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UE738 - Domination impériale et exercices indigènes de la violence : États, ethnies et individus dans la modernité


Lieu et planning


  • 54 bd Raspail
    54 bd Raspail 75006 Paris
    Salle AS1_08
    annuel / mensuel (4e), mercredi 15:00-17:00
    du 27 octobre 2021 au 22 juin 2022
    Nombre de séances : 9


Description


Dernière modification : 17 mai 2022 14:08

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
-
Aires culturelles
Afrique Amériques Asie Europe
Intervenant·e·s
  • Jean-Bernard Ouédraogo [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales (IIAC-LAIOS)

Le concept de violence, dans son acception habituelle de simple manifestation de la contrainte, a une fonction heuristique limité : il apparaît souvent comme une disposition naturelle, car récurrente et observable dans toutes les sociétés. Or la violence est aussi un très bon analyseur des rapports sociaux. Robert Muchembled affirmait que « la manière dont une société gère la violence aujourd’hui comme autrefois, permet de découvrir ses mécanismes internes les plus cachés ». Je voudrais proposer en ce sens une lecture de la violence comme modalité de l’action sociale. On l’analysera, non comme un principe d’action, mais comme une expression de la transformation des relations sociales. Je considérai plus précisément deux objets d’étude : l’intensification concurrentielle des rapports sociaux, avec les mobilisations collectives violentes dites communautaires qu’elle provoque ; et l’expression des enjeux autour de l’État, en considérant cette configuration centrale comme le lieu d’un processus de « coopération » concurrente, souvent violente.

A) Les affrontements « communautaires » sont apparus comme la résurgence inévitable d'une « réalité africaine tribale ». Il nous semble que ces interprétations tiennent très peu compte de l'évolution sociale actuelle des sociétés africaines et qu'elles se contentent d'énoncer une indignation. Comment alors analyser cette violence communautaire que des génocides ont si brutalement inscrite dans le cycle de l'urgence ? Le propos rejette les arguments culturalistes et faussement « anthropologiques » et s'appuie résolument sur la dynamique historique des sociétés africaines pour expliquer l'avènement de la violence et montrer comment dans cette perspective, et à cet effet, se forment ou se consolident des réseaux d'appartenances sociales. Rien dans ces conflits « ethniques » n'exprime une résurgence exclusive d'une irréductible condition humaine « barbare », au contraire, ils signifient des intérêts modernes en conflit. Le séminaire proposera une analyse des violences collectives basée sur une observation des conditions matérielles et symboliques des conflits « communautaires » réévaluer les désignations ethniques ou tribales si hâtivement convoquées mais qui masquent d'autant plus qu'on les croit évidentes.

B) L’installation de la violence (répressions, coup d’état, massacres policiers) au cœur de l’État, loin de signifier la simple inadéquation de règles politiques inadaptées, est l’une des expressions du politique dans l’Afrique contemporaine. La « démocratie », comme mode de gouvernement, loin d’être l’expression d’une pluralité des opinions, construites dans un for intérieur insondable, ainsi que le prescrivent les principes théoriques du libéralisme classique, est en fait souvent la tentative d’imposer un nouveau monopole politique. Les organes législatifs et les moyens étatiques d’exercice de la violence sont objets et enjeux des luttes sociales pour l’appropriation des biens. Interroger l’État et les formes de violence qui l’impliquent, c’est ainsi questionner la dynamique de la composition des valeurs sociales et de la définition des moyens légitimes de lutte. L’analyse de l’expression de la violence étatique est volontiers placé sous le registre de l’inadaptation, en tant que produit importé, tel un outil de gouvernement mal maîtrisé par des indigènes peu habitués aux règles de gouvernance modernes. Or l’espace politique et son institution principale, l’État, est obligatoirement sous l’influence des dynamiques historiques. Interroger l’État, c’est questionner les modes d’agglomération des groupes sociaux.

La séance du 26 janvier est reportée à une date fixée ultérieurement

Séance supplémentaire les 8 et 15 juin (même horaire, même salle)


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
chrystele.guilloteau@ehess.fr
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

Sur rendez-vous pris par courriel.

