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UE833 - Socialisation et nationalisation en Europe. XIXe-XXIe siècle


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-B
    annuel / bimensuel (2e/4e), jeudi 10:30-12:30
    du 25 novembre 2021 au 9 juin 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 17 mai 2022 15:47

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Philosophie et épistémologie
Page web
-
Langues
-
Mots-clés
-
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Bruno Karsenti [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)

Nous poursuivons dans ce séminaire la réflexion menée depuis deux ans sur les processus sociaux de nationalisation et les formes prises par les nationalismes dans l'Europe moderne. Le but est d'ouvrir une perspective comparative et généalogique qui nous permette de saisir les caractères propres aux nationalismes contemporains et les enjeux politiques inédits qu'ils soulèvent.

L'approche adoptée est celle de la philosophie des sciences sociales. On s'appuie essentiellement sur un corpus sociologique et historique, pour dégager les concepts politiques à l'oeuvre et leurs transformations. Les oeuvres classiques de Weber, Durkheim, Mauss, Mannheim et Elias fournissent le socle théorique de cette approche.  Cette année, on portera une attention particulière à l'austromarxisme et à l'œuvre d'Otto Bauer sur la question des nationalités.

La séance du 12 mai se déroulera en salle 0.017, bât. recherche sud, campus Condorcet

La séance du 9 juin se déroulera en salle 0.017, bât. recherche sud, campus Condorcet


Master


  • Séminaires de recherche – Philosophie-Philosophie sociale et politique – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire de cette année a poursuivi l’enquête socio-historique sur les transformations des nationalismes entre la fin du XIXe siècle et l’époque présente. Dans une introduction, nous avons posé le problème politique soulevé par ce courant idéologique, en reprenant les analyses de l’an passé, à partir des œuvres de Durkheim, de Marcel Mauss et de Norbert Elias. À partir des deux derniers auteurs, nous l’avons situé dans une histoire de la construction de l’Europe au cours de la période. Tandis qu’Elias met l’accent, dans sa sociogenèse de l’État comme dans celle qu’il esquisse de la nation moderne, sur le trièdre France-Allemagne-Angleterre, le schéma proposé par Mauss est plus englobant, notamment par la prise en compte des configurations nées après la révolution russe et l’effondrement de l’Empire austro-hongrois. Nous avons souligné que la situation présente exige, pour comprendre les formes nouvelles de nationalisme qui émergent en Europe, de se déplacer d’Ouest en Est, et de se départir d’une vision interprétative qui puise exclusivement ses catégories dans les États-nations précoces de l’Europe occidentale. À rebours, nous avons alors cherché un ancrage théorique fiable afin de reposer le problème des liens entre État et nation, et de l’homogénéisation culturelle et politique requise par la nation moderne, de sorte à ressaisir les formes de nationalismes qui s’expriment aujourd’hui surtout à l’Est, sur les ruines de l’Empire soviétique. C’est la raison pour laquelle nous avons privilégié l'austro-marxisme, et notamment la problématique d’Otto Bauer sur les nationalités, développée entre 1906 et 1924, à une période par conséquent charnière. Guillaume Fondu, postdoctorant au CERCEC, chercheur associé au LIER-FYT et éditeur d’une partie des œuvres de Bauer en français, nous a présenté son grand ouvrage, La question des nationalités, le contexte intellectuel et politique dans lequel il prend place ainsi que l’état de la discussion marxiste dans laquelle il intervient. Puis, nous avons mené une exégèse de ce livre, en nous attachant à chacun des termes de la définition de la nation comme « communauté de caractère issue d’une communauté de destin », et en soulignant la dénaturalisation historique et sociologique qui s’y produit, en un sens qui n’est cependant pas assimilable à celui qui s’accomplit au même moment en France sous l’impulsion du durkheimisme. La place que prend, dans cette construction, l’élément fondamental de la langue, et les problèmes que posent ses variations socio-historiques à une conception véritablement socialiste de la nation - telle que Bauer aussi bien que Mauss entendent la promouvoir -, a été étudié lors d’une séance en collaboration avec Michel de Fornel, linguiste et chercheur au LIER-FYT. Puis, notre lecture s’est orientée sur les conflits de nationalités envisagés dans leurs relations aux conflits de classes. Nous avons montré comment elles permettent de reprendre à la racine et d’éclairer la discussion actuelle sur l’alternative entre race et classe du point de vue des sciences sociales, discussion qui s’avère justement bloquée en raison de la négligence partagée par les différents protagonistes du problème proprement national et de son évolution au cours des dernières décennies.

Deux séances plus méthodologiques se sont tenues au cours de l’année. Nous avons accueilli Daniel Sazbon, professeur à Buenos-Aires, qui a présenté un exposé sur Durkheim et le pragmatisme, et les enjeux politiques de cette confrontation au début de la première guerre mondiale. Enfin, le professeur Martin Saar de l’Université de Francfort nous a présenté l’approche qu’il est en train d'élaborer en philosophie sociale sur les modes de la subjectivation politique, à partir d’un renouvellement du paradigme de l’école de Francfort, du spinozisme et du post-marxisme.

Publications
  • « Pourquoi l’Europe ? Ce que Doubnov permet de voir », https://k-larevue.com/pourquoi-leurope-ce-que-doubnov-permet-de-voir/, Février 2022.
  • « Pour une sociologie comparée des processus de nationalisation », dans Sociologie politique de Norbert Elias, sous la dir. de Cédric Moreau de Bellaing et Danny Trom, Raisons Pratiques, EHESS, 2022, p. 149-184.
  • « Classes populaires, nation et Europe. Le piège de la gauche », dans Germinal, La politique des classes populaires, sous la dir. de Marion Fontaine et Cyril Lemieux, 3, novembre 2021, p. 242-255.

