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UE648 - Normes sociales et légitimité en Chine contemporaine


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle A302
    1er semestre / hebdomadaire, vendredi 10:30-12:30
    du 15 octobre 2021 au 28 janvier 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 19 novembre 2021 09:21

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
anglais chinois français
Mots-clés
Anthropologie Archives Démographie Dynamiques sociales Famille Mémoire Sociologie Temps/temporalité
Aires culturelles
Asie
Intervenant·e·s
  • Isabelle Thireau-Mak [référent·e]   directrice d'études, EHESS - directrice de recherche, CNRS / Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine (CCJ-CECMC)

Générations et généalogies : comment penser et travailler leur articulation dans la Chine moderne et contemporaine ? On sait l’usage de la notion de génération ardue et controversée. Elle constitue cependant aujourd’hui une ressource importante pour explorer les relations inter et intra-générationnelles en Chine et, bien plus que pendant les décennies maoïstes, elle émerge comme un critère structurant pour identifier et rapprocher les individus qui ont en partage le fait d’être nés pendant la même décennie. Des historiens du XXe siècle chinois ont quant à eux utilisé cette notion pour distinguer des générations particulières, en désignant la « matrice générationnelle », soit les événements qui ont structuré la « communauté d’empreinte » (Marc Bloch) qui leur serait propre.

La notion de génération, et celle de généalogie, sont aujourd’hui exploitées de manière féconde par les chercheurs en sciences sociales pour décrire les étapes contrastées, les filiations et les débats qui accompagnent l’apparition d’activités et d’engagements nouveaux depuis 1980 – dans les domaines par exemple du droit, du journalisme, de formes militantes, tout autant que pour évoquer les processus remis à l’honneur de hiérarchisation, de légitimation et de transmission de maître à disciple concernant des savoirs très divers, parfois désignés comme relevant du patrimoine immatériel.

Enfin, des archives inédites – enquêtes, journaux privés, correspondances, témoignages écrits et oraux, qui permettent d’appréhender les relations entre les générations ou de retracer l’histoire d’une famille sur plusieurs générations, font depuis deux décennies l’objet d’une attention renouvelée. Parmi ces archives, un intérêt croissant se porte sur les généalogies, à l’heure où des initiatives sont prises en Chine pour les rassembler et en constituer de nouveaux outils d’analyse ; à l’heure aussi où de nouvelles généalogies sont rédigées pour faire face à la dispersion des familles, à la disparition de villages, à la destruction de quartiers.

Le séminaire interrogera dans un premier temps les usages multiples de ces deux notions, avant d’explorer, en prenant appui sur l’étude d’une généalogie achevée en 2016 à Tianjin ainsi que sur d’autres ressources existantes – y compris des logiciels d'analyse de données généalogiques, l’appui que constitue les généalogies pour l’enquête sociologique sur la Chine contemporaine.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Personne à contacter : Isabelle Thireau

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

Réception des candidats sur rendez-vous

Pré-requis

Maîtrise de la langue chinoise, écrite et orale.


Compte rendu


Générations et généalogies

Le séminaire s’est donné cette année pour tâche d’analyser comment, depuis le début des années 1990, la notion de génération fait l’objet d’une attention renouvelée de la part des sociologues chinois afin de décrire, d’une part, les filiations et les débats qui accompagnent l’apparition d’engagements ou d’activités inédites dans les domaines par exemple du droit, du journalisme ou des formes militantes et, d’autre part, des processus de transmission de maître à disciple concernant des savoirs très divers, parfois désignés comme relevant du patrimoine immatériel. Catégorie jusque-là utilisée de façon privilégiée pour désigner la position des représentants locaux et nationaux du Parti et de l’État au sein d’une hiérarchie dominée par la première génération, celle « des révolutionnaires », l’usage croissant de la notion de génération constitue dès lors un indice de la complexité nouvelle des processus de reconnaissance et de légitimation qui traversent et instituent la société chinoise.  

Comme l’ont montré les quatre premières séances du séminaire, le terme de génération est également utilisé au quotidien par les acteurs sociaux pour dessiner les contours du collectif – ici générationnel – dans lequel ils s’inscrivent. Les transformations rapides des réalités vécues et la succession de séquences historiques contrastées expliquent le recours croissant à une inscription générationnelle pour s’identifier et identifier autrui. Pareil recours permet également de faire surgir, sans l’expliciter plus avant, une expérience commune d’événements et de situations passées souvent marquées par l’incertain, l’inattendu, ou l’incompréhensible. Il autorise dès lors tout à la fois un processus d’individuation sans détour par la singularité et l’évocation en creux d’émotions et d’évaluations partagées, quelles que soient les distorsions qui peuvent apparaître entre le récit de celles-ci, au passé, et leur appréciation présente. 

