Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2023-2024.

UE26 - La notion d'exotisme et ses usages


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    1er semestre / hebdomadaire, jeudi 08:30-10:30
    du 14 octobre 2021 au 3 février 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 12 janvier 2022 09:57

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Anthropologie sociale Épistémologie Ethnographie Fiction Histoire culturelle Littérature Mémoire
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Gaetano Ciarcia [référent·e]   directeur de recherche, CNRS / Institut des mondes africains (IMAF)

Thème littéraire classique, mais aussi forme élémentaire d’appréhension de l’altérité, la notion d’exotisme peut être envisagée comme une « dérive » (Barthes) par rapport au référent prétendument stable de l’Occident ou comme un dispositif heuristique intrinsèque à la pratique et à l’écriture de l’ethnologie. D’après Georges Devereux, un principe de « sélectivité exotique » aurait affecté depuis ses débuts le récit anthropologique. De nos jours, la variation d’un tel principe est à l’œuvre dans les nombreux contextes où des individus et des groupes – à travers une logique de l’alternance entre un éloignement physique ou figuré et les assises, souvent imaginaires, d’un ensemble de repères familiers ou fondateurs – opèrent une sorte d’auto-distanciation de leur culture à affirmer et de leur passé parfois à réparer. Reprenant le terme de Victor Segalen, il semble donc intéressant de repenser et d’élargir la portée sémantique de la notion d’exotisme en tant que « technique » discursive, mais aussi en tant que ressource symbolique où se croisent les thèmes de l’ailleurs, de l’autrefois, de la perte ou de l’oubli d’un monde et de son recommencement.

Au cours de cette deuxième année de notre séminaire, dans le prolongement des thèmes que nous avons précédemment traités, nous allons poursuivre notre réflexion associant la critique de la notion d’exotisme dans les discours ethnologique et l’analyse de situations où il est possible d’observer cette notion à l’œuvre au prisme de la fabrication d’héritages, de stratégies identitaires et de logiques de l’appartenance. À l’appui de contextes qui ont fait l’objet de mes recherches ou de celles de chercheurs qui seront invités à intervenir, le séminaire interrogera la corrélation généalogique ainsi que les écarts épistémiques entre l’exotisme – en tant que répertoire littéraire et ethnologique – et ses usages sociaux contemporains. Selon l’hypothèse que nous allons discuter, ne correspondant foncièrement ni à une bibliothèque coloniale, ni à une narration fabuleuse toujours ethnocentrique, un tel répertoire est sans cesse mis à jour par diverses manières de fabriquer les origines, les siennes et celles d’autrui.

14 octobre 2021 : Gaetano Ciarcia, La notion d’exotisme et ses interprètes : entrepreneurs d’exotisme et individus-monde(s), 1re partie.

21 octobre 2021 : Gaetano Ciarcia, Entrepreneurs d’exotisme et individus-monde(s), 2e partie.

18 novembre 2021 : Magali Demanget (Université Paul-Valéry Montpellier / SENS), L’exotisme à contresens. Une quête moderne de chamanisme revisitée depuis le Mexique.

25 novembre 2021 : Altaïr Despres (IMAf), « Once you go black, you never go back ». Érotisme et pouvoir dans la sexualité interraciale.

2 décembre 2021 : Ary Gordien (CNRS / LARCA), Idéal blanc, sauvagerie noire : sociologiser le fétichisme racial et sexuel dans le monde gai antillais.

9 décembre 2021 : Olivier Leservoisier (Université de Paris / CEPED), Altérités et processus de catégorisation chez les migrants haalpulaaren vivant dans les quartiers afro-américains aux États-Unis.

16 décembre 2021 : Gaetano Ciarcia, Le passé extraverti des mémoires contemporaines de l’esclavage au Bénin.

6 janvier 2022 : Sabine Planel (IRD / IMAf), Construction et politisation de l’exotisme entre concitoyens : les peuples du Sud en Éthiopie.

13 janvier 2022 : Damien Mottier (Université Paris Nanterre / HAR), Exotisme et cinéma colonial : ambivalence des catégories et travail figuratif dans les films de Léon Poirier (Madagascar, 1926-1930). Séance reportée

20 janvier 2022 : Marianne Lemaire (CNRS / IMAf), Choix scripturaux des femmes anthropologues : l’exotisme à (bonne) distance.

