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UE678 - Les enjeux de santé en temps de crises : savoirs et gouvernements, XIXe-XXIe siècle


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.08
    annuel / bimensuel (2e/4e), jeudi 12:30-14:30
    du 14 octobre 2021 au 12 mai 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 23 février 2022 16:03

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Biopolitique Corps Histoire Histoire des sciences et des techniques Histoire environnementale Médecine Mobilisation(s) Politiques publiques Protection sociale Santé Santé environnementale Savoirs Sciences Sociologie
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe France Méditerranéens (mondes) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Anne Rasmussen [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
  • Soraya Boudia   professeure des universités, Université de Paris

La pandémie de Covid-19, comme les crises sanitaires et environnementales majeures auxquelles nos sociétés contemporaines sont confrontées, placent les enjeux de santé, à quelque échelle qu’on les saisisse, du local au global, au centre de l’espace public. Dans la gestion de ces crises sanitaires d’envergure, sont mobilisés les représentations et répertoires d’action des crises passées, autant que les préfigurations, modélisations et anticipations de leur devenir. Ces crises sont à la fois un miroir grossissant de ce que sont nos sociétés à un moment donné et un important vecteur de leur transformation. Elles mettent en valeur l’acuité de l’enjeu des temporalités, que traduisent les processus dynamiques percutant la gestion de l’événement en situation d’incertitude, et l’impact des transformations qui affectent, dans la longue durée, la construction des problèmes de santé publique.

Ce séminaire entend questionner les enjeux et les transformations des mondes de la santé, à l’épreuve de crises qui, depuis le XIXe siècle, occupent l’espace savant de la production et de la circulation des savoirs, l’espace politique du gouvernement des corps et des populations, l’espace médiatique des controverses et l’espace public des mobilisations collectives. Dans la perspective de l’histoire et des sciences sociales, il prend pour objet les enjeux cognitifs, scientifiques, politiques et économiques ainsi que les dynamiques sociales à l’œuvre dans l’élaboration de savoirs, de dispositifs et de pratiques de gouvernement des crises sanitaires, dont les mutations sont étudiées selon différents cadrages spatiaux et temporels durant deux siècles. Il s’intéresse à l’élaboration des catégories d’analyse qui les rendent intelligibles et aux débats qui les traversent.

Les séances du séminaire seront consacrées à des études de cas empiriques saisies à différentes échelles et dans différents espaces, auxquelles sera associée une dimension historiographique. Les moments critiques étudiés privilégieront les crises pandémiques et les crises sanitaires environnementales.

14 octobre : Présentation générale du séminaire

  • Anne Rasmussen, Introduction du thème : « Le temps des crises épidémiques : temporalités, guerre, urgence »

28 octobre : avec Paul-Arthur Tortosa (Université de Strasbourg, « D'alerte municipale à crise internationale : la dynamique politique d'une maladie émergente (Italie, 1800-1805) »

25 novembre : avec Charles-Antoine Wanecq (Sciences Po Paris), « Crises et épidémies dans la formulation d’un discours sur l'urgence vitale, de l'entre-deux-guerres aux années 1980 »

9 décembre : avec Aurélien Rousseau (directeur général de l'ARS d'Ile-de-France (2018-2021)/EHESS), « Incertitudes, inconnues et rebonds : l’impossible linéarité de la réponse publique face à la crise »

13 janvier : Soraya Boudia « Introduction du thème La santé à l’ère de la crise environnementale globale »

27 janvier : avec Nathalie Jas (INRAE), « Effacer un passé chimique ? Détoxifier l'agriculture à venir ? Intrication des crises et gestion des pesticides obsolètes en Afrique »

10 février : avec Nicolas Fortané (INRAE), « À l’épreuve de One Health : quand la (mise en) crise de l’antibiorésistance redéfinit les frontières de la santé »

10 mars : avec Justyna Moizard-Lanvin (Université de Paris), « La chronicisation de la pollution de l’air : cartographier la fragilité environnementale à Paris »

24 mars : avec Laure Pitti (Université Paris 8), « Des territoires à part ? Inégalités sociales de santé et organisation des soins en quartiers populaires : le cas de la Seine-Saint-Denis »

14 avril : présentation de travaux

12 mai : synthèse et conclusion


Master


  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, ou fiche de synthèse du séminaire
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, ou fiche de synthèse du séminaire
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Études environnementales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, ou fiche de synthèse du séminaire
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, ou fiche de synthèse du séminaire
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Santé, médecine et questions sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, ou fiche de synthèse du séminaire

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Le séminaire est ouvert aux étudiant(e)s en master, aux doctorant(e)s, aux chercheur(e)s et à tute personne intéressée sur demande.

