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UE523 - Protéger ou habiter ? Dialectique de la maison : étude comparative


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 50
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 10:30-12:30
    du 1er mars 2022 au 7 juin 2022
    Nombre de séances : 13


Description


Dernière modification : 17 mai 2022 14:43

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie sociale Architecture Comparatisme Espace social Sexualité
Aires culturelles
Afrique Amériques Asie Europe Océanie
Intervenant·e·s

En règle générale, la question de l'architecture vernaculaire est abordée à partir de ses aspects techniques et environnementaux. Cette approche a le mérite d'effacer, dans ce domaine plus que dans tout autre, le Grand Partage entre l'Occident et le reste du monde. Sans reléguer complètement au second plan cette matérialité, nous aborderons toutefois la maison comme ce lieu dont la finalité vise en priorité tantôt  la protection tantôt l'habiter, dans le sens où l'entendait Heidegger. Dans le sillage de la réflexion menée les années antérieures autour du thème de l'hétérosexualité comme relation sociale première, nous envisagerons ainsi la maison comme le lieu par excellence qui a vocation à abriter cette relation, mais aussi comme celui où elle se dissout dans un ensemble plus vaste de contraintes qu'impose, pour leur propre compte, l'ordre social et symbolique. On s'apercevra alors que le Grand Partage resurgit, presque intact.

La séance du 10 mai se déroulera en salle 0.016, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 17 mai se déroulera en salle 0.004, bâtiment Recherche Nord, Campus Condorcet

La séance du 24 mai se déroulera en salle 0.033, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 31 mai se déroulera en salle 0.033, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 7 juin se déroulera en salle 0.015, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – assuidité + implication sous diverses formes

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous uniquement.

Réception des candidats

sur rendez-vous uniquement.

Pré-requis

aucun.


Compte rendu


Après avoir assuré l’enseignement de tronc commun au premier semestre, la seconde partie de l'année a été consacrée à notre « séminaire propre ». Il se trouve que nous avons cette année investi un nouveau champ de recherche, celui de la maison. Non que ce champ soit nouveau en soi en anthropologie, ni que nous ne l'ayons jamais abordé dans nos écrits, mais c'était la première fois qu'il ait fait l'objet d'un séminaire suivi de notre part. Les premières séances ont été dévolues à une présentation générale du thème en montrant comment finalement il pouvait se lire telle la transmutation dans le domaine du concret des préoccupations principales de nos séminaires des années précédentes, à savoir la parenté et la division sexuelle du travail, ou plus globalement la différence entre les hommes et la femmes. On a rappelé ainsi que le dernier ouvrage du Morgan, père de la raison parentaire en anthropologie, avait été consacré aux différents habitats des Indiens d'Amérique du Nord. Cet ouvrage contient d'ailleurs une des rares illustrations, malheureusement assez médiocre, d'un type de maison collective, exceptionnelle, qui se trouvait en Californie centrale. On y voit une rangée d’édicules juxtaposés, ayant peu ou prou la forme de tentes canadiennes. Cet ensemble d'une dizaine de cellules est coiffé par une seule grande toiture collective rectangulaire. Ainsi, on a affaire à un dispositif doublement couvrant : d'abord chacune des unités de logement, dont on pressent qu'elle est occupé par une unité familiale, puis une autre couche d'isolation par rapport au ciel, couche qui est alors collective. Mais l'option peut aussi se comprendre autrement : les cellules familiales isolent du sol, tandis que la percola collective intéresse le groupe social dans son ensemble. Les humains se situent bien à la charnière entre le monde chthonien et le monde céleste. La forme en polyèdres des unités domestiques marquent une empreinte sur le sol large, là où leur hauteur se réduit. En revanche, la séparation avec le ciel est constante et homogène, globalisante donc. Ce type d'architecture renvoie à la croyance, très courante en Amérique, d'une émergence des humains des profondeurs de la terre et de leur éventuel dépassement en tant qu'étoiles. La surface de la terre est comme un tamis qui retient les humains lors de leur ascension originelle. L'émergence est charnelle, donc individuelle ou plutôt génétique, familiale, à la différence d'une potentielle ultime transformation en cette infinité d'entités que les étoiles qui hantent le soleil nocturne. Partant de cette première analyse, nous avons exploré, dans les pas de Morgan, les architectures nord-américaines. Notre lecture n'était évidemment pas évolutionniste comme la sienne mais inspirée par la notion de transformation que nous avons empruntée à Claude Lévi-Strauss et à laquelle nous sommes particulièrement fidèles. Notre façon d'envisager la question de la maison en Amérique du Nord autochtone, nous a guidés directement vers la question de l'isolement, de la protection... et de la nuit. Au fond, une première intuition nous a conduits à formuler l'hypothèse suivante : la maison ou l'habitat constitue par l'être humain l'aménagement de sa propre nuit. Il représente la première manière de s'affranchir, en partie, de l'alternance du jour et de nuit. Dans la maison, on se réfugie de l'obscurité comme on prolonge, au besoin, grâce au feu, la lumière du jour. On affirme ainsi la possibilité de neutraliser la nuit. Le séminaire doit se poursuivre l'année prochaine, en abordant d'autres aires culturelles : Asie, Afrique, Europe. Nous verrons alors si notre hypothèse se tient. 

