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UE731 - Stage de terrain au festival Haizebegi de Bayonne (7-17 octobre 2021)


Lieu et planning


  • Cité des Arts, 3 avenue Jean Darrigrand 64100 Bayonne
    La durée du séjour est modulable, mais elle doit obligatoirement se situer entre le 7 et le 17 octobre 2021 et comprendre 5 journées au minimum


Description


Dernière modification : 6 septembre 2021 07:02

Type d'UE
Enseignements fondamentaux de master
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
http://www.haizebegi.eu 
Langues
anglais basque espagnol français
Mots-clés
Action publique Anthropologie culturelle Anthropologie sociale Anthropologie visuelle Culture Dynamiques sociales Émotions Ethnologie Ethnomusicologie Musique
Aires culturelles
Contemporain (anthropologie du, monde) Europe
Intervenant·e·s
  • Denis Laborde [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Centre Georg-Simmel (CGS)

Le festival « Haizebegi, Musikaren Munduak/Les Mondes de la Musique » a été créé en 2014 par des doctorants du centre Georg-Simmel en lien avec l'association Haizebegi et l'Institut ARI (Bayonne). Il a lieu chaque année au mois d'octobre. Ce festival propose la rencontre de la musique, du cinéma sous toutes ses formes et des sciences sociales grâce à des concerts, des animations, des projections de film, des rencontres avec des réalisateurs, des musiciens, des chercheurs, des colloques, des workshops. Il fait de la musique un outil d'intelligibilité des sociétés humaines. Nous proposons à des étudiants de master (1 et 2) de réaliser sur place un travail de terrain sur le thème de leur choix, élaboré en concertation avec leur tuteur. Un travail de restitution sera alors envisagé qui permettra de valider l'enquête ethnographique réalisée.

Le programme du festival Haizebegi sera connu au début de l'été et publié sur le site du festival : www.haizebegi.eu


Master


  • Enquêtes collectives ou de terrain – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel annuelle = 6 ECTS
    MCC – production d'un article
  • Ateliers de professionnalisation – Arts, littératures et langages-Musique (M2) – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel annuelle = 6 ECTS
    MCC – production d'un article

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

le stage est ouvert à des étudiants de toutes les mentions. Le programme du festival sera communiqué aux étudiants intéressés lors de la rentrée, en septembre. En fonction des activités proposées, les étudiants devront élaborer un questionnement et un programme d'enquête ethnographique (2 pages au total). Les candidats retenus prépareront leur séjour avec l'enseignant référent. Ils devront s'assurer que leur laboratoire de rattachement leur prête le matériel dont ils pourraient avoir besoin pour réaliser leur travail de terrain. Le voyage est pris en charge par la mention. L'hébergement sur place est assuré par le festival Haizebegi dans le partenariat qui le lie à l'EHESS. Ils seront accueillis par l'Institut ARI-CNRS, situé dans la Cité des Arts de Bayonne.

Direction de travaux des étudiants

La participation à l'enquête de terrain requiert l'accord du tuteur ou de la tutrice.

Contacter l'enseignant par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous par courriel.

Pré-requis

inscription en M1 ou M2 dans l'une des formations de l'EHESS.


Compte rendu


La 8e édition du festival Haizebegi s’est tenue à Bayonne du 7 au 17 octobre 2021. Concerts, films, rencontres, colloques, ateliers, stages, Haizebegi fait de la musique un outil pour comprendre le monde. Il accueille un groupe d’étudiants de l’EHESS dans le cadre d’une enquête ethnographique que chacun est libre de mener comme il l’entend. L’Afghanistan fut le point d’ancrage des premiers questionnements du festival, à partir du témoignage d’Hasam, rencontré à Cologne.

Hasam est fils de berger. Dans les hauteurs de l’Afghanistan, son père lui a transmis la tradition du tambûr, un luth à long manche et deux cordes que l’on trouve en Asie centrale et en Iran depuis le Xe siècle au moins. Hasam a grandi au son du tambûr et de ses chants. Ce qui est arrivé, il le raconte au maître. C’était il y a 8 ans. Son père garde le troupeau dans la montagne, Hasam lui a rendu visite. Sur le chemin du retour, il dévale la pente, tambûr en bandoulière, et monte dans l’autobus. Quelques kilomètres plus loin, les talibans stoppent le bus, le contrôlent, trouvent l’instrument, veulent savoir à qui il appartient. Personne ne répond. Furieux, ils détruisent l’instrument et choisissent deux passagers : Hasam et le chauffeur du bus. Et, doigt après doigt, ils cassent les phalanges distales. Hasam veut témoigner. Il fuit par le sud-ouest, remonte l’Iran, entre en Turquie, descend vers la Méditerranée, gagne Athènes, se retrouve, désemparé, sur la Place Victoria, jusqu’à ce que vienne le temps des administrations, le temps des preuves. Puis l’asile.