Demande d'information par courriel.

Direction de travaux des étudiants

Sur présentation d'un projet.

Réception des candidats

Prise de rendez-vous par courriel.

Pré-requis
-

Compte rendu


La pandémie de Covid-19 a mis en valeur, à une échelle inédite, l’intrication des crises – sanitaire, environnementale, politique, sociale, économique – qui en constituaient le creuset, comme la centralité des enjeux de santé dans l’espace public des sociétés contemporaines. À partir de cet observatoire du temps présent, le séminaire a cherché à questionner historiquement, depuis le XIXe siècle, l’épreuve des crises sur la construction des problèmes publics de santé et leur gestion en situation d’incertitude. Ces crises, d’ordre sanitaire ou/et environnemental, ont été observées dans différents espaces publics : espace savant de la production et de la circulation des savoirs et de leurs dispositifs matériels, espace politique du gouvernement et de l’administration des populations, espace médiatique des informations et des controverses, espace social des mobilisations collectives et des formes de résistances opposées aux crises.

Pour sa première année d’existence, le séminaire, animé par un dialogue avec Soraya Boudia, a focalisé une partie de ses recherches sur les temporalités à l’œuvre dans les crises sanitaires et environnementales. Celles-ci sont d’abord une expérience du temps – qui s’éprouve, intimement ou collectivement, dans l’urgence, la durée, la récurrence, la persistance, la chronicisation, les effets immédiats ou différés. Cette expérience du temps s’inscrit dans des régimes d’historicité : mobilisation des crises passées, de leurs leçons et de leurs imaginaires ; projection dans le futur du monde d’après la crise ou dans l’anticipation de la crise prochaine ; modélisation de la prédictibilité des moments critiques. Les enjeux des temporalités ont été auscultés à partir d’études de cas précises : les dynamiques temporelles de la circulation de l’information, de l’alerte et de la qualification de crise lors de l’apparition d’une maladie émergente – la fièvre jaune – à Livourne, dans les premières années du XIXe siècle ; la formalisation dans l’entre-deux-guerres, en France, d’un discours sur l’urgence vitale, à la fois comme phénomène médical-physiologique et comme catégorie socio-politique usant des techniques de rationalisation du temps ; ou encore la chronicisation de la pollution atmosphérique à Paris à la fin du XXe siècle, que les outils de mesure et d’objectivation tentent de rendre visible et d’opposer à l’(in)action publique.

Un deuxième axe du séminaire a centré sa réflexion sur les enjeux de frontières à l’œuvre dans l’appréhension de crises dont la caractéristique est d’être inextricablement liées : frontières des disciplines qui les prennent en charge, de l’expertise, des sphères de l’action publique, des territoires où sont ancrées l’expérience sociale des crises et leur gestion politique. À l’échelle de la globalisation des problèmes sanitaires et environnementaux, et de la transnationalisation des modes de régulation, ont été interrogés les redécoupages du domaine « santé-environnement », plus intégratif, à l’origine de nouveaux paradigmes : santé planétaire, One-Health, Ecohealth. Une séance a été consacrée à réinsérer dans le tableau les inégalités sociales et territoriales de santé, que la saisie des problèmes à l’échelle planétaire tend à effacer. Dans ces processus historiques de redéfinition des frontières de la santé au prisme des crises, des études de cas ont mis la focale sur l’antibiorésistance, comme cheval de Troie du monde de la santé animale, ou encore sur les tensions portées par les programmes d’éradication des pesticides obsolètes en Afrique.

