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UE262 - Les sciences sociales comme culture : études de cas (anthropologie, sociologie, histoire, ethnolinguistique, sciences studies)


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.09
    annuel / hebdomadaire, mardi 16:30-18:30
    du 2 novembre 2021 au 10 mai 2022
    Nombre de séances : 24


Description


Dernière modification : 8 juillet 2021 08:33

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Méthodes et techniques des sciences sociales, Philosophie et épistémologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Épistémologie Histoire des idées Histoire des sciences et des techniques
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s
  • Wiktor Stoczkowski [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

Les théories des sciences ces sociales, outre des savoirs empiriquement fondés, véhiculent également des représentations cosmologiques, c’est-à-dire des visions du monde analogues à celles que les anthropologues étudient de longue date sur des terrains extra-occidentaux. En cherchant à reconstituer les cosmologies sous-jacentes à des constructions théoriques, le séminaire présentera une série d’études de cas, chacune consacrée à une théorie classique des sciences sociales. On explorera successivement trois contextes nationaux (britannique, américain et français) dans la période allant du milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Les exemples choisis seront empruntés à l’anthropologie, la sociologie, l’histoire, la linguistique et les études sur les sciences.

Depuis leur fondation dans la seconde moitié du XIXe siècle, les sciences sociales promettent de nous offrir une connaissance empiriquement fondée du monde humain, nécessaire pour une meilleure intelligence des mécanismes de la vie collective. Dans le même temps, elles nourrissent l’espoir que cette connaissance sera à même d’améliorer le monde humain, contribuant à faire sinon disparaître, du moins atténuer toute sorte de phénomènes délétères, tels les discriminations, injustices, inégalités, exploitations économiques, déprédations écologiques, dominations symboliques, persécutions politiques, préjugés de classe, de race et de genre, etc. Il arrive souvent que la connaissance de l’homme et de la société soit tenue pour un simple moyen, cependant que la transformation méliorative de l’homme et de la société devienne la véritable fin du travail de recherche. Il s’agit là d’un pari fondateur des sciences sociales, responsable de la plupart des attentes dont on a pu les investir.

Cette double quête a amené les chercheurs en sciences sociales à échafauder des théories explicatives assorties d’ambitieuses visions du monde. Ces dernières véhiculent tout un ensemble de représentations cosmologiques, analogues à celles que les anthropologues étudient de longue date sur des terrains extra-occidentaux, pour les employer comme des matrices d’intelligibilité qui donnent accès à la compréhension des discours et pratiques indigènes. En cherchant à reconstituer les cosmologies sous-jacentes à des constructions théoriques, le séminaire présentera une série d’études de cas, chacune consacrée à une théorie classique des sciences sociales. On explorera successivement trois contextes nationaux (britannique, américain et français) dans la période allant du milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Les exemples choisis seront empruntés à l’anthropologie, la sociologie, l’histoire, la linguistique et les études sur les sciences. L’objectif est de montrer que l’approche cosmologique permet de jeter une lumière nouvelle sur la production et la réception des savoirs des sciences sociales, faisant ressortir tout ce que ces savoirs doivent non seulement aux données factuelles, mais également aux contextes culturels qui les ont fait naître.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture, contrôle continu
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture, contrôle continu

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous

Réception des candidats

sur rendez-vous

Pré-requis
-

Compte rendu


Faisant suite aux séances de l’année dernière, le séminaire s’est proposé de prendre les savoirs des sciences sociales pour objet de l’enquête ethnologique. L’objectif était de montrer que les programmes d’ethnologie ou d’anthropologie des sciences, dont l’application est restée jusqu’à présent limitée aux sciences exactes et naturelles, sont justiciables d’une extension aux sciences sociales.

