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UE902 - Épigraphie médiévale de l’autel chrétien : mobilier, objet, décor


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.08
    annuel / bimensuel (1re/3e), mercredi 08:30-10:30
    du 17 novembre 2021 au 1er juin 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 19 novembre 2021 07:50

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire, Signes, formes, représentations
Page web
https://devisu.hypotheses.org/ 
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie historique Arts Écriture Épistémologie Fait religieux Histoire culturelle Historiographie Moyen Âge/Histoire médiévale
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s
  • Vincent Debiais [référent·e]   chargé de recherche, CNRS / Anthropologie historique du long Moyen Âge (CRH-AHLoMA)

Ce séminaire est consacré aux pratiques graphiques du Moyen Âge en dehors du monde manuscrit, et plus spécifiquement à la documentation épigraphique médiévale ; aux inscriptions donc, qui, tracées sur les monuments et les objets, sur le métal, le bois, la pierre ou le verre, affichent un contenu textuel pour en assurer la publicité ou l’efficacité. L’épigraphie médiévale permet un éclairage original de la culture écrite médiévale et participe plus généralement à la compréhension du statut et de la fonction de l’écriture dans les sociétés pré-typographiques. Ce séminaire permet à la fois une initiation aux questions épigraphiques (lecture, datation, édition) et une approche anthropologique des inscriptions et des gestes d’écriture au Moyen Âge.

Pour sa première année, le séminaire est consacré aux inscriptions, très nombreuses, placées au contact de l’autel chrétien dans l’Occident médiéval. Gravées sur la table d’autel, peintes sur les antependiums, brodés sur les textiles, incisées dans les objets métalliques, elles sont en lien avec les pratiques liturgiques, le décor monumental de l’église, mais aussi avec la construction sociale des communautés chrétiennes et l’établissement des réseaux de personnes et de contrôle. En ce sens, l’autel cristallise un grand nombre de pratiques graphiques qui permettent d’apprécier le rôle de l’écriture dans la manifestation de liens complexes entre le collectif et l’individu, entre l’humain et le transcendant, entre le visible et l’invisible.

17 novembre 2021 : L’autel, monument et signe du sacrifice (introduction)

1er décembre 2021 : Autel et écriture : constances anthropologiques 

15 décembre 2021 : Transformation, institution : la question de la consécration

19 janvier 2022 : Écrire la liturgie sur l’autel : action rituelle et définition de l’espace liturgique

2 février 2022 : Présence et dissimulation : l’écriture et la relique

16 février 2022 : L’inscription, le corps, la voix : présences à l’autel

2 mars 2022 : Interactions entre écriture et images sur l’autel

16 mars 2022 : Retables et antependiums : la fabrique du lien « liturgique » par l’écriture

6 avril 2022 : Relève et prise en charge : l’écriture sur la vaisselle liturgique

20 avril 2022 : Réseaux de noms : le dossier des autels de Saint-Savin-sur-Gartempe

18 mai 2022 : Ouverture : lipsanothèques (Marianne Blanchard, Université de Barcelone) et autels portatifs (Sarah Luginbill, Trinity University, San Antonio)

1er juin 2022 : L’écriture dans la définition du « liturgique » au Moyen Âge (conclusion)


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Images, cultures visuelles, histoire de l'art (M2) – M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages (M1) – M1/S1-S2
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

sur rendez-vous, contact par courriel.

Pré-requis

aucun pré-requis n'est exigé pour participer à ce séminaire.


Compte rendu


Le séminaire « Épigraphie médiévale de l’autel chrétien » s’est tenu de novembre 2021 à juin 2022 au Centre de colloques du Campus Condorcet. Il était consacré à une exploration de l’écriture épigraphique telle qu’elle a été utilisée au cours du Moyen Âge en Occident – dans une culture très majoritairement latine et chrétienne, donc. Dans son principe, le séminaire s’est interrogé sur des questions générales de culture écrite quant à la place des inscriptions dans la communication et dans le règlement des relations sociales. Le séminaire n’a pourtant pas traité de problématiques épigraphiques dans l’absolu, mais il a centré les interrogations sur l’autel chrétien, cet élément mobilier central dans la définition architecturale, liturgique et artistique de l’église. Dans l’historiographie, l’autel médiéval a été associé à la pratique de l’écriture principalement en raison de la présence et de l’utilisation du livre au cours des cérémonies, mais le séminaire a montré l’omniprésence de l’écriture épigraphique sur ou autour de l’autel, qu’il s’agisse d’inscriptions directement tracées sur la table ou le pied de l’autel, d’éléments mobiliers manipulés à son contact ou de textes placés en contact de l’autel et qui interagissent avec lui. Il fallait d’abord faire le point sur cette documentation, entre Antiquité tardive et Renaissance, constater la diversité de ses formes, faire l’inventaire des inscriptions « pour » ou « de » l’autel. Il fallait ensuite inscrire cette histoire épigraphique du Moyen Âge dans une perspective d’anthropologie des religions pour déterminer le lien éventuel entre geste d’écriture et ritualité. On a ensuite décliné ces questions larges sur un grand nombre d’exemples médiévaux, célèbres ou moins connus, en les reliant à la pensée liturgique et théologique du Moyen Âge qui permet de comprendre les raisons et les formes de la mise en œuvre épigraphique sur l’autel chrétien.