Nous sommes maintenant dans l’été 2021. À Cologne, Hasam rencontre le grand maître de la musique afghane, Daud Khan Sadozai. Il est impressionné : « Je suis en présence d’un mythe ». Daud Khan Sadozai sourit. Ils évoquent Kaboul, les quartiers, la vie et cette grande famille de luthiers : 400 ans de savoir-faire. C’est là qu’ils ont acheté leurs instruments tous les deux. Hasam n’en revient pas. Il montre ses doigts déformés, explique qu’il est empêché. Daud Khan Sadozai lui commande d’en faire une ressource pour inventer son propre art.

Daud Khan Sadozai, le maître, est arrivé en Europe en 1996, peu avant que les Talibans fassent exploser les bouddhas de Bâmiyân, trois statues monumentales, excavées dans la paroi d’une falaise de la vallée de Bâmiyân, 2 500 mètres d’altitude au nord de Kaboul. C’était en 2001. C’est ici que l’artiste Pascal Convert a installé son atelier pour réaliser ce Panoramique de la Falaise de Bamiyan acquis par le Centre National des Arts Plastiques (2020) et exposé dans la galerie du Temps au Louvre Lens (2021-2024). P. Convert est venu au festival présenter son film Les Enfants de Bâmiyân et a offert à Haizebegi cette photo qui fait l’affiche de cette édition.

Shamshad, elle aussi, a été poussée sur les routes de l’exil, seule avec ses enfants. Au CADA de Bayonne, elle demande asile, et elle chante. Dans le film TRACES 1 – AZTARNAK 1, elle chante un chant d’une tristesse infinie aux côtés de Sulaiman Hasan Sadiq (Tchad) et de Yousif Mohammed Alfateh (Soudan). TRACES est un programme de créations que Haizebegi lance avec l’appui de la DRAC Nouvelle Aquitaine : TRACES, ce que chacun laisse derrière soi pour avancer dans la vie. Traces 2 fut donné en clôture du festival dans cette journée qu’avec l’Euskal Barrockensemble, les habitants de la Cité Breuer et l’avocat sud-africain Brian Currin, Haizebegi dédia aux 10 ans des accords d’Aiete en Pays Basque. L’art peut-il être un outil de réconciliation ?

Dans la grande diversité des propositions artistiques de cette édition, les étudiants purent travailler avec Anna Cuomo et Karim Hammou (CNRS) à la journée Rap du 15 octobre, puis préparer le concert malgache d’Erick Manana et Jenny Fuhr, la création à haut degré de maîtrise technologique de Walking Down the Street, avec Lina Rahal en solos de danse Hip-Hop, puis le spectacle indonésien Kraton de Lutfi Jakfar, Kadek Puspasari et Ronnie Lynn Patterson. La journée MusiKautisme a permis à chacun de rencontrer Hélène Nicolas, dite Babouillec. Diagnostiquée « déficitaire à 80 % », Babouillec n'a jamais appris à lire, à écrire, à parler. Pourtant, avec des lettres en carton elle composa son Algorythme éponyme qui fut créé au Festival d’Avignon en 2015. « Je suis Babouillec très déclarée sans parole. Seule enfermée dans l’alcôve systémique, nourricière souterraine de la lassitude du silence, j’ai cassé les limites muettes et mon cerveau a décodé votre parole symbolique : l’écriture » (Babouillec).

Publications
  • « L’idéal du musicien et l’âpreté du monde », revue Gradhiva, Paris, Musée du Quai Branly, 31, 2021.
  • « Productive Misunderstanding as a Scientific Tool for Innovative Worldmaking », dans DigginʼUp Music Musikethnologie als Baustelle, sous la dir. de Michael Fuhr,Universitätsverlag Hildesheim, Georg Olms Verlag, 2021, p.436-453.
  • « L’idéal du Musicien et l’âpreté du monde », revue Gradhiva, Paris, Musée du Quai Branly, 31, 2021, p. 11-23.

