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UE707 - L'altération sociologique de l'État
Lieu et planning
-
10 rue Monsieur-le-Prince
10 rue Monsieur-le-Prince 75006 Paris
Salle Alphonse-Dupront
annuel / bimensuel (2e/4e), mardi 15:00-17:00
du 9 novembre 2021 au 14 juin 2022
Nombre de séances : 12
Description
Dernière modification : 7 novembre 2021 17:43
- Type d'UE
- Séminaires DR/CR
- Disciplines
- Sociologie
- Page web
- -
- Langues
- français
- Mots-clés
- -
- Aires culturelles
- -
Intervenant·e·s
- Dominique Linhardt [référent·e] chargé de recherche, CNRS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
- Cédric Moreau de Bellaing maître de conférences, ENS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
L’État reste, pour les sciences sociales, un concept essentiellement problématique. Car, pour approcher l’État, la démarche sociologique doit éprouver le type d’objectivité qu’elle vise dans sa détermination intrinsèquement politique. Cette difficulté explique la trajectoire étrange, erratique des sciences sociales de l’État depuis le début du XIXe siècle, marquées, sous des formes très diverses, par une même oscillation : entre la reconnaissance de l’inévitabilité de l’État dans le développement des sociétés humaines et le désir de s’en passer et de fonder un concept de société politique débarrassée des interférences négatives de l’étatisme.
Le problème des sciences sociales de l’État que ce balancement rend manifeste – telle sera la prémisse de ce séminaire – ne trouvera jamais, ne pourra jamais trouver de résolution principielle. Le progrès des sciences sociales de l’État doit donc être cherché ailleurs, dans la prise de conscience de ce problème et dans l’identification de ses sources. C’est dans cet embranchement que le problème épistémologique de l’État se donne comme un problème de sociologie de la connaissance : il doit être compris comme un effet de l’enjeu que l’État est venu représenter dans et pour les sociétés dans le mouvement de leur politisation.
C’est à condition d’accepter ce déplacement qu’il est possible de mesurer combien les controverses académiques au sein des sciences sociales de l’Etat expriment, dans le mouvement même de leur quête d’une appréhension scientifique adéquate de l’État, des tendances qui résultent des formes prises par les processus de politisation des sociétés modernes. Il en est ainsi des disputes scientifiques entre Franz Oppenheimer et Georg Jellinek dans l’Allemagne du début du XXe siècle, de la défense du pluralisme par Harold Laski, de la tentative d’éviction de l’État par les théoriciens influencés par Michel Foucault, ou encore de la contre-offensive de la sociologie historique des années 1980.
En cela, il convient de considérer que le problème des sciences sociales de l’État ne se reproduit jamais à l’identique, mais que chaque fois que l’oscillation opère, elle se répercute au niveau de l’intégration politique qui caractérise les rapports sociaux à un moment donné de leur évolution. C’est à un premier inventaire des rapports entre l’approfondissement de l’expérience de l’intégration politique dans les sociétés du dix-neuvième et du vingtième siècle et les échecs apparents qui, de l’organicisme jusqu’au constructivisme, marquent les sciences sociales de l’État que ce séminaire entend participer.
Le programme détaillé sera annoncé aux participants lors de la première séance.
Master
-
Séminaires de recherche
– Sciences sociales-Pratiques de l'interdisciplinarité en sciences sociales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Sociologie
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture
Renseignements
- Contacts additionnels
- -
- Informations pratiques
Les étudiants sont invités à prendre contact avec Cédric Moreau de Bellaing (cedric.moreau.de.bellaing@ens.psl.eu).
- Direction de travaux des étudiants
Sur rendez-vous.
- Réception des candidats
Sur rendez-vous.
- Pré-requis
- -
Compte rendu
L’objet du séminaire a été d’aborder la sociologie de l’État dans une perspective de sociologie de la connaissance (au sens de Karl Mannheim et de Norbert Elias). Dans sa plus simple expression, cette démarche consiste à reconduire les manières dont l’État a été pensé au cours de l’histoire de la sociologie aux transformations dans l’organisation sociale. L’hypothèse à vérifier étant plus précisément l’existence d’un lien entre l’évolution de la pensée sociologique de l’État et la forme et le degré de socialisation de l’État.
