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UE792 - Histoire, biographie et écriture de soi en Asie du Sud


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle A202
    1er semestre / hebdomadaire, mercredi 16:30-18:30
    du 20 octobre 2021 au 9 février 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 30 novembre 2022 12:03

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Écriture Histoire culturelle Historiographie Poétique
Aires culturelles
Asie méridionale Ibérique (monde) Inde Musulmans (mondes) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Margherita Trento [référent·e]   maîtresse de conférences (en cours de nomination), EHESS / Centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud (CEIAS)

Ce séminaire vise à ouvrir une enquête sur les liens entre l’écriture de vie et écriture de l’histoire en Asie du Sud, enquête qui s’inscrit dans une perspective de longue durée. Traditionnellement, les notions de soi, d'écriture de soi et d'écriture de l'histoire sont profondément imbriquées entre elles, tout en étant au cœur de l’idée que l’Occident s’est construit de lui-même et de sa modernité. Dans les études sur l’Inde et son histoire, en revanche, la caste et la société ont longtemps été privilégiées, au détriment de catégories telles que la liberté individuelle et l'identité personnelle. Les études récentes ont presque inversé cette tendance, comme le montre l’ouvrage de Richard Eaton sur l'histoire du Deccan, organisé autour de biographies (A Social History of the Deccan, 1300–1761 : Eight Indian Lives). Cependant, très peu d'attention a été accordée au récit de vie et de soi tel qu'il s’est développé en Inde au fil des siècles, à ses modalités et ses genres, et à sa relation avec l’écriture de l’histoire. Dans ce séminaire, nous allons tout d'abord discuter de l'état actuel des travaux liés à nos questions : comment écrire l’histoire d’une vie en Inde ? Quels sont les liens entre l'écriture d'une vie, l'écriture de soi, et le positionnement des individus dans l'histoire ? 

Après quelques séances d’analyse de la bibliographie existante autour de ces thèmes, nous nous concentrerons sur des études de cas provenant de toute l'Inde et de toutes les périodes de son histoire, mais une attention particulière sera accordée à l’époque de la première modernité (XVIe-XVIIIe siècle). Cela nous permettra de nous interroger sur des problématiques qui sont au cœur de l'historiographie récente sur l'Inde avant la période coloniale britannique. Depuis quelques décennies, des chercheurs comme David Shulman, Sanjay Subrahmanyam, et Velcheru Narayana Rao ont repensé la première modernité indienne pour montrer qu'elle présentait de nombreux aspects habituellement associés à la modernité européenne : des connexions globales et une économie centrée sur l'argent, l'émergence d'une classe moyenne, un nouvel ordre social, et ainsi de suite. En dialogue avec ces recherches, la question des vies individuelles, du soi et de leur mise en récit, nous offrira une nouvelle perspective pour réfléchir à la modernité en Inde à différentes échelles, en partant de l'échelle intime de la vie d'une personne et de son écriture.

Le séminaire comptera également avec la participation de chercheurs intervenants.

Le séminaire se déroulera principalement en présentiel et en français, mais certains des chercheurs invités interviendront par visioconférence et parleront en anglais.

20 octobre : Introduction, questions, bibliographie

3 novembre : Introduction: biographie et histoire

10 novembre : Introduction: récits de vie et écriture de soi

17 novembre : Introduction: oralité, histoire, anthropologie

24 novembre : David Shulman (Hebrew University) – visio-conférence, anglais – sujet : Malayalam prose autobiography of Appattu Adiri, 18th century

8 décembre : Talia Ariav (University of Chicago) – visio-conférence, anglais – sujet : Genealogy and writing of the self in Sanskrit literature, 17th/18th century

15 décembre : Corinne Lefèvre (CEIAS, CNRS) – en présentiel, français – sujet :  Autobiographie persanes, empire moghol

12 janvier : Tiziana Leucci (CEIAS, CNRS) – en présentiel, français – sujet: Histoire de la musicienne et chanteuse Bangalore Nagaratnamma (1878-1952), de son autoreprésentation et de ses luttes pour la défense des droits des femmes

19 janvier : Emma Kalb (Bonn Universität) – en présentiel, anglais – sujet : Writing the self in the universal history Mirat al Alam by eunuch Bakhtawar Khan (c. 1620-1685)

26 janvier : Giacomo Mantovan (CRIA, Lisbonne) – en présentiel, français – sujet : Identité corporelle, discipline, et violence dans les camps d'entraînement des LTTE

2 février : Ines Županov (CSH, Delhi, CNRS) visio-conférence, anglais – sujet : Indian and global retellings of the life of Jesus

9 février : Discussion des projets étudiants, conclusion


Master


  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S1-S2
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

pour tout reinsegnement, contacter Margherita Trento par courriel : margherita.trento@ehess.fr

Direction de travaux des étudiants

la direction de travaux d’étudiants se fait sur rendez-vous : Campus Condorcet, EHESS, bureau C285.

