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UE917 - Histoire de l’art médiéval : informel et pensée abstraite
Lieu et planning
-
54 bd Raspail
54 bd Raspail 75006 Paris
Salle AS1_24
annuel / bimensuel (1re/3e/5e), mardi 17:00-19:00
du 16 novembre 2021 au 31 mai 2022
Nombre de séances : 12
Description
Dernière modification : 24 novembre 2021 07:27
- Type d'UE
- Séminaires DR/CR
- Disciplines
- Anthropologie historique, Signes, formes, représentations
- Page web
- https://devisu.hypotheses.org/
- Langues
- français
- Mots-clés
- Anthropologie historique Anthropologie visuelle Arts Culture visuelle Épistémologie Histoire culturelle Histoire intellectuelle Historiographie Moyen Âge/Histoire médiévale Philosophie
- Aires culturelles
- Europe
Intervenant·e·s
- Vincent Debiais [référent·e] chargé de recherche, CNRS / Anthropologie historique du long Moyen Âge (CRH-AHLoMA)
Ce séminaire est consacré aux images et aux objets de l’art médiéval occidental qui semblent échapper à la figuration et à la mimésis. Sous l’emprise d’une pensée iconographique qui a par définition cherché à identifier, nommer et classer les différents éléments de l’image, tout ce qui ne fait pas « figure » a longtemps été laissé de côté dans l’analyse des cultures visuelles du Moyen Âge, l’informel, le non figuratif, l’indéfini ne pouvant à première vue acquérir là le statut d’image.
Dans ce séminaire, il s’agit de revenir sur cette tendance d’un Moyen Âge mimétique par essence et figuratif par nécessité, et d’ouvrir les tiroirs fourre-tout de l’iconographie médiévale où sont souvent abandonnés les fonds, les textures, les tâches, les volumes, les couleurs. Cette exploration se fera à l’aide des concepts forgés par la pensée médiévale elle-même quant à l’informel et l’abstraction plutôt qu’à partir des notions de la critique artistique contemporaine, avec l’objectif de saisir le sens du ressort visuel de la dissemblance et de l’indéfinition dans la fabrique des images médiévales.
Cette première année se déroule en trois volets : examen historiographiques des écrits pionniers sur cette question ; examen détaillé de la notion de « figure » dans la pensée plastique médiévale ; la mise en pratique des deux chantiers précédents sur un ensemble d’images.
16 novembre 2021 : Une image qui ne raconte rien (introduction : narration et iconicité)
30 novembre 2021 (salle AS1_23) : L’abstrait, une notion impossible (historiographie et pensée médiévale)
14 décembre 2021 (salle BS1_05) : Pseudomorphisme & anachronisme
18 janvier 2022 : Brut et informé : le matériau pour ce qu’il est (la patène de Cleveland)
1er février 2022 : Monochrome et achrome (les images du silence dans les beatus)
15 février 2022 : La couleur pure : ouvrir les évangiles de Bamberg
1er mars 2022 : La ligne et son ombre I : le bénédictionnaire d’Æthelwold
15 mars 2022 : La ligne et son ombre II : le bénédictionnaire d’Æthelwold
5 avril 2022 : Excursus : Le plan et l’arrière-plan du discours
19 avril 2022 : Figura : suivre Erich Auerbach (Raban Maur et I Rois, 18)
17 mai 2022 : Un catalogue des formes
31 mai 2022 (salle AS1_23) : Iconologie de l’intervalle (ouverture)
Master
-
Séminaires de recherche
– Arts, littératures et langages-Images, cultures visuelles, histoire de l'art (M2)
– M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages (M1)
– M1/S1-S2
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire et sciences sociales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
- -
- Direction de travaux des étudiants
- -
- Réception des candidats
sur rendez-vous - contact par courriel
- Pré-requis
aucun pré-requis n'est exigé
Compte rendu
La question posée par le séminaire « Histoire de l’art médiéval : pensée abstraite et informel » tenu entre novembre 2021 et juin 2022 était celle de la possibilité d’envisager que le Moyen Âge a connu une culture visuelle non-figurative. Il s’est donc agi de penser à contre-courant, et d’envisager que les images médiévales et l’art du Moyen Âge en général peuvent avoir fait le choix de montrer indépendamment de l’imitation ou de la production de figure que l’on peut nommer, décrire et interprété du point de vue de l’iconographie. Il s’agissait d’envisager les recours visuels qui semblent échapper à la création d’éléments figuratifs, qu’il s’agisse de personnages, d’éléments végétaux, d’architecture, d’objets ou de figures géométriques. Ce point de départ ne se trouvait pas dans une quelconque volonté de remonter dans le temps l’acte de naissance de l’art abstrait. Il s’agissait bien davantage d’envisager que la dissemblance et l’écart qui semblent véritablement être les moteurs de l’art abstrait contemporain ne naissent pas avec le développement de l’art abstrait en tant que mouvement. Il s’agissait d’envisager qu’on avait affaire ici à une modalité de pensée le visuel qui dépasse très largement la notion de « style » ou de « courant artistique », et qui a à voir en réalité avec « la traduction du monde », c’est-à-dire la façon de penser comment ce que l’on voit peut devenir objet.
