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UE721 - Sociologie historique et politique de la violence au Moyen-Orient


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-B
    2nd semestre / hebdomadaire, lundi 10:30-12:30
    du 21 février 2022 au 30 mai 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 17 mai 2022 16:35

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Minorités Nationalisme Révolutions Sociologie politique Violence
Aires culturelles
Arabe (monde) Maghreb Musulmans (mondes) Turc (domaine)
Intervenant·e·s
  • Hamit Bozarslan [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)

Longtemps négligés par les sciences sociales, les thèmes de la coercition comme expression extrême des rapports de domination et de la violence, sociale et politiques, attirent désormais un nombre important de chercheurs. Mais la fragmentation sociale, politique et territoriale, la banalisation de la violence auto-sacrificielle et l’esthétisation macabre de la cruauté sur nombre de terrains de conflit nous poussent aussi à réfléchir aux limites des approches qu’on pourrait définir de phénoménologiques. Partant notamment, mais pas exclusivement, des formes de violence qu’on observe au Moyen-Orient depuis le milieu des années 1990, notre séminaire aura pour ambition de problématiser les situations où « la violence domine tout » mais « ne tranche rien » et ne s’inscrit dans la durée qu’au prix de la destruction du « social » qui lui a donné naissance.

Les séances des 9, 16 et 23 mai se dérouleront en salle 0.017, bâtiment recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 30 mai se déroulera en salle 0.017, bât. recherche sud, campus Condorcet

La séance du 13 juin se déroulera en salle 3.08, centre des colloques, campus Condorcet


Master


  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
martinez.gros@orange.fr
Informations pratiques

pour toute information et demande de rendez-vous, prendre contact avec Hamit.Bozarslan@ehess.fr

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous auprès de Hamit.Bozarslan@ehess.fr

Réception des candidats

sur rendez-vous auprès de Hamit.Bozarslan@ehess.fr

Pré-requis
-

Compte rendu


La guerre en Ukraine, qui focalise toute l’attention des chancelleries et des opinions publiques, accentue les effets de la marginalisation du monde arabe sur le plan international autant que celle de sa « glaciation » qu’on observe depuis plusieurs années. Ce fait s’explique également, du moins en partie, par l’essoufflement des contestations révolutionnaires qui avaient vu le jour en 2019 marquèrent le pas. Alors que le Hirak en Algérie se replia sur des cercles étroits sans grand élan, les tensions répétées avec le Maroc, passé maître dans la politique de chantage auprès de l’Europe sur le dossier du Sahara occidental, permit à la présidence d’Abdelmadjid Tebboune (depuis 2019) de se doter d’une raison d’être et d’un discours de légitimité, mais sans susciter un grand enthousiasme en interne. Au Soudan, après plus de deux ans d’instabilité révolutionnaire, on assiste à la consolidation du régime militaire d’Abdel Fattah al-Burhan (depuis 2019), que les protestations, massives mais épisodiques, ne semblent plus menacer.

En Irak, le mouvement de contestation de la jeunesse qui semblait ébranler la classe politique en 2019 accuse les contre-coups de son usure et souffre de nombreuses fragmentations internes Mais le système est bloqué et se maintient sur la corde raide : lors des élections du 10 octobre 2021, l’Alliance Fatah, qui n’est autre que la façade politique des milices Unités de mobilisation populaire (dépendant des Gardiens de la révolution iraniens) perdit son pari de constituer une majorité relative et n’obtint que 5,23% des suffrages (17 députés sur 329). À l’inverse, le mouvement de Moqtada al-Sadr, jadis l’allié et désormais l’adversaire de Téhéran, marqua un score honorable (10% des voix, 73 élus). Cependant, non seulement le taux de participation stagna à 43,3%, mais utilisant les multiples relais à sa disposition, l’Iran pesa de tout son poids pour empêcher l’élection d’un président, condition du fonctionnement des institutions.

Au Liban, autre théâtre de contestation où les manifestants refusèrent en 2019 par centaines de milliers la reconduction du pacte des zaïms communautaires militarisés, la crise économique prit une ampleur dévastatrice, les départs massifs, notamment des jeunes et des cadres hautement qualifiés, vidant le pays de ses forces vives. Dans ce contexte, le retrait de Saad Hariri de la vie politique constitua un non-événement, confirmant la marginalisation de la communauté sunnite sur la scène politique. Quant aux élections législatives du 15 mai 2022, boudées par 59% des électeurs, elles n’ont pas permis, malgré une percée significative des listes alternatives et la perte de la majorité parlementaire par le Hezbollah et ses alliés, de changer la donne politique.

Il faut, enfin, souligner que les groupes djihadistes , dont l’organisation de l’État islamique (EI ou Daech) est le fleuron, disposent toujours d’importantes marges de manœuvre en Irak et en Syrie, et ce malgré l’assassinat, en janvier 2022, d’Abou Ibrahim al-Hachimi, le successeur d’Abou Bakr al-Baghdadi (1971-2019). L’attaque que l’EI put organiser en janvier 2022 avec une étonnante audace, mais aussi une grande facilité, dans la province syrienne de Hassaké contre une prison où sont détenus plusieurs milliers de djihadistes, fit 246 morts dans ses rangs, les forces kurdes contrôlant ce camp pénitentiaire déplorant de leur côté 79 pertes. L’expansion de l’organisation est tout aussi soutenue en Afghanistan, où elle vise aussi bien la communauté chiite Hazara que le gouvernement des talibans, sans même mentionner la vaste Afrique sub-saharienne.