Réception des candidats

septembre/octobre 2021.

Pré-requis

le séminaire est ouvert aux étudiants en master 1 et 2, ainsi qu’aux doctorants et aux chercheurs.


Compte rendu


Ce séminaire a ouvert un chantier sur les liens entre l’écriture de vie et l’écriture de l’histoire en Asie du Sud à l’époque moderne. Lors des séances introductives, nous avons discuté de l'état actuel des travaux ; nous en sommes également venus à identifier trois axes de recherche que nous avons explorés pendant le reste du séminaire. 1) Tout d’abord, il nous est apparu nécessaire de penser la biographie à l’intérieur des régimes d’historicité ainsi que des ordres littéraires indiens. Cette question a été explorée par David Shulman (Université hébraïque de Jérusalem), qui nous a présenté son travail en cours sur une autobiographie malayalam d'Appattu Adiri (XVIIIe siècle), à la fois un récit d'événements passés et des prophéties post-événementielles inspirées des pratiques astrologiques. Talia Ariav (Université de Chicago) s'est concentrée sur la généalogie comme mode de pensée du passé ainsi que de l'avenir, et d'écriture du soi dans la littérature sanskrite moderne (XVIIe siècle). 2) Nous avons également réfléchi à la question de la facticité, de la vérité, et de ce qui ressemble à la vérité dans les récits biographique et hagiographiques. 3) Enfin, nous avons abordé la question de l'exemplarité, en tant que mécanisme par lequel ces vies pouvaient influencer l'action ; et la question de la sphère publique. En effet, la plupart des textes biographiques nous avons explorés étaient destinés à être récités, joués, ou admirés dans les rues, devant les temples, sur les places des villages, etc. L’intervention de Corinne Lefèvre (CNRS) sur les autobiographies persanes dans l'empire moghol, et celle de Tiziana Leucci (CNRS) sur la musicienne et chanteuse tamoule Bangalore Nagaratnamma (1878-1952), ont exploré cette sphère de la vie individuelle comme modèle pour la vie publique.

Dernière modification : 30 novembre 2022 12:03

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Écriture Histoire culturelle Historiographie Poétique
Aires culturelles
Asie méridionale Ibérique (monde) Inde Musulmans (mondes) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Margherita Trento [référent·e]   maîtresse de conférences (en cours de nomination), EHESS / Centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud (CEIAS)

Ce séminaire vise à ouvrir une enquête sur les liens entre l’écriture de vie et écriture de l’histoire en Asie du Sud, enquête qui s’inscrit dans une perspective de longue durée. Traditionnellement, les notions de soi, d'écriture de soi et d'écriture de l'histoire sont profondément imbriquées entre elles, tout en étant au cœur de l’idée que l’Occident s’est construit de lui-même et de sa modernité. Dans les études sur l’Inde et son histoire, en revanche, la caste et la société ont longtemps été privilégiées, au détriment de catégories telles que la liberté individuelle et l'identité personnelle. Les études récentes ont presque inversé cette tendance, comme le montre l’ouvrage de Richard Eaton sur l'histoire du Deccan, organisé autour de biographies (A Social History of the Deccan, 1300–1761 : Eight Indian Lives). Cependant, très peu d'attention a été accordée au récit de vie et de soi tel qu'il s’est développé en Inde au fil des siècles, à ses modalités et ses genres, et à sa relation avec l’écriture de l’histoire. Dans ce séminaire, nous allons tout d'abord discuter de l'état actuel des travaux liés à nos questions : comment écrire l’histoire d’une vie en Inde ? Quels sont les liens entre l'écriture d'une vie, l'écriture de soi, et le positionnement des individus dans l'histoire ? 

Après quelques séances d’analyse de la bibliographie existante autour de ces thèmes, nous nous concentrerons sur des études de cas provenant de toute l'Inde et de toutes les périodes de son histoire, mais une attention particulière sera accordée à l’époque de la première modernité (XVIe-XVIIIe siècle). Cela nous permettra de nous interroger sur des problématiques qui sont au cœur de l'historiographie récente sur l'Inde avant la période coloniale britannique. Depuis quelques décennies, des chercheurs comme David Shulman, Sanjay Subrahmanyam, et Velcheru Narayana Rao ont repensé la première modernité indienne pour montrer qu'elle présentait de nombreux aspects habituellement associés à la modernité européenne : des connexions globales et une économie centrée sur l'argent, l'émergence d'une classe moyenne, un nouvel ordre social, et ainsi de suite. En dialogue avec ces recherches, la question des vies individuelles, du soi et de leur mise en récit, nous offrira une nouvelle perspective pour réfléchir à la modernité en Inde à différentes échelles, en partant de l'échelle intime de la vie d'une personne et de son écriture.