Dernière modification : 17 mai 2022 15:47

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Philosophie et épistémologie
Page web
-
Langues
-
Mots-clés
-
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Bruno Karsenti [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)

Nous poursuivons dans ce séminaire la réflexion menée depuis deux ans sur les processus sociaux de nationalisation et les formes prises par les nationalismes dans l'Europe moderne. Le but est d'ouvrir une perspective comparative et généalogique qui nous permette de saisir les caractères propres aux nationalismes contemporains et les enjeux politiques inédits qu'ils soulèvent.

L'approche adoptée est celle de la philosophie des sciences sociales. On s'appuie essentiellement sur un corpus sociologique et historique, pour dégager les concepts politiques à l'oeuvre et leurs transformations. Les oeuvres classiques de Weber, Durkheim, Mauss, Mannheim et Elias fournissent le socle théorique de cette approche.  Cette année, on portera une attention particulière à l'austromarxisme et à l'œuvre d'Otto Bauer sur la question des nationalités.

La séance du 12 mai se déroulera en salle 0.017, bât. recherche sud, campus Condorcet

La séance du 9 juin se déroulera en salle 0.017, bât. recherche sud, campus Condorcet

  • Séminaires de recherche – Philosophie-Philosophie sociale et politique – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-
  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-B
    annuel / bimensuel (2e/4e), jeudi 10:30-12:30
    du 25 novembre 2021 au 9 juin 2022
    Nombre de séances : 12

Le séminaire de cette année a poursuivi l’enquête socio-historique sur les transformations des nationalismes entre la fin du XIXe siècle et l’époque présente. Dans une introduction, nous avons posé le problème politique soulevé par ce courant idéologique, en reprenant les analyses de l’an passé, à partir des œuvres de Durkheim, de Marcel Mauss et de Norbert Elias. À partir des deux derniers auteurs, nous l’avons situé dans une histoire de la construction de l’Europe au cours de la période. Tandis qu’Elias met l’accent, dans sa sociogenèse de l’État comme dans celle qu’il esquisse de la nation moderne, sur le trièdre France-Allemagne-Angleterre, le schéma proposé par Mauss est plus englobant, notamment par la prise en compte des configurations nées après la révolution russe et l’effondrement de l’Empire austro-hongrois. Nous avons souligné que la situation présente exige, pour comprendre les formes nouvelles de nationalisme qui émergent en Europe, de se déplacer d’Ouest en Est, et de se départir d’une vision interprétative qui puise exclusivement ses catégories dans les États-nations précoces de l’Europe occidentale. À rebours, nous avons alors cherché un ancrage théorique fiable afin de reposer le problème des liens entre État et nation, et de l’homogénéisation culturelle et politique requise par la nation moderne, de sorte à ressaisir les formes de nationalismes qui s’expriment aujourd’hui surtout à l’Est, sur les ruines de l’Empire soviétique. C’est la raison pour laquelle nous avons privilégié l'austro-marxisme, et notamment la problématique d’Otto Bauer sur les nationalités, développée entre 1906 et 1924, à une période par conséquent charnière. Guillaume Fondu, postdoctorant au CERCEC, chercheur associé au LIER-FYT et éditeur d’une partie des œuvres de Bauer en français, nous a présenté son grand ouvrage, La question des nationalités, le contexte intellectuel et politique dans lequel il prend place ainsi que l’état de la discussion marxiste dans laquelle il intervient. Puis, nous avons mené une exégèse de ce livre, en nous attachant à chacun des termes de la définition de la nation comme « communauté de caractère issue d’une communauté de destin », et en soulignant la dénaturalisation historique et sociologique qui s’y produit, en un sens qui n’est cependant pas assimilable à celui qui s’accomplit au même moment en France sous l’impulsion du durkheimisme. La place que prend, dans cette construction, l’élément fondamental de la langue, et les problèmes que posent ses variations socio-historiques à une conception véritablement socialiste de la nation - telle que Bauer aussi bien que Mauss entendent la promouvoir -, a été étudié lors d’une séance en collaboration avec Michel de Fornel, linguiste et chercheur au LIER-FYT. Puis, notre lecture s’est orientée sur les conflits de nationalités envisagés dans leurs relations aux conflits de classes. Nous avons montré comment elles permettent de reprendre à la racine et d’éclairer la discussion actuelle sur l’alternative entre race et classe du point de vue des sciences sociales, discussion qui s’avère justement bloquée en raison de la négligence partagée par les différents protagonistes du problème proprement national et de son évolution au cours des dernières décennies.

Deux séances plus méthodologiques se sont tenues au cours de l’année. Nous avons accueilli Daniel Sazbon, professeur à Buenos-Aires, qui a présenté un exposé sur Durkheim et le pragmatisme, et les enjeux politiques de cette confrontation au début de la première guerre mondiale. Enfin, le professeur Martin Saar de l’Université de Francfort nous a présenté l’approche qu’il est en train d'élaborer en philosophie sociale sur les modes de la subjectivation politique, à partir d’un renouvellement du paradigme de l’école de Francfort, du spinozisme et du post-marxisme.

Publications
  • « Pourquoi l’Europe ? Ce que Doubnov permet de voir », https://k-larevue.com/pourquoi-leurope-ce-que-doubnov-permet-de-voir/, Février 2022.
  • « Pour une sociologie comparée des processus de nationalisation », dans Sociologie politique de Norbert Elias, sous la dir. de Cédric Moreau de Bellaing et Danny Trom, Raisons Pratiques, EHESS, 2022, p. 149-184.
  • « Classes populaires, nation et Europe. Le piège de la gauche », dans Germinal, La politique des classes populaires, sous la dir. de Marion Fontaine et Cyril Lemieux, 3, novembre 2021, p. 242-255.