27 janvier 2022 : Kali Argyriadis (IRD / URMIS) & Maud Laëthier (IRD / URMIS), Altérité endogène, exotisme, regard sur soi à Cuba et en Haïti (1920-1940) : la construction d’un merveilleux ethnologique ?

3 février 2022 : Damien Mottier (Université Paris Nanterre / HAR), Exotisme et cinéma colonial : ambivalence des catégories et travail figuratif dans les films de Léon Poirier (Madagascar, 1926-1930).

10 février 2022 : Gaetano Ciarcia, Réflexions conclusives et perspectives à venir.


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – Devoir écrit

Renseignements


Contacts additionnels
ciarcia.gaetano@wanadoo.fr
Informations pratiques

Gaetano Ciarcia, IMAF, Campus Condorcet RCI 3, Bätiment recherche SUD, bureau 3.134, 5 cours des humanités, 93300 Aubervilliers.

Direction de travaux des étudiants

master et doctorat.

Réception des candidats

sur rendez-vous uniquement, par courriel.

Pré-requis

masterants, doctorants, chercheurs, auditeurs libres.


Compte rendu


Le séminaire s’est déroulé durant le premier semestre de l’année 2021-2022.

Dans le prolongement de l’enseignement de l’année précédente et à l’appui de contextes qui ont fait l’objet de mes recherches ou de celles des collègues qui ont été invités à intervenir, le séminaire a interrogé la corrélation généalogique ainsi que les écarts épistémiques entre l’exotisme – en tant que répertoire littéraire et ethnologique – et ses usages sociaux contemporains.

Des chercheurs extérieurs y ont participé : Magali Demanget (Université Paul Valéry de Montpellier/Sens) sur la quête de chamanisme au Mexique ; Altaïr Despres (postdoctorante à l’IMAF) sur les rapports entre érotisme et pouvoir à Zanzibar ; Ary Gordien (CNRS/Larca) sur le fétichisme racial et sexuel dans le monde gay antillais ; Olivier Leservoisier (Université de Paris/Ceped) sur les processus de catégorisation chez les migrants haalpulaaren dans les quartiers afro-américains aux États-Unis ; Marianne Lemaire (Cnrs/Imaf) sur les choix scripturaux des femmes anthropologues ; Sabine Planel (CNRS/IMAF) sur la construction et la politisation de l’exotisme en Éthiopie ; Damien Mottier sur les rapports entre exotisme et colonialisme dans le cinéma de Léon Poirier ; Kali Argyriadis (IRD/Urmis) et Maud Laëthier (IRD/Urmis) sur l’exotisme dans les discours littéraire et ethnologiques à Cuba et en Haïti.

De mon côté, j’ai assuré quatre séances au cours desquelles j’ai décliné l’analyse des pratiques textuelles et sociales de l’exotisme, de l’anti-exotisme et de l’auto-exotisme en ethnologie et littérature ainsi que dans les divers contextes ethnographiques et historiques de mes enquêtes, notamment à travers l’examen des figures d’entrepreneurs d’exotisme et d’« individus-monde(s) ». J’ai également consacré une séance aux usages mémoriels du passé de l’esclavage dans le Bénin contemporain.

L’ensemble des interventions et leurs discussions ont permis de débattre avec les étudiants autour de la notion d’exotisme étudiée au prisme de pratiques locales et à travers les recherches produites par les chercheurs. S’agissant d’un sujet qui a constamment nourri ma réflexion, ce cycle d’enseignements m’a permis à la fois d’élaborer une synthèse du travail que j’ai déjà mené et de prolonger de nouvelles perspectives heuristiques susceptibles d’intégrer plus tard les contenus d’un ouvrage sur la question des rapports entre anthropologie, usages du passé, littérature et fiction. Le séminaire ne se tiendra pas au cours de l’année prochaine, cependant une partie de ses thématiques seront développées au sein de l’enseignement sur les usages publics du passé que je vais diriger, toujours à l’EHESS, avec mes collègues Sabina Loriga et David Schreiber.

