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UE321 - Nature, nature humaine et affectivité


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.10
    1er semestre / hebdomadaire, mardi 14:30-16:30
    du 9 novembre 2021 au 15 février 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 12 mai 2021 11:36

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Affects Animalité Anthropologie Anthropologie et linguistique Cognition Émotions Épistémologie Histoire des idées
Aires culturelles
Amériques Europe
Intervenant·e·s
  • Alexandre Surrallés [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

L'idée de l'autonomie de la nature, qui a organisé le droit et la connaissance depuis l'avènement de la modernité humaniste en Europe, semble voler en éclats ces dernières années. Cela ne signifie pas seulement un changement profond dans la façon dont nous percevons désormais l'environnement et les entités qui l'habitent. Ce tournant  transforme également les sciences humaines, et l'anthropologie en particulier, en conduisant à une crise de la notion d'anthropos : c'est-à-dire de l'humain conçu comme une créature d’exception en raison de ses facultés cognitives et de son langage articulé. Le séminaire vise à aborder ce bouleversement dans un sens jusqu'ici peu exploré, en scrutant les conséquences de l'effondrement de la dualité nature-culture sur la notion de nature humaine et l'émergence d'un paradigme dans lequel l'affectivité semble émerger comme le substrat partagé entre tous les existants. Une attention particulière sera accordée à la prise en compte de cette mutation par quelques anthropologues clés dans le domaine, ainsi qu’à l’examen des pistes de recherche qu'ils ouvrent.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Contacter l'enseignant par courriel

Direction de travaux des étudiants

Contacter l'enseignant par courriel

Réception des candidats

Prendre rendez-vous par courriel

Pré-requis

Ouvert aux étudiants de master et doctorat


Compte rendu


Il y a seulement trois décennies, la dualité d'une nature objective et d'une culture en tant qu'espace humain détaché de l'ordre naturel grâce aux possibilités offertes par le langage articulé de créer un monde de sens autonome, constituait un principe incontestable de toutes les sciences humaines. L'anthropologie y a ajouté le relativisme culturel, que Claude Lévi-Strauss a expliqué mieux que quiconque, et qui consiste à considérer la particularité de chaque culture comme le résultat du choix dans une nature homogène et universelle d'une série d'éléments au détriment d'autres. Avec le relativisme culturel, la dualité nature/culture était une idée basique dans la formation d'un anthropologue au siècle dernier, une dualité qui, dans sa formulation explicite, est née avec l'anthropologie en tant que discipline académique au 19e siècle, mais dont la généalogie peut remonter au 16e avec l'arrivée de la modernité. Or, ces dernières années nous avons assisté à l'écroulement de ce dispositif épistémologique. Que ce soit comme propriétés du réel ou comme catégories analytiques, la nature, la culture et leur façon d'organiser le monde ont été sévèrement remises en question. Que s'est-il passé en si peu d'années pour que s'effondre si soudainement l'un des principes ontologiques et épistémiques clés de la modernité occidentale depuis la Renaissance ? Avons-nous laissé s'éteindre le flambeau qui a illuminé la raison au cours des derniers siècles ?

La réponse à ces questions se trouve dans un processus à plusieurs étapes d'une relation complexe entre au moins la mutation de l'opinion publique de nos sociétés et les interprétations fournies par les sciences humaines à cet égard. L'anthropologie, en particulier, a joué un rôle décisif dans cette révolution conceptuelle. Or, en examinant cette crise sans précédent, nous avons découvert que certaines des conséquences de la fin de cette dualité n'ont pas encore été abordées jusqu’à ce jour. En effet, si l’anthropologie s’est intéressée aux limites d’une nature « environnementale » indépendante de la société, ou d’une nature des non-humains permettant de distinguer les humains comme une espèce pas comme les autres, on a peu parlé d'une troisième acception de la nature : celle contenue dans la notion de nature humaine. Dans ce séminaire, nous avons examiné cette notion et l'idée concomitante selon laquelle la faculté de raisonnement, proprement séparée des affects et des sensations, est la quintessence de la condition humaine, sa caractéristique exclusive, par laquelle l’humain se constitue comme un cas à part dans le monde naturel environnant régi uniquement par la sensation. L'intérêt récent de l'anthropologie pour l'affectivité, qui brise le siège de la raison sur la nature humaine, permet de dépasser la dichotomie de l'humain pensant et du naturel sentant d'une manière totalement originale, avec des conséquences radicales pour la discipline telle que nous l'avons conçue jusqu'à présent.

Publications

2020 « La ‘nature’, un concept étranger aux Amazoniens » In Atlas de la Terre. P. 66-67.  Paris : La Société Editrice du Monde.

2020 « Prólogo » In Gil Inoach Shawit, Entre la dependencia y la libertad, siempre awajun. Pp. 11-14. Lima : Perú Equidad, Nia Tero et IWGIA.

2020 “Costa, sierra y selva : franjas geográficas, zonas culturales y episodios nacionales”, “Côte, hautes terres et Amazonie : bandes géographiques, zones culturelles et épisodes nationaux”, Bulletin de l'Institut français d'études andines, 49(2) :237-253.

