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UE273 - Introduction à la lecture des inscriptions sur os et carapaces de la dynastie Shang (suite)


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle A302
    annuel / bimensuel (2e/4e), lundi 15:30-17:30
    du 11 octobre 2021 au 11 avril 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 19 mai 2022 10:24

Type d'UE
Séminaires de centre
Centres
Centre de recherches linguistiques sur l'Asie orientale (CRLAO)
Disciplines
Linguistique, sémantique, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Écriture
Aires culturelles
Chine
Intervenant·e·s
  • Chrystelle Maréchal [référent·e]   chargée de recherche, CNRS / Centre de recherches linguistiques sur l'Asie orientale (CRLAO)

La poursuite de la lecture d’inscriptions chinoises gravées sur os et carapaces datant du XIIIe au XIe s. av. J.-C. vise à sensibiliser le public aux informations historico-culturelles qu’elles transmettent, tout en l’initiant à l’étymologie graphique et au phénomène des variantes graphiques. Les thèmes de la chasse ainsi que de l’origine et de la place du char en Chine nous guideront dans le choix des inscriptions à traiter.

Le séminaire, ouvert à tous, sans prérequis linguistiques, accompagne la publication de l’ouvrage Initiation à la lecture des inscriptions sur os et carapaces de la dynastie Shāng de Chen Kuang Yu dont j’ai assuré l’adaptation française aux éditions de l’Asiathèque (2021).

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
hugues.feler@ehess.fr
Informations pratiques

Pour tout renseignement, contacter par courriel Chrystelle Maréchal (marechal@ehess.fr)

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

Aucun


Compte rendu


Notre séminaire « Introduction aux prémices de l’écriture chinoise » de l’année universitaire 2021-2022 a eu pour objectif de familiariser un auditoire très divers à la lecture d’inscriptions gravées, le plus souvent, sur des plastrons et dossières de tortue et des omoplates de bœuf remontant au milieu du XIIIe siècle av. J.-C.

Nous avons commencé par un retour sur l’apparition, à la fin du XIXe siècle, de morceaux d’os gravés, mis sur le marché par des antiquaires et des apothicaires qui les vendaient comme remède contre le paludisme. L’identification, en 1899, des inscriptions comme représentant le plus ancien stade connu de l’écriture chinoise a conduit à la découverte du site d’Anyang et aux fouilles archéologiques qui, débutées en 1928 seulement, se poursuivent encore, la plus récente mise au jour d’inscriptions datant de 2015-2016 dans le hameau de Dasikong.

La majeure partie des inscriptions que nous avons choisi de lire cette année figuraient dans notre traduction du livre de M. Chen Kuang Yu, Initiation à la lecture des inscriptions sur os et carapaces de la dynastie Shang (2021), mais le cadre du séminaire s’est prêté chaque fois à l’ajout de nombreux compléments. Ces inscriptions nous ont permis de mettre en relief des données graphiques capitales pour comprendre non seulement la mise en place du système d’écriture chinois, mais aussi l’évolution graphique de nombre de caractères chinois toujours en usage aujourd’hui. Nous avons choisi d’attirer plus spécifiquement l’attention des auditeurs sur les graphies inspirées de représentations pictographiques d’êtres humains, telles que « être humain » (人), « enfant » (子) et « femme » (女). Celles-ci ont été utilisées pour créer de nombreux nouveaux caractères aux multiples variantes graphiques dont certaines ont disparu aujourd’hui. Nous avons ainsi pu faire ressortir à la fois l’ingéniosité des anciens Chinois pour créer de nouveaux caractères et le lent processus d’adaptation de ces signes au fil des siècles, ce qui nous a aussi permis d’aborder en filigrane le phénomène de simplification graphique amorcé dès l’époque des Shang.