Dernière modification : 12 janvier 2022 09:57

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Anthropologie sociale Épistémologie Ethnographie Fiction Histoire culturelle Littérature Mémoire
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Gaetano Ciarcia [référent·e]   directeur de recherche, CNRS / Institut des mondes africains (IMAF)

Thème littéraire classique, mais aussi forme élémentaire d’appréhension de l’altérité, la notion d’exotisme peut être envisagée comme une « dérive » (Barthes) par rapport au référent prétendument stable de l’Occident ou comme un dispositif heuristique intrinsèque à la pratique et à l’écriture de l’ethnologie. D’après Georges Devereux, un principe de « sélectivité exotique » aurait affecté depuis ses débuts le récit anthropologique. De nos jours, la variation d’un tel principe est à l’œuvre dans les nombreux contextes où des individus et des groupes – à travers une logique de l’alternance entre un éloignement physique ou figuré et les assises, souvent imaginaires, d’un ensemble de repères familiers ou fondateurs – opèrent une sorte d’auto-distanciation de leur culture à affirmer et de leur passé parfois à réparer. Reprenant le terme de Victor Segalen, il semble donc intéressant de repenser et d’élargir la portée sémantique de la notion d’exotisme en tant que « technique » discursive, mais aussi en tant que ressource symbolique où se croisent les thèmes de l’ailleurs, de l’autrefois, de la perte ou de l’oubli d’un monde et de son recommencement.

Au cours de cette deuxième année de notre séminaire, dans le prolongement des thèmes que nous avons précédemment traités, nous allons poursuivre notre réflexion associant la critique de la notion d’exotisme dans les discours ethnologique et l’analyse de situations où il est possible d’observer cette notion à l’œuvre au prisme de la fabrication d’héritages, de stratégies identitaires et de logiques de l’appartenance. À l’appui de contextes qui ont fait l’objet de mes recherches ou de celles de chercheurs qui seront invités à intervenir, le séminaire interrogera la corrélation généalogique ainsi que les écarts épistémiques entre l’exotisme – en tant que répertoire littéraire et ethnologique – et ses usages sociaux contemporains. Selon l’hypothèse que nous allons discuter, ne correspondant foncièrement ni à une bibliothèque coloniale, ni à une narration fabuleuse toujours ethnocentrique, un tel répertoire est sans cesse mis à jour par diverses manières de fabriquer les origines, les siennes et celles d’autrui.

14 octobre 2021 : Gaetano Ciarcia, La notion d’exotisme et ses interprètes : entrepreneurs d’exotisme et individus-monde(s), 1re partie.

21 octobre 2021 : Gaetano Ciarcia, Entrepreneurs d’exotisme et individus-monde(s), 2e partie.

18 novembre 2021 : Magali Demanget (Université Paul-Valéry Montpellier / SENS), L’exotisme à contresens. Une quête moderne de chamanisme revisitée depuis le Mexique.

25 novembre 2021 : Altaïr Despres (IMAf), « Once you go black, you never go back ». Érotisme et pouvoir dans la sexualité interraciale.

2 décembre 2021 : Ary Gordien (CNRS / LARCA), Idéal blanc, sauvagerie noire : sociologiser le fétichisme racial et sexuel dans le monde gai antillais.

9 décembre 2021 : Olivier Leservoisier (Université de Paris / CEPED), Altérités et processus de catégorisation chez les migrants haalpulaaren vivant dans les quartiers afro-américains aux États-Unis.

16 décembre 2021 : Gaetano Ciarcia, Le passé extraverti des mémoires contemporaines de l’esclavage au Bénin.

6 janvier 2022 : Sabine Planel (IRD / IMAf), Construction et politisation de l’exotisme entre concitoyens : les peuples du Sud en Éthiopie.

13 janvier 2022 : Damien Mottier (Université Paris Nanterre / HAR), Exotisme et cinéma colonial : ambivalence des catégories et travail figuratif dans les films de Léon Poirier (Madagascar, 1926-1930). Séance reportée

20 janvier 2022 : Marianne Lemaire (CNRS / IMAf), Choix scripturaux des femmes anthropologues : l’exotisme à (bonne) distance.