Le séminaire a alterné des séances de large cadrage du sujet, appuyées sur des textes, et des études de cas empiriques, qui ont été l’occasion de présenter et discuter les travaux de collègues spécialistes confirmés (Nicolas Fortané, Nathalie Jas, Laure Pitti), ainsi que de jeunes chercheurs (Paul-Arthur Tortosa, Charles-Antoine Wanecq, Justyna Moizard-Lanvin), et d’échanger avec un acteur majeur de l’action sanitaire en temps de crise (Aurélien Rousseau, directeur de l’ARS Ile-de-France en temps de Covid-19).

Publications
  • Avec Lucile Douchin et Vanessa Szollosi, Face aux épidémies, de la peste noire à nos jours, Paris, Archives nationales-Michel Lafon, 2022, 198 p.
  • « Le temps long des épidémies. Entretien », dans « Covid-19 : de la pandémie aux crises », Mouvements, 105, 2021, p. 56-67.
  • Avec Jean-Paul Gaudillière et Frédéric Keck, « Des virus, des humains, des savoirs : la construction sociale de quoi ? », dans Carnet de l’EHESS. Perspectives sur le coronavirus, Paris, EHESS, 2021, p. 57-68.
  • « Les vies multiples d’un bobard de la Grande Guerre », dans Faire l’histoire des violences en guerre. Annette Becker, un engagement, XXe-XXIe siècles, sous la dir. d'Andrea Brazzoduro, Ken Daimaru et Fabien Theofilakis, Grâne, Créaphis, 2021, p. 71-90.
  • « Savoirs, fictions, croyances : la guerre est-elle crédible ? », dans Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre, La Grande Guerre dans tous les sens, Paris, Odile Jacob, 2021, p. 233-258.
  • « Histoire de l’hôpital en France », dans Collège des humanités médicales, Médecine, santé et sciences humaines. Manuel, Paris, Les Belles Lettres, 2021, p. 74-84.
  • « L’histoire de la thérapeutique », dans Collège des humanités médicales, Médecine, santé et sciences humaines. Manuel, op. cit., p. 707-714.

Dernière modification : 23 février 2022 16:03

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Biopolitique Corps Histoire Histoire des sciences et des techniques Histoire environnementale Médecine Mobilisation(s) Politiques publiques Protection sociale Santé Santé environnementale Savoirs Sciences Sociologie
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe France Méditerranéens (mondes) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Anne Rasmussen [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
  • Soraya Boudia   professeure des universités, Université de Paris

La pandémie de Covid-19, comme les crises sanitaires et environnementales majeures auxquelles nos sociétés contemporaines sont confrontées, placent les enjeux de santé, à quelque échelle qu’on les saisisse, du local au global, au centre de l’espace public. Dans la gestion de ces crises sanitaires d’envergure, sont mobilisés les représentations et répertoires d’action des crises passées, autant que les préfigurations, modélisations et anticipations de leur devenir. Ces crises sont à la fois un miroir grossissant de ce que sont nos sociétés à un moment donné et un important vecteur de leur transformation. Elles mettent en valeur l’acuité de l’enjeu des temporalités, que traduisent les processus dynamiques percutant la gestion de l’événement en situation d’incertitude, et l’impact des transformations qui affectent, dans la longue durée, la construction des problèmes de santé publique.

Ce séminaire entend questionner les enjeux et les transformations des mondes de la santé, à l’épreuve de crises qui, depuis le XIXe siècle, occupent l’espace savant de la production et de la circulation des savoirs, l’espace politique du gouvernement des corps et des populations, l’espace médiatique des controverses et l’espace public des mobilisations collectives. Dans la perspective de l’histoire et des sciences sociales, il prend pour objet les enjeux cognitifs, scientifiques, politiques et économiques ainsi que les dynamiques sociales à l’œuvre dans l’élaboration de savoirs, de dispositifs et de pratiques de gouvernement des crises sanitaires, dont les mutations sont étudiées selon différents cadrages spatiaux et temporels durant deux siècles. Il s’intéresse à l’élaboration des catégories d’analyse qui les rendent intelligibles et aux débats qui les traversent.