Dernière modification : 17 mai 2022 16:35

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Minorités Nationalisme Révolutions Sociologie politique Violence
Aires culturelles
Arabe (monde) Maghreb Musulmans (mondes) Turc (domaine)
Intervenant·e·s
  • Hamit Bozarslan [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)

Longtemps négligés par les sciences sociales, les thèmes de la coercition comme expression extrême des rapports de domination et de la violence, sociale et politiques, attirent désormais un nombre important de chercheurs. Mais la fragmentation sociale, politique et territoriale, la banalisation de la violence auto-sacrificielle et l’esthétisation macabre de la cruauté sur nombre de terrains de conflit nous poussent aussi à réfléchir aux limites des approches qu’on pourrait définir de phénoménologiques. Partant notamment, mais pas exclusivement, des formes de violence qu’on observe au Moyen-Orient depuis le milieu des années 1990, notre séminaire aura pour ambition de problématiser les situations où « la violence domine tout » mais « ne tranche rien » et ne s’inscrit dans la durée qu’au prix de la destruction du « social » qui lui a donné naissance.

Les séances des 9, 16 et 23 mai se dérouleront en salle 0.017, bâtiment recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 30 mai se déroulera en salle 0.017, bât. recherche sud, campus Condorcet

La séance du 13 juin se déroulera en salle 3.08, centre des colloques, campus Condorcet

  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
martinez.gros@orange.fr
Informations pratiques

pour toute information et demande de rendez-vous, prendre contact avec Hamit.Bozarslan@ehess.fr

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous auprès de Hamit.Bozarslan@ehess.fr

Réception des candidats

sur rendez-vous auprès de Hamit.Bozarslan@ehess.fr

Pré-requis
-
  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-B
    2nd semestre / hebdomadaire, lundi 10:30-12:30
    du 21 février 2022 au 30 mai 2022
    Nombre de séances : 12

La guerre en Ukraine, qui focalise toute l’attention des chancelleries et des opinions publiques, accentue les effets de la marginalisation du monde arabe sur le plan international autant que celle de sa « glaciation » qu’on observe depuis plusieurs années. Ce fait s’explique également, du moins en partie, par l’essoufflement des contestations révolutionnaires qui avaient vu le jour en 2019 marquèrent le pas. Alors que le Hirak en Algérie se replia sur des cercles étroits sans grand élan, les tensions répétées avec le Maroc, passé maître dans la politique de chantage auprès de l’Europe sur le dossier du Sahara occidental, permit à la présidence d’Abdelmadjid Tebboune (depuis 2019) de se doter d’une raison d’être et d’un discours de légitimité, mais sans susciter un grand enthousiasme en interne. Au Soudan, après plus de deux ans d’instabilité révolutionnaire, on assiste à la consolidation du régime militaire d’Abdel Fattah al-Burhan (depuis 2019), que les protestations, massives mais épisodiques, ne semblent plus menacer.

En Irak, le mouvement de contestation de la jeunesse qui semblait ébranler la classe politique en 2019 accuse les contre-coups de son usure et souffre de nombreuses fragmentations internes Mais le système est bloqué et se maintient sur la corde raide : lors des élections du 10 octobre 2021, l’Alliance Fatah, qui n’est autre que la façade politique des milices Unités de mobilisation populaire (dépendant des Gardiens de la révolution iraniens) perdit son pari de constituer une majorité relative et n’obtint que 5,23% des suffrages (17 députés sur 329). À l’inverse, le mouvement de Moqtada al-Sadr, jadis l’allié et désormais l’adversaire de Téhéran, marqua un score honorable (10% des voix, 73 élus). Cependant, non seulement le taux de participation stagna à 43,3%, mais utilisant les multiples relais à sa disposition, l’Iran pesa de tout son poids pour empêcher l’élection d’un président, condition du fonctionnement des institutions.

Au Liban, autre théâtre de contestation où les manifestants refusèrent en 2019 par centaines de milliers la reconduction du pacte des zaïms communautaires militarisés, la crise économique prit une ampleur dévastatrice, les départs massifs, notamment des jeunes et des cadres hautement qualifiés, vidant le pays de ses forces vives. Dans ce contexte, le retrait de Saad Hariri de la vie politique constitua un non-événement, confirmant la marginalisation de la communauté sunnite sur la scène politique. Quant aux élections législatives du 15 mai 2022, boudées par 59% des électeurs, elles n’ont pas permis, malgré une percée significative des listes alternatives et la perte de la majorité parlementaire par le Hezbollah et ses alliés, de changer la donne politique.

Il faut, enfin, souligner que les groupes djihadistes , dont l’organisation de l’État islamique (EI ou Daech) est le fleuron, disposent toujours d’importantes marges de manœuvre en Irak et en Syrie, et ce malgré l’assassinat, en janvier 2022, d’Abou Ibrahim al-Hachimi, le successeur d’Abou Bakr al-Baghdadi (1971-2019). L’attaque que l’EI put organiser en janvier 2022 avec une étonnante audace, mais aussi une grande facilité, dans la province syrienne de Hassaké contre une prison où sont détenus plusieurs milliers de djihadistes, fit 246 morts dans ses rangs, les forces kurdes contrôlant ce camp pénitentiaire déplorant de leur côté 79 pertes. L’expansion de l’organisation est tout aussi soutenue en Afghanistan, où elle vise aussi bien la communauté chiite Hazara que le gouvernement des talibans, sans même mentionner la vaste Afrique sub-saharienne.