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UE882 - De l’humain animalisé au vivant humanisé
Lieu et planning
-
Bâtiment EHESS-Condorcet
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 25-A
annuel / bimensuel (2e/4e), lundi 12:30-14:30
du 8 novembre 2021 au 13 juin 2022
Nombre de séances : 15
Description
Dernière modification : 7 juin 2022 14:30
- Type d'UE
- Séminaires DR/CR
- Disciplines
- Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
- Page web
- -
- Langues
- français
- Mots-clés
- Animalité Anthropologie Mémoire Religieux (sciences sociales du) Rituel
- Aires culturelles
- Contemporain (anthropologie du, monde) Europe
Intervenant·e·s
- Sergio Dalla Bernardina [référent·e] professeur des universités, Université de Bretagne Occidentale / Laboratoire d’anthropologie critique interdisciplinaire (IIAC-LACI)
Ce séminaire poursuit la réflexion entamée l’année passée sur le statut fluctuant des frontières ontologiques. L’anthropologie contemporaine s’intéresse de plus en plus aux rapports interlocutoires que nous entretenons avec les non-humains. Des études importantes ont montré la centralité de ces négociations dans les sociétés que l’on qualifiait autrefois de « traditionnelles » et que l’on appelle aujourd’hui « non-modernes » (négociations explicites et continues, institutionnalisées par les rites et par les mythes). L’écologie et l’éthologie, de leur côté, donnent des bases scientifiques à l’idée que les non-humains (animaux et même végétaux), constituent des interlocuteurs de plein droit, avec des capacités sensorielles et cognitives qui les élèvent bien au-delà du simple rang d’objet. La convergence de ces deux regards alimente aujourd’hui une vaste gamme de recherches visant a dénicher, dans notre histoire mais également dans les mailles de la contemporanéité, des attitudes et des conceptions de type « animiste », « analogiste », « totémique », pour employer le vocabulaire de Philippe Descola. Une partie de ce séminaire a pour but de faire le point sur l’état actuel de la réflexion par des exemples ethnographiques et historiques. Une autre partie, plus « pragmatique », abordera la question des fonctions symboliques, psychologiques et sociales assurées par la reconnaissance de proximité (et parfois même d’« humanité ») dont bénéficie aujourd’hui, à des degrés différents, l’immense famille des non-humains.
Les séances des 9 et 23 mai se dérouleront en salle 0.016, bâtiment recherche Sud, campus Condorcet
La séance du 13 juin se déroulera de 11 h 30 à 15 h 30 en salle 3.03, centre des colloques, campus Condorcet
Master
-
Séminaires de recherche
– Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Études environnementales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral -
Séminaires de recherche
– Sciences des religions et société-Sciences sociales des religions
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral
Renseignements
- Contacts additionnels
- iiac@ehess.fr
- Informations pratiques
par courriel.
- Direction de travaux des étudiants
- -
- Réception des candidats
- -
- Pré-requis
niveau Licence.
Compte rendu
Le séminaire de cette année a alterné les interventions des spécialistes invités et celles des jeunes chercheurs travaillant autour du thème des frontières ontologiques. Lors de la première séance (« Ce n’est qu’une plante, mais quand même . Nostalgies animistes et post-naturalisme »), Sergio Dalla Bernardina a présenté l’esprit du séminaire en insistant sur l’engouement actuel pour la question des frontières interspécifiques et sur l’opportunité d’en explorer les raisons. Anne Simon « Traversé par l’altérité : le langage poétique par-delà “l’Oxydent”, à propos de l’ouvrage Une bête entre les lignes, essai de zoopoétique », nous a parlé de la capacité du langage poétique à dépasser le hiatus cognitif et sensoriel qui nous éloigne des autres espèces : « Si la littérature est apte à évoquer la puissance et la profusion des vies animales, c’est que la langue et l’écriture elles-mêmes, souvent considérées comme des « propres » de l’espèce humaine, se découvrent traversées par l’animalité. La langue poétique permet d’accéder aux bêtes qui, soufflant et traçant leurs histoires de vie et de survie à même le monde, nous ont peut-être appris à lire ». Sergio Dalla Bernardina a consacré la séance suivante à l’« Ontologie de l’arbre de Noël » : « Le