Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2023-2024.

UE913 - Tracés critiques transatlantiques entre ruptures et impostures


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 50
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 16:30-18:30
    du 8 mars 2022 au 7 juin 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 17 mai 2022 14:52

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Philosophie et épistémologie, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Anthropologie Épistémologie Histoire intellectuelle Politique Transnational
Aires culturelles
Amérique du Nord Contemporain (anthropologie du, monde) Europe
Intervenant·e·s
  • Lynda Dematteo [référent·e]   chargée de recherche, CNRS / Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain (IIAC)
  • Mariella Pandolfi   professeure (émérite), Université de Montréal

Ce séminaire questionnera les fondements libéraux de l'anthropologie en tant que discipline pour mieux penser le tournant autoritaire du néolibéralisme. Cette problématique conditionne également le développement d'une anthropologie des populismes. Notre difficulté actuelle à nommer les phénomènes politiques que nous observons est en quelque sorte symptomatique: nous nous proposons ainsi d'explorer ce que nous pourrions appeler, en paraphrasant Freud, le “malaise dans l'anthropologie”. En revenant sur les divergences qui se se sont fait jour dans le cours de l'histoire récente de l'in/discipline anthropologique, nous tenterons de mieux saisir les enjeux épistémiques actuels. Nous partirons du principe que les dissonances sont sources de créativité et que les efforts de conceptualisation relèvent toujours de la résistance. L'anthropologie est passée de l'objectivation de l'autre à l'objectivation de soi comme on tombe de Charybde en Scylla, mais sa visée fondamentale reste la dé-mythologisation. Comment les anthropologues abordent-ils ce processus épistémologique aujourd'hui? Le souci de décrire adéquatement les situations expérimentées sur le terrain les amène à bousculer les cadres théoriques. Comment rendre compte de ces avancées et penser la créativité ? Où situer les ruptures et comment soulever la question de l'imposture ? Ruptures et impostures pourront être identifiées et pensées différemment par les intervenants. L'un des objectifs sera de re-politiser les trajectoires historiques des avant-gardes qui, depuis les années 1970, ont repensé la narrativité, l'esthétique, la réflexivité et l'autorité de l'auteur. Nous privilégierons une perspective transatlantique pour mieux dépasser les fausses oppositions et tracer de nouvelles pistes.

Les séances des 10, 17 et 24 mai se dérouleront en salle 0.033, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 31 mai se déroulera en salle 0.033, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 7 juin se déroulera en salle 0.015, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Contactez Lynda Dematteo par courriel.

Direction de travaux des étudiants

Tutorat sur rendez-vous.

Réception des candidats
-
Pré-requis

Diplôme nécessaire pour l'inscription en master et projet de recherche écrit.


