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UE552 - Les vicissitudes de la communauté autochtone en Amérique latine


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    annuel / bimensuel (2e/4e), mercredi 16:30-18:30
    du 10 novembre 2021 au 8 juin 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 18 mai 2022 13:18

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anarchisme Anthropologie sociale Citoyenneté Collectifs Ethnologie Institutions
Aires culturelles
Amérique du Sud Amériques
Intervenant·e·s
  • Olivier Allard [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

La « communauté » apparaît la fois comme le cadre évident d’existence des populations autochtones en Amérique latine, et comme une institution reconnue légalement, dont l’histoire et les formes sont variables. Le séminaire sera ancré dans l’ethnographie contemporaine de l’Amazonie (ou des basses terres d’Amérique du Sud), mais nous explorerons également différentes histoires possibles de la communauté, dans un cadre géographique et culturel plus large. Dans la continuité du séminaire de l’an passé, « Anthropologie de l’État, anthropologie contre l’État », l’objectif sera de faire dialoguer les approches qui s’intéressent aux interactions effectives des Amérindiens avec différents types d’institutions ou d’acteurs étatiques, et celles qui explorent toutes les significations possibles de leur caractérisation comme « contre l’État » (dans une perspective clastrienne). De ce point de vue, l’institution de la communauté est ambivalente car elle peut être interprétée tant comme outil de gouvernement que comme lieu de résistance. Nous aborderons différentes manières de conceptualiser les logiques sociales collectives amérindiennes, afin de discuter ce qui a pu être considéré comme des formes de vie communautaires. Nous essayerons également d’aborder les liens possibles avec les débats relatifs à la souveraineté et aux communs.

Les séances des 11 et 25 mai se dérouleront en salle 0.016, bât. recherche sud, campus Condorcet

La séance du 8 juin se déroulera en salle 0.016, bâtiment recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 22 juin se déroulera en salle 0.016, bâtiment recherche Sud, Campus Condorcet


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

Contacter par courriel.

Réception des candidats

Sur rendez-vous.

Pré-requis
-

Compte rendu


La notion de communauté autochtone (ou indigène) en Amérique latine peut désigner une forme d’organisation sociale propre aux Amérindiens, mais aussi une institution des empires coloniaux puis des États indépendants de la région. Le séminaire a été consacré à discuter cette ambivalence, et les malentendus auxquels elle a donné lieu, en s’appuyant sur divers cas ethnographiques et historiques. À partir d’une thématique circonscrite, l’objectif était de poursuivre les interrogations développées au cours du séminaire de l’année précédente (« Anthropologie de l’État, anthropologie contre l’État »), en étudiant dans quelle mesure les populations indigènes ont pu s’approprier des institutions introduites pour les gouverner, mais aussi en discutant la signification politique qu’on peut donner à l’absence (ou au refus) de toute organisation communautaire.

Nous sommes partis de la reconnaissance de communautés indigènes dans les basses terres d’Amérique du Sud depuis le dernier tiers du XXe siècle : en faisant d’un groupe local une personne morale propriétaire d’un territoire, la législation a en réalité introduit une rupture radicale avec les formes antérieures d’organisation sociopolitique et de territorialisation, comme on peut le voir de manière particulièrement nette au Pérou (à partir des travaux de J.-P. Sarmiento Barletti, E. Killick, R. Colliaux, P. Codjia, M.-H. Dziubinska). Nous avons alors essayé de comprendre la circulation et la transformation du concept de communauté, en soulignant le rôle de la notion hispanique de « pueblo » (notamment à partir du travail de T. Herzog), et en accordant une attention particulière au monde andin : d’une part, ce sont souvent des modèles élaborés dans les hautes terres d’Amérique du Sud qui ont été appliqués dans les basses terres ; d’autre part, l’organisation sociale andine a connu de très importantes transformations, que nous avons abordées en discutant un article classique d’A. Molinié.

Nous avons ensuite consacré plusieurs séances au cas particulier des Warao du delta de l’Orénoque (Venezuela), en considérant que les pratiques de vote sont révélatrices de conceptions politiques sous-jacentes. Si les tentatives d’organiser un vote au niveau d’une communauté (pour élire un représentant ou prendre une décision collective) ont souvent échoué, les Warao ont pris part aux élections dans le cadre de la démocratie représentative nationale. Cette participation massive a suscité de nombreuses dénonciations de clientélisme, mais nous avons cherché à analyser ces phénomènes sans jugement normatif : le rapport entre un patron et sa clientèle électorale est similaire à celui qui a souvent été observé entre un chef amérindien et les membres de son groupe ; c’est-à-dire qu’un leader produit un groupe qui ne lui préexiste pas, et qui reste donc fondamentalement personnalisé.

Plusieurs intervenants invités ont permis d’élargir le cadre des débats : C. Puerta Silva a fait une présentation sur la reproduction socio-ethnique wayuu (Colombie) ; L. Fontana sur la communauté mapuche (Chili) ; J. Michaud sur les thèses de J. Scott ; M. Carey sur l’organisation sociale du Haut-Atlas (Maroc) ; R. Galemba sur une communauté frontalière (Mexique-Guatemala).

Publications
  • Compte rendu de : J. L. Rodríguez, « Language and revolutionary magic in the Orinoco Delta », dans Journal de la société des américanistes, 107(1), p. 241-245.
  • Compte rendu de : A. Beatty, « Emotional worlds. Beyond an anthropology of emotion », dans L’Homme. Revue française d’anthropologie, 239-240, p. 333-336.