Nous avons incité les auditeurs à bien repérer les termes calendaires du système sexagésimal chinois, omniprésents dans les inscriptions sur os et carapaces, qui servent à noter les jours ou encore les noms des rois Shang. Une attention particulière a été portée à la polyvalence d’un de ces termes, à savoir 子, sur os et carapaces. Outre la signification « enfant » et celle de « 6e rameau terrestre », lu 巳 (le 1er rameau terrestre qui s’écrit aujourd’hui 子 était alors désigné par une autre graphie), ce caractère entre aussi dans la composition d’anthroponymes, comme Zi Yu 子漁. Toutefois, si Ken-ichi Takashima transcrit simplement ce nom Zi Yu, David Keightley le traduit par « Prince Yu ». D’autres noms de même type posent question quand ils sont suivis de la graphie pour « accoucher », tels Zi Mu qu’on pourrait être tentés de traduire par « Princesse Mu », si Zǐ 子 renvoie bien ici au titre princier, toutefois nous n’avons jamais constaté une telle proposition. La question se pose en effet de savoir si le double sens de 子 « fils ; fille », attestée dans le Livre des Odes, s’appliquait déjà à l’époque des Shang quand il s’agit du titre princier. Nous avons montré que les deux anthroponymes Zi Mei 子媚 et Zi Shang qie 子商妾 attestés dans les inscriptions sur os et carapaces et suivis par la graphie pour « accoucher » figurent aussi sur deux tripodes en bronze de provenance inconnue, mais semblables à certains de la tombe de la reine Fu Hao, fouillée scientifiquement. Ainsi la présence de ces noms sur os et carapaces et sur bronze semble suggérer qu’ils appartenaient à des femmes d’un rang digne de posséder de tels tripodes. Sachant que Zǐ 子 était aussi le nom de famille de la maison royale des Shang, on peut se poser la question de savoir si ces deux femmes en faisaient partie. Le point est délicat et, pour l’heure, il nous a semblé plus prudent d’opter pour une simple transcription en pinyin du nom de ces deux femmes.

L’étude des inscriptions assez longues et d’une grande richesse graphique figurant sur les rectos et versos de deux omoplates (Heji 10405 et 10406) a retenu longuement notre attention. Elles présentent en effet la particularité d’être quasiment identiques. Après une présentation de l’histoire de la reconstitution de Heji 10406 et de sa mise en parallèle avec Heji 10405, nous avons exposé l’analyse qu’en fournit le chercheur japonais Sakikawa Takeshi (2008). Alors que l’hypothèse de copies d’entrainement était souvent avancée par le passé pour justifier leur ressemblance, Sakikawa démontre que Heji 10405 et Heji 10406 correspondent à deux tirages divinatoires successifs, réalisés sur une paire d’omoplates, Heji 10405 correspondant au premier tirage et Heji 10406 au second, d’où l’apparence de copie. Il a par ailleurs mis en évidence le fait que certaines graphies ont été effacées pour être regravées ailleurs, le scribe ayant d’abord mal calculé la place dont il avait besoin pour son inscription. La lecture et le développement des étymologies graphiques impliquées dans ces deux pièces nous ont ensuite occupés jusqu’à la dernière séance.

Dernière modification : 19 mai 2022 10:24

Type d'UE
Séminaires de centre
Centres
Centre de recherches linguistiques sur l'Asie orientale (CRLAO)
Disciplines
Linguistique, sémantique, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Écriture
Aires culturelles
Chine
Intervenant·e·s
  • Chrystelle Maréchal [référent·e]   chargée de recherche, CNRS / Centre de recherches linguistiques sur l'Asie orientale (CRLAO)

La poursuite de la lecture d’inscriptions chinoises gravées sur os et carapaces datant du XIIIe au XIe s. av. J.-C. vise à sensibiliser le public aux informations historico-culturelles qu’elles transmettent, tout en l’initiant à l’étymologie graphique et au phénomène des variantes graphiques. Les thèmes de la chasse ainsi que de l’origine et de la place du char en Chine nous guideront dans le choix des inscriptions à traiter.

Le séminaire, ouvert à tous, sans prérequis linguistiques, accompagne la publication de l’ouvrage Initiation à la lecture des inscriptions sur os et carapaces de la dynastie Shāng de Chen Kuang Yu dont j’ai assuré l’adaptation française aux éditions de l’Asiathèque (2021).

Le programme détaillé n'est pas disponible.

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
hugues.feler@ehess.fr
Informations pratiques

Pour tout renseignement, contacter par courriel Chrystelle Maréchal (marechal@ehess.fr)

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

Aucun

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle A302
    annuel / bimensuel (2e/4e), lundi 15:30-17:30
    du 11 octobre 2021 au 11 avril 2022
    Nombre de séances : 12

Notre séminaire « Introduction aux prémices de l’écriture chinoise » de l’année universitaire 2021-2022 a eu pour objectif de familiariser un auditoire très divers à la lecture d’inscriptions gravées, le plus souvent, sur des plastrons et dossières de tortue et des omoplates de bœuf remontant au milieu du XIIIe siècle av. J.-C.

Nous avons commencé par un retour sur l’apparition, à la fin du XIXe siècle, de morceaux d’os gravés, mis sur le marché par des antiquaires et des apothicaires qui les vendaient comme remède contre le paludisme. L’identification, en 1899, des inscriptions comme représentant le plus ancien stade connu de l’écriture chinoise a conduit à la découverte du site d’Anyang et aux fouilles archéologiques qui, débutées en 1928 seulement, se poursuivent encore, la plus récente mise au jour d’inscriptions datant de 2015-2016 dans le hameau de Dasikong.

