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UE720 - Penser les anti-démocraties du XXIe siècle. Une enquête sur l’Iran, la Russie et la Turquie


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-B
    2nd semestre / hebdomadaire, lundi 08:30-10:30
    du 21 février 2022 au 30 mai 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 17 mai 2022 16:30

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Citoyenneté Démocratie Histoire intellectuelle Imaginaire Institutions Nationalisme Révolutions
Aires culturelles
Musulmans (mondes) Russie Turc (domaine)
Intervenant·e·s
  • Hamit Bozarslan [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)

« La mission historique millénaire », « l’avenir comme revanche sur le passé », « la fusion charnelle entre le chef et la nation », « la terre ne devenant patrie que par le sang des martyrs qui l’arrose », « la restauration de la nation dans sa pureté ontologique »… tels sont quelques-uns des thèmes qui structurent les discours des dirigeants iraniens, russes et turcs. Il s’agit des régimes qui préservent la charpente institutionnelle d’une démocratie classique (élections, parlement, cour constitutionnelle, cour des comptes…) mais qui se pensent comme des alternatives radicales, nationales et « viriles » à la démocratie libérale. Comprendre l’émergence de ces anti-démocraties en Iran, en Russie et en Turquie, trois pays aux trajectoires historiques si contrastées, exige la prise en considération des crises dont ils furent le théâtre au cours des quatre dernières décennies.

Les séances du 9, 16 et 23 mai se dérouleront en salle 0.017, bâtiment recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 30 mai se déroulera en salle 0.017, bât. recherche sud, campus Condorcet

La séance du 13 juin se déroulera en salle 3.08, centre des colloques, campus Condorcet


Master


  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

pour toute information et demande de rendez-vous, contactez Hamit.Bozarslan@ehess.fr

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous auprès de Hamit.Bozarslan@ehess.fr

Réception des candidats

sur rendez-vous auprès de Hamit.Bozarslan@ehess.fr

Pré-requis
-

Compte rendu


Construit de semaine en semaine alors que l’hiver laissait place au printemps, puis à l’été, notre séminaire sur l’ant-démocratie a entièrement déterminée par la grande qui domina alors l’actualité.  Après avoir analysé pendant trois ans les régimes iranien, russe et turc pour la rédaction de notre ouvrage sur les anti-démocraties du XXIe siècle, nous avions décidé de consacrer l’édition 2022 de notre séminaire de l’EHESS à la crise des démocraties contemporaines et aux possibilités de leur refondation radicale. Ce projet, que nous n’avons pas abandonné mais ajourné, perdit beaucoup de son acuité lorsque, le 24 février, le « grand empereur » décida de s’« en aller en guerre » (P. Klee), nous obligeant à nous pencher sur l’évolution de ce nouveau conflit armé au cœur du « continent des ténèbres » (Mazower). Cependant, dépendant d’une littérature secondaire en cours de constitution en allemand, anglais et français et confronté à l’impossibilité matérielle de suivre le flot d’informations textuelles autant qu’audio-visuelles absolument démesuré en provenance d’Ukraine et de Russie, nous avons fait le choix de nous limiter dans nos séances à quelques méditations. Nous avons décidé, en effet, d’adopter un concept que Michel Foucault avait jadis utilisé à propos de Kant, le « philosophe journaliste », non pas parce que nous disposons d’une quelconque formation en philosophie ou la moindre expérience en journalisme, mais au sens où nous nous efforcions de penser notre temps et notre espace de 2022 à partir des ingrédients qu’apportait le « jour ».

Subir l’épreuve du jour à distance, bien à l’abri des menaces, mais dans une intranquillité citoyenne, nous impose de suivre une chronologie faite de ruptures abruptes entre quelques périodes de stabilisation, dont il convient pourtant de se détacher au risque de forger une grille interprétative sur du sable mouvant. Nous n’insisterons pas ici sur le déroulement des événements du printemps 2022, mais soulignerons leur importance pour la compréhension de la « crise ukrainienne » en amont, sur le moment, et en aval. Ici comme ailleurs, le conjoncturel porte en effet en lui la potentialité d’une transformation structurelle. En un sens, l’Ukraine des années 2030-2040 s’est déjà, mais seulement en partie, construite sur les champs de bataille et dans les tranchées ; des débuts désespérants à l’enlisement dans la durée, le conflit a indéniablement exercé un profond effet transformateur et structurant dans la durée.

