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UE294 - Anthropologie de la mémoire


Lieu et planning


  • Musée du quai Branly-Jacques Chirac
    37 quai Branly 75007 Paris
    Salle de cours 2
    annuel / hebdomadaire, mercredi 14:00-17:00
    du 1er décembre 2021 au 20 avril 2022
    Nombre de séances : 14


Description


Dernière modification : 21 juin 2021 11:55

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Anthropologie et linguistique Anthropologie sociale Image Rituel
Aires culturelles
Amériques Océanie
Intervenant·e·s
  • Carlo Severi [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

Dans le but de préciser et d’enrichir le concept de mémoire sociale, nous avons, ces dernières années, identifié deux formes de tradition iconographique. L’une, liée à l’exercice conscient d’une mémoire, permet de penser autrement l’opposition entre l’oral et l’écrit. L’autre, qui implique la mise en place d’une agentivité attribuée aux images, renouvelle la théorie de l’action rituelle. En nous appuyant notamment sur l’analyse de cas méso-américains, amazoniens et océaniens, nous allons cette année esquisser une troisième étape, en présentant, d’une part, une nouvelle interprétation de certains cas d'arts de la mémoire amérindiens (notamment en Amérique Centrale) et d’autre part, une première ébauche d’une théorie relationnelle du sacrifice. À partir de ces nouvelles analyses, nous réfléchirons à une lecture critique, et à un développement possible, de certaines thèses majeures de La Pensée Sauvage de Claude Lévi-Strauss. 

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Inscription préalable obligatoire sur www.quaibranly.fr, rubrique « Étudier et rechercher »


 


 

Direction de travaux des étudiants

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous au Laboratoire d'anthropologie sociale, Collège de France, 52, rue du Cardinal Lemoine 75005 Paris.

Réception des candidats

Contact par courriel: severi@ehess.fr ou sur rendez-vous au Laboratoire d'anthropologie sociale, Collège de France, 52, rue du Cardinal Lemoine 75005 Paris.

Pré-requis

 

Ouvert


Compte rendu


Élaboré progressivement au cours de presque vingt ans de séminaire, le champ de l’anthropologie de la mémoire se prête aujourd’hui à une exposition plus systématique que chronologique. C’est ce que nous avons commencé à faire l’année dernière, en nous appuyant sur un groupe de concepts qui en définissent l’objet, les méthodes et quelques conclusions. Notre attention s’est donc focalisée non plus sur les étapes de nos recherches dans le temps, mais plutôt  sur les rapports entre les concepts qu’il nous est arrivé de formuler, et sur la logique d’ensemble qui gouverne notre approche. Cette année, nous avons poursuivi ce travail d’analyse critique,  tout en adoptant une perspective différente. Au lieu de revenir sur nos propositions pour en chercher une logique interne, nous avons focalisé le travail du séminaire sur les chantiers que notre projet laisse ouverts aujourd’hui, et sur les débats qu’il a pu susciter. Nous sommes notamment revenus sur les concepts de traduction et de transmutation, et sur leur rapport avec notre projet d’une anthropologie de la pensée. Qu’ils s’agisse de ce que Lévi-Strauss appelait « la systématisation [de] ce qui est immédiatement présenté aux sens » ou des théories causales étudiées par Evans-Pritchard au sein de la sorcellerie africaine – les formes de pensée que nous trouvons déployées dans nos ethnographies, ont souvent été interprétées comme l’expression directe d’un certain langage ou d’une « ontologie » spécifique. C’est pourquoi nous parlons, par exemple, de « pensée » grecque, africaine ou amazonienne. Au cours de plusieurs séances, nous avons examiné les trois objections que cette perspective a suscité dans l’histoire de notre discipline – 1) des sociétés qui partagent le même « système de pensée » peuvent parler des langues différentes et vice-versa ; 2) la relation entre langage et pensée est indirecte et controversée, et nous ne devrions jamais inférer des qualités de la pensée à partir des structures de la grammaire d’une langue ; 3) enfin, les langues que nous utilisons pour qualifier les divers types de pensée sont constamment traduites. En focalisant notre argumentation sur ce dernier point, nous avons rappelé les différents concepts de traduction, en soutenant notamment qu’au lieu de considérer les processus de traduction comme une difficulté théorique pour définir la pensée, nous pouvons, au contraire, considérer l’éthographie de la traduction comme une opportunité, permettant d’observer certaines dynamiques de l’exercice de la pensée dans des contextes culturels différents. À travers l’analyse de trois exemples amazoniens, nous avons décrit  le type de cognition à l’œuvre dans la forme de traduction intersémiotique (entre mots, images et sons) que Jakobson appelait transmutation. Nous en avons conclu que cette analyse peut contribuer non seulement à une meilleure connaissance de certains processus de traduction, rarement étudiés, au sein des cultures amazoniennes, mais également à une nouvelle définition anthropologique du concept d’ontologie culturelle.