Le séminaire comptera également avec la participation de chercheurs intervenants.

Le séminaire se déroulera principalement en présentiel et en français, mais certains des chercheurs invités interviendront par visioconférence et parleront en anglais.

20 octobre : Introduction, questions, bibliographie

3 novembre : Introduction: biographie et histoire

10 novembre : Introduction: récits de vie et écriture de soi

17 novembre : Introduction: oralité, histoire, anthropologie

24 novembre : David Shulman (Hebrew University) – visio-conférence, anglais – sujet : Malayalam prose autobiography of Appattu Adiri, 18th century

8 décembre : Talia Ariav (University of Chicago) – visio-conférence, anglais – sujet : Genealogy and writing of the self in Sanskrit literature, 17th/18th century

15 décembre : Corinne Lefèvre (CEIAS, CNRS) – en présentiel, français – sujet :  Autobiographie persanes, empire moghol

12 janvier : Tiziana Leucci (CEIAS, CNRS) – en présentiel, français – sujet: Histoire de la musicienne et chanteuse Bangalore Nagaratnamma (1878-1952), de son autoreprésentation et de ses luttes pour la défense des droits des femmes

19 janvier : Emma Kalb (Bonn Universität) – en présentiel, anglais – sujet : Writing the self in the universal history Mirat al Alam by eunuch Bakhtawar Khan (c. 1620-1685)

26 janvier : Giacomo Mantovan (CRIA, Lisbonne) – en présentiel, français – sujet : Identité corporelle, discipline, et violence dans les camps d'entraînement des LTTE

2 février : Ines Županov (CSH, Delhi, CNRS) visio-conférence, anglais – sujet : Indian and global retellings of the life of Jesus

9 février : Discussion des projets étudiants, conclusion

  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S1-S2
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

pour tout reinsegnement, contacter Margherita Trento par courriel : margherita.trento@ehess.fr

Direction de travaux des étudiants

la direction de travaux d’étudiants se fait sur rendez-vous : Campus Condorcet, EHESS, bureau C285.

Réception des candidats

septembre/octobre 2021.

Pré-requis

le séminaire est ouvert aux étudiants en master 1 et 2, ainsi qu’aux doctorants et aux chercheurs.

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle A202
    1er semestre / hebdomadaire, mercredi 16:30-18:30
    du 20 octobre 2021 au 9 février 2022
    Nombre de séances : 12

Ce séminaire a ouvert un chantier sur les liens entre l’écriture de vie et l’écriture de l’histoire en Asie du Sud à l’époque moderne. Lors des séances introductives, nous avons discuté de l'état actuel des travaux ; nous en sommes également venus à identifier trois axes de recherche que nous avons explorés pendant le reste du séminaire. 1) Tout d’abord, il nous est apparu nécessaire de penser la biographie à l’intérieur des régimes d’historicité ainsi que des ordres littéraires indiens. Cette question a été explorée par David Shulman (Université hébraïque de Jérusalem), qui nous a présenté son travail en cours sur une autobiographie malayalam d'Appattu Adiri (XVIIIe siècle), à la fois un récit d'événements passés et des prophéties post-événementielles inspirées des pratiques astrologiques. Talia Ariav (Université de Chicago) s'est concentrée sur la généalogie comme mode de pensée du passé ainsi que de l'avenir, et d'écriture du soi dans la littérature sanskrite moderne (XVIIe siècle). 2) Nous avons également réfléchi à la question de la facticité, de la vérité, et de ce qui ressemble à la vérité dans les récits biographique et hagiographiques. 3) Enfin, nous avons abordé la question de l'exemplarité, en tant que mécanisme par lequel ces vies pouvaient influencer l'action ; et la question de la sphère publique. En effet, la plupart des textes biographiques nous avons explorés étaient destinés à être récités, joués, ou admirés dans les rues, devant les temples, sur les places des villages, etc. L’intervention de Corinne Lefèvre (CNRS) sur les autobiographies persanes dans l'empire moghol, et celle de Tiziana Leucci (CNRS) sur la musicienne et chanteuse tamoule Bangalore Nagaratnamma (1878-1952), ont exploré cette sphère de la vie individuelle comme modèle pour la vie publique.