Les séances du séminaire seront consacrées à des études de cas empiriques saisies à différentes échelles et dans différents espaces, auxquelles sera associée une dimension historiographique. Les moments critiques étudiés privilégieront les crises pandémiques et les crises sanitaires environnementales.

14 octobre : Présentation générale du séminaire

  • Anne Rasmussen, Introduction du thème : « Le temps des crises épidémiques : temporalités, guerre, urgence »

28 octobre : avec Paul-Arthur Tortosa (Université de Strasbourg, « D'alerte municipale à crise internationale : la dynamique politique d'une maladie émergente (Italie, 1800-1805) »

25 novembre : avec Charles-Antoine Wanecq (Sciences Po Paris), « Crises et épidémies dans la formulation d’un discours sur l'urgence vitale, de l'entre-deux-guerres aux années 1980 »

9 décembre : avec Aurélien Rousseau (directeur général de l'ARS d'Ile-de-France (2018-2021)/EHESS), « Incertitudes, inconnues et rebonds : l’impossible linéarité de la réponse publique face à la crise »

13 janvier : Soraya Boudia « Introduction du thème La santé à l’ère de la crise environnementale globale »

27 janvier : avec Nathalie Jas (INRAE), « Effacer un passé chimique ? Détoxifier l'agriculture à venir ? Intrication des crises et gestion des pesticides obsolètes en Afrique »

10 février : avec Nicolas Fortané (INRAE), « À l’épreuve de One Health : quand la (mise en) crise de l’antibiorésistance redéfinit les frontières de la santé »

10 mars : avec Justyna Moizard-Lanvin (Université de Paris), « La chronicisation de la pollution de l’air : cartographier la fragilité environnementale à Paris »

24 mars : avec Laure Pitti (Université Paris 8), « Des territoires à part ? Inégalités sociales de santé et organisation des soins en quartiers populaires : le cas de la Seine-Saint-Denis »

14 avril : présentation de travaux

12 mai : synthèse et conclusion

  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, ou fiche de synthèse du séminaire
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, ou fiche de synthèse du séminaire
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Études environnementales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, ou fiche de synthèse du séminaire
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, ou fiche de synthèse du séminaire
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Santé, médecine et questions sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, ou fiche de synthèse du séminaire
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Le séminaire est ouvert aux étudiant(e)s en master, aux doctorant(e)s, aux chercheur(e)s et à tute personne intéressée sur demande.

Demande d'information par courriel.

Direction de travaux des étudiants

Sur présentation d'un projet.

Réception des candidats

Prise de rendez-vous par courriel.

Pré-requis
-
  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.08
    annuel / bimensuel (2e/4e), jeudi 12:30-14:30
    du 14 octobre 2021 au 12 mai 2022
    Nombre de séances : 12

La pandémie de Covid-19 a mis en valeur, à une échelle inédite, l’intrication des crises – sanitaire, environnementale, politique, sociale, économique – qui en constituaient le creuset, comme la centralité des enjeux de santé dans l’espace public des sociétés contemporaines. À partir de cet observatoire du temps présent, le séminaire a cherché à questionner historiquement, depuis le XIXe siècle, l’épreuve des crises sur la construction des problèmes publics de santé et leur gestion en situation d’incertitude. Ces crises, d’ordre sanitaire ou/et environnemental, ont été observées dans différents espaces publics : espace savant de la production et de la circulation des savoirs et de leurs dispositifs matériels, espace politique du gouvernement et de l’administration des populations, espace médiatique des informations et des controverses, espace social des mobilisations collectives et des formes de résistances opposées aux crises.

