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UE566 - Critique de l'économie historique : la question des ressources


Lieu et planning


  • 48 bd Jourdan
    48 bd Jourdan 75014 Paris
    annuel / bimensuel (2e/4e), lundi 17:00-19:00
    du 8 novembre 2021 au 13 juin 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 14 mai 2021 13:45

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Économie, Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Énergie Environnement Histoire économique et sociale
Aires culturelles
Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Jean-Yves Grenier [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre de recherches historiques (CRH)
  • Mathieu Arnoux   directeur d'études, EHESS - professeur des universités, Université de Paris / Centre de recherches historiques (CRH)

Ressources naturelles : renouvellement, épuisement et crise.

Comment expliquer l’épuisement d’une ressource naturelle, et la façon dont les sociétés s’organisent afin de mobiliser un substitut ou, à l’inverse, pour faire face à la crise qui en résulte ? C’est la question que le séminaire – animé par Mathieu Arnoux, Maurice Aymard, Jean-Yves Grenier et Gilles Postel-Vinay – aborde cette année en s’appuyant sur des études de cas empruntés à des sociétés appartenant à des espaces et des temps historiques très différents.

La question de l’épuisement des ressources naturelles est un thème perçu aujourd’hui, non sans raison, comme une menace. Le séminaire s’intéressera à ces aspects contemporains, en particulier dans la perspective des crises successives causées par la surconsommation de matières premières et de ressources carbonées non renouvelables. L’épuisement absolu ou relatif d’une ressource – et sa perception, ou non, par les contemporains – est cependant un phénomène récurrent dans l’histoire. Les fortes inquiétudes des pays européens au XVIIIe siècle quant au risque de pénurie de bois en est un exemple saisissant. Derrière une continuité supposée articulée autour de transitions successives, la trilogie bois-charbon-pétrole masque ainsi des dynamiques de long terme plus complexes.

Pour connaître un développement durable, chaque société devrait tirer de son environnement un volume de ressources limité. Une telle approche pose aussi la question de la différence entre ressources renouvelables et ressources fossiles ainsi que celle des systèmes techniques mobilisés pour exploiter ces ressources.  L’évolution historique des sociétés conduit pourtant à ce que, fréquemment, ces limites soient franchies, provoquant une série de crises à l’intensité et aux conséquences très variables. Le passage de certaines ressources qui perdent leur gratuité pour devenir payantes en est, dans nos sociétés contemporaines, un signe. Les différentes séances du séminaire auront pour objet l’analyse comparée de sociétés historiques différentes quant au mode d’exploitation des ressources disponibles et quant au type de dépendance qui en résulte.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

Contacter Jean-Yves Grenier : jean-yves.grenier@ehess.fr

Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire a porté, comme précédemment, sur la question des ressources naturelles en privilégiant cette année deux dimensions : la dépendance temporelle dans l’histoire des ressources et l’analyse économique de leur gestion.

L’étude du premier thème a commencé par une réflexion d’ensemble sur la notion de path dependency dans l’histoire des ressources naturelles entre XIIe et XIXe siècle, conduisant à questionner à la fois les chronologies traditionnellement admises quant à l’histoire des techniques (sur l’usage industriel du charbon de bois ou la mise en œuvre de l’énergie-vapeur, par exemple) mais aussi sur la durée des transitions énergétiques (et leur caractère souvent partiel). Un exemple précis de cette problématique a été présenté par Jeronimo Bermudez (EHESS-CRH) à propos de l’usage des bêtes de trait et de somme dans les campagnes de Nouvelle Espagne (seconde moitié du XVIe siècle), avec une transition progressive du système énergétique, les conquérants espagnols important massivement du bétail pour le transport dans un monde indien qui n’en utilisait pas et qui, à l’inverse, mobilisait pour ces tâches beaucoup d’énergie humaine. Ces fines observations ont conduit à une discussion de la thèse de Ruggiero Romano selon laquelle l’abondance animale a servi à compenser les pertes humaines massives, facilitant un changement économie, social et environnemental de grande ampleur en Amérique ibérique. Cette difficile question de la transition dans l’usage des ressources naturelles a également été étudiée dans la longue durée à propos de l’usage des semences (blé, riz, maïs), avec un arbitrage à chaque fois différent entre rendements et résistance de la plante (Alessandro Stanziani, CRH-EHESS), et dans le moyen terme à propos de la politique menée par la Banque mondiale pour financer des ressources hydrauliques en Italie et en Colombie au moment de la guerre froide (Elisa Grandi, Université Paris Cité).