folklore n’est pas derrière nous, il nous est consubstantiel et nous passons notre temps à le renouveler. Mais nous ne découvrons son « folklorisme » qu’après coup. Une fois « démasqués », les matériaux folklorico-mythiques ne disparaissent pas pour autant, ils changent juste de place. C’est pourquoi nous restons animistes sur les bords. Et cela nous arrange ». Dans toute autre perspective, à partir des résultats d’une enquête ethnographique menée au sein d’une ONG animalitaire en Bolivie, Gaspard Renault (« Intimité, intersubjectivité et dette interspécifique : ce que l’animalitaire fait au naturalisme »), s’est interrogé « sur la manière dont les pratiques de réhabilitation d’animaux sylvestres transforment les principes du naturalisme descolien sur lesquels elles se fondent ». Sergio Dalla Bernardina est revenu sur cette même problématique avec son intervention : « Aux frontières de la bonté. Les ambiguïtés de notre amour pour les autres animaux ». Partant du constat selon lequel « les animaux sont doués de sensibilité (définie comme réaction à des excitations internes et externes) », Evan Josselin (« Philosophie, Littérature et Éthologie : trois perspectives sur les émotions animales »), a posé la question de l’existence et de la nature éventuelle des émotions chez les (autres) animaux. Fabien Tarragnat (« Anthropologie philosophique et relationalité multispécifique : perspectives comparées des œuvres de Judith Butler et Donna Haraway », a « mis en connexion deux approches de la relationalité multispécifique pensée comme fondement d’une anthropologie philosophique élargie aux non-humains, celles des théoricien·ne·s féministes et queer J. Butler et D. Haraway ». Hugo Gassin « Marcher avec la montagne et la lumière. Essai d’ontologie du paysage par-delà la modernité », s’est penché sur « le paysage en tant que prisme au travers duquel les substances des sujets et des objets prennent forme et entrent en relation ». Steve Lazzaris, (« Combat et férocité guerrière »), s’est interrogé sur ce glissement vers l’inhumanité qu’est la fureur du guerrier. « Comment un homme devient-il un guerrier ? Qu'est-ce que cela implique dans la bataille ? Comment redevient-il humain et peut-il revenir dans la société ? ». Responsable de l’édition italienne de Par-delà nature et culture Nadia Breda (« Analogie et métamorphose. Applications ethnographiques et racines théoriques goethéennes de Par-delà nature et culture de Philippe Descola vues d’Italie », nous a proposé une « réflexion autour de l’analogisme comme champ de médiation ontologique propice à la confrontation avec les expressions symboliques de la tradition occidentale ». Benoît Fliche (« Justine et Jacques, ou comment la psychanalyse lacanienne parle des animaux »), a reconstitué la place des animaux (et, parallèlement, celle de l’anthropologie) chez Jacques Lacan à partir de l’histoire de Justine, la chienne boxer du psychanalyste « qui ne parlait pas mais, à la différence des humains, ne se trompait pas d’adresse ». Angélique Brousse (« Dis-moi qui tu hais et je te dirai qui tu es : des nuisibles et des hommes dans les traités d’agriculture français du XVIe siècle »), nous a entretenu autour de la frontière conceptuelle et morale séparant les animaux dits « nuisibles » de ceux qui ne le seraient pas. Dans « Comment les animaux aident à penser des dynamiques spatiales de contrôle ? Une réflexion anthropologique sur la relation entre le corps et l'espace au sein des métros de Paris et de São Paulo » Beatriz Raimundez a projeté le regard du « tournant ontologique » sur la campagne publicitaire menée par la RATP en 2015 intitulée « Restons civils sur toute la ligne », dans laquelle des humains incivils sont représentés comme des animaux. Silvia Marzorati (« Marcher avec le troupeau, repenser un récit du paysage avec Tim Ingold et le cinéma écologique »), a prolongé l’investigation sur le « tournant ontologique » en empruntant à l'anthropologie des lignes de Tim Ingold, et à la cinématographie « écologique » de Michelangelo Frammartino et Pietro Marcello. En soulignant « l’attention à la relation entre les organismes et l’environnement » que ces auteurs proposent dans leurs œuvres, elle nous a invités à « suivre les mobilités des vivantes dans le paysage préurbain du nord-est parisien, où les non-humains viennent se placer au premier plan ».