Les trois dernières séances du séminaire ont été consacrées à la présentation de travaux d'étudiants. Certains d'entre eux semblent extrêmement prometteurs. 

Enfin, Emmanuel Désveaux a séjourné un mois — mi-avril, mi-mai) à Prague à l'invitation du CEFRES (Centre français de recherche en sciences sociales) où il a donné un cycle de conférences consacré à Lévi-Strauss, au structuralisme et à ses propres travaux. Il y a également animé un atelier de doctorants en compagnie de Falk Breitschneider. Il a profité de ce séjour en République tchèque pour documenter diverses architectures paysannes locales.

Publications
  • Entrées « Amérique », p. 24-32, « Bororo », p. 154-161 et « Mythologiques (1964-1971) », p. 709-716, dans Dictionnaire Lévi-Strauss, sous la dir. de Jean-Claude Monod, Paris, Bouquins, 2022.  
  • Sexualités, sociétés, nativités. Une enquête anthropologique, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2022, 408 p. 

Dernière modification : 17 mai 2022 14:43

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie sociale Architecture Comparatisme Espace social Sexualité
Aires culturelles
Afrique Amériques Asie Europe Océanie
Intervenant·e·s

En règle générale, la question de l'architecture vernaculaire est abordée à partir de ses aspects techniques et environnementaux. Cette approche a le mérite d'effacer, dans ce domaine plus que dans tout autre, le Grand Partage entre l'Occident et le reste du monde. Sans reléguer complètement au second plan cette matérialité, nous aborderons toutefois la maison comme ce lieu dont la finalité vise en priorité tantôt  la protection tantôt l'habiter, dans le sens où l'entendait Heidegger. Dans le sillage de la réflexion menée les années antérieures autour du thème de l'hétérosexualité comme relation sociale première, nous envisagerons ainsi la maison comme le lieu par excellence qui a vocation à abriter cette relation, mais aussi comme celui où elle se dissout dans un ensemble plus vaste de contraintes qu'impose, pour leur propre compte, l'ordre social et symbolique. On s'apercevra alors que le Grand Partage resurgit, presque intact.

La séance du 10 mai se déroulera en salle 0.016, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 17 mai se déroulera en salle 0.004, bâtiment Recherche Nord, Campus Condorcet

La séance du 24 mai se déroulera en salle 0.033, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 31 mai se déroulera en salle 0.033, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet

La séance du 7 juin se déroulera en salle 0.015, bâtiment Recherche Sud, Campus Condorcet

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – assuidité + implication sous diverses formes
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous uniquement.

Réception des candidats

sur rendez-vous uniquement.

Pré-requis

aucun.