27 janvier 2022 : Kali Argyriadis (IRD / URMIS) & Maud Laëthier (IRD / URMIS), Altérité endogène, exotisme, regard sur soi à Cuba et en Haïti (1920-1940) : la construction d’un merveilleux ethnologique ?

3 février 2022 : Damien Mottier (Université Paris Nanterre / HAR), Exotisme et cinéma colonial : ambivalence des catégories et travail figuratif dans les films de Léon Poirier (Madagascar, 1926-1930).

10 février 2022 : Gaetano Ciarcia, Réflexions conclusives et perspectives à venir.

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – Devoir écrit
Contacts additionnels
ciarcia.gaetano@wanadoo.fr
Informations pratiques

Gaetano Ciarcia, IMAF, Campus Condorcet RCI 3, Bätiment recherche SUD, bureau 3.134, 5 cours des humanités, 93300 Aubervilliers.

Direction de travaux des étudiants

master et doctorat.

Réception des candidats

sur rendez-vous uniquement, par courriel.

Pré-requis

masterants, doctorants, chercheurs, auditeurs libres.

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    1er semestre / hebdomadaire, jeudi 08:30-10:30
    du 14 octobre 2021 au 3 février 2022
    Nombre de séances : 12

Le séminaire s’est déroulé durant le premier semestre de l’année 2021-2022.

Dans le prolongement de l’enseignement de l’année précédente et à l’appui de contextes qui ont fait l’objet de mes recherches ou de celles des collègues qui ont été invités à intervenir, le séminaire a interrogé la corrélation généalogique ainsi que les écarts épistémiques entre l’exotisme – en tant que répertoire littéraire et ethnologique – et ses usages sociaux contemporains.

Des chercheurs extérieurs y ont participé : Magali Demanget (Université Paul Valéry de Montpellier/Sens) sur la quête de chamanisme au Mexique ; Altaïr Despres (postdoctorante à l’IMAF) sur les rapports entre érotisme et pouvoir à Zanzibar ; Ary Gordien (CNRS/Larca) sur le fétichisme racial et sexuel dans le monde gay antillais ; Olivier Leservoisier (Université de Paris/Ceped) sur les processus de catégorisation chez les migrants haalpulaaren dans les quartiers afro-américains aux États-Unis ; Marianne Lemaire (Cnrs/Imaf) sur les choix scripturaux des femmes anthropologues ; Sabine Planel (CNRS/IMAF) sur la construction et la politisation de l’exotisme en Éthiopie ; Damien Mottier sur les rapports entre exotisme et colonialisme dans le cinéma de Léon Poirier ; Kali Argyriadis (IRD/Urmis) et Maud Laëthier (IRD/Urmis) sur l’exotisme dans les discours littéraire et ethnologiques à Cuba et en Haïti.

De mon côté, j’ai assuré quatre séances au cours desquelles j’ai décliné l’analyse des pratiques textuelles et sociales de l’exotisme, de l’anti-exotisme et de l’auto-exotisme en ethnologie et littérature ainsi que dans les divers contextes ethnographiques et historiques de mes enquêtes, notamment à travers l’examen des figures d’entrepreneurs d’exotisme et d’« individus-monde(s) ». J’ai également consacré une séance aux usages mémoriels du passé de l’esclavage dans le Bénin contemporain.

L’ensemble des interventions et leurs discussions ont permis de débattre avec les étudiants autour de la notion d’exotisme étudiée au prisme de pratiques locales et à travers les recherches produites par les chercheurs. S’agissant d’un sujet qui a constamment nourri ma réflexion, ce cycle d’enseignements m’a permis à la fois d’élaborer une synthèse du travail que j’ai déjà mené et de prolonger de nouvelles perspectives heuristiques susceptibles d’intégrer plus tard les contenus d’un ouvrage sur la question des rapports entre anthropologie, usages du passé, littérature et fiction. Le séminaire ne se tiendra pas au cours de l’année prochaine, cependant une partie de ses thématiques seront développées au sein de l’enseignement sur les usages publics du passé que je vais diriger, toujours à l’EHESS, avec mes collègues Sabina Loriga et David Schreiber.