Les études de cas présentées en 2021-2022 portaient sur plusieurs disciplines (anthropologie culturelle, sociologie, histoire), ainsi que sur divers contextes nationaux (France, Grande-Bretagne, États-Unis) et historiques (seconde moitié du XIXe siècle, le XXe siècle, début du XXIe siècle). L’analyse de ces cas a servi à retracer les liens de filiation et de morphologie qui rattachent les constructions conceptuelles des sciences sociales à d’autres régimes de savoir : systèmes philosophiques, idéologies politiques, doctrines théologiques, représentations ordinaires. Cette année, l’accent particulier a été mis sur les relations entre les grandes théories des sciences sociales et la morphologie des doctrines chrétiennes. Dans le premier semestre, ce problème a été abordé au travers de la présentation de plusieurs théories qui, en apparence, n’ont aucun rapport avec le christianisme et dont certaines, comme l’anthropologie d’Edward Burnett Tylor, sont même considérées comme des machines de guerre antichrétiennes.

Dans le second semestre, ce même problème a été examiné à partir de l’analyse détaillée de l’œuvre d’un seul auteur, Bruno Latour. Considéré comme l’un des inventeurs de la théorie sociologique de l’acteur-réseau, un pionnier de l’enquête ethnographique sur les sciences, un éminent anthropologue de la Modernité, un représentant distingué du courant écologiste de la philosophie contemporaine, Latour est aujourd’hui l’un des théoriciens des sciences sociales les plus en vue. Les admirateurs de Latour ne s’accordent avec ses détracteurs que sur un seul point : ils avouent de concert qu’il leur est difficile de saisir les idées directrices d’une œuvre aussi protéiforme que surprenante.

 Le travail sur l’œuvre de Latour présenté pendant le second semestre partait de l’hypothèse selon laquelle il faut prendre Latour au sérieux lorsqu’il déclare être un penseur à système, accumulant avec opiniâtreté des travaux faussement hétéroclites, tous destinés à réaliser, comme il le dit, un « grand projet caché ». J’ai cherché à reconstituer la teneur de ce projet en le situant non pas sur le plan de la théorie socioanthropologique ou philosophique de Latour, mais sur le plan du système cosmologique sous-jacent à sa théorie. L’une des pistes explorées, sur la base des travaux inédits de Latour, portait sur le rôle matriciel des conceptions théologiques auxquelles Latour avait consacré son mémoire de maîtrise et sa thèse de doctorat.

Publications
  •  « La mystification autobiographique, un problème et une ressource. Le cas de Claude Lévi-Strauss », Revue de Synthèse, tome 144, 7e série, n° 1-2, 2022, p. 1-59.
  • « Pouvons-nous connaître la mythologie paléolithique ? », Anthropos, vol. 117, n° 1, 2022, p. 187-191.
  • Articles « De Man, Henri (1885-1953 »), « Démographie, surpopulation », « Race et histoire (1949), "Race et culture (1971)" », « UNESCO », « Wauters, Arthur (1890-1960) », dans Dictionnaire Lévi-Strauss, sous la dir. de Jean-Claude Monod, Paris, Robert Laffont, collection Bouquins, 2022, p. 297-302 ; 310-313 ; 835-842 ; 1068-1071 ; 1110-115.
  • « Poutine, l’Ukraine et la "propagande européenne" : le monde rêvé d’Andreï-Makine », L’Obs, le 18 mars 2022.
  • « Que redoute Vladimir Poutine ? », Telos, le 17 mars 2022.
  • « Putin nie oszalał, działa dokładnie tak, jak zawsze działali dyktatorzy Rosji », Gazeta Wyborcza, le 11 mars 2022.
  • « Vladimir Poutine est-il vraiment devenu fou ? », Le Figaro, le 1er mars 2022
  • « La guerre des visions du monde à l’Université », dans Crise de la raison publique, sous la dir. d’Isabelle de Mecquenem, Paris, Hermann, 2022, p. 103-114.
  • « Quand un colloque de grande qualité sur un sujet crucial devient, pour ses détracteurs, une machination diabolique...», Le Figaro, le 14 janvier 2022.
  • « Ludwik niejedno ma imię », Konteksty, vol. 75, n° 1-2, 2021, p. 369-373.