Ces propositions ont été reprises à l’occasion d’un Symposium de l’American Anthropological Association, tenu en novembre 2021 à Baltimore. Au cours du séminaire de cette année nous avons repris et élargi le débat que ces thèses ont suscité, notamment en dialogue avec nos collègues Jonathan Hill (Illinois University, Carbondale) Anthony Webster (Texas University, Austin), Juan Castrillon (Penn University, Philadelphia), Pirjo Virtanen (Université de Helsinki).

Publications
  • « On complex picture-writings.
Chimeras, pictographs, and writings in the Native American arts of memory », dans Image, Thought,
 and the Making of Social Worlds, sous la dir. de David Wengrow, Freiburger Studien
zur Archäologie & Visuellen Kultur 3, Heidelberg, Propylaeum, 2022, p. 165-194, DOI: 10.11588/propylaeum.842.c10810
  • « Antropologia e pensiero : l’antropologia della memoria, il leopardo cristiano e il bisogno di credere », Lares 
Quadrimestrale di studi demoetnoantropologici 2021/1 ~ (LXXXVII), 2022, p. 31-39.
  • « Gell, la cultura del seminario e lo  spirit of comedy », dans Arte e Agency, sous la dir. d'A. Gell, A. Milan, Cortina, 2022. 
  • « L’objet votif et l’usage rituel de la parole », dans Maladies,Gestes et Objets votifs, sous la dir. de P. Charlier et C. Prêtre, Paris, De Boccard, 2022.

Dernière modification : 21 juin 2021 11:55

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Anthropologie et linguistique Anthropologie sociale Image Rituel
Aires culturelles
Amériques Océanie
Intervenant·e·s
  • Carlo Severi [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

Dans le but de préciser et d’enrichir le concept de mémoire sociale, nous avons, ces dernières années, identifié deux formes de tradition iconographique. L’une, liée à l’exercice conscient d’une mémoire, permet de penser autrement l’opposition entre l’oral et l’écrit. L’autre, qui implique la mise en place d’une agentivité attribuée aux images, renouvelle la théorie de l’action rituelle. En nous appuyant notamment sur l’analyse de cas méso-américains, amazoniens et océaniens, nous allons cette année esquisser une troisième étape, en présentant, d’une part, une nouvelle interprétation de certains cas d'arts de la mémoire amérindiens (notamment en Amérique Centrale) et d’autre part, une première ébauche d’une théorie relationnelle du sacrifice. À partir de ces nouvelles analyses, nous réfléchirons à une lecture critique, et à un développement possible, de certaines thèses majeures de La Pensée Sauvage de Claude Lévi-Strauss. 

Le programme détaillé n'est pas disponible.

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Inscription préalable obligatoire sur www.quaibranly.fr, rubrique « Étudier et rechercher »


 


 

Direction de travaux des étudiants

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous au Laboratoire d'anthropologie sociale, Collège de France, 52, rue du Cardinal Lemoine 75005 Paris.

Réception des candidats

Contact par courriel: severi@ehess.fr ou sur rendez-vous au Laboratoire d'anthropologie sociale, Collège de France, 52, rue du Cardinal Lemoine 75005 Paris.