Dernière modification : 7 juin 2022 14:30
- Type d'UE
- Séminaires DR/CR
- Disciplines
- Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
- Page web
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- Langues
- français
- Mots-clés
- Animalité Anthropologie Mémoire Religieux (sciences sociales du) Rituel
- Aires culturelles
- Contemporain (anthropologie du, monde) Europe
Intervenant·e·s
- Sergio Dalla Bernardina [référent·e] professeur des universités, Université de Bretagne Occidentale / Laboratoire d’anthropologie critique interdisciplinaire (IIAC-LACI)
Ce séminaire poursuit la réflexion entamée l’année passée sur le statut fluctuant des frontières ontologiques. L’anthropologie contemporaine s’intéresse de plus en plus aux rapports interlocutoires que nous entretenons avec les non-humains. Des études importantes ont montré la centralité de ces négociations dans les sociétés que l’on qualifiait autrefois de « traditionnelles » et que l’on appelle aujourd’hui « non-modernes » (négociations explicites et continues, institutionnalisées par les rites et par les mythes). L’écologie et l’éthologie, de leur côté, donnent des bases scientifiques à l’idée que les non-humains (animaux et même végétaux), constituent des interlocuteurs de plein droit, avec des capacités sensorielles et cognitives qui les élèvent bien au-delà du simple rang d’objet. La convergence de ces deux regards alimente aujourd’hui une vaste gamme de recherches visant a dénicher, dans notre histoire mais également dans les mailles de la contemporanéité, des attitudes et des conceptions de type « animiste », « analogiste », « totémique », pour employer le vocabulaire de Philippe Descola. Une partie de ce séminaire a pour but de faire le point sur l’état actuel de la réflexion par des exemples ethnographiques et historiques. Une autre partie, plus « pragmatique », abordera la question des fonctions symboliques, psychologiques et sociales assurées par la reconnaissance de proximité (et parfois même d’« humanité ») dont bénéficie aujourd’hui, à des degrés différents, l’immense famille des non-humains.
Les séances des 9 et 23 mai se dérouleront en salle 0.016, bâtiment recherche Sud, campus Condorcet
La séance du 13 juin se déroulera de 11 h 30 à 15 h 30 en salle 3.03, centre des colloques, campus Condorcet
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Séminaires de recherche
– Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Études environnementales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral -
Séminaires de recherche
– Sciences des religions et société-Sciences sociales des religions
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – exposé oral
- Contacts additionnels
- iiac@ehess.fr
- Informations pratiques
par courriel.
- Direction de travaux des étudiants
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- Réception des candidats
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- Pré-requis
niveau Licence.
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Bâtiment EHESS-Condorcet
EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 25-A
annuel / bimensuel (2e/4e), lundi 12:30-14:30
du 8 novembre 2021 au 13 juin 2022
Nombre de séances : 15
Le séminaire de cette année a alterné les interventions des spécialistes invités et celles des jeunes chercheurs travaillant autour du thème des frontières ontologiques. Lors de la première séance (« Ce n’est qu’une plante, mais quand même . Nostalgies animistes et post-naturalisme »), Sergio Dalla Bernardina a présenté l’esprit du séminaire en insistant sur l’engouement actuel pour la question des frontières interspécifiques et sur l’opportunité d’en explorer les raisons. Anne Simon « Traversé par l’altérité : le langage poétique par-delà “l’Oxydent”, à propos de l’ouvrage Une bête entre les lignes, essai de zoopoétique », nous a parlé de la capacité du langage poétique à dépasser le hiatus cognitif et sensoriel qui nous éloigne des autres espèces : « Si la littérature est apte à évoquer la puissance et la profusion des vies animales, c’est que la langue et l’écriture elles-mêmes, souvent considérées comme des « propres » de l’espèce humaine, se découvrent traversées par l’animalité. La langue poétique permet d’accéder aux bêtes qui, soufflant et traçant leurs histoires de vie et de survie à même le monde, nous ont peut-être appris à lire ». Sergio Dalla Bernardina a consacré la séance