La majeure partie des inscriptions que nous avons choisi de lire cette année figuraient dans notre traduction du livre de M. Chen Kuang Yu, Initiation à la lecture des inscriptions sur os et carapaces de la dynastie Shang (2021), mais le cadre du séminaire s’est prêté chaque fois à l’ajout de nombreux compléments. Ces inscriptions nous ont permis de mettre en relief des données graphiques capitales pour comprendre non seulement la mise en place du système d’écriture chinois, mais aussi l’évolution graphique de nombre de caractères chinois toujours en usage aujourd’hui. Nous avons choisi d’attirer plus spécifiquement l’attention des auditeurs sur les graphies inspirées de représentations pictographiques d’êtres humains, telles que « être humain » (人), « enfant » (子) et « femme » (女). Celles-ci ont été utilisées pour créer de nombreux nouveaux caractères aux multiples variantes graphiques dont certaines ont disparu aujourd’hui. Nous avons ainsi pu faire ressortir à la fois l’ingéniosité des anciens Chinois pour créer de nouveaux caractères et le lent processus d’adaptation de ces signes au fil des siècles, ce qui nous a aussi permis d’aborder en filigrane le phénomène de simplification graphique amorcé dès l’époque des Shang.

Nous avons incité les auditeurs à bien repérer les termes calendaires du système sexagésimal chinois, omniprésents dans les inscriptions sur os et carapaces, qui servent à noter les jours ou encore les noms des rois Shang. Une attention particulière a été portée à la polyvalence d’un de ces termes, à savoir 子, sur os et carapaces. Outre la signification « enfant » et celle de « 6e rameau terrestre », lu 巳 (le 1er rameau terrestre qui s’écrit aujourd’hui 子 était alors désigné par une autre graphie), ce caractère entre aussi dans la composition d’anthroponymes, comme Zi Yu 子漁. Toutefois, si Ken-ichi Takashima transcrit simplement ce nom Zi Yu, David Keightley le traduit par « Prince Yu ». D’autres noms de même type posent question quand ils sont suivis de la graphie pour « accoucher », tels Zi Mu qu’on pourrait être tentés de traduire par « Princesse Mu », si Zǐ 子 renvoie bien ici au titre princier, toutefois nous n’avons jamais constaté une telle proposition. La question se pose en effet de savoir si le double sens de 子 « fils ; fille », attestée dans le Livre des Odes, s’appliquait déjà à l’époque des Shang quand il s’agit du titre princier. Nous avons montré que les deux anthroponymes Zi Mei 子媚 et Zi Shang qie 子商妾 attestés dans les inscriptions sur os et carapaces et suivis par la graphie pour « accoucher » figurent aussi sur deux tripodes en bronze de provenance inconnue, mais semblables à certains de la tombe de la reine Fu Hao, fouillée scientifiquement. Ainsi la présence de ces noms sur os et carapaces et sur bronze semble suggérer qu’ils appartenaient à des femmes d’un rang digne de posséder de tels tripodes. Sachant que Zǐ 子 était aussi le nom de famille de la maison royale des Shang, on peut se poser la question de savoir si ces deux femmes en faisaient partie. Le point est délicat et, pour l’heure, il nous a semblé plus prudent d’opter pour une simple transcription en pinyin du nom de ces deux femmes.

L’étude des inscriptions assez longues et d’une grande richesse graphique figurant sur les rectos et versos de deux omoplates (Heji 10405 et 10406) a retenu longuement notre attention. Elles présentent en effet la particularité d’être quasiment identiques. Après une présentation de l’histoire de la reconstitution de Heji 10406 et de sa mise en parallèle avec Heji 10405, nous avons exposé l’analyse qu’en fournit le chercheur japonais Sakikawa Takeshi (2008). Alors que l’hypothèse de copies d’entrainement était souvent avancée par le passé pour justifier leur ressemblance, Sakikawa démontre que Heji 10405 et Heji 10406 correspondent à deux tirages divinatoires successifs, réalisés sur une paire d’omoplates, Heji 10405 correspondant au premier tirage et Heji 10406 au second, d’où l’apparence de copie. Il a par ailleurs mis en évidence le fait que certaines graphies ont été effacées pour être regravées ailleurs, le scribe ayant d’abord mal calculé la place dont il avait besoin pour son inscription. La lecture et le développement des étymologies graphiques impliquées dans ces deux pièces nous ont ensuite occupés jusqu’à la dernière séance.