Pour ce faire, le séminaire s’est concentré sur des questions d’anthropologie visuelle et de philosophie du sensible qui dépassent très largement les questions d’iconographie, autour de quatre grands domaines apparus au fil des séances. Le premier élément concerne la discussion systématique de ces grandes catégories du style et du courant. L’abstraction n’est ni l’opposé, ni l’inverse de la narration, de la figuration, de l’ornement. L’abstraction vient habiter les autres catégories plutôt qu’elles ne les affrontent dans une guerre des régimes du visuel. Le deuxième ensemble de questions concerne la différence entre l’abstraction en ce qu’elle constitue un processus intellectuel de séparation entre l’absolu et le contingent dans le but de produire par l’esprit une réalité conceptuelle, universelle et nommable d’une part, de l’art abstrait en ce qu’il s’affirme comme mouvement artistique et moyen de figurer dans les premières années du vingtième siècle d’autre part. L’abstraction est la production d’un mouvement intellectuel qui fait passer le regard de l’image, en ses propriétés matérielles et ses limites, au contenu infigurable qu’elle manifeste dans le sensible. Troisième point de discussion : le look-alike et le pseudomorphisme, soit la reconnaissance hors-contexte de constances de similarités formelles. La mise en rapport par l’histoire de l’art du Moyen Âge et du contemporain se heurte nécessairement aux dangers des ressemblances, mais le séminaire s’est concentré pour l’éviter sur la prise en compte du temps de l’image pour identifier les particules élémentaires de la représentation – le point, la ligne, le plan, la couleur, le contour – en ce qu’elles existent pour elles-mêmes, indépendamment de toute permanence. Quatrième et dernier paquet de questions, celles concernant les ressorts de l’abstraction entre Moyen Âge et contemporain. Si l’on évite le piège du look-alike, on devrait pouvoir s’interroger sur ce qui dans l’image permet de rendre visible l’idée : la couleur, la géométrie et le plan dont l’histoire de l’art médiéval a souvent considéré qu’ils avaient dans le visuel une fonction technique de composition, plutôt que de sens, alors que l’art abstrait en a fait le moyen par excellence d’une narration sans motif. L’attention portée au recours plutôt qu’au style a permis de ne plus poser l’abstraction comme l’aboutissement de processus millénaires de figuration, le climax d’une pensée plastique qui, l’ayant complètement digérée, pourrait désormais se passer de mimésis. C’est in fine penser l’art médiéval en dehors de son devenir.
Dernière modification : 24 novembre 2021 07:27
- Type d'UE
- Séminaires DR/CR
- Disciplines
- Anthropologie historique, Signes, formes, représentations
- Page web
- https://devisu.hypotheses.org/
- Langues
- français
- Mots-clés
- Anthropologie historique Anthropologie visuelle Arts Culture visuelle Épistémologie Histoire culturelle Histoire intellectuelle Historiographie Moyen Âge/Histoire médiévale Philosophie
- Aires culturelles
- Europe
Intervenant·e·s
- Vincent Debiais [référent·e] chargé de recherche, CNRS / Anthropologie historique du long Moyen Âge (CRH-AHLoMA)
Ce séminaire est consacré aux images et aux objets de l’art médiéval occidental qui semblent échapper à la figuration et à la mimésis. Sous l’emprise d’une pensée iconographique qui a par définition cherché à identifier, nommer et classer les différents éléments de l’image, tout ce qui ne fait pas « figure » a longtemps été laissé de côté dans l’analyse des cultures visuelles du Moyen Âge, l’informel, le non figuratif, l’indéfini ne pouvant à première vue acquérir là le statut d’image.
Dans ce séminaire, il s’agit de revenir sur cette tendance d’un Moyen Âge mimétique par essence et figuratif par nécessité, et d’ouvrir les tiroirs fourre-tout de l’iconographie médiévale où sont souvent abandonnés les fonds, les textures, les tâches, les volumes, les couleurs. Cette exploration se fera à l’aide des concepts forgés par la pensée médiévale elle-même quant à l’informel et l’abstraction plutôt qu’à partir des notions de la critique artistique contemporaine, avec l’objectif de saisir le sens du ressort visuel de la dissemblance et de l’indéfinition dans la fabrique des images médiévales.
Cette première année se déroule en trois volets : examen historiographiques des écrits pionniers sur cette question ; examen détaillé de la notion de « figure » dans la pensée plastique médiévale ; la mise en pratique des deux chantiers précédents sur un ensemble d’images.