Compte rendu


Après avoir travaillé pendant plusieurs années sur la représentation politique dans les configurations populistes, nous avons souhaité donner une dimension plus épistémologique à notre réflexion commune en investiguant avec nos invités les enjeux actuels du renouveau d'une anthropologie critique. Nous nous sommes inspirées du contexte tendu dans lequel Dimitrii Chostakovitch et Evgeny Evtouchenko ont créé la symphonie n°13 « Babi Yar » pour exhorter au courage intellectuel quand le nationalisme renaît sous diverses formes, y compris dans l'académie: l'internationalisation des savoirs doit rester notre horizon. Nos discussions ont ainsi porté, dans la première partie, sur les ressorts politiques de l'empathie avec Franke Wilmer (Montana State University) et ses impasses avec Gil Anidjar (Columbia), puis sur l'ethnocentrisme critique d'Ernesto De Martino et la positionalité excentrique d'Helmut Plessner. Dans le cadre du LAP, Lynda Dematteo a organisé une table ronde sur la droitisation de la vie politique française. Face à la montée des populismes autoritaires, elle a insisté dans le séminaire sur la nécessité de penser et d'agir au-delà de l'altérité. La montée en puissance des questions identitaires est en effet un défi sérieux pour l'anthropologie et nous devons tous nous concentrer sur nos expériences (minor)itaires pour déjouer les majorités populistes. Sortir de soi pour devenir autre caractérise notre méthode. Mariella Pandolfi est revenue sur les efforts de réinvention de l'anthropologie qui, depuis les années 1970, sont partis de Rice University, l'enjeu étant de re-politiser les trajectoires historiques des avant-gardes qui ont repensé la narrativité, l'esthétique, la réflexivité et l'autorité de l'auteur. Revenir sur ces efforts de réinvention permet de mettre en perspective le débat politique français sur l'importation des cultural studies et sa dénonciation, mais aussi sur les dérapages de la rectitude politique canadienne. Dans son intervention, Dino Palumbo (Università di Messina) a décrit l'illusion d'optique (Fée Morgane) qui affecte les échanges intellectuels entre l'Italie et l'Amérique du Nord. Construire le dialogue transatlantique s'avère aujourd'hui d'autant plus difficile que les pays européens s'exposent au risque du provincialisme. Nous avons ainsi privilégié une perspective transatlantique pour mieux dépasser les fausses oppositions et tracer de nouvelles pistes pour l'anthropologie du futur. Marc Abélès (LAP EHESS CNRS) est revenu sur l'histoire des circulations intellectuelles entre les États-Unis et la France avant de réaffirmer les enjeux du programme intellectuel de Michel Foucault, en insistant notamment sur la distinction opérée entre pouvoir et domination. Selon le philosophe, le pouvoir ne peut s'exercer que sur des sujets libres; des désaccords subsistent donc. Pour mieux les penser, Marc Abélès a introduit le concept de dissonance afin de saisir la non coïncidence entre l'idée que les sujets se font d'eux-mêmes et leur perception d'un avenir menaçant. Setrag Manoukian (McGill University) a ensuite abordé le champ de l'anthropologie digitale à travers l'histoire tragique de Nasim Aghdam, une artiste et youtuber iranienne de la diaspora. À travers son net-nographie, il a interrogé l'action politique et la « pratique artistique » à l'ère du capitalisme de plateforme. Kenneth Yeung (doctorant en philosophie à Paris Cité) a exposé combien il est difficile de poursuivre en ligne des recherches sur les mouvements sociaux à Hong Kong. Puis, dans le cadre de cette série d'interventions, Mark Duffield (University of Bristol) a donné une conférence à la Résidence de la déléguée générale du Québec à Paris. En revenant sur son parcours académique, il a mis à jour la progressive domination de la connectivité en opposition à la circulation: à partir du moment où les technologies servent à contrôler la libre circulation des personnes et des choses, il s'ensuit que plus le monde est connecté, moins la libre circulation est possible, et vice versa. Pour finir, Mariella Pandolfi et Laurence McFalls (Université de Montréal) ont exposé leur investigation actuelle sur le potentiel illibéral du libéralisme en analysant la mutation anthropologique induite par la pandémie: Homo pandemicus, l'ultime sujet libéral.

Dernière modification : 17 mai 2022 14:52

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Philosophie et épistémologie, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Anthropologie Épistémologie Histoire intellectuelle Politique Transnational
Aires culturelles
Amérique du Nord Contemporain (anthropologie du, monde) Europe
Intervenant·e·s
  • Lynda Dematteo [référent·e]   chargée de recherche, CNRS / Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain (IIAC)
  • Mariella Pandolfi   professeure (émérite), Université de Montréal

Ce séminaire questionnera les fondements libéraux de l'anthropologie en tant que discipline pour mieux penser le tournant autoritaire du néolibéralisme. Cette problématique conditionne également le développement d'une anthropologie des populismes. Notre difficulté actuelle à nommer les phénomènes politiques que nous observons est en quelque sorte symptomatique: nous nous proposons ainsi d'explorer ce que nous pourrions appeler, en paraphrasant Freud, le “malaise dans l'anthropologie”. En revenant sur les divergences qui se se sont fait jour dans le cours de l'histoire récente de l'in/discipline anthropologique, nous tenterons de mieux saisir les enjeux épistémiques actuels. Nous partirons du principe que les dissonances sont sources de créativité et que les efforts de conceptualisation relèvent toujours de la résistance. L'anthropologie est passée de l'objectivation de l'autre à l'objectivation de soi comme on tombe de Charybde en Scylla, mais sa visée fondamentale reste la dé-mythologisation. Comment les anthropologues abordent-ils ce processus épistémologique aujourd'hui? Le souci de décrire adéquatement les situations expérimentées sur le terrain les amène à bousculer les cadres théoriques. Comment rendre compte de ces avancées et penser la créativité ? Où situer les ruptures et comment soulever la question de l'imposture ? Ruptures et impostures pourront être identifiées et pensées différemment par les intervenants. L'un des objectifs sera de re-politiser les trajectoires historiques des avant-gardes qui, depuis les années 1970, ont repensé la narrativité, l'esthétique, la réflexivité et l'autorité de l'auteur. Nous privilégierons une perspective transatlantique pour mieux dépasser les fausses oppositions et tracer de nouvelles pistes.

Les séances des 10, 17 et 24 mai se dérouleront en salle 0.033, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 31 mai se déroulera en salle 0.033, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 7 juin se déroulera en salle 0.015, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Contactez Lynda Dematteo par courriel.