Dernière modification : 6 septembre 2021 07:02

Type d'UE
Enseignements fondamentaux de master
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
http://www.haizebegi.eu 
Langues
anglais basque espagnol français
Mots-clés
Action publique Anthropologie culturelle Anthropologie sociale Anthropologie visuelle Culture Dynamiques sociales Émotions Ethnologie Ethnomusicologie Musique
Aires culturelles
Contemporain (anthropologie du, monde) Europe
Intervenant·e·s
  • Denis Laborde [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Centre Georg-Simmel (CGS)

Le festival « Haizebegi, Musikaren Munduak/Les Mondes de la Musique » a été créé en 2014 par des doctorants du centre Georg-Simmel en lien avec l'association Haizebegi et l'Institut ARI (Bayonne). Il a lieu chaque année au mois d'octobre. Ce festival propose la rencontre de la musique, du cinéma sous toutes ses formes et des sciences sociales grâce à des concerts, des animations, des projections de film, des rencontres avec des réalisateurs, des musiciens, des chercheurs, des colloques, des workshops. Il fait de la musique un outil d'intelligibilité des sociétés humaines. Nous proposons à des étudiants de master (1 et 2) de réaliser sur place un travail de terrain sur le thème de leur choix, élaboré en concertation avec leur tuteur. Un travail de restitution sera alors envisagé qui permettra de valider l'enquête ethnographique réalisée.

Le programme du festival Haizebegi sera connu au début de l'été et publié sur le site du festival : www.haizebegi.eu

  • Enquêtes collectives ou de terrain – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel annuelle = 6 ECTS
    MCC – production d'un article
  • Ateliers de professionnalisation – Arts, littératures et langages-Musique (M2) – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel annuelle = 6 ECTS
    MCC – production d'un article
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

le stage est ouvert à des étudiants de toutes les mentions. Le programme du festival sera communiqué aux étudiants intéressés lors de la rentrée, en septembre. En fonction des activités proposées, les étudiants devront élaborer un questionnement et un programme d'enquête ethnographique (2 pages au total). Les candidats retenus prépareront leur séjour avec l'enseignant référent. Ils devront s'assurer que leur laboratoire de rattachement leur prête le matériel dont ils pourraient avoir besoin pour réaliser leur travail de terrain. Le voyage est pris en charge par la mention. L'hébergement sur place est assuré par le festival Haizebegi dans le partenariat qui le lie à l'EHESS. Ils seront accueillis par l'Institut ARI-CNRS, situé dans la Cité des Arts de Bayonne.

Direction de travaux des étudiants

La participation à l'enquête de terrain requiert l'accord du tuteur ou de la tutrice.

Contacter l'enseignant par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous par courriel.

Pré-requis

inscription en M1 ou M2 dans l'une des formations de l'EHESS.

  • Cité des Arts, 3 avenue Jean Darrigrand 64100 Bayonne
    La durée du séjour est modulable, mais elle doit obligatoirement se situer entre le 7 et le 17 octobre 2021 et comprendre 5 journées au minimum

La 8e édition du festival Haizebegi s’est tenue à Bayonne du 7 au 17 octobre 2021. Concerts, films, rencontres, colloques, ateliers, stages, Haizebegi fait de la musique un outil pour comprendre le monde. Il accueille un groupe d’étudiants de l’EHESS dans le cadre d’une enquête ethnographique que chacun est libre de mener comme il l’entend. L’Afghanistan fut le point d’ancrage des premiers questionnements du festival, à partir du témoignage d’Hasam, rencontré à Cologne.

Hasam est fils de berger. Dans les hauteurs de l’Afghanistan, son père lui a transmis la tradition du tambûr, un luth à long manche et deux cordes que l’on trouve en Asie centrale et en Iran depuis le Xe siècle au moins. Hasam a grandi au son du tambûr et de ses chants. Ce qui est arrivé, il le raconte au maître. C’était il y a 8 ans. Son père garde le troupeau dans la montagne, Hasam lui a rendu visite. Sur le chemin du retour, il dévale la pente, tambûr en bandoulière, et monte dans l’autobus. Quelques kilomètres plus loin, les talibans stoppent le bus, le contrôlent, trouvent l’instrument, veulent savoir à qui il appartient. Personne ne répond. Furieux, ils détruisent l’instrument et choisissent deux passagers : Hasam et le chauffeur du bus. Et, doigt après doigt, ils cassent les phalanges distales. Hasam veut témoigner. Il fuit par le sud-ouest, remonte l’Iran, entre en Turquie, descend vers la Méditerranée, gagne Athènes, se retrouve, désemparé, sur la Place Victoria, jusqu’à ce que vienne le temps des administrations, le temps des preuves. Puis l’asile.