16 novembre 2021 : Une image qui ne raconte rien (introduction : narration et iconicité)
30 novembre 2021 (salle AS1_23) : L’abstrait, une notion impossible (historiographie et pensée médiévale)
14 décembre 2021 (salle BS1_05) : Pseudomorphisme & anachronisme
18 janvier 2022 : Brut et informé : le matériau pour ce qu’il est (la patène de Cleveland)
1er février 2022 : Monochrome et achrome (les images du silence dans les beatus)
15 février 2022 : La couleur pure : ouvrir les évangiles de Bamberg
1er mars 2022 : La ligne et son ombre I : le bénédictionnaire d’Æthelwold
15 mars 2022 : La ligne et son ombre II : le bénédictionnaire d’Æthelwold
5 avril 2022 : Excursus : Le plan et l’arrière-plan du discours
19 avril 2022 : Figura : suivre Erich Auerbach (Raban Maur et I Rois, 18)
17 mai 2022 : Un catalogue des formes
31 mai 2022 (salle AS1_23) : Iconologie de l’intervalle (ouverture)
-
Séminaires de recherche
– Arts, littératures et langages-Images, cultures visuelles, histoire de l'art (M2)
– M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages (M1)
– M1/S1-S2
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Histoire-Histoire et sciences sociales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture
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sur rendez-vous - contact par courriel
- Pré-requis
aucun pré-requis n'est exigé
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54 bd Raspail
54 bd Raspail 75006 Paris
Salle AS1_24
annuel / bimensuel (1re/3e/5e), mardi 17:00-19:00
du 16 novembre 2021 au 31 mai 2022
Nombre de séances : 12
La question posée par le séminaire « Histoire de l’art médiéval : pensée abstraite et informel » tenu entre novembre 2021 et juin 2022 était celle de la possibilité d’envisager que le Moyen Âge a connu une culture visuelle non-figurative. Il s’est donc agi de penser à contre-courant, et d’envisager que les images médiévales et l’art du Moyen Âge en général peuvent avoir fait le choix de montrer indépendamment de l’imitation ou de la production de figure que l’on peut nommer, décrire et interprété du point de vue de l’iconographie. Il s’agissait d’envisager les recours visuels qui semblent échapper à la création d’éléments figuratifs, qu’il s’agisse de personnages, d’éléments végétaux, d’architecture, d’objets ou de figures géométriques. Ce point de départ ne se trouvait pas dans une quelconque volonté de remonter dans le temps l’acte de naissance de l’art abstrait. Il s’agissait bien davantage d’envisager que la dissemblance et l’écart qui semblent véritablement être les moteurs de l’art abstrait contemporain ne naissent pas avec le développement de l’art abstrait en tant que mouvement. Il s’agissait d’envisager qu’on avait affaire ici à une modalité de pensée le visuel qui dépasse très largement la notion de « style » ou de « courant artistique », et qui a à voir en réalité avec « la traduction du monde », c’est-à-dire la façon de penser comment ce que l’on voit peut devenir objet.
Pour ce faire, le séminaire s’est concentré sur des questions d’anthropologie visuelle et de philosophie du sensible qui dépassent très largement les questions d’iconographie, autour de quatre grands domaines apparus au fil des séances. Le premier élément concerne la discussion systématique de ces grandes catégories du style et du courant. L’abstraction n’est ni l’opposé, ni l’inverse de la narration, de la figuration, de l’ornement. L’abstraction vient habiter les autres catégories plutôt qu’elles ne les affrontent dans une guerre des régimes du visuel. Le deuxième ensemble de questions concerne la différence entre l’abstraction en ce qu’elle constitue un processus intellectuel de séparation entre l’absolu et le contingent dans le but de produire par l’esprit une réalité conceptuelle, universelle et nommable d’une part, de l’art abstrait en ce qu’il s’affirme comme mouvement artistique et moyen de figurer dans les premières années du vingtième siècle d’autre part. L’abstraction est la production d’un mouvement intellectuel qui fait passer le regard de l’image, en ses propriétés matérielles et ses limites, au contenu infigurable qu’elle manifeste dans le sensible. Troisième point de discussion : le look-alike et le pseudomorphisme, soit la reconnaissance hors-contexte de constances de similarités formelles. La mise en rapport par l’histoire de l’art du Moyen Âge et du contemporain se heurte nécessairement aux dangers des ressemblances, mais le séminaire s’est concentré pour l’éviter sur la prise en compte du temps de l’image pour identifier les particules élémentaires de la représentation – le point, la ligne, le plan, la couleur, le contour – en ce qu’elles existent pour elles-mêmes, indépendamment de toute permanence. Quatrième et dernier paquet de questions, celles concernant les ressorts de l’abstraction entre Moyen Âge et contemporain. Si l’on évite le piège du look-alike, on devrait pouvoir s’interroger sur ce qui dans l’image permet de rendre visible l’idée : la couleur, la géométrie et le plan dont l’histoire de l’art médiéval a souvent considéré qu’ils avaient dans le visuel une fonction technique de composition, plutôt que de sens, alors que l’art abstrait en a fait le moyen par excellence d’une narration sans motif. L’attention portée au recours plutôt qu’au style a permis de ne plus poser l’abstraction comme l’aboutissement de processus millénaires de figuration, le climax d’une pensée plastique qui, l’ayant complètement digérée, pourrait désormais se passer de mimésis. C’est in fine penser l’art médiéval en dehors de son devenir.