Après deux séances introductives destinées à préciser les choix théoriques et méthodologiques, le séminaire a été divisé en deux grandes séquences.
La première séquence a eu pour objet de revenir à certaines œuvres fondatrices de la sociologie, d’en isoler l’aspect marquant dans leur compréhension de l’État et de le rapporter à chaque fois aux processus de nationalisation opérant dans les sociétés d’appartenance respectives de leurs auteurs. L’approche marxienne de l’État a ainsi été analysée sous l’angle des transformations intervenues dans les élites anglaises sous l’effet des changements dans l’organisation économique et administrative depuis le milieu du XVIIIe siècle. L’approche durkheimienne de l’État a été abordée sous l’angle de la construction du modèle de la citoyenneté qui s’est progressivement établi à partir de la Révolution française, et resaisi à travers l’institution de la conscription d’un côté, et de celle de la méritocratie scolaire de l’autre. Enfin, l’approche wébérienne de l’État a été resituée dans le conflit entre les classes bourgeoises, intellectuelles et entrepreneuriales, et une noblesse – celle en particulier des _Junkers_ prussiens –, à laquelle l’échec de la révolution de 1848 a permis de maintenir sa mainmise sur l’armée et l’administration centrale.
Le but de la seconde séquence a été d’étudier les variations subséquentes des trois modèles sociologiques de l’État dégagés dans la première séquence. L’hypothèse explorée dans cette deuxième séquence a été que les avancées de la sociologie de l’État sont conditionnées par une tendance générale à l’accroissement de la démocratisation fonctionnelle dans et entre les sociétés politiques. La démarche a été déclinée à une échelle large et comparative, en identifiant des périodes successives, analysées sous l’angle d’un enjeu saillant : les années 1920 à 1930 ont ainsi été considérées sous l’angle de l’enjeu des « foules » et des « masses » ; les années 1940 à 1950 sous l’angle de l’enjeu de la planification ; les années 1960 à 1970, sous l’angle de l’enjeu de la décolonisation ; les années 1980 à 1990 sous l’angle de l’enjeu des aspirations à l’autonomie individuelle.
Dernière modification : 7 novembre 2021 17:43
- Type d'UE
- Séminaires DR/CR
- Disciplines
- Sociologie
- Page web
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- Langues
- français
- Mots-clés
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- Aires culturelles
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Intervenant·e·s
- Dominique Linhardt [référent·e] chargé de recherche, CNRS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
- Cédric Moreau de Bellaing maître de conférences, ENS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
L’État reste, pour les sciences sociales, un concept essentiellement problématique. Car, pour approcher l’État, la démarche sociologique doit éprouver le type d’objectivité qu’elle vise dans sa détermination intrinsèquement politique. Cette difficulté explique la trajectoire étrange, erratique des sciences sociales de l’État depuis le début du XIXe siècle, marquées, sous des formes très diverses, par une même oscillation : entre la reconnaissance de l’inévitabilité de l’État dans le développement des sociétés humaines et le désir de s’en passer et de fonder un concept de société politique débarrassée des interférences négatives de l’étatisme.
Le problème des sciences sociales de l’État que ce balancement rend manifeste – telle sera la prémisse de ce séminaire – ne trouvera jamais, ne pourra jamais trouver de résolution principielle. Le progrès des sciences sociales de l’État doit donc être cherché ailleurs, dans la prise de conscience de ce problème et dans l’identification de ses sources. C’est dans cet embranchement que le problème épistémologique de l’État se donne comme un problème de sociologie de la connaissance : il doit être compris comme un effet de l’enjeu que l’État est venu représenter dans et pour les sociétés dans le mouvement de leur politisation.
C’est à condition d’accepter ce déplacement qu’il est possible de mesurer combien les controverses académiques au sein des sciences sociales de l’Etat expriment, dans le mouvement même de leur quête d’une appréhension scientifique adéquate de l’État, des tendances qui résultent des formes prises par les processus de politisation des sociétés modernes. Il en est ainsi des disputes scientifiques entre Franz Oppenheimer et Georg Jellinek dans l’Allemagne du début du XXe siècle, de la défense du pluralisme par Harold Laski, de la tentative d’éviction de l’État par les théoriciens influencés par Michel Foucault, ou encore de la contre-offensive de la sociologie historique des années 1980.