La chronologie, dont la valeur heuristique dans une étude historique n’est plus à rappeler, gagne ici une portée littéralement subversive. Certes, tout événement, tout conflit, tout fait social se prête à une lecture plurielle, sans laquelle ni les sciences sociales ni le débat public ne sauraient exister. Mais comme Hannah Arendt l’a magistralement souligné, cette liberté d’interprétation ne peut être accordée qu’à condition que les faits eux-mêmes soient admis, que les repères chronologiques, dans la mesure où ils se sont déjà constitués une fois pour toutes, soient reconnus. Or, évoquer le simple déroulement des faits de la cadence frénétique du début à l’étonnante lenteur par la suite, c’est aussi une façon de rappeler les intentions, affichées et non supposées, du poutinisme, démasquer ses mensonges, analyser l’hubris, ce sentiment de toute-puissance qui le marquait au début du conflit et alimentait son style aussi insolent que confiant.

Publications
  • « Le temps des monstres ». Moyen-Orient 2011-2021 (recueil d’articles), Paris, La Découverte, 2022, 252 p. (trad. en turc : Canavarların Zamanı, Istanbul, Iletisim, 2022, 240 p).
  • « Önsöz », dans Kürt-Ermeni Cografyasininin Sosyopolitik Dönüsümü (1908-1914), sous la dir. de S. Ulugana, Istanbul, Iletisim, 2022, p. 13-21.
  • « Postface », dans Un Moyen-Orient ordinaire. Entre consommations et mobilités, sous la dir. de T. Boissière et Y. Morvan, Marseille, Diacritiques Éditions, 2022, p. 265-273.
  • « Préface », dans Les gardiens de la révolution islamique d’Iran. Sociologie politique d’une milice d’État, sous la dir. de S. Dudoignon, Paris, CNRS Éditions, 2022, p. 11-15.

Dernière modification : 17 mai 2022 16:30

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Citoyenneté Démocratie Histoire intellectuelle Imaginaire Institutions Nationalisme Révolutions
Aires culturelles
Musulmans (mondes) Russie Turc (domaine)
Intervenant·e·s
  • Hamit Bozarslan [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)

« La mission historique millénaire », « l’avenir comme revanche sur le passé », « la fusion charnelle entre le chef et la nation », « la terre ne devenant patrie que par le sang des martyrs qui l’arrose », « la restauration de la nation dans sa pureté ontologique »… tels sont quelques-uns des thèmes qui structurent les discours des dirigeants iraniens, russes et turcs. Il s’agit des régimes qui préservent la charpente institutionnelle d’une démocratie classique (élections, parlement, cour constitutionnelle, cour des comptes…) mais qui se pensent comme des alternatives radicales, nationales et « viriles » à la démocratie libérale. Comprendre l’émergence de ces anti-démocraties en Iran, en Russie et en Turquie, trois pays aux trajectoires historiques si contrastées, exige la prise en considération des crises dont ils furent le théâtre au cours des quatre dernières décennies.

Les séances du 9, 16 et 23 mai se dérouleront en salle 0.017, bâtiment recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 30 mai se déroulera en salle 0.017, bât. recherche sud, campus Condorcet

La séance du 13 juin se déroulera en salle 3.08, centre des colloques, campus Condorcet

  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

pour toute information et demande de rendez-vous, contactez Hamit.Bozarslan@ehess.fr

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous auprès de Hamit.Bozarslan@ehess.fr

Réception des candidats

sur rendez-vous auprès de Hamit.Bozarslan@ehess.fr

Pré-requis
-
  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-B
    2nd semestre / hebdomadaire, lundi 08:30-10:30
    du 21 février 2022 au 30 mai 2022
    Nombre de séances : 12