L’analyse économique de la gestion des ressources est un thème à la fois très habituel mais aussi très complexe. Le séminaire y a consacré plusieurs séances en s’efforçant de mobiliser des exemples très différents, dans le temps comme dans l’espace, et à propos de ressources très variées. Les crises de 1970 et 2008 ont ainsi été analysés pour montrer leur similitude sur un point : le pétrole y joue un rôle essentiel car, sous des formes différentes, ce sont des crises de pénurie – le peak oil pour l’exploitation du pétrole conventionnel est atteint en novembre 1970 aux États-Unis – avec un effet immédiat sur le système économique en général, et financier en particulier (Michel Lepetit, Shift Project). La dimension économique, souvent masquée derrière des enjeux géopolitiques plus évidents, est également déterminante dans l’exploitation minière des zones polaires, souvent riches en minerais, d’autant plus que beaucoup seront libres de glace dans les décennies qui viennent du fait du réchauffement climatique (comme le Groenland d’ici la fin du siècle) (Florian Vidal, IFRI). Les enjeux prépondérants peuvent également concerner l’implication de l’État dont l’action ou la réglementation conditionnent largement l’exploitation d’une ressource : ressource récréative (voire thérapeutique, pour certains au XVIIIe siècle) comme le tabac dont on a étudié le commerce et la fiscalité dans le Grand-duché de Toscane et dans l’Empire vénitien aux XVIIe et XVIIIe siècles (Guido Cioni, Scuola Normale Superiore di Pisa) ; ressources naturelles et financières mobilisées par la commune de Catane en Sicile après le tremblement de terre de 1693/4 (Stefano Condorelli, Université de Berne). La complexité des enjeux économiques apparaît également avec évidence dans la gestion d’une ressource très particulière, les boues et déchets produits par la ville de Paris entre XVIIe et XVIIIe siècles. C’est une activité d’envergure (300 à 600 éboueurs) qui peut apparaître à la fois comme une charge à assumer (en témoigne la taxe sur les boues instaurée au début du XVIe siècle) mais aussi comme une ressource en tant qu’engrais, conduisant à leur marchandisation à partir des années 1760 (Nicolas Lyon-Caen et Raphaël Moreira, CNRS-IHMC et CNRS-CRH).

Dernière modification : 14 mai 2021 13:45

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Économie, Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Énergie Environnement Histoire économique et sociale
Aires culturelles
Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Jean-Yves Grenier [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre de recherches historiques (CRH)
  • Mathieu Arnoux   directeur d'études, EHESS - professeur des universités, Université de Paris / Centre de recherches historiques (CRH)

Ressources naturelles : renouvellement, épuisement et crise.

Comment expliquer l’épuisement d’une ressource naturelle, et la façon dont les sociétés s’organisent afin de mobiliser un substitut ou, à l’inverse, pour faire face à la crise qui en résulte ? C’est la question que le séminaire – animé par Mathieu Arnoux, Maurice Aymard, Jean-Yves Grenier et Gilles Postel-Vinay – aborde cette année en s’appuyant sur des études de cas empruntés à des sociétés appartenant à des espaces et des temps historiques très différents.

La question de l’épuisement des ressources naturelles est un thème perçu aujourd’hui, non sans raison, comme une menace. Le séminaire s’intéressera à ces aspects contemporains, en particulier dans la perspective des crises successives causées par la surconsommation de matières premières et de ressources carbonées non renouvelables. L’épuisement absolu ou relatif d’une ressource – et sa perception, ou non, par les contemporains – est cependant un phénomène récurrent dans l’histoire. Les fortes inquiétudes des pays européens au XVIIIe siècle quant au risque de pénurie de bois en est un exemple saisissant. Derrière une continuité supposée articulée autour de transitions successives, la trilogie bois-charbon-pétrole masque ainsi des dynamiques de long terme plus complexes.

Pour connaître un développement durable, chaque société devrait tirer de son environnement un volume de ressources limité. Une telle approche pose aussi la question de la différence entre ressources renouvelables et ressources fossiles ainsi que celle des systèmes techniques mobilisés pour exploiter ces ressources.  L’évolution historique des sociétés conduit pourtant à ce que, fréquemment, ces limites soient franchies, provoquant une série de crises à l’intensité et aux conséquences très variables. Le passage de certaines ressources qui perdent leur gratuité pour devenir payantes en est, dans nos sociétés contemporaines, un signe. Les différentes séances du séminaire auront pour objet l’analyse comparée de sociétés historiques différentes quant au mode d’exploitation des ressources disponibles et quant au type de dépendance qui en résulte.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

Contacter Jean-Yves Grenier : jean-yves.grenier@ehess.fr

Réception des candidats
-
Pré-requis
-
  • 48 bd Jourdan
    48 bd Jourdan 75014 Paris
    annuel / bimensuel (2e/4e), lundi 17:00-19:00
    du 8 novembre 2021 au 13 juin 2022
    Nombre de séances : 12

Le séminaire a porté, comme précédemment, sur la question des ressources naturelles en privilégiant cette année deux dimensions : la dépendance temporelle dans l’histoire des ressources et l’analyse économique de leur gestion.