Dernière modification : 8 juillet 2021 08:33

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Méthodes et techniques des sciences sociales, Philosophie et épistémologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Épistémologie Histoire des idées Histoire des sciences et des techniques
Aires culturelles
Europe
Intervenant·e·s
  • Wiktor Stoczkowski [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire d'anthropologie sociale (LAS)

Les théories des sciences ces sociales, outre des savoirs empiriquement fondés, véhiculent également des représentations cosmologiques, c’est-à-dire des visions du monde analogues à celles que les anthropologues étudient de longue date sur des terrains extra-occidentaux. En cherchant à reconstituer les cosmologies sous-jacentes à des constructions théoriques, le séminaire présentera une série d’études de cas, chacune consacrée à une théorie classique des sciences sociales. On explorera successivement trois contextes nationaux (britannique, américain et français) dans la période allant du milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Les exemples choisis seront empruntés à l’anthropologie, la sociologie, l’histoire, la linguistique et les études sur les sciences.

Depuis leur fondation dans la seconde moitié du XIXe siècle, les sciences sociales promettent de nous offrir une connaissance empiriquement fondée du monde humain, nécessaire pour une meilleure intelligence des mécanismes de la vie collective. Dans le même temps, elles nourrissent l’espoir que cette connaissance sera à même d’améliorer le monde humain, contribuant à faire sinon disparaître, du moins atténuer toute sorte de phénomènes délétères, tels les discriminations, injustices, inégalités, exploitations économiques, déprédations écologiques, dominations symboliques, persécutions politiques, préjugés de classe, de race et de genre, etc. Il arrive souvent que la connaissance de l’homme et de la société soit tenue pour un simple moyen, cependant que la transformation méliorative de l’homme et de la société devienne la véritable fin du travail de recherche. Il s’agit là d’un pari fondateur des sciences sociales, responsable de la plupart des attentes dont on a pu les investir.

Cette double quête a amené les chercheurs en sciences sociales à échafauder des théories explicatives assorties d’ambitieuses visions du monde. Ces dernières véhiculent tout un ensemble de représentations cosmologiques, analogues à celles que les anthropologues étudient de longue date sur des terrains extra-occidentaux, pour les employer comme des matrices d’intelligibilité qui donnent accès à la compréhension des discours et pratiques indigènes. En cherchant à reconstituer les cosmologies sous-jacentes à des constructions théoriques, le séminaire présentera une série d’études de cas, chacune consacrée à une théorie classique des sciences sociales. On explorera successivement trois contextes nationaux (britannique, américain et français) dans la période allant du milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Les exemples choisis seront empruntés à l’anthropologie, la sociologie, l’histoire, la linguistique et les études sur les sciences. L’objectif est de montrer que l’approche cosmologique permet de jeter une lumière nouvelle sur la production et la réception des savoirs des sciences sociales, faisant ressortir tout ce que ces savoirs doivent non seulement aux données factuelles, mais également aux contextes culturels qui les ont fait naître.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture, contrôle continu
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture, contrôle continu
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous

Réception des candidats

sur rendez-vous

Pré-requis
-
  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.09
    annuel / hebdomadaire, mardi 16:30-18:30
    du 2 novembre 2021 au 10 mai 2022
    Nombre de séances : 24

Faisant suite aux séances de l’année dernière, le séminaire s’est proposé de prendre les savoirs des sciences sociales pour objet de l’enquête ethnologique. L’objectif était de montrer que les programmes d’ethnologie ou d’anthropologie des sciences, dont l’application est restée jusqu’à présent limitée aux sciences exactes et naturelles, sont justiciables d’une extension aux sciences sociales.