Direction de travaux des étudiants

Tutorat sur rendez-vous.

Réception des candidats
-
Pré-requis

Diplôme nécessaire pour l'inscription en master et projet de recherche écrit.

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 50
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 16:30-18:30
    du 8 mars 2022 au 7 juin 2022
    Nombre de séances : 12

Après avoir travaillé pendant plusieurs années sur la représentation politique dans les configurations populistes, nous avons souhaité donner une dimension plus épistémologique à notre réflexion commune en investiguant avec nos invités les enjeux actuels du renouveau d'une anthropologie critique. Nous nous sommes inspirées du contexte tendu dans lequel Dimitrii Chostakovitch et Evgeny Evtouchenko ont créé la symphonie n°13 « Babi Yar » pour exhorter au courage intellectuel quand le nationalisme renaît sous diverses formes, y compris dans l'académie: l'internationalisation des savoirs doit rester notre horizon. Nos discussions ont ainsi porté, dans la première partie, sur les ressorts politiques de l'empathie avec Franke Wilmer (Montana State University) et ses impasses avec Gil Anidjar (Columbia), puis sur l'ethnocentrisme critique d'Ernesto De Martino et la positionalité excentrique d'Helmut Plessner. Dans le cadre du LAP, Lynda Dematteo a organisé une table ronde sur la droitisation de la vie politique française. Face à la montée des populismes autoritaires, elle a insisté dans le séminaire sur la nécessité de penser et d'agir au-delà de l'altérité. La montée en puissance des questions identitaires est en effet un défi sérieux pour l'anthropologie et nous devons tous nous concentrer sur nos expériences (minor)itaires pour déjouer les majorités populistes. Sortir de soi pour devenir autre caractérise notre méthode. Mariella Pandolfi est revenue sur les efforts de réinvention de l'anthropologie qui, depuis les années 1970, sont partis de Rice University, l'enjeu étant de re-politiser les trajectoires historiques des avant-gardes qui ont repensé la narrativité, l'esthétique, la réflexivité et l'autorité de l'auteur. Revenir sur ces efforts de réinvention permet de mettre en perspective le débat politique français sur l'importation des cultural studies et sa dénonciation, mais aussi sur les dérapages de la rectitude politique canadienne. Dans son intervention, Dino Palumbo (Università di Messina) a décrit l'illusion d'optique (Fée Morgane) qui affecte les échanges intellectuels entre l'Italie et l'Amérique du Nord. Construire le dialogue transatlantique s'avère aujourd'hui d'autant plus difficile que les pays européens s'exposent au risque du provincialisme. Nous avons ainsi privilégié une perspective transatlantique pour mieux dépasser les fausses oppositions et tracer de nouvelles pistes pour l'anthropologie du futur. Marc Abélès (LAP EHESS CNRS) est revenu sur l'histoire des circulations intellectuelles entre les États-Unis et la France avant de réaffirmer les enjeux du programme intellectuel de Michel Foucault, en insistant notamment sur la distinction opérée entre pouvoir et domination. Selon le philosophe, le pouvoir ne peut s'exercer que sur des sujets libres; des désaccords subsistent donc. Pour mieux les penser, Marc Abélès a introduit le concept de dissonance afin de saisir la non coïncidence entre l'idée que les sujets se font d'eux-mêmes et leur perception d'un avenir menaçant. Setrag Manoukian (McGill University) a ensuite abordé le champ de l'anthropologie digitale à travers l'histoire tragique de Nasim Aghdam, une artiste et youtuber iranienne de la diaspora. À travers son net-nographie, il a interrogé l'action politique et la « pratique artistique » à l'ère du capitalisme de plateforme. Kenneth Yeung (doctorant en philosophie à Paris Cité) a exposé combien il est difficile de poursuivre en ligne des recherches sur les mouvements sociaux à Hong Kong. Puis, dans le cadre de cette série d'interventions, Mark Duffield (University of Bristol) a donné une conférence à la Résidence de la déléguée générale du Québec à Paris. En revenant sur son parcours académique, il a mis à jour la progressive domination de la connectivité en opposition à la circulation: à partir du moment où les technologies servent à contrôler la libre circulation des personnes et des choses, il s'ensuit que plus le monde est connecté, moins la libre circulation est possible, et vice versa. Pour finir, Mariella Pandolfi et Laurence McFalls (Université de Montréal) ont exposé leur investigation actuelle sur le potentiel illibéral du libéralisme en analysant la mutation anthropologique induite par la pandémie: Homo pandemicus, l'ultime sujet libéral.