Nous sommes maintenant dans l’été 2021. À Cologne, Hasam rencontre le grand maître de la musique afghane, Daud Khan Sadozai. Il est impressionné : « Je suis en présence d’un mythe ». Daud Khan Sadozai sourit. Ils évoquent Kaboul, les quartiers, la vie et cette grande famille de luthiers : 400 ans de savoir-faire. C’est là qu’ils ont acheté leurs instruments tous les deux. Hasam n’en revient pas. Il montre ses doigts déformés, explique qu’il est empêché. Daud Khan Sadozai lui commande d’en faire une ressource pour inventer son propre art.

Daud Khan Sadozai, le maître, est arrivé en Europe en 1996, peu avant que les Talibans fassent exploser les bouddhas de Bâmiyân, trois statues monumentales, excavées dans la paroi d’une falaise de la vallée de Bâmiyân, 2 500 mètres d’altitude au nord de Kaboul. C’était en 2001. C’est ici que l’artiste Pascal Convert a installé son atelier pour réaliser ce Panoramique de la Falaise de Bamiyan acquis par le Centre National des Arts Plastiques (2020) et exposé dans la galerie du Temps au Louvre Lens (2021-2024). P. Convert est venu au festival présenter son film Les Enfants de Bâmiyân et a offert à Haizebegi cette photo qui fait l’affiche de cette édition.

Shamshad, elle aussi, a été poussée sur les routes de l’exil, seule avec ses enfants. Au CADA de Bayonne, elle demande asile, et elle chante. Dans le film TRACES 1 – AZTARNAK 1, elle chante un chant d’une tristesse infinie aux côtés de Sulaiman Hasan Sadiq (Tchad) et de Yousif Mohammed Alfateh (Soudan). TRACES est un programme de créations que Haizebegi lance avec l’appui de la DRAC Nouvelle Aquitaine : TRACES, ce que chacun laisse derrière soi pour avancer dans la vie. Traces 2 fut donné en clôture du festival dans cette journée qu’avec l’Euskal Barrockensemble, les habitants de la Cité Breuer et l’avocat sud-africain Brian Currin, Haizebegi dédia aux 10 ans des accords d’Aiete en Pays Basque. L’art peut-il être un outil de réconciliation ?

Dans la grande diversité des propositions artistiques de cette édition, les étudiants purent travailler avec Anna Cuomo et Karim Hammou (CNRS) à la journée Rap du 15 octobre, puis préparer le concert malgache d’Erick Manana et Jenny Fuhr, la création à haut degré de maîtrise technologique de Walking Down the Street, avec Lina Rahal en solos de danse Hip-Hop, puis le spectacle indonésien Kraton de Lutfi Jakfar, Kadek Puspasari et Ronnie Lynn Patterson. La journée MusiKautisme a permis à chacun de rencontrer Hélène Nicolas, dite Babouillec. Diagnostiquée « déficitaire à 80 % », Babouillec n'a jamais appris à lire, à écrire, à parler. Pourtant, avec des lettres en carton elle composa son Algorythme éponyme qui fut créé au Festival d’Avignon en 2015. « Je suis Babouillec très déclarée sans parole. Seule enfermée dans l’alcôve systémique, nourricière souterraine de la lassitude du silence, j’ai cassé les limites muettes et mon cerveau a décodé votre parole symbolique : l’écriture » (Babouillec).

Publications
  • « L’idéal du musicien et l’âpreté du monde », revue Gradhiva, Paris, Musée du Quai Branly, 31, 2021.
  • « Productive Misunderstanding as a Scientific Tool for Innovative Worldmaking », dans DigginʼUp Music Musikethnologie als Baustelle, sous la dir. de Michael Fuhr,Universitätsverlag Hildesheim, Georg Olms Verlag, 2021, p.436-453.
  • « L’idéal du Musicien et l’âpreté du monde », revue Gradhiva, Paris, Musée du Quai Branly, 31, 2021, p. 11-23.