Dernière modification : 18 mai 2022 13:18

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anarchisme Anthropologie sociale Citoyenneté Collectifs Ethnologie Institutions
Aires culturelles
Amérique du Sud Amériques
Intervenant·e·s
  • Olivier Allard [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

La « communauté » apparaît la fois comme le cadre évident d’existence des populations autochtones en Amérique latine, et comme une institution reconnue légalement, dont l’histoire et les formes sont variables. Le séminaire sera ancré dans l’ethnographie contemporaine de l’Amazonie (ou des basses terres d’Amérique du Sud), mais nous explorerons également différentes histoires possibles de la communauté, dans un cadre géographique et culturel plus large. Dans la continuité du séminaire de l’an passé, « Anthropologie de l’État, anthropologie contre l’État », l’objectif sera de faire dialoguer les approches qui s’intéressent aux interactions effectives des Amérindiens avec différents types d’institutions ou d’acteurs étatiques, et celles qui explorent toutes les significations possibles de leur caractérisation comme « contre l’État » (dans une perspective clastrienne). De ce point de vue, l’institution de la communauté est ambivalente car elle peut être interprétée tant comme outil de gouvernement que comme lieu de résistance. Nous aborderons différentes manières de conceptualiser les logiques sociales collectives amérindiennes, afin de discuter ce qui a pu être considéré comme des formes de vie communautaires. Nous essayerons également d’aborder les liens possibles avec les débats relatifs à la souveraineté et aux communs.

Les séances des 11 et 25 mai se dérouleront en salle 0.016, bât. recherche sud, campus Condorcet

La séance du 8 juin se déroulera en salle 0.016, bâtiment recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 22 juin se déroulera en salle 0.016, bâtiment recherche Sud, Campus Condorcet

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

Contacter par courriel.

Réception des candidats

Sur rendez-vous.

Pré-requis
-
  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    annuel / bimensuel (2e/4e), mercredi 16:30-18:30
    du 10 novembre 2021 au 8 juin 2022
    Nombre de séances : 12

La notion de communauté autochtone (ou indigène) en Amérique latine peut désigner une forme d’organisation sociale propre aux Amérindiens, mais aussi une institution des empires coloniaux puis des États indépendants de la région. Le séminaire a été consacré à discuter cette ambivalence, et les malentendus auxquels elle a donné lieu, en s’appuyant sur divers cas ethnographiques et historiques. À partir d’une thématique circonscrite, l’objectif était de poursuivre les interrogations développées au cours du séminaire de l’année précédente (« Anthropologie de l’État, anthropologie contre l’État »), en étudiant dans quelle mesure les populations indigènes ont pu s’approprier des institutions introduites pour les gouverner, mais aussi en discutant la signification politique qu’on peut donner à l’absence (ou au refus) de toute organisation communautaire.

Nous sommes partis de la reconnaissance de communautés indigènes dans les basses terres d’Amérique du Sud depuis le dernier tiers du XXe siècle : en faisant d’un groupe local une personne morale propriétaire d’un territoire, la législation a en réalité introduit une rupture radicale avec les formes antérieures d’organisation sociopolitique et de territorialisation, comme on peut le voir de manière particulièrement nette au Pérou (à partir des travaux de J.-P. Sarmiento Barletti, E. Killick, R. Colliaux, P. Codjia, M.-H. Dziubinska). Nous avons alors essayé de comprendre la circulation et la transformation du concept de communauté, en soulignant le rôle de la notion hispanique de « pueblo » (notamment à partir du travail de T. Herzog), et en accordant une attention particulière au monde andin : d’une part, ce sont souvent des modèles élaborés dans les hautes terres d’Amérique du Sud qui ont été appliqués dans les basses terres ; d’autre part, l’organisation sociale andine a connu de très importantes transformations, que nous avons abordées en discutant un article classique d’A. Molinié.

Nous avons ensuite consacré plusieurs séances au cas particulier des Warao du delta de l’Orénoque (Venezuela), en considérant que les pratiques de vote sont révélatrices de conceptions politiques sous-jacentes. Si les tentatives d’organiser un vote au niveau d’une communauté (pour élire un représentant ou prendre une décision collective) ont souvent échoué, les Warao ont pris part aux élections dans le cadre de la démocratie représentative nationale. Cette participation massive a suscité de nombreuses dénonciations de clientélisme, mais nous avons cherché à analyser ces phénomènes sans jugement normatif : le rapport entre un patron et sa clientèle électorale est similaire à celui qui a souvent été observé entre un chef amérindien et les membres de son groupe ; c’est-à-dire qu’un leader produit un groupe qui ne lui préexiste pas, et qui reste donc fondamentalement personnalisé.

Plusieurs intervenants invités ont permis d’élargir le cadre des débats : C. Puerta Silva a fait une présentation sur la reproduction socio-ethnique wayuu (Colombie) ; L. Fontana sur la communauté mapuche (Chili) ; J. Michaud sur les thèses de J. Scott ; M. Carey sur l’organisation sociale du Haut-Atlas (Maroc) ; R. Galemba sur une communauté frontalière (Mexique-Guatemala).

Publications
  • Compte rendu de : J. L. Rodríguez, « Language and revolutionary magic in the Orinoco Delta », dans Journal de la société des américanistes, 107(1), p. 241-245.
  • Compte rendu de : A. Beatty, « Emotional worlds. Beyond an anthropology of emotion », dans L’Homme. Revue française d’anthropologie, 239-240, p. 333-336.