Les études de cas présentées en 2021-2022 portaient sur plusieurs disciplines (anthropologie culturelle, sociologie, histoire), ainsi que sur divers contextes nationaux (France, Grande-Bretagne, États-Unis) et historiques (seconde moitié du XIXe siècle, le XXe siècle, début du XXIe siècle). L’analyse de ces cas a servi à retracer les liens de filiation et de morphologie qui rattachent les constructions conceptuelles des sciences sociales à d’autres régimes de savoir : systèmes philosophiques, idéologies politiques, doctrines théologiques, représentations ordinaires. Cette année, l’accent particulier a été mis sur les relations entre les grandes théories des sciences sociales et la morphologie des doctrines chrétiennes. Dans le premier semestre, ce problème a été abordé au travers de la présentation de plusieurs théories qui, en apparence, n’ont aucun rapport avec le christianisme et dont certaines, comme l’anthropologie d’Edward Burnett Tylor, sont même considérées comme des machines de guerre antichrétiennes.

Dans le second semestre, ce même problème a été examiné à partir de l’analyse détaillée de l’œuvre d’un seul auteur, Bruno Latour. Considéré comme l’un des inventeurs de la théorie sociologique de l’acteur-réseau, un pionnier de l’enquête ethnographique sur les sciences, un éminent anthropologue de la Modernité, un représentant distingué du courant écologiste de la philosophie contemporaine, Latour est aujourd’hui l’un des théoriciens des sciences sociales les plus en vue. Les admirateurs de Latour ne s’accordent avec ses détracteurs que sur un seul point : ils avouent de concert qu’il leur est difficile de saisir les idées directrices d’une œuvre aussi protéiforme que surprenante.

 Le travail sur l’œuvre de Latour présenté pendant le second semestre partait de l’hypothèse selon laquelle il faut prendre Latour au sérieux lorsqu’il déclare être un penseur à système, accumulant avec opiniâtreté des travaux faussement hétéroclites, tous destinés à réaliser, comme il le dit, un « grand projet caché ». J’ai cherché à reconstituer la teneur de ce projet en le situant non pas sur le plan de la théorie socioanthropologique ou philosophique de Latour, mais sur le plan du système cosmologique sous-jacent à sa théorie. L’une des pistes explorées, sur la base des travaux inédits de Latour, portait sur le rôle matriciel des conceptions théologiques auxquelles Latour avait consacré son mémoire de maîtrise et sa thèse de doctorat.

Publications
  •  « La mystification autobiographique, un problème et une ressource. Le cas de Claude Lévi-Strauss », Revue de Synthèse, tome 144, 7e série, n° 1-2, 2022, p. 1-59.
  • « Pouvons-nous connaître la mythologie paléolithique ? », Anthropos, vol. 117, n° 1, 2022, p. 187-191.
  • Articles « De Man, Henri (1885-1953 »), « Démographie, surpopulation », « Race et histoire (1949), "Race et culture (1971)" », « UNESCO », « Wauters, Arthur (1890-1960) », dans Dictionnaire Lévi-Strauss, sous la dir. de Jean-Claude Monod, Paris, Robert Laffont, collection Bouquins, 2022, p. 297-302 ; 310-313 ; 835-842 ; 1068-1071 ; 1110-115.
  • « Poutine, l’Ukraine et la "propagande européenne" : le monde rêvé d’Andreï-Makine », L’Obs, le 18 mars 2022.
  • « Que redoute Vladimir Poutine ? », Telos, le 17 mars 2022.
  • « Putin nie oszalał, działa dokładnie tak, jak zawsze działali dyktatorzy Rosji », Gazeta Wyborcza, le 11 mars 2022.
  • « Vladimir Poutine est-il vraiment devenu fou ? », Le Figaro, le 1er mars 2022
  • « La guerre des visions du monde à l’Université », dans Crise de la raison publique, sous la dir. d’Isabelle de Mecquenem, Paris, Hermann, 2022, p. 103-114.
  • « Quand un colloque de grande qualité sur un sujet crucial devient, pour ses détracteurs, une machination diabolique...», Le Figaro, le 14 janvier 2022.
  • « Ludwik niejedno ma imię », Konteksty, vol. 75, n° 1-2, 2021, p. 369-373.