Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2024-2025.
UE741 - Langue algébrique et algorithme : de l’algèbre comme méthode aux algorithmes
Lieu et planning
-
Campus Condorcet-Centre de colloques
Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 3.06
annuel / bimensuel (2e/4e), mardi 18:30-20:30
du 9 novembre 2021 au 24 mai 2022
Nombre de séances : 12
Description
Dernière modification : 26 mai 2021 18:11
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Anthropologie historique, Histoire, Philosophie et épistémologie
- Page web
- http://mathshistoire.ehess.fr
- Langues
- anglais français
- Mots-clés
- Anthropologie historique Cognition Histoire des sciences et des techniques Philosophie
- Aires culturelles
- Arabe (monde) Chine Europe France Inde
Intervenant·e·s
- Barbara Carnevali [référent·e] directrice d'études (en cours de nomination), EHESS / Centre des savoirs sur le politique : recherches et analyses (CESPRA)
- Giovanna C. Cifoletti directrice d'études (retraité·e), EHESS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
La révolution numérique a abouti à une omniprésence d’algorithmes dans notre vie sociale et individuelle. Nous apprenons à utiliser les machines, mais nous apprenons aussi que nous n’aurons jamais accès à tous les passages du « raisonnement » de leur intelligence artificielle. Même si la complexité computationnelle n’est pas élevée et les mathématiques que ces passages comportent ne sont pas particulièrement compliquées, mais le nombre des calculs et les différents « niveaux » des opérations, avec leurs langages respectifs, nous échappent dans leur totalité. Nous apprenons aussi que la machine apprend en exécutant les opérations, ce qui soustrait un autre élément à notre maîtrise de l’algorithme. Pourtant, l’intelligence humaine peut progresser dans la compréhension de l’intelligence artificielle : en fait, « se rendre compte » de l’intelligence artificielle, connaître quelques aspects principaux des algorithmes est devenu une exigence de tout citoyen. Au-delà d’un apprentissage informatique, les sciences sociales des algorithmes, dont l’histoire des mathématiques, peuvent nous aider à cette prise de conscience des caractères et des finalités des algorithmes. Par l'histoire, la sociologie, la philosophie, l’anthropologie et les sciences cognitives des mathématiques nous nous proposons d’étudier la réception de la notion d'algorithme de la tradition mathématique arabe et son impact profond sur les sciences et les techniques dans le monde, d’une part, et l'essor des technologies algorithmiques dans des domaines aussi distincts que la jurisprudence et la botanique à partir de plusieurs textes du XIVe au XVIIIe siècle.
Barbara Carnevali nous offrira l’occasion de dialoguer aussi avec les philosophes et les sociologues contemporains qui étudient le rôle de technologies numériques dans notre société. En particulier, il s’agira de voir comment, loin de se constituer en altérité, les technologies numériques sont le produit de notre société et nous révèlent ses structures d’ordre.
Une séance par mois sera en visioconférence avec le Center for Science, Technology, Medicine and Society de l'Université de Berkeley et consacrée à notre séminaire commun dans le cadre du projet international Algebraic language and the algorithm: Art of thinking, thinking machines, and machines’ thinking, financé par le Fund France-Berkeley.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
Master
-
Séminaires de recherche
– Philosophie-Philosophie sociale et politique
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 12 ECTS
MCC – fiche de lecture
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
Sur rendez-vous à l'adresse gcc@ehess.fr
- Direction de travaux des étudiants
Sur rendez-vous à l'adresse gcc@ehess.fr
- Réception des candidats
Sur rendez-vous à l'adresse gcc@ehess.fr
- Pré-requis
- -
Compte rendu
Nous avons abordé les séances en commun avec le Center for Science, Technology, Medecine and Society de l’Université de Berkeley sur le projet Algorithmus, consacré à l’histoire des algorithmes, qui donnera lieu à une publication.
Le calcul algébrique apparaît aujourd'hui comme une manière naturelle de représenter les phénomènes et de résoudre problèmes. En fait, c'est le programme de réduction algébrique des lois de George Boole (1854) de la pensée qui a été réalisé. Non seulement les ordinateurs ont été construits pour accomplir cette logique, mais, dès les premières années dans les écoles, la traduction algébrique du raisonnement est présenté comme le moyen le plus rapide et le plus clair d'arriver à la résolution d'un problème. Cette traduction et la confiance dans son efficacité ne viennent pas de nulle part : elles sont le résultat d'un processus de plusieurs siècles. Avant même Descartes, les mathématiciens français et italiens du XVIe siècle ont participé à ce processus : Jacques Peletier, Niccolo' Tartaglia, Guillaume Gosselin, Simon Stevin, François Viète. Ils ont développé une recherche autour de la notation, généralisation des solutions et réduction des procédures de solution en étapes élémentaires de fonctionnement. Ils ont accompagné cette recherche avec de nombreux débats sur le langage, l'écriture, le rapport entre les nombres et le mot, le rôle des mathématiques dans la compréhension du monde, le progrès de la connaissance humaine et ses limites. Surtout, l'algèbre est devenue la façon la plus naturelle de façonner un problème, la façon d'exprimer un raisonnement. Outre ce cheminement historique de l’algorithme, nous avons interrogé les questions théoriques et sociologiques soulevées par les algorithmes dans notre société.