Dernière modification : 12 mai 2021 11:36

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Affects Animalité Anthropologie Anthropologie et linguistique Cognition Émotions Épistémologie Histoire des idées
Aires culturelles
Amériques Europe
Intervenant·e·s
  • Alexandre Surrallés [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur de recherche, CNRS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

L'idée de l'autonomie de la nature, qui a organisé le droit et la connaissance depuis l'avènement de la modernité humaniste en Europe, semble voler en éclats ces dernières années. Cela ne signifie pas seulement un changement profond dans la façon dont nous percevons désormais l'environnement et les entités qui l'habitent. Ce tournant  transforme également les sciences humaines, et l'anthropologie en particulier, en conduisant à une crise de la notion d'anthropos : c'est-à-dire de l'humain conçu comme une créature d’exception en raison de ses facultés cognitives et de son langage articulé. Le séminaire vise à aborder ce bouleversement dans un sens jusqu'ici peu exploré, en scrutant les conséquences de l'effondrement de la dualité nature-culture sur la notion de nature humaine et l'émergence d'un paradigme dans lequel l'affectivité semble émerger comme le substrat partagé entre tous les existants. Une attention particulière sera accordée à la prise en compte de cette mutation par quelques anthropologues clés dans le domaine, ainsi qu’à l’examen des pistes de recherche qu'ils ouvrent.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Contacter l'enseignant par courriel

Direction de travaux des étudiants

Contacter l'enseignant par courriel

Réception des candidats

Prendre rendez-vous par courriel

Pré-requis

Ouvert aux étudiants de master et doctorat

  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.10
    1er semestre / hebdomadaire, mardi 14:30-16:30
    du 9 novembre 2021 au 15 février 2022
    Nombre de séances : 12

Il y a seulement trois décennies, la dualité d'une nature objective et d'une culture en tant qu'espace humain détaché de l'ordre naturel grâce aux possibilités offertes par le langage articulé de créer un monde de sens autonome, constituait un principe incontestable de toutes les sciences humaines. L'anthropologie y a ajouté le relativisme culturel, que Claude Lévi-Strauss a expliqué mieux que quiconque, et qui consiste à considérer la particularité de chaque culture comme le résultat du choix dans une nature homogène et universelle d'une série d'éléments au détriment d'autres. Avec le relativisme culturel, la dualité nature/culture était une idée basique dans la formation d'un anthropologue au siècle dernier, une dualité qui, dans sa formulation explicite, est née avec l'anthropologie en tant que discipline académique au 19e siècle, mais dont la généalogie peut remonter au 16e avec l'arrivée de la modernité. Or, ces dernières années nous avons assisté à l'écroulement de ce dispositif épistémologique. Que ce soit comme propriétés du réel ou comme catégories analytiques, la nature, la culture et leur façon d'organiser le monde ont été sévèrement remises en question. Que s'est-il passé en si peu d'années pour que s'effondre si soudainement l'un des principes ontologiques et épistémiques clés de la modernité occidentale depuis la Renaissance ? Avons-nous laissé s'éteindre le flambeau qui a illuminé la raison au cours des derniers siècles ?

La réponse à ces questions se trouve dans un processus à plusieurs étapes d'une relation complexe entre au moins la mutation de l'opinion publique de nos sociétés et les interprétations fournies par les sciences humaines à cet égard. L'anthropologie, en particulier, a joué un rôle décisif dans cette révolution conceptuelle. Or, en examinant cette crise sans précédent, nous avons découvert que certaines des conséquences de la fin de cette dualité n'ont pas encore été abordées jusqu’à ce jour. En effet, si l’anthropologie s’est intéressée aux limites d’une nature « environnementale » indépendante de la société, ou d’une nature des non-humains permettant de distinguer les humains comme une espèce pas comme les autres, on a peu parlé d'une troisième acception de la nature : celle contenue dans la notion de nature humaine. Dans ce séminaire, nous avons examiné cette notion et l'idée concomitante selon laquelle la faculté de raisonnement, proprement séparée des affects et des sensations, est la quintessence de la condition humaine, sa caractéristique exclusive, par laquelle l’humain se constitue comme un cas à part dans le monde naturel environnant régi uniquement par la sensation. L'intérêt récent de l'anthropologie pour l'affectivité, qui brise le siège de la raison sur la nature humaine, permet de dépasser la dichotomie de l'humain pensant et du naturel sentant d'une manière totalement originale, avec des conséquences radicales pour la discipline telle que nous l'avons conçue jusqu'à présent.

Publications

2020 « La ‘nature’, un concept étranger aux Amazoniens » In Atlas de la Terre. P. 66-67.  Paris : La Société Editrice du Monde.

2020 « Prólogo » In Gil Inoach Shawit, Entre la dependencia y la libertad, siempre awajun. Pp. 11-14. Lima : Perú Equidad, Nia Tero et IWGIA.

2020 “Costa, sierra y selva : franjas geográficas, zonas culturales y episodios nacionales”, “Côte, hautes terres et Amazonie : bandes géographiques, zones culturelles et épisodes nationaux”, Bulletin de l'Institut français d'études andines, 49(2) :237-253.