Ces premières séances du séminaire ont beaucoup bénéficié du numéro spécial de China Perspectives dirigé par Justine Rochot - Generations and Social Change : Identities, Relationships and Collective Action, 2022/1. Deux contributrices à ce numéro ont présenté leurs analyses : Justine Rochot (thèse soutenue à l’EHESS en 2019 : « “Bandes de vieux” Une sociologie des espaces de sociabilité de jeunes retraités en Chine urbaine contemporaine »,) et Sun Jiawen (thèse soutenue à l’EHESS en 2020 : « Corps et politique dans la Chine contemporaine : sociologie de la souffrance parmi les anciens jeunes instruits envoyés dans les fermes militaires pendant la Révolution culturelle »). Un autre contributeur à ce numéro, Hong Tao, a beaucoup apporté à nos discussions.

La seconde partie du séminaire s’est donnée pour tâche d’explorer le renouveau de la forme « généalogie » – avec la notion plus circonscrite de génération qui lui est associée – depuis deux décennies : compilation de généalogies familiales à la demande de particuliers ; rédaction de généalogies par des lignages localisés ; usage de la généalogie par les chercheurs en sciences sociales pour donner sens à des archives inédites – journaux privés, correspondances, témoignages écrits et oraux.

Après avoir passé en revue l’importante littérature sur l’histoire de l’organisation lignagère et de ses évolutions régionales, sur les relations entre tombes et généalogies, sur l’histoire et la genèse des généalogies familiales et lignagères, le séminaire s’est penché sur l’étude d’une généalogie particulière. Compilée et éditée en 2017 par les Han de Xigu 西沽 (Tianjin), à la veille de la destruction annoncée du quartier et de la dispersion des Han, cette généalogie révèle comment une forme légitime peut être aujourd’hui empruntée mais aussi revisitée pour garder trace de ce qui est jugé digne d’être su, rappelé, valorisé de la vie de chacun des membres du lignage – avec le surgissement progressif des femmes – comme de leur expérience partagée.

Dernière modification : 19 novembre 2021 09:21

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
anglais chinois français
Mots-clés
Anthropologie Archives Démographie Dynamiques sociales Famille Mémoire Sociologie Temps/temporalité
Aires culturelles
Asie
Intervenant·e·s
  • Isabelle Thireau-Mak [référent·e]   directrice d'études, EHESS - directrice de recherche, CNRS / Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine (CCJ-CECMC)

Générations et généalogies : comment penser et travailler leur articulation dans la Chine moderne et contemporaine ? On sait l’usage de la notion de génération ardue et controversée. Elle constitue cependant aujourd’hui une ressource importante pour explorer les relations inter et intra-générationnelles en Chine et, bien plus que pendant les décennies maoïstes, elle émerge comme un critère structurant pour identifier et rapprocher les individus qui ont en partage le fait d’être nés pendant la même décennie. Des historiens du XXe siècle chinois ont quant à eux utilisé cette notion pour distinguer des générations particulières, en désignant la « matrice générationnelle », soit les événements qui ont structuré la « communauté d’empreinte » (Marc Bloch) qui leur serait propre.

La notion de génération, et celle de généalogie, sont aujourd’hui exploitées de manière féconde par les chercheurs en sciences sociales pour décrire les étapes contrastées, les filiations et les débats qui accompagnent l’apparition d’activités et d’engagements nouveaux depuis 1980 – dans les domaines par exemple du droit, du journalisme, de formes militantes, tout autant que pour évoquer les processus remis à l’honneur de hiérarchisation, de légitimation et de transmission de maître à disciple concernant des savoirs très divers, parfois désignés comme relevant du patrimoine immatériel.

Enfin, des archives inédites – enquêtes, journaux privés, correspondances, témoignages écrits et oraux, qui permettent d’appréhender les relations entre les générations ou de retracer l’histoire d’une famille sur plusieurs générations, font depuis deux décennies l’objet d’une attention renouvelée. Parmi ces archives, un intérêt croissant se porte sur les généalogies, à l’heure où des initiatives sont prises en Chine pour les rassembler et en constituer de nouveaux outils d’analyse ; à l’heure aussi où de nouvelles généalogies sont rédigées pour faire face à la dispersion des familles, à la disparition de villages, à la destruction de quartiers.

