6e séance : L’urbanisation cyborg et l’école du métabolisme urbain

GRAHAM, Steve; SIMON, Marvin. “The city as sociotechnical process” (pp. 178-216). In: Splintering urbanism: networked infrastructures, technological mobilities and the urban condition. Londres et New York: Routledge. 2001.

GANDY, Matthew. “Rethinking urban metabolism: water, space and the modern city”. City, v. 8, n. 3, pp. 363-379. 2004.

Partie II : les objets et leurs problématiques

7e séance : La gestion de l’eau ou la continuation de la politique par d’autres moyens

ANAND, Nikhil. “PRESSURE: The PoliTechnics of Water Supply in Mumbai”. Cultural Anthropology, v. 26, n. 4, pp. 542-564. 2011.

CHALFIN, Brenda. “Public things, excremental politics, and the infrastructure of bare life in Ghana’s city of Thema”. American Ethnologist, v.41, n.1, p.92-109. 2014.

8e séance : Entre nature et culture, la vie des déchets

HOAG, Colin; BERTONI, Filippo & BUBANDT, Nils. “Wasteland Ecologies: Undomestication and Multispecies Gains on an Anthropocene Dumping Ground”. Journal of Ethnobiology, v. 38, n. 1, pp. 88-104. 2018.

DOHERTY, Jacob. “Filthy Flourishing: Para-Sites, Animal Infrastructure, and the Waste Frontier in Kampala”. Current Anthropology, v. 60, Supplement 20. 2019.

9e séance : Les routes et leurs promesses

HARVEY, Penelope. “Cementing Relations: The Materiality of Roads and Public Spaces in Provincial Peru”. Social Analysis, v. 54, n. 2, pp. 28-46. 2010.

DALAKOGLOU, Dimitris. “The road: An ethnography of the Albanian-Greek cross-border motorway”. American Ethnologist, v. 7, n. 1, pp. 132-149. 2010.

10e séance : La violence infrastructurelle

RODGERS, Dennis; O'NEILL, Bruce. “Infrastructural violence: Introduction to the special issue”. Ethnography, v. 13, n. 4, pp. 401-412. 2012.

DANIELAK, Silvia. “Navigating urban encounters: an infrastructural perspective on violence in Johannesburg’s taxi industry”. Third World Thematics, v. 4, n. 2-3, pp. 137-157. 2019.

11e séance : Vivre au milieu des ruines

SIMONE, Abdoumaliq. “People as Infrastructure: Intersecting Fragments in Johannesburg”. Public Culture, v. 16, n. 3, pp. 407-429. 2004.

GRAHAM, Stephen; THRIFT, Nigel. “Out of Order: Understanding Repair and Maintenance”. Theory, Culture and Society, v. 24, n. 3, pp. 1-25. 2007.

12e séance : Sécuriser les infrastructures

HARRIS, Ali; KEIL, Roger. “Securitizing Networked Flows: Infectious Diseases and Airports” (pp. 97-110). In: GRAHAM, Stephen (org.), Disrupted Cities: When Infrastructures Fail. New York, London: Routledge. 2010.

COWEN, Deborah. “Containing Insecurity: Logistic Space, U.S. Port Cities, and the ‘War on Terror’” (pp. 69-84). In: GRAHAM, Stephen (org.), Disrupted Cities: When Infrastructures Fail. New York, London: Routledge. 2010.

  • Initiation/introduction – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

Vous pouvez me contacter sur mon adresse mail.

Pré-requis

Aucun, mais un niveau moyen de compréhension écrite en anglais est recommandé. 

  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.06
    1er semestre / hebdomadaire, mercredi 12:30-14:30
    du 17 novembre 2021 au 16 février 2022
    Nombre de séances : 12

Ce séminaire se voulait une introduction à un champ de recherche relativement récent : l’anthropologie des infrastructures. En effet, les infrastructures ne sont pas que de vastes installations physiques conçues pour satisfaire nos besoins individuels et collectifs, elles sont faites de rapports sociaux et d’interactions complexes entre l’humain et le non-humain, en même temps qu’elles définissent nombre de ces relations.

La première séance était consacrée à l’article désormais classique de Brian Larkin, « The Politics and Poetics of Infrastructure », ce qui nous a permis de distinguer entre deux approches possibles des infrastructures : 1) la gestion technique et politique des réseaux, y compris les résistances qu’elle soulève ; 2) leur perception par les usagers, ainsi que leur mise en scène par les gouvernants. Ensuite, nous nous sommes attardés sur quatre approches possibles des infrastructures, au croisement des différentes sciences sociales : 1) la sociohistoire des macro-systèmes techniques, inaugurée par les travaux de l’historien Thomas Hughes sur les réseaux électriques en Occident ; 2) les recherches sur le rôle et la place des infrastructures dans le gouvernement des populations, une question qui préoccupait déjà Michel Foucault dans les années 1970 et Paul Rabinow dans les années 1990, mais récemment reprise par divers anthropologues comme Andrew Barry et Stephen Collier ; 3) l’ethnographie des infrastructures, consacrée par les travaux de Susan Leigh Star sur les systèmes informatiques à la fin des années 1990 ; 4) la géographie critique de Steve Graham et Marvin Simon, illustrée par la thèse hautement débattue de la fragmentation des villes (splintering urbanism), formulée au début des années 2000.

La deuxième partie du cours présentait différentes études de cas, afin de montrer les problématiques associées à certaines infrastructures. Sur la base d’exemple en provenance d’Inde et du Ghana, j’ai souligné la façon dont la gestion de l’eau reproduisait les divisions internes aux sociétés, si bien qu’elle devenait un enjeu de ces luttes. J’ai ensuite vu comment la gestion des déchets, dans les décharges clandestines en Ouganda ou dans les usines de biomasse au Danemark, nous obligeait à repenser l’opposition entre nature et culture, en raison des arrangements interespèces qui la composent. Les routes fraîchement inaugurées de l’arrière-pays péruvien ou celle qui traverse la frontière entre l’Albanie et la Grèce nous ont donné l’occasion d’analyser l’esthétique des infrastructures, c’est-à-dire leur capacité à nous affecter et la nôtre de les interpréter, sur la base de leurs propriétés matérielles. La séance consacrée aux réseaux électriques nous a permis d’approfondir cette dimension sensorielle, tout en introduisant le concept d’énergopouvoir, forgé par l’anthropologue Dominic Boyer. Durant la séance sur les dysfonctionnements des infrastructures, nous nous sommes confrontés au fameux article de l’anthropologue Abdoumaliq Simone, « People as Infrastructure », qui théorise sur la façon dont, dans les villes du Sud global, les individus eux-mêmes, avec leurs capacités physiques et relationnelles, se substituent aux infrastructures. Enfin, nous avons discuté le rôle et la place des infrastructures dans la société de contrôle, en présentant les enquêtes ethnographiques de Deborah Cowen sur les espaces logistiques transnationaux.

J’espère avoir ainsi contribué à la promotion et à la diffusion de l’anthropologie des infrastructures au sein de cette école.