En cela, il convient de considérer que le problème des sciences sociales de l’État ne se reproduit jamais à l’identique, mais que chaque fois que l’oscillation opère, elle se répercute au niveau de l’intégration politique qui caractérise les rapports sociaux à un moment donné de leur évolution. C’est à un premier inventaire des rapports entre l’approfondissement de l’expérience de l’intégration politique dans les sociétés du dix-neuvième et du vingtième siècle et les échecs apparents qui, de l’organicisme jusqu’au constructivisme, marquent les sciences sociales de l’État que ce séminaire entend participer.
Le programme détaillé sera annoncé aux participants lors de la première séance.
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Séminaires de recherche
– Sciences sociales-Pratiques de l'interdisciplinarité en sciences sociales
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture -
Séminaires de recherche
– Sociologie
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
MCC – fiche de lecture
- Contacts additionnels
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- Informations pratiques
Les étudiants sont invités à prendre contact avec Cédric Moreau de Bellaing (cedric.moreau.de.bellaing@ens.psl.eu).
- Direction de travaux des étudiants
Sur rendez-vous.
- Réception des candidats
Sur rendez-vous.
- Pré-requis
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10 rue Monsieur-le-Prince
10 rue Monsieur-le-Prince 75006 Paris
Salle Alphonse-Dupront
annuel / bimensuel (2e/4e), mardi 15:00-17:00
du 9 novembre 2021 au 14 juin 2022
Nombre de séances : 12
L’objet du séminaire a été d’aborder la sociologie de l’État dans une perspective de sociologie de la connaissance (au sens de Karl Mannheim et de Norbert Elias). Dans sa plus simple expression, cette démarche consiste à reconduire les manières dont l’État a été pensé au cours de l’histoire de la sociologie aux transformations dans l’organisation sociale. L’hypothèse à vérifier étant plus précisément l’existence d’un lien entre l’évolution de la pensée sociologique de l’État et la forme et le degré de socialisation de l’État.
Après deux séances introductives destinées à préciser les choix théoriques et méthodologiques, le séminaire a été divisé en deux grandes séquences.
La première séquence a eu pour objet de revenir à certaines œuvres fondatrices de la sociologie, d’en isoler l’aspect marquant dans leur compréhension de l’État et de le rapporter à chaque fois aux processus de nationalisation opérant dans les sociétés d’appartenance respectives de leurs auteurs. L’approche marxienne de l’État a ainsi été analysée sous l’angle des transformations intervenues dans les élites anglaises sous l’effet des changements dans l’organisation économique et administrative depuis le milieu du XVIIIe siècle. L’approche durkheimienne de l’État a été abordée sous l’angle de la construction du modèle de la citoyenneté qui s’est progressivement établi à partir de la Révolution française, et resaisi à travers l’institution de la conscription d’un côté, et de celle de la méritocratie scolaire de l’autre. Enfin, l’approche wébérienne de l’État a été resituée dans le conflit entre les classes bourgeoises, intellectuelles et entrepreneuriales, et une noblesse – celle en particulier des _Junkers_ prussiens –, à laquelle l’échec de la révolution de 1848 a permis de maintenir sa mainmise sur l’armée et l’administration centrale.
Le but de la seconde séquence a été d’étudier les variations subséquentes des trois modèles sociologiques de l’État dégagés dans la première séquence. L’hypothèse explorée dans cette deuxième séquence a été que les avancées de la sociologie de l’État sont conditionnées par une tendance générale à l’accroissement de la démocratisation fonctionnelle dans et entre les sociétés politiques. La démarche a été déclinée à une échelle large et comparative, en identifiant des périodes successives, analysées sous l’angle d’un enjeu saillant : les années 1920 à 1930 ont ainsi été considérées sous l’angle de l’enjeu des « foules » et des « masses » ; les années 1940 à 1950 sous l’angle de l’enjeu de la planification ; les années 1960 à 1970, sous l’angle de l’enjeu de la décolonisation ; les années 1980 à 1990 sous l’angle de l’enjeu des aspirations à l’autonomie individuelle.