Nous avons commencé par l’invitation d’Henry Schmidt, de Berkeley, pour discuter de Robert Hooke. Ce savant du XVIIe siècle réfléchissait au rôle des instruments scientifiques et de l’automatisation de la philosophie. Giovanna Cifoletti a présenté ensuite une brève histoire de la pensée algébrique sous-jacente à ces évolutions. Frédéric Constant (Université de Nice) a parlé de la méthode algorithmique dans le fonctionnement de la justice dans la Chine tardo-impériale. Au début de l’année, Jean-Marie Coquard (docteur de l’EHESS) s’est intéressé aux diagrammes dichotomiques et leurs liens avec l’art de penser et l’algorisme chez Simon Stevin (1585). En février, nous avons écouté Bertand Paoloni (doctorant de l’EHESS) à propos des algorithmes dans la statique chez Fermat et chez Huygens. Nous avons invité Serena Ciranna (docteur de l’EHESS) à propos de ses recherches sur les identités numériques. Elena Esposito, de l’Université de Bielefeld, a partagé avec nous son exposé : « How Non-Thinking Algorithms Produce Social Intelligence ». Le 22 mars, nous avons reçu Ileana Reinhold et Fabrizio Armano, doctorants à l’EHESS : « How do Algorithmus Affect the Sociopolitical Role of Subjectivity ». Le 12 avril, Jean Lassègue a parlé de l’actualité et de la captation d’héritage autour de l’œuvre multiforme d’Alan Turing. En mai, Rafael Nunez est intervenu sur sa méthodologie pour étudier la nature et les fondements des mathématiques. Le 24 mai, nous avons entendu Alexia Pronesti sur les articles de Jean Lassègue portant sur le numérique et le droit. Jean Lassègue a participé lui-même à cette séance. La dernière séance, des étudiants ont présenté l’ouvrage de Stuart Russell, Human Compatible, publié en 2019. Giovanna Cifoletti a conclu le séminaire par une réflexion sur les premiers programmes informatiques établis par Ada Lovelace, qui poursuivait les travaux de logique d’Augustus de Morgan.
Nous avons retenu des différentes interventions que la maîtrise par l’être humain des outils algorithmiques peut et doit être présente dès leur conception. La mise en forme mathématique des questions pour lesquelles les algorithmes sont construits est décisive pour la réappropriation de leur usage dans nos sociétés.
Dernière modification : 26 mai 2021 18:11
- Type d'UE
- Séminaires DE/MC
- Disciplines
- Anthropologie historique, Histoire, Philosophie et épistémologie
- Page web
- http://mathshistoire.ehess.fr
- Langues
- anglais français
- Mots-clés
- Anthropologie historique Cognition Histoire des sciences et des techniques Philosophie
- Aires culturelles
- Arabe (monde) Chine Europe France Inde
Intervenant·e·s
- Barbara Carnevali [référent·e] directrice d'études (en cours de nomination), EHESS / Centre des savoirs sur le politique : recherches et analyses (CESPRA)
- Giovanna C. Cifoletti directrice d'études (retraité·e), EHESS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
La révolution numérique a abouti à une omniprésence d’algorithmes dans notre vie sociale et individuelle. Nous apprenons à utiliser les machines, mais nous apprenons aussi que nous n’aurons jamais accès à tous les passages du « raisonnement » de leur intelligence artificielle. Même si la complexité computationnelle n’est pas élevée et les mathématiques que ces passages comportent ne sont pas particulièrement compliquées, mais le nombre des calculs et les différents « niveaux » des opérations, avec leurs langages respectifs, nous échappent dans leur totalité. Nous apprenons aussi que la machine apprend en exécutant les opérations, ce qui soustrait un autre élément à notre maîtrise de l’algorithme. Pourtant, l’intelligence humaine peut progresser dans la compréhension de l’intelligence artificielle : en fait, « se rendre compte » de l’intelligence artificielle, connaître quelques aspects principaux des algorithmes est devenu une exigence de tout citoyen. Au-delà d’un apprentissage informatique, les sciences sociales des algorithmes, dont l’histoire des mathématiques, peuvent nous aider à cette prise de conscience des caractères et des finalités des algorithmes. Par l'histoire, la sociologie, la philosophie, l’anthropologie et les sciences cognitives des mathématiques nous nous proposons d’étudier la réception de la notion d'algorithme de la tradition mathématique arabe et son impact profond sur les sciences et les techniques dans le monde, d’une part, et l'essor des technologies algorithmiques dans des domaines aussi distincts que la jurisprudence et la botanique à partir de plusieurs textes du XIVe au XVIIIe siècle.
Barbara Carnevali nous offrira l’occasion de dialoguer aussi avec les philosophes et les sociologues contemporains qui étudient le rôle de technologies numériques dans notre société. En particulier, il s’agira de voir comment, loin de se constituer en altérité, les technologies numériques sont le produit de notre société et nous révèlent ses structures d’ordre.