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 50
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 10:30-12:30
    du 1er mars 2022 au 7 juin 2022
    Nombre de séances : 13

Après avoir assuré l’enseignement de tronc commun au premier semestre, la seconde partie de l'année a été consacrée à notre « séminaire propre ». Il se trouve que nous avons cette année investi un nouveau champ de recherche, celui de la maison. Non que ce champ soit nouveau en soi en anthropologie, ni que nous ne l'ayons jamais abordé dans nos écrits, mais c'était la première fois qu'il ait fait l'objet d'un séminaire suivi de notre part. Les premières séances ont été dévolues à une présentation générale du thème en montrant comment finalement il pouvait se lire telle la transmutation dans le domaine du concret des préoccupations principales de nos séminaires des années précédentes, à savoir la parenté et la division sexuelle du travail, ou plus globalement la différence entre les hommes et la femmes. On a rappelé ainsi que le dernier ouvrage du Morgan, père de la raison parentaire en anthropologie, avait été consacré aux différents habitats des Indiens d'Amérique du Nord. Cet ouvrage contient d'ailleurs une des rares illustrations, malheureusement assez médiocre, d'un type de maison collective, exceptionnelle, qui se trouvait en Californie centrale. On y voit une rangée d’édicules juxtaposés, ayant peu ou prou la forme de tentes canadiennes. Cet ensemble d'une dizaine de cellules est coiffé par une seule grande toiture collective rectangulaire. Ainsi, on a affaire à un dispositif doublement couvrant : d'abord chacune des unités de logement, dont on pressent qu'elle est occupé par une unité familiale, puis une autre couche d'isolation par rapport au ciel, couche qui est alors collective. Mais l'option peut aussi se comprendre autrement : les cellules familiales isolent du sol, tandis que la percola collective intéresse le groupe social dans son ensemble. Les humains se situent bien à la charnière entre le monde chthonien et le monde céleste. La forme en polyèdres des unités domestiques marquent une empreinte sur le sol large, là où leur hauteur se réduit. En revanche, la séparation avec le ciel est constante et homogène, globalisante donc. Ce type d'architecture renvoie à la croyance, très courante en Amérique, d'une émergence des humains des profondeurs de la terre et de leur éventuel dépassement en tant qu'étoiles. La surface de la terre est comme un tamis qui retient les humains lors de leur ascension originelle. L'émergence est charnelle, donc individuelle ou plutôt génétique, familiale, à la différence d'une potentielle ultime transformation en cette infinité d'entités que les étoiles qui hantent le soleil nocturne. Partant de cette première analyse, nous avons exploré, dans les pas de Morgan, les architectures nord-américaines. Notre lecture n'était évidemment pas évolutionniste comme la sienne mais inspirée par la notion de transformation que nous avons empruntée à Claude Lévi-Strauss et à laquelle nous sommes particulièrement fidèles. Notre façon d'envisager la question de la maison en Amérique du Nord autochtone, nous a guidés directement vers la question de l'isolement, de la protection... et de la nuit. Au fond, une première intuition nous a conduits à formuler l'hypothèse suivante : la maison ou l'habitat constitue par l'être humain l'aménagement de sa propre nuit. Il représente la première manière de s'affranchir, en partie, de l'alternance du jour et de nuit. Dans la maison, on se réfugie de l'obscurité comme on prolonge, au besoin, grâce au feu, la lumière du jour. On affirme ainsi la possibilité de neutraliser la nuit. Le séminaire doit se poursuivre l'année prochaine, en abordant d'autres aires culturelles : Asie, Afrique, Europe. Nous verrons alors si notre hypothèse se tient. 

Les trois dernières séances du séminaire ont été consacrées à la présentation de travaux d'étudiants. Certains d'entre eux semblent extrêmement prometteurs. 

Enfin, Emmanuel Désveaux a séjourné un mois — mi-avril, mi-mai) à Prague à l'invitation du CEFRES (Centre français de recherche en sciences sociales) où il a donné un cycle de conférences consacré à Lévi-Strauss, au structuralisme et à ses propres travaux. Il y a également animé un atelier de doctorants en compagnie de Falk Breitschneider. Il a profité de ce séjour en République tchèque pour documenter diverses architectures paysannes locales.

Publications
  • Entrées « Amérique », p. 24-32, « Bororo », p. 154-161 et « Mythologiques (1964-1971) », p. 709-716, dans Dictionnaire Lévi-Strauss, sous la dir. de Jean-Claude Monod, Paris, Bouquins, 2022.  
  • Sexualités, sociétés, nativités. Une enquête anthropologique, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2022, 408 p.