Pré-requis

 

Ouvert

  • Musée du quai Branly-Jacques Chirac
    37 quai Branly 75007 Paris
    Salle de cours 2
    annuel / hebdomadaire, mercredi 14:00-17:00
    du 1er décembre 2021 au 20 avril 2022
    Nombre de séances : 14

Élaboré progressivement au cours de presque vingt ans de séminaire, le champ de l’anthropologie de la mémoire se prête aujourd’hui à une exposition plus systématique que chronologique. C’est ce que nous avons commencé à faire l’année dernière, en nous appuyant sur un groupe de concepts qui en définissent l’objet, les méthodes et quelques conclusions. Notre attention s’est donc focalisée non plus sur les étapes de nos recherches dans le temps, mais plutôt  sur les rapports entre les concepts qu’il nous est arrivé de formuler, et sur la logique d’ensemble qui gouverne notre approche. Cette année, nous avons poursuivi ce travail d’analyse critique,  tout en adoptant une perspective différente. Au lieu de revenir sur nos propositions pour en chercher une logique interne, nous avons focalisé le travail du séminaire sur les chantiers que notre projet laisse ouverts aujourd’hui, et sur les débats qu’il a pu susciter. Nous sommes notamment revenus sur les concepts de traduction et de transmutation, et sur leur rapport avec notre projet d’une anthropologie de la pensée. Qu’ils s’agisse de ce que Lévi-Strauss appelait « la systématisation [de] ce qui est immédiatement présenté aux sens » ou des théories causales étudiées par Evans-Pritchard au sein de la sorcellerie africaine – les formes de pensée que nous trouvons déployées dans nos ethnographies, ont souvent été interprétées comme l’expression directe d’un certain langage ou d’une « ontologie » spécifique. C’est pourquoi nous parlons, par exemple, de « pensée » grecque, africaine ou amazonienne. Au cours de plusieurs séances, nous avons examiné les trois objections que cette perspective a suscité dans l’histoire de notre discipline – 1) des sociétés qui partagent le même « système de pensée » peuvent parler des langues différentes et vice-versa ; 2) la relation entre langage et pensée est indirecte et controversée, et nous ne devrions jamais inférer des qualités de la pensée à partir des structures de la grammaire d’une langue ; 3) enfin, les langues que nous utilisons pour qualifier les divers types de pensée sont constamment traduites. En focalisant notre argumentation sur ce dernier point, nous avons rappelé les différents concepts de traduction, en soutenant notamment qu’au lieu de considérer les processus de traduction comme une difficulté théorique pour définir la pensée, nous pouvons, au contraire, considérer l’éthographie de la traduction comme une opportunité, permettant d’observer certaines dynamiques de l’exercice de la pensée dans des contextes culturels différents. À travers l’analyse de trois exemples amazoniens, nous avons décrit  le type de cognition à l’œuvre dans la forme de traduction intersémiotique (entre mots, images et sons) que Jakobson appelait transmutation. Nous en avons conclu que cette analyse peut contribuer non seulement à une meilleure connaissance de certains processus de traduction, rarement étudiés, au sein des cultures amazoniennes, mais également à une nouvelle définition anthropologique du concept d’ontologie culturelle.

Ces propositions ont été reprises à l’occasion d’un Symposium de l’American Anthropological Association, tenu en novembre 2021 à Baltimore. Au cours du séminaire de cette année nous avons repris et élargi le débat que ces thèses ont suscité, notamment en dialogue avec nos collègues Jonathan Hill (Illinois University, Carbondale) Anthony Webster (Texas University, Austin), Juan Castrillon (Penn University, Philadelphia), Pirjo Virtanen (Université de Helsinki).

Publications
  • « On complex picture-writings.
Chimeras, pictographs, and writings in the Native American arts of memory », dans Image, Thought,
 and the Making of Social Worlds, sous la dir. de David Wengrow, Freiburger Studien
zur Archäologie & Visuellen Kultur 3, Heidelberg, Propylaeum, 2022, p. 165-194, DOI: 10.11588/propylaeum.842.c10810
  • « Antropologia e pensiero : l’antropologia della memoria, il leopardo cristiano e il bisogno di credere », Lares 
Quadrimestrale di studi demoetnoantropologici 2021/1 ~ (LXXXVII), 2022, p. 31-39.
  • « Gell, la cultura del seminario e lo  spirit of comedy », dans Arte e Agency, sous la dir. d'A. Gell, A. Milan, Cortina, 2022. 
  • « L’objet votif et l’usage rituel de la parole », dans Maladies,Gestes et Objets votifs, sous la dir. de P. Charlier et C. Prêtre, Paris, De Boccard, 2022.