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UE288 - Anthropologie sociale en Inde et Asie du Sud


Lieu et planning


  • 54 bd Raspail
    54 bd Raspail 75006 Paris
    Salle AS1_08
    annuel / bimensuel (1re/3e), jeudi 11:00-13:00
    du 4 novembre 2021 au 2 juin 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 11 mai 2021 16:36

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
http://tessitures.org 
Langues
anglais français
Mots-clés
Anthropologie Anthropologie culturelle Anthropologie sociale Environnement Ethnographie Ethnologie Institutions Pratiques Savoirs Textes
Aires culturelles
Asie méridionale Contemporain (anthropologie du, monde) Inde
Intervenant·e·s
  • Francis Zimmermann [référent·e]   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Jean-Claude Galey   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud (CEIAS)

Nous présenterons les outils conceptuels de l’anthropologie et les travaux descriptifs d’ethnographie et d’ethnohistoire les plus utiles pour approcher l’Inde et l’Asie du Sud contemporaines de façon structurée, à différentes échelles et à partir des catégories indiennes de pensée. Nous suivrons l’actualité de la recherche sur des questions classiques comme : le village et la ville, le partage de la nourriture, le corps et la médecine ayurvédique, castes, hiérarchies et communautarismes, hindouisme, légendes et épopées, politique et syncrétismes religieux. Ou plus récentes comme : la gestion de l’eau et l’environnement, la sécurité alimentaire, les diasporas, les arts vivants dans la vie quotidienne.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Le calendrier et le programme détaillé du séminaire sont actualisés en permanence sur le site web dédié : http://tessitures.org.

La liste de diffusion, constituée à la rentrée, vous permet de recevoir les annonces et de suivre en permanence l'activité du séminaire. Pour vous inscrire sur la liste de diffusion, écrivez un courriel à Francis Zimmermann.

Direction de travaux des étudiants

Pour tous conseils et échanges personnalisés, écrire un courriel à Jean-Claude Galey ou Francis Zimmermann.

Réception des candidats
-
Pré-requis

Ouvert à tous.


Compte rendu


Nous avons présenté cette année différentes manifestations de la fonction royale témoignant de sa résilience dans la société contemporaine. Nos expériences en Inde sont complémentaires. Francis Zimmermann au Kerala, un État communiste à l’époque, se fit le disciple d’un savant brahmane qui était le médecin attitré de la reine mère et de l’ancien roi du Travancore. Jean-Claude Galey a mené ses travaux d’anthropologie du politique successivement au nord dans la moyenne montagne de l’Himalaya occidental (le Garhwal de l’Uttarkhand) et au sud dans la bande côtière du Karnataka (Tulunad). Il étudiait des phénomènes clientélistes qui induisent aujourd’hui de nouvelles logiques de pouvoir religieuses, électorales ou populistes.

La cour royale ou princière, dans ses palais et à travers les temples fondés et richement dotés par l’autorité politique, était jadis le centre d’où se diffusaient (manuscrits) et d’où rayonnaient (rituels et spectacles) les « textes » dont l’existence n’est souvent qu’orale et dont les performances impliquent une grande part d’improvisation : les épopées, la poésie de cour, le théâtre. C’est pourquoi, une des approches les plus naturelles pour définir la fonction royale est de partir de ces textes. Citant la Śakuntalā de Kalidāsa, Francis Zimmermann s’est attaché d’abord à déployer les implications sociales, politiques et rituelles d’une figure typique du courtisan toujours vivante aujourd’hui sous différents déguisements, le bouffon du roi

Jean-Claude Galey a décrit ensuite, dans l’ancien royaume du Tehri-Garhwal, les différentes figures d’autorité qui, depuis la chefferie au sein de la communauté villagoise jusqu’au sanctuaire du dieu tutélaire, articulaient la fonction royale jusqu’aux années 1980. La géographie et l’ethnohistoire permettent d’expliquer tout un jeu d’échelles où une même logique de valeur préside autant à l’ordonnance des calendriers agraire, politique et cérémoniel qu’aux stratégies d’influence utilisées dans les différentes aires de maîtrise – hameaux, lignées, clans et « maisons », tenures foncières et délégations – pour affirmer l’autorité, exiger la soumission ou obtenir la protection. Sous-castes brahmanes et lignées rajputes rivalisent dans le contrôle des activités rituelles, tandis que les prêtrises sectaires des grands temples et centres de pèlerinage maintiennent et actualisent, par des rites d’intronisation, le lien de l’autorité royale à la souveraineté divine, à la mort et à la délivrance.