De ce vaste panorama, on peut retenir un certain nombre de points importants dans la description de ce phénomène graphique particulier. L’inscription sur l’autel est un point dans l’espace, un point défini par un réseau de coordonnées permettant de situer l’écriture, et par une série de mouvements qui s’organisent autour de l’autel ou par le déplacement des objets inscrits. L’inscription est aussi un point de départ pour la lecture du texte qui va déclencher une série de nouvelles actions, de gestes et de paroles. Elle est aussi le point d’arrivée, l’autel étant le point ultime fixé, embrassé, voilé et dévoilé, avant de passer au plan spirituel ou céleste de la liturgie. Les inscriptions sur l’autel font alterner l’évidence et la complexité, l’unicité et l’univoque – exacerbation monumentale de faits tels qu’ils sont perçus d’un côté, et le système et la relation entre ce que l’on voit et ce que l’on ignore d’un autre côté. Position intermédiaire de l’écriture ; seuil de sens. L’écriture partage donc avec la liturgie cette capacité à dire par le signe ce qui ne fait pas signe justement ; à traduire dans la lettre ce qui relève d’un point de vue strictement anthropologique du non-dit, du mystère par obligation. L’écriture n’est donc absolument pas magique et encore moins quand elle se situe sur l’autel : elle est tout simplement liturgique. On a formulé l’hypothèse salon laquelle l’écriture constitue, dès lors qu’elle s’incarne dans les éléments du rituel, le climax de ce qu’est le « liturgique » pour le Moyen Âge. L’inscription, comme l’image en générale, comme la poésie, comme la liturgie sont les modalités ultimes de l’expression de la culture médiévale, non pas parce qu’elles posséderaient un caractère magique ou hermétique ou encore parce qu’elles créeraient les conditions d’une lecture mythique des faits de pensée et des faits sociaux qui les rendrait inaccessibles, mais précisément parce qu’elles sont les moyens d’accès à cette version ultime du monde.

Dernière modification : 19 novembre 2021 07:50

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire, Signes, formes, représentations
Page web
https://devisu.hypotheses.org/ 
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie historique Arts Écriture Épistémologie Fait religieux Histoire culturelle Historiographie Moyen Âge/Histoire médiévale
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s
  • Vincent Debiais [référent·e]   chargé de recherche, CNRS / Anthropologie historique du long Moyen Âge (CRH-AHLoMA)

Ce séminaire est consacré aux pratiques graphiques du Moyen Âge en dehors du monde manuscrit, et plus spécifiquement à la documentation épigraphique médiévale ; aux inscriptions donc, qui, tracées sur les monuments et les objets, sur le métal, le bois, la pierre ou le verre, affichent un contenu textuel pour en assurer la publicité ou l’efficacité. L’épigraphie médiévale permet un éclairage original de la culture écrite médiévale et participe plus généralement à la compréhension du statut et de la fonction de l’écriture dans les sociétés pré-typographiques. Ce séminaire permet à la fois une initiation aux questions épigraphiques (lecture, datation, édition) et une approche anthropologique des inscriptions et des gestes d’écriture au Moyen Âge.

Pour sa première année, le séminaire est consacré aux inscriptions, très nombreuses, placées au contact de l’autel chrétien dans l’Occident médiéval. Gravées sur la table d’autel, peintes sur les antependiums, brodés sur les textiles, incisées dans les objets métalliques, elles sont en lien avec les pratiques liturgiques, le décor monumental de l’église, mais aussi avec la construction sociale des communautés chrétiennes et l’établissement des réseaux de personnes et de contrôle. En ce sens, l’autel cristallise un grand nombre de pratiques graphiques qui permettent d’apprécier le rôle de l’écriture dans la manifestation de liens complexes entre le collectif et l’individu, entre l’humain et le transcendant, entre le visible et l’invisible.