Construit de semaine en semaine alors que l’hiver laissait place au printemps, puis à l’été, notre séminaire sur l’ant-démocratie a entièrement déterminée par la grande qui domina alors l’actualité.  Après avoir analysé pendant trois ans les régimes iranien, russe et turc pour la rédaction de notre ouvrage sur les anti-démocraties du XXIe siècle, nous avions décidé de consacrer l’édition 2022 de notre séminaire de l’EHESS à la crise des démocraties contemporaines et aux possibilités de leur refondation radicale. Ce projet, que nous n’avons pas abandonné mais ajourné, perdit beaucoup de son acuité lorsque, le 24 février, le « grand empereur » décida de s’« en aller en guerre » (P. Klee), nous obligeant à nous pencher sur l’évolution de ce nouveau conflit armé au cœur du « continent des ténèbres » (Mazower). Cependant, dépendant d’une littérature secondaire en cours de constitution en allemand, anglais et français et confronté à l’impossibilité matérielle de suivre le flot d’informations textuelles autant qu’audio-visuelles absolument démesuré en provenance d’Ukraine et de Russie, nous avons fait le choix de nous limiter dans nos séances à quelques méditations. Nous avons décidé, en effet, d’adopter un concept que Michel Foucault avait jadis utilisé à propos de Kant, le « philosophe journaliste », non pas parce que nous disposons d’une quelconque formation en philosophie ou la moindre expérience en journalisme, mais au sens où nous nous efforcions de penser notre temps et notre espace de 2022 à partir des ingrédients qu’apportait le « jour ».

Subir l’épreuve du jour à distance, bien à l’abri des menaces, mais dans une intranquillité citoyenne, nous impose de suivre une chronologie faite de ruptures abruptes entre quelques périodes de stabilisation, dont il convient pourtant de se détacher au risque de forger une grille interprétative sur du sable mouvant. Nous n’insisterons pas ici sur le déroulement des événements du printemps 2022, mais soulignerons leur importance pour la compréhension de la « crise ukrainienne » en amont, sur le moment, et en aval. Ici comme ailleurs, le conjoncturel porte en effet en lui la potentialité d’une transformation structurelle. En un sens, l’Ukraine des années 2030-2040 s’est déjà, mais seulement en partie, construite sur les champs de bataille et dans les tranchées ; des débuts désespérants à l’enlisement dans la durée, le conflit a indéniablement exercé un profond effet transformateur et structurant dans la durée.

La chronologie, dont la valeur heuristique dans une étude historique n’est plus à rappeler, gagne ici une portée littéralement subversive. Certes, tout événement, tout conflit, tout fait social se prête à une lecture plurielle, sans laquelle ni les sciences sociales ni le débat public ne sauraient exister. Mais comme Hannah Arendt l’a magistralement souligné, cette liberté d’interprétation ne peut être accordée qu’à condition que les faits eux-mêmes soient admis, que les repères chronologiques, dans la mesure où ils se sont déjà constitués une fois pour toutes, soient reconnus. Or, évoquer le simple déroulement des faits de la cadence frénétique du début à l’étonnante lenteur par la suite, c’est aussi une façon de rappeler les intentions, affichées et non supposées, du poutinisme, démasquer ses mensonges, analyser l’hubris, ce sentiment de toute-puissance qui le marquait au début du conflit et alimentait son style aussi insolent que confiant.

Publications
  • « Le temps des monstres ». Moyen-Orient 2011-2021 (recueil d’articles), Paris, La Découverte, 2022, 252 p. (trad. en turc : Canavarların Zamanı, Istanbul, Iletisim, 2022, 240 p).
  • « Önsöz », dans Kürt-Ermeni Cografyasininin Sosyopolitik Dönüsümü (1908-1914), sous la dir. de S. Ulugana, Istanbul, Iletisim, 2022, p. 13-21.
  • « Postface », dans Un Moyen-Orient ordinaire. Entre consommations et mobilités, sous la dir. de T. Boissière et Y. Morvan, Marseille, Diacritiques Éditions, 2022, p. 265-273.
  • « Préface », dans Les gardiens de la révolution islamique d’Iran. Sociologie politique d’une milice d’État, sous la dir. de S. Dudoignon, Paris, CNRS Éditions, 2022, p. 11-15.