Francis Zimmermann a précisé alors l’analyse des « maisons », vestiges du système à maisons (Lévi-Strauss) qui florissait autrefois dans les petits royaumes indiens, sur un exemple : Vayalkkara, la maison du bord de la rizière, nom d’un illam nambudiri qu’il avait fréquenté lors de séjours au Kerala entre 1974 et 1984 pour étudier la médecine ayurvédique auprès de Vayaskara N. S. Mooss. Illam désignait jadis à la fois un manoir et ses dépendances construits en terre ferme, la lignée patrilinéaire de brahmanes nambudiri dont c’était la maison natale, et tous les descendants, alliés, obligés et serviteurs qui y résidaient et y trouvaient leur subsistance. Ces « maisons » au sens politique du mot recevaient du roi différentes délégations de droits fonciers, fiscaux et autres.

Jean-Claude Galey a consacré enfin plusieurs présentations au second volet du diptyque comparatif entre Tehri-Garhwal au nord et Tulunad au sud de l’Inde : les résurgences et les métamorphoses de la figure royale en pays Tulu (Karnataka côtier) dans le cadre du culte rendu aux Bhūta. Au cours des cérémonies communautaires où ils sont convoqués et où ils se manifestent dans de longues consultations oraculaires et des séances de possession ponctuées de performances dansées et de la récitation de ballades héroïques, les Bhūta, puissances chthoniennes divinisées, incarnent un pacte de vie et de fertilité entre les humains et le territoire qu’ils protègent et renouvellent le mandat de légitimité qu’ils accordent aux autorités politiques qui les ont invitées. 

Dernière modification : 11 mai 2021 16:36

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
http://tessitures.org 
Langues
anglais français
Mots-clés
Anthropologie Anthropologie culturelle Anthropologie sociale Environnement Ethnographie Ethnologie Institutions Pratiques Savoirs Textes
Aires culturelles
Asie méridionale Contemporain (anthropologie du, monde) Inde
Intervenant·e·s
  • Francis Zimmermann [référent·e]   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Jean-Claude Galey   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Centre d'études de l'Inde et de l'Asie du Sud (CEIAS)

Nous présenterons les outils conceptuels de l’anthropologie et les travaux descriptifs d’ethnographie et d’ethnohistoire les plus utiles pour approcher l’Inde et l’Asie du Sud contemporaines de façon structurée, à différentes échelles et à partir des catégories indiennes de pensée. Nous suivrons l’actualité de la recherche sur des questions classiques comme : le village et la ville, le partage de la nourriture, le corps et la médecine ayurvédique, castes, hiérarchies et communautarismes, hindouisme, légendes et épopées, politique et syncrétismes religieux. Ou plus récentes comme : la gestion de l’eau et l’environnement, la sécurité alimentaire, les diasporas, les arts vivants dans la vie quotidienne.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Le calendrier et le programme détaillé du séminaire sont actualisés en permanence sur le site web dédié : http://tessitures.org.

La liste de diffusion, constituée à la rentrée, vous permet de recevoir les annonces et de suivre en permanence l'activité du séminaire. Pour vous inscrire sur la liste de diffusion, écrivez un courriel à Francis Zimmermann.

Direction de travaux des étudiants

Pour tous conseils et échanges personnalisés, écrire un courriel à Jean-Claude Galey ou Francis Zimmermann.

Réception des candidats
-
Pré-requis

Ouvert à tous.