suivante à l’« Ontologie de l’arbre de Noël » : « Le folklore n’est pas derrière nous, il nous est consubstantiel et nous passons notre temps à le renouveler. Mais nous ne découvrons son « folklorisme » qu’après coup. Une fois « démasqués », les matériaux folklorico-mythiques ne disparaissent pas pour autant, ils changent juste de place. C’est pourquoi nous restons animistes sur les bords. Et cela nous arrange ». Dans toute autre perspective, à partir des résultats d’une enquête ethnographique menée au sein d’une ONG animalitaire en Bolivie, Gaspard Renault (« Intimité, intersubjectivité et dette interspécifique : ce que l’animalitaire fait au naturalisme »), s’est interrogé « sur la manière dont les pratiques de réhabilitation d’animaux sylvestres transforment les principes du naturalisme descolien sur lesquels elles se fondent ». Sergio Dalla Bernardina est revenu sur cette même problématique avec son intervention : « Aux frontières de la bonté. Les ambiguïtés de notre amour pour les autres animaux ». Partant du constat selon lequel « les animaux sont doués de sensibilité (définie comme réaction à des excitations internes et externes) », Evan Josselin (« Philosophie, Littérature et Éthologie : trois perspectives sur les émotions animales »), a posé la question de l’existence et de la nature éventuelle des émotions chez les (autres) animaux. Fabien Tarragnat (« Anthropologie philosophique et relationalité multispécifique : perspectives comparées des œuvres de Judith Butler et Donna Haraway », a « mis en connexion deux approches de la relationalité multispécifique pensée comme fondement d’une anthropologie philosophique élargie aux non-humains, celles des théoricien·ne·s féministes et queer J. Butler et D. Haraway ». Hugo Gassin « Marcher avec la montagne et la lumière. Essai d’ontologie du paysage par-delà la modernité », s’est penché sur « le paysage en tant que prisme au travers duquel les substances des sujets et des objets prennent forme et entrent en relation ». Steve Lazzaris, (« Combat et férocité guerrière »), s’est interrogé sur ce glissement vers l’inhumanité qu’est la fureur du guerrier. « Comment un homme devient-il un guerrier ? Qu'est-ce que cela implique dans la bataille ? Comment redevient-il humain et peut-il revenir dans la société ? ». Responsable de l’édition italienne de Par-delà nature et culture Nadia Breda (« Analogie et métamorphose. Applications ethnographiques et racines théoriques goethéennes de Par-delà nature et culture de Philippe Descola vues d’Italie », nous a proposé une « réflexion autour de l’analogisme comme champ de médiation ontologique propice à la confrontation avec les expressions symboliques de la tradition occidentale ». Benoît Fliche (« Justine et Jacques, ou comment la psychanalyse lacanienne parle des animaux »), a reconstitué la place des animaux (et, parallèlement, celle de l’anthropologie) chez Jacques Lacan à partir de l’histoire de Justine, la chienne boxer du psychanalyste « qui ne parlait pas mais, à la différence des humains, ne se trompait pas d’adresse ». Angélique Brousse (« Dis-moi qui tu hais et je te dirai qui tu es : des nuisibles et des hommes dans les traités d’agriculture français du XVIe siècle »), nous a entretenu autour de la frontière conceptuelle et morale séparant les animaux dits « nuisibles » de ceux qui ne le seraient pas. Dans « Comment les animaux aident à penser des dynamiques spatiales de contrôle ? Une réflexion anthropologique sur la relation entre le corps et l'espace au sein des métros de Paris et de São Paulo » Beatriz Raimundez a projeté le regard du « tournant ontologique » sur la campagne publicitaire menée par la RATP en 2015 intitulée « Restons civils sur toute la ligne », dans laquelle des humains incivils sont représentés comme des animaux. Silvia Marzorati (« Marcher avec le troupeau, repenser un récit du paysage avec Tim Ingold et le cinéma écologique »), a prolongé l’investigation sur le « tournant ontologique » en empruntant à l'anthropologie des lignes de Tim Ingold, et à la cinématographie « écologique » de Michelangelo Frammartino et Pietro Marcello. En soulignant « l’attention à la relation entre les organismes et l’environnement » que ces auteurs proposent dans leurs œuvres, elle nous a invités à « suivre les mobilités des vivantes dans le paysage préurbain du nord-est parisien, où les non-humains viennent se placer au premier plan ».