Réception des candidats

Sur rendez-vous pris par courriel.

Pré-requis
-

Dernière modification : 17 mai 2022 14:08

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
-
Aires culturelles
Afrique Amériques Asie Europe
Intervenant·e·s
  • Jean-Bernard Ouédraogo [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales (IIAC-LAIOS)

Le concept de violence, dans son acception habituelle de simple manifestation de la contrainte, a une fonction heuristique limité : il apparaît souvent comme une disposition naturelle, car récurrente et observable dans toutes les sociétés. Or la violence est aussi un très bon analyseur des rapports sociaux. Robert Muchembled affirmait que « la manière dont une société gère la violence aujourd’hui comme autrefois, permet de découvrir ses mécanismes internes les plus cachés ». Je voudrais proposer en ce sens une lecture de la violence comme modalité de l’action sociale. On l’analysera, non comme un principe d’action, mais comme une expression de la transformation des relations sociales. Je considérai plus précisément deux objets d’étude : l’intensification concurrentielle des rapports sociaux, avec les mobilisations collectives violentes dites communautaires qu’elle provoque ; et l’expression des enjeux autour de l’État, en considérant cette configuration centrale comme le lieu d’un processus de « coopération » concurrente, souvent violente.

A) Les affrontements « communautaires » sont apparus comme la résurgence inévitable d'une « réalité africaine tribale ». Il nous semble que ces interprétations tiennent très peu compte de l'évolution sociale actuelle des sociétés africaines et qu'elles se contentent d'énoncer une indignation. Comment alors analyser cette violence communautaire que des génocides ont si brutalement inscrite dans le cycle de l'urgence ? Le propos rejette les arguments culturalistes et faussement « anthropologiques » et s'appuie résolument sur la dynamique historique des sociétés africaines pour expliquer l'avènement de la violence et montrer comment dans cette perspective, et à cet effet, se forment ou se consolident des réseaux d'appartenances sociales. Rien dans ces conflits « ethniques » n'exprime une résurgence exclusive d'une irréductible condition humaine « barbare », au contraire, ils signifient des intérêts modernes en conflit. Le séminaire proposera une analyse des violences collectives basée sur une observation des conditions matérielles et symboliques des conflits « communautaires » réévaluer les désignations ethniques ou tribales si hâtivement convoquées mais qui masquent d'autant plus qu'on les croit évidentes.

B) L’installation de la violence (répressions, coup d’état, massacres policiers) au cœur de l’État, loin de signifier la simple inadéquation de règles politiques inadaptées, est l’une des expressions du politique dans l’Afrique contemporaine. La « démocratie », comme mode de gouvernement, loin d’être l’expression d’une pluralité des opinions, construites dans un for intérieur insondable, ainsi que le prescrivent les principes théoriques du libéralisme classique, est en fait souvent la tentative d’imposer un nouveau monopole politique. Les organes législatifs et les moyens étatiques d’exercice de la violence sont objets et enjeux des luttes sociales pour l’appropriation des biens. Interroger l’État et les formes de violence qui l’impliquent, c’est ainsi questionner la dynamique de la composition des valeurs sociales et de la définition des moyens légitimes de lutte. L’analyse de l’expression de la violence étatique est volontiers placé sous le registre de l’inadaptation, en tant que produit importé, tel un outil de gouvernement mal maîtrisé par des indigènes peu habitués aux règles de gouvernance modernes. Or l’espace politique et son institution principale, l’État, est obligatoirement sous l’influence des dynamiques historiques. Interroger l’État, c’est questionner les modes d’agglomération des groupes sociaux.

La séance du 26 janvier est reportée à une date fixée ultérieurement

Séance supplémentaire les 8 et 15 juin (même horaire, même salle)

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
chrystele.guilloteau@ehess.fr
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

Sur rendez-vous pris par courriel.

Réception des candidats

Sur rendez-vous pris par courriel.

Pré-requis
-
  • 54 bd Raspail
    54 bd Raspail 75006 Paris
    Salle AS1_08
    annuel / mensuel (4e), mercredi 15:00-17:00
    du 27 octobre 2021 au 22 juin 2022
    Nombre de séances : 9