  • 54 bd Raspail
    54 bd Raspail 75006 Paris
    Salle AS1_08
    annuel / bimensuel (1re/3e), jeudi 11:00-13:00
    du 4 novembre 2021 au 2 juin 2022
    Nombre de séances : 12

Nous avons présenté cette année différentes manifestations de la fonction royale témoignant de sa résilience dans la société contemporaine. Nos expériences en Inde sont complémentaires. Francis Zimmermann au Kerala, un État communiste à l’époque, se fit le disciple d’un savant brahmane qui était le médecin attitré de la reine mère et de l’ancien roi du Travancore. Jean-Claude Galey a mené ses travaux d’anthropologie du politique successivement au nord dans la moyenne montagne de l’Himalaya occidental (le Garhwal de l’Uttarkhand) et au sud dans la bande côtière du Karnataka (Tulunad). Il étudiait des phénomènes clientélistes qui induisent aujourd’hui de nouvelles logiques de pouvoir religieuses, électorales ou populistes.

La cour royale ou princière, dans ses palais et à travers les temples fondés et richement dotés par l’autorité politique, était jadis le centre d’où se diffusaient (manuscrits) et d’où rayonnaient (rituels et spectacles) les « textes » dont l’existence n’est souvent qu’orale et dont les performances impliquent une grande part d’improvisation : les épopées, la poésie de cour, le théâtre. C’est pourquoi, une des approches les plus naturelles pour définir la fonction royale est de partir de ces textes. Citant la Śakuntalā de Kalidāsa, Francis Zimmermann s’est attaché d’abord à déployer les implications sociales, politiques et rituelles d’une figure typique du courtisan toujours vivante aujourd’hui sous différents déguisements, le bouffon du roi

Jean-Claude Galey a décrit ensuite, dans l’ancien royaume du Tehri-Garhwal, les différentes figures d’autorité qui, depuis la chefferie au sein de la communauté villagoise jusqu’au sanctuaire du dieu tutélaire, articulaient la fonction royale jusqu’aux années 1980. La géographie et l’ethnohistoire permettent d’expliquer tout un jeu d’échelles où une même logique de valeur préside autant à l’ordonnance des calendriers agraire, politique et cérémoniel qu’aux stratégies d’influence utilisées dans les différentes aires de maîtrise – hameaux, lignées, clans et « maisons », tenures foncières et délégations – pour affirmer l’autorité, exiger la soumission ou obtenir la protection. Sous-castes brahmanes et lignées rajputes rivalisent dans le contrôle des activités rituelles, tandis que les prêtrises sectaires des grands temples et centres de pèlerinage maintiennent et actualisent, par des rites d’intronisation, le lien de l’autorité royale à la souveraineté divine, à la mort et à la délivrance.

Francis Zimmermann a précisé alors l’analyse des « maisons », vestiges du système à maisons (Lévi-Strauss) qui florissait autrefois dans les petits royaumes indiens, sur un exemple : Vayalkkara, la maison du bord de la rizière, nom d’un illam nambudiri qu’il avait fréquenté lors de séjours au Kerala entre 1974 et 1984 pour étudier la médecine ayurvédique auprès de Vayaskara N. S. Mooss. Illam désignait jadis à la fois un manoir et ses dépendances construits en terre ferme, la lignée patrilinéaire de brahmanes nambudiri dont c’était la maison natale, et tous les descendants, alliés, obligés et serviteurs qui y résidaient et y trouvaient leur subsistance. Ces « maisons » au sens politique du mot recevaient du roi différentes délégations de droits fonciers, fiscaux et autres.

Jean-Claude Galey a consacré enfin plusieurs présentations au second volet du diptyque comparatif entre Tehri-Garhwal au nord et Tulunad au sud de l’Inde : les résurgences et les métamorphoses de la figure royale en pays Tulu (Karnataka côtier) dans le cadre du culte rendu aux Bhūta. Au cours des cérémonies communautaires où ils sont convoqués et où ils se manifestent dans de longues consultations oraculaires et des séances de possession ponctuées de performances dansées et de la récitation de ballades héroïques, les Bhūta, puissances chthoniennes divinisées, incarnent un pacte de vie et de fertilité entre les humains et le territoire qu’ils protègent et renouvellent le mandat de légitimité qu’ils accordent aux autorités politiques qui les ont invitées.