Une séance par mois sera en visioconférence avec le Center for Science, Technology, Medicine and Society de l'Université de Berkeley et consacrée à notre séminaire commun dans le cadre du projet international Algebraic language and the algorithm: Art of thinking, thinking machines, and machines’ thinking, financé par le Fund France-Berkeley.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
-
Séminaires de recherche
– Philosophie-Philosophie sociale et politique
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 12 ECTS
MCC – fiche de lecture
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
Sur rendez-vous à l'adresse gcc@ehess.fr
- Direction de travaux des étudiants
Sur rendez-vous à l'adresse gcc@ehess.fr
- Réception des candidats
Sur rendez-vous à l'adresse gcc@ehess.fr
- Pré-requis
- -
-
Campus Condorcet-Centre de colloques
Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
Salle 3.06
annuel / bimensuel (2e/4e), mardi 18:30-20:30
du 9 novembre 2021 au 24 mai 2022
Nombre de séances : 12
Nous avons abordé les séances en commun avec le Center for Science, Technology, Medecine and Society de l’Université de Berkeley sur le projet Algorithmus, consacré à l’histoire des algorithmes, qui donnera lieu à une publication.
Le calcul algébrique apparaît aujourd'hui comme une manière naturelle de représenter les phénomènes et de résoudre problèmes. En fait, c'est le programme de réduction algébrique des lois de George Boole (1854) de la pensée qui a été réalisé. Non seulement les ordinateurs ont été construits pour accomplir cette logique, mais, dès les premières années dans les écoles, la traduction algébrique du raisonnement est présenté comme le moyen le plus rapide et le plus clair d'arriver à la résolution d'un problème. Cette traduction et la confiance dans son efficacité ne viennent pas de nulle part : elles sont le résultat d'un processus de plusieurs siècles. Avant même Descartes, les mathématiciens français et italiens du XVIe siècle ont participé à ce processus : Jacques Peletier, Niccolo' Tartaglia, Guillaume Gosselin, Simon Stevin, François Viète. Ils ont développé une recherche autour de la notation, généralisation des solutions et réduction des procédures de solution en étapes élémentaires de fonctionnement. Ils ont accompagné cette recherche avec de nombreux débats sur le langage, l'écriture, le rapport entre les nombres et le mot, le rôle des mathématiques dans la compréhension du monde, le progrès de la connaissance humaine et ses limites. Surtout, l'algèbre est devenue la façon la plus naturelle de façonner un problème, la façon d'exprimer un raisonnement. Outre ce cheminement historique de l’algorithme, nous avons interrogé les questions théoriques et sociologiques soulevées par les algorithmes dans notre société.
Nous avons commencé par l’invitation d’Henry Schmidt, de Berkeley, pour discuter de Robert Hooke. Ce savant du XVIIe siècle réfléchissait au rôle des instruments scientifiques et de l’automatisation de la philosophie. Giovanna Cifoletti a présenté ensuite une brève histoire de la pensée algébrique sous-jacente à ces évolutions. Frédéric Constant (Université de Nice) a parlé de la méthode algorithmique dans le fonctionnement de la justice dans la Chine tardo-impériale. Au début de l’année, Jean-Marie Coquard (docteur de l’EHESS) s’est intéressé aux diagrammes dichotomiques et leurs liens avec l’art de penser et l’algorisme chez Simon Stevin (1585). En février, nous avons écouté Bertand Paoloni (doctorant de l’EHESS) à propos des algorithmes dans la statique chez Fermat et chez Huygens. Nous avons invité Serena Ciranna (docteur de l’EHESS) à propos de ses recherches sur les identités numériques. Elena Esposito, de l’Université de Bielefeld, a partagé avec nous son exposé : « How Non-Thinking Algorithms Produce Social Intelligence ». Le 22 mars, nous avons reçu Ileana Reinhold et Fabrizio Armano, doctorants à l’EHESS : « How do Algorithmus Affect the Sociopolitical Role of Subjectivity ». Le 12 avril, Jean Lassègue a parlé de l’actualité et de la captation d’héritage autour de l’œuvre multiforme d’Alan Turing. En mai, Rafael Nunez est intervenu sur sa méthodologie pour étudier la nature et les fondements des mathématiques. Le 24 mai, nous avons entendu Alexia Pronesti sur les articles de Jean Lassègue portant sur le numérique et le droit. Jean Lassègue a participé lui-même à cette séance. La dernière séance, des étudiants ont présenté l’ouvrage de Stuart Russell, Human Compatible, publié en 2019. Giovanna Cifoletti a conclu le séminaire par une réflexion sur les premiers programmes informatiques établis par Ada Lovelace, qui poursuivait les travaux de logique d’Augustus de Morgan.
Nous avons retenu des différentes interventions que la maîtrise par l’être humain des outils algorithmiques peut et doit être présente dès leur conception. La mise en forme mathématique des questions pour lesquelles les algorithmes sont construits est décisive pour la réappropriation de leur usage dans nos sociétés.