Pour sa première année d’existence, le séminaire, animé par un dialogue avec Soraya Boudia, a focalisé une partie de ses recherches sur les temporalités à l’œuvre dans les crises sanitaires et environnementales. Celles-ci sont d’abord une expérience du temps – qui s’éprouve, intimement ou collectivement, dans l’urgence, la durée, la récurrence, la persistance, la chronicisation, les effets immédiats ou différés. Cette expérience du temps s’inscrit dans des régimes d’historicité : mobilisation des crises passées, de leurs leçons et de leurs imaginaires ; projection dans le futur du monde d’après la crise ou dans l’anticipation de la crise prochaine ; modélisation de la prédictibilité des moments critiques. Les enjeux des temporalités ont été auscultés à partir d’études de cas précises : les dynamiques temporelles de la circulation de l’information, de l’alerte et de la qualification de crise lors de l’apparition d’une maladie émergente – la fièvre jaune – à Livourne, dans les premières années du XIXe siècle ; la formalisation dans l’entre-deux-guerres, en France, d’un discours sur l’urgence vitale, à la fois comme phénomène médical-physiologique et comme catégorie socio-politique usant des techniques de rationalisation du temps ; ou encore la chronicisation de la pollution atmosphérique à Paris à la fin du XXe siècle, que les outils de mesure et d’objectivation tentent de rendre visible et d’opposer à l’(in)action publique.

Un deuxième axe du séminaire a centré sa réflexion sur les enjeux de frontières à l’œuvre dans l’appréhension de crises dont la caractéristique est d’être inextricablement liées : frontières des disciplines qui les prennent en charge, de l’expertise, des sphères de l’action publique, des territoires où sont ancrées l’expérience sociale des crises et leur gestion politique. À l’échelle de la globalisation des problèmes sanitaires et environnementaux, et de la transnationalisation des modes de régulation, ont été interrogés les redécoupages du domaine « santé-environnement », plus intégratif, à l’origine de nouveaux paradigmes : santé planétaire, One-Health, Ecohealth. Une séance a été consacrée à réinsérer dans le tableau les inégalités sociales et territoriales de santé, que la saisie des problèmes à l’échelle planétaire tend à effacer. Dans ces processus historiques de redéfinition des frontières de la santé au prisme des crises, des études de cas ont mis la focale sur l’antibiorésistance, comme cheval de Troie du monde de la santé animale, ou encore sur les tensions portées par les programmes d’éradication des pesticides obsolètes en Afrique.

Le séminaire a alterné des séances de large cadrage du sujet, appuyées sur des textes, et des études de cas empiriques, qui ont été l’occasion de présenter et discuter les travaux de collègues spécialistes confirmés (Nicolas Fortané, Nathalie Jas, Laure Pitti), ainsi que de jeunes chercheurs (Paul-Arthur Tortosa, Charles-Antoine Wanecq, Justyna Moizard-Lanvin), et d’échanger avec un acteur majeur de l’action sanitaire en temps de crise (Aurélien Rousseau, directeur de l’ARS Ile-de-France en temps de Covid-19).

Publications
  • Avec Lucile Douchin et Vanessa Szollosi, Face aux épidémies, de la peste noire à nos jours, Paris, Archives nationales-Michel Lafon, 2022, 198 p.
  • « Le temps long des épidémies. Entretien », dans « Covid-19 : de la pandémie aux crises », Mouvements, 105, 2021, p. 56-67.
  • Avec Jean-Paul Gaudillière et Frédéric Keck, « Des virus, des humains, des savoirs : la construction sociale de quoi ? », dans Carnet de l’EHESS. Perspectives sur le coronavirus, Paris, EHESS, 2021, p. 57-68.
  • « Les vies multiples d’un bobard de la Grande Guerre », dans Faire l’histoire des violences en guerre. Annette Becker, un engagement, XXe-XXIe siècles, sous la dir. d'Andrea Brazzoduro, Ken Daimaru et Fabien Theofilakis, Grâne, Créaphis, 2021, p. 71-90.
  • « Savoirs, fictions, croyances : la guerre est-elle crédible ? », dans Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre, La Grande Guerre dans tous les sens, Paris, Odile Jacob, 2021, p. 233-258.
  • « Histoire de l’hôpital en France », dans Collège des humanités médicales, Médecine, santé et sciences humaines. Manuel, Paris, Les Belles Lettres, 2021, p. 74-84.
  • « L’histoire de la thérapeutique », dans Collège des humanités médicales, Médecine, santé et sciences humaines. Manuel, op. cit., p. 707-714.