Le séminaire interrogera dans un premier temps les usages multiples de ces deux notions, avant d’explorer, en prenant appui sur l’étude d’une généalogie achevée en 2016 à Tianjin ainsi que sur d’autres ressources existantes – y compris des logiciels d'analyse de données généalogiques, l’appui que constitue les généalogies pour l’enquête sociologique sur la Chine contemporaine.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sociologie – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Personne à contacter : Isabelle Thireau

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

Réception des candidats sur rendez-vous

Pré-requis

Maîtrise de la langue chinoise, écrite et orale.

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle A302
    1er semestre / hebdomadaire, vendredi 10:30-12:30
    du 15 octobre 2021 au 28 janvier 2022
    Nombre de séances : 12

Générations et généalogies

Le séminaire s’est donné cette année pour tâche d’analyser comment, depuis le début des années 1990, la notion de génération fait l’objet d’une attention renouvelée de la part des sociologues chinois afin de décrire, d’une part, les filiations et les débats qui accompagnent l’apparition d’engagements ou d’activités inédites dans les domaines par exemple du droit, du journalisme ou des formes militantes et, d’autre part, des processus de transmission de maître à disciple concernant des savoirs très divers, parfois désignés comme relevant du patrimoine immatériel. Catégorie jusque-là utilisée de façon privilégiée pour désigner la position des représentants locaux et nationaux du Parti et de l’État au sein d’une hiérarchie dominée par la première génération, celle « des révolutionnaires », l’usage croissant de la notion de génération constitue dès lors un indice de la complexité nouvelle des processus de reconnaissance et de légitimation qui traversent et instituent la société chinoise.  

Comme l’ont montré les quatre premières séances du séminaire, le terme de génération est également utilisé au quotidien par les acteurs sociaux pour dessiner les contours du collectif – ici générationnel – dans lequel ils s’inscrivent. Les transformations rapides des réalités vécues et la succession de séquences historiques contrastées expliquent le recours croissant à une inscription générationnelle pour s’identifier et identifier autrui. Pareil recours permet également de faire surgir, sans l’expliciter plus avant, une expérience commune d’événements et de situations passées souvent marquées par l’incertain, l’inattendu, ou l’incompréhensible. Il autorise dès lors tout à la fois un processus d’individuation sans détour par la singularité et l’évocation en creux d’émotions et d’évaluations partagées, quelles que soient les distorsions qui peuvent apparaître entre le récit de celles-ci, au passé, et leur appréciation présente. 

Ces premières séances du séminaire ont beaucoup bénéficié du numéro spécial de China Perspectives dirigé par Justine Rochot - Generations and Social Change : Identities, Relationships and Collective Action, 2022/1. Deux contributrices à ce numéro ont présenté leurs analyses : Justine Rochot (thèse soutenue à l’EHESS en 2019 : « “Bandes de vieux” Une sociologie des espaces de sociabilité de jeunes retraités en Chine urbaine contemporaine »,) et Sun Jiawen (thèse soutenue à l’EHESS en 2020 : « Corps et politique dans la Chine contemporaine : sociologie de la souffrance parmi les anciens jeunes instruits envoyés dans les fermes militaires pendant la Révolution culturelle »). Un autre contributeur à ce numéro, Hong Tao, a beaucoup apporté à nos discussions.

La seconde partie du séminaire s’est donnée pour tâche d’explorer le renouveau de la forme « généalogie » – avec la notion plus circonscrite de génération qui lui est associée – depuis deux décennies : compilation de généalogies familiales à la demande de particuliers ; rédaction de généalogies par des lignages localisés ; usage de la généalogie par les chercheurs en sciences sociales pour donner sens à des archives inédites – journaux privés, correspondances, témoignages écrits et oraux.

Après avoir passé en revue l’importante littérature sur l’histoire de l’organisation lignagère et de ses évolutions régionales, sur les relations entre tombes et généalogies, sur l’histoire et la genèse des généalogies familiales et lignagères, le séminaire s’est penché sur l’étude d’une généalogie particulière. Compilée et éditée en 2017 par les Han de Xigu 西沽 (Tianjin), à la veille de la destruction annoncée du quartier et de la dispersion des Han, cette généalogie révèle comment une forme légitime peut être aujourd’hui empruntée mais aussi revisitée pour garder trace de ce qui est jugé digne d’être su, rappelé, valorisé de la vie de chacun des membres du lignage – avec le surgissement progressif des femmes – comme de leur expérience partagée.