L’étude du premier thème a commencé par une réflexion d’ensemble sur la notion de path dependency dans l’histoire des ressources naturelles entre XIIe et XIXe siècle, conduisant à questionner à la fois les chronologies traditionnellement admises quant à l’histoire des techniques (sur l’usage industriel du charbon de bois ou la mise en œuvre de l’énergie-vapeur, par exemple) mais aussi sur la durée des transitions énergétiques (et leur caractère souvent partiel). Un exemple précis de cette problématique a été présenté par Jeronimo Bermudez (EHESS-CRH) à propos de l’usage des bêtes de trait et de somme dans les campagnes de Nouvelle Espagne (seconde moitié du XVIe siècle), avec une transition progressive du système énergétique, les conquérants espagnols important massivement du bétail pour le transport dans un monde indien qui n’en utilisait pas et qui, à l’inverse, mobilisait pour ces tâches beaucoup d’énergie humaine. Ces fines observations ont conduit à une discussion de la thèse de Ruggiero Romano selon laquelle l’abondance animale a servi à compenser les pertes humaines massives, facilitant un changement économie, social et environnemental de grande ampleur en Amérique ibérique. Cette difficile question de la transition dans l’usage des ressources naturelles a également été étudiée dans la longue durée à propos de l’usage des semences (blé, riz, maïs), avec un arbitrage à chaque fois différent entre rendements et résistance de la plante (Alessandro Stanziani, CRH-EHESS), et dans le moyen terme à propos de la politique menée par la Banque mondiale pour financer des ressources hydrauliques en Italie et en Colombie au moment de la guerre froide (Elisa Grandi, Université Paris Cité).

L’analyse économique de la gestion des ressources est un thème à la fois très habituel mais aussi très complexe. Le séminaire y a consacré plusieurs séances en s’efforçant de mobiliser des exemples très différents, dans le temps comme dans l’espace, et à propos de ressources très variées. Les crises de 1970 et 2008 ont ainsi été analysés pour montrer leur similitude sur un point : le pétrole y joue un rôle essentiel car, sous des formes différentes, ce sont des crises de pénurie – le peak oil pour l’exploitation du pétrole conventionnel est atteint en novembre 1970 aux États-Unis – avec un effet immédiat sur le système économique en général, et financier en particulier (Michel Lepetit, Shift Project). La dimension économique, souvent masquée derrière des enjeux géopolitiques plus évidents, est également déterminante dans l’exploitation minière des zones polaires, souvent riches en minerais, d’autant plus que beaucoup seront libres de glace dans les décennies qui viennent du fait du réchauffement climatique (comme le Groenland d’ici la fin du siècle) (Florian Vidal, IFRI). Les enjeux prépondérants peuvent également concerner l’implication de l’État dont l’action ou la réglementation conditionnent largement l’exploitation d’une ressource : ressource récréative (voire thérapeutique, pour certains au XVIIIe siècle) comme le tabac dont on a étudié le commerce et la fiscalité dans le Grand-duché de Toscane et dans l’Empire vénitien aux XVIIe et XVIIIe siècles (Guido Cioni, Scuola Normale Superiore di Pisa) ; ressources naturelles et financières mobilisées par la commune de Catane en Sicile après le tremblement de terre de 1693/4 (Stefano Condorelli, Université de Berne). La complexité des enjeux économiques apparaît également avec évidence dans la gestion d’une ressource très particulière, les boues et déchets produits par la ville de Paris entre XVIIe et XVIIIe siècles. C’est une activité d’envergure (300 à 600 éboueurs) qui peut apparaître à la fois comme une charge à assumer (en témoigne la taxe sur les boues instaurée au début du XVIe siècle) mais aussi comme une ressource en tant qu’engrais, conduisant à leur marchandisation à partir des années 1760 (Nicolas Lyon-Caen et Raphaël Moreira, CNRS-IHMC et CNRS-CRH).