17 novembre 2021 : L’autel, monument et signe du sacrifice (introduction)

1er décembre 2021 : Autel et écriture : constances anthropologiques 

15 décembre 2021 : Transformation, institution : la question de la consécration

19 janvier 2022 : Écrire la liturgie sur l’autel : action rituelle et définition de l’espace liturgique

2 février 2022 : Présence et dissimulation : l’écriture et la relique

16 février 2022 : L’inscription, le corps, la voix : présences à l’autel

2 mars 2022 : Interactions entre écriture et images sur l’autel

16 mars 2022 : Retables et antependiums : la fabrique du lien « liturgique » par l’écriture

6 avril 2022 : Relève et prise en charge : l’écriture sur la vaisselle liturgique

20 avril 2022 : Réseaux de noms : le dossier des autels de Saint-Savin-sur-Gartempe

18 mai 2022 : Ouverture : lipsanothèques (Marianne Blanchard, Université de Barcelone) et autels portatifs (Sarah Luginbill, Trinity University, San Antonio)

1er juin 2022 : L’écriture dans la définition du « liturgique » au Moyen Âge (conclusion)

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Images, cultures visuelles, histoire de l'art (M2) – M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages (M1) – M1/S1-S2
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

sur rendez-vous, contact par courriel.

Pré-requis

aucun pré-requis n'est exigé pour participer à ce séminaire.

  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.08
    annuel / bimensuel (1re/3e), mercredi 08:30-10:30
    du 17 novembre 2021 au 1er juin 2022
    Nombre de séances : 12

Le séminaire « Épigraphie médiévale de l’autel chrétien » s’est tenu de novembre 2021 à juin 2022 au Centre de colloques du Campus Condorcet. Il était consacré à une exploration de l’écriture épigraphique telle qu’elle a été utilisée au cours du Moyen Âge en Occident – dans une culture très majoritairement latine et chrétienne, donc. Dans son principe, le séminaire s’est interrogé sur des questions générales de culture écrite quant à la place des inscriptions dans la communication et dans le règlement des relations sociales. Le séminaire n’a pourtant pas traité de problématiques épigraphiques dans l’absolu, mais il a centré les interrogations sur l’autel chrétien, cet élément mobilier central dans la définition architecturale, liturgique et artistique de l’église. Dans l’historiographie, l’autel médiéval a été associé à la pratique de l’écriture principalement en raison de la présence et de l’utilisation du livre au cours des cérémonies, mais le séminaire a montré l’omniprésence de l’écriture épigraphique sur ou autour de l’autel, qu’il s’agisse d’inscriptions directement tracées sur la table ou le pied de l’autel, d’éléments mobiliers manipulés à son contact ou de textes placés en contact de l’autel et qui interagissent avec lui. Il fallait d’abord faire le point sur cette documentation, entre Antiquité tardive et Renaissance, constater la diversité de ses formes, faire l’inventaire des inscriptions « pour » ou « de » l’autel. Il fallait ensuite inscrire cette histoire épigraphique du Moyen Âge dans une perspective d’anthropologie des religions pour déterminer le lien éventuel entre geste d’écriture et ritualité. On a ensuite décliné ces questions larges sur un grand nombre d’exemples médiévaux, célèbres ou moins connus, en les reliant à la pensée liturgique et théologique du Moyen Âge qui permet de comprendre les raisons et les formes de la mise en œuvre épigraphique sur l’autel chrétien.

De ce vaste panorama, on peut retenir un certain nombre de points importants dans la description de ce phénomène graphique particulier. L’inscription sur l’autel est un point dans l’espace, un point défini par un réseau de coordonnées permettant de situer l’écriture, et par une série de mouvements qui s’organisent autour de l’autel ou par le déplacement des objets inscrits. L’inscription est aussi un point de départ pour la lecture du texte qui va déclencher une série de nouvelles actions, de gestes et de paroles. Elle est aussi le point d’arrivée, l’autel étant le point ultime fixé, embrassé, voilé et dévoilé, avant de passer au plan spirituel ou céleste de la liturgie. Les inscriptions sur l’autel font alterner l’évidence et la complexité, l’unicité et l’univoque – exacerbation monumentale de faits tels qu’ils sont perçus d’un côté, et le système et la relation entre ce que l’on voit et ce que l’on ignore d’un autre côté. Position intermédiaire de l’écriture ; seuil de sens. L’écriture partage donc avec la liturgie cette capacité à dire par le signe ce qui ne fait pas signe justement ; à traduire dans la lettre ce qui relève d’un point de vue strictement anthropologique du non-dit, du mystère par obligation. L’écriture n’est donc absolument pas magique et encore moins quand elle se situe sur l’autel : elle est tout simplement liturgique. On a formulé l’hypothèse salon laquelle l’écriture constitue, dès lors qu’elle s’incarne dans les éléments du rituel, le climax de ce qu’est le « liturgique » pour le Moyen Âge. L’inscription, comme l’image en générale, comme la poésie, comme la liturgie sont les modalités ultimes de l’expression de la culture médiévale, non pas parce qu’elles posséderaient un caractère magique ou hermétique ou encore parce qu’elles créeraient les conditions d’une lecture mythique des faits de pensée et des faits sociaux qui les rendrait inaccessibles, mais précisément parce qu’elles sont les moyens d’accès à cette version ultime du monde.