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UE25 - Anthropologie comparée de l'Asie du Sud-Est


Lieu et planning


  • Maison de l'Asie
    22 av du Président-Wilson 75016 Paris
    2nd semestre / bimensuel (1re/3e), jeudi 14:00-17:00
    du 3 mars 2022 au 16 juin 2022
    Nombre de séances : 9


Description


Dernière modification : 11 février 2022 13:36

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
-
Aires culturelles
Asie Asie sud-orientale
Intervenant·e·s
  • Vanina Bouté [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre Asie du Sud-Est (CASE)
  • Yves Goudineau   directeur d'études, EFEO / Centre Asie du Sud-Est (CASE)
  • Catherine Scheer   maîtresse de conférences, EFEO / Centre Asie du Sud-Est (CASE)

Ethnicité et dynamiques historiques d’intégration politique et culturelle

Le séminaire introduit à l’analyse des relations complexes qui se sont instituées entre les populations occupant les zones de montagnes et/ou de forêts, soit une vaste partie de l’Asie du Sud-Est continentale, et les pouvoirs centraux, coloniaux puis nationaux. Les études sur ces populations dites des marges ont généralement contribué à alimenter une perception antagoniste, soit se situant dans la perspective d’une dilution inéluctable des cultures minoritaires dans les cultures nationales imposées, soit, à l’inverse, mettant en exergue la résistance des minorités ethniques ou leur « fuite » durable au cours de l’histoire face à la logique de contrôle étatique. À partir de l’analyse comparée d’ethnographies détaillées, nous proposons de complexifier cette vision dichotomisée, et par trop réductrice, en montrant des phénomènes d’interaction, d’interdépendance, voire d’appropriation mutuelle entre « centres » et « marges » dans l’histoire récente de l’Asie du Sud-Est.

Jeudi 3 mars 2022

  • [14h-16h] Yves Goudineau (CASE/EFEO), « Introduction au séminaire »
  • [Atelier 16h-17h – Discussion de Izikowitz, Karl Gustav 1969. « Neighbours in Laos », In F. Barth (éd.), Ethnic Groups and Boundaries, Londres : George Allen & Unwin, pp. 135-149.]

Jeudi 17 mars 2022

  • [14h-16h] François Robinne (IRASIA, CNRS), « Pour une anthropographie des carrefours sociaux »
  • [Atelier 16h-17h - Discussion de Alexander Horstmann, 2002, « Incorporation and Resistance: Border-Crossings and Social Transformation in Southeast Asia », Anthropologi Indonesia 67: 12–29.]

Jeudi 31 mars 2022

  • [14h-16h] Pierre Petit (université libre de Bruxelles, professeur invité EHESS), « Histoire et mémoire chez les Tai Vat du haut Laos »
  • [Atelier 16h-17h – Discussion de Olivier Evrard, 2019, « From Tai-isation to Lao-isation: Ethnic changes in the longue durée in Northern Laos », The Australian Journal of Anthropology 30, pp. 228-242.]

Jeudi 7 avril 2022

  • [14h-16h] Alexander Horstmann (Friedrich-Alexander University, Erlangen, Germany), « Ethno-history of forced migration from highland Southeast Asia »
  • [Atelier 16h-17h - Discussion de Yves Goudineau, 2000, « Ethnicité et déterritorialisation dans la péninsule Indochinoise : considérations à partir du Laos », Autrepart 14, pp. 17-31]

Jeudi 21 avril 2022

  • [14h-16h] Jonathan Padwe (univ. Hawaii, professeur invité EHESS), « Mosquitoes and the Making of the Annamite Hill Country: A Parasitical Speculative History ».
  • [Atelier 16h-17h - Discussion de Jacques Dournes, 1974, « Le Milieu Jörai: Éléments d’ethno-écologie d’une ethnie indochinoise », Études Rurales, n°53-54-55–56, pp. 487-503]

Jeudi 12 mai 2022

  • [14h-16h] Jacques Leider (EFEO), « Un point de vue décentré sur l’histoire des marges entre Birmanie et Inde ».
  • [Atelier 16h-17h - Discussion de Victor Lieberman, 1978, « Ethnic Politics in Eighteenth-Century Burma », Modern Asian Studies, 12, n°3, pp. 455-482.]

Jeudi 19 mai 2022

  • [14h-16h] Oliver Tappe (univ. Heidelberg), « Mobility and Mimesis in Houaphan : Historical trajectories of interethnic relations in the Lao-Vietnamese borderlands ».
  • [Atelier 16h-17h - Discussion de Grant Evans, 2000, « Tai-ization: Ethnic Change in Northern Indo-China ». In A. Turton (éd.), Civility and Savagery: Social Identity in Tai States, Richmond : Curzon, pp. 263-290.]

Jeudi 2 juin 2022

  • [14h-16h] Jean Michaud (univ. Laval, Québec, professeur invité EHESS), « The Art of Not Being Scripted So Much: Musings on the Absence of a Common Writing System for Hmong Language(s) ».
  • [Atelier 16h-17h – Discussion de James C. Scott, « Chapitre 6. Oralité, écritures, textes », Zomia, pp. 291-309 (The Art of Not Being Governed: An Anarchist History of Upland Southeast Asia, 2009, Yale University Press)].

Jeudi 16 juin 2022


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu
  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

1e et 3e jeudi du mois de 14 h à 17 h, à partir du 3 mars 2022 ; Maison de l’Asie (Grand salon, 1er étage), 22 avenue du Président Wilson, 75016 Paris.

Inscription auprès de l’enseignant référent (vannina.boute@ehess.fr)

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire a prolongé la recherche sur la thématique « Ethnicité et dynamiques historiques d’intégration politique et culturelle en Asie du Sud-Est » entreprise depuis deux ans. Croisant ethnographie et histoire, l’analyse a porté particulièrement cette année sur les relations complexes qui se sont instituées en Asie du Sud-Est continentale entre les populations dites « marginales » occupant les zones de montagnes et/ou de forêt, soit une vaste part de cette région, et les pouvoirs centralisés, civilisations locales puis administrations coloniales et, plus récemment, gouvernements nationaux. Les diverses situations examinées ont confirmé la nécessité de dépasser la simple dichotomie « centres versus périphéries » trop souvent réduite à la seule alternative : dilution inéluctable des cultures minoritaires dans les cultures nationales imposées – ou bien, résistance séculaire des minorités ethniques contre toute logique de contrôle étatique.

Deux angles d’études principaux ont guidé la réflexion. D’une part, la multiplication de situations trans-ethniques liées à des mobilités rurales vers les centres urbains ou à des migrations transnationales qui tendent à dissoudre la prégnance d’un déterminisme ethnique. D’autre part, semblant aller dans un sens contraire, la mise en place de dispositifs mémoriels, certains conçus localement dans un esprit d’affirmation identitaire contre le pouvoir central (Birmanie), mais d’autres entièrement instrumentalisés par ce dernier (Vietnam, Laos).

Les déplacements massifs de populations, dans le passé ou contemporains, souvent orchestrés par les centres de pouvoir auxquels ils ont pu être inféodés ou intégrés à différentes époques, ont conduit dans différentes parties de la péninsule à des entrecroisements ou métissages linguistiques, culturels et religieux (Birmanie, Laos). De même, les dynamiques de déterritorialisation (au sens propre comme dans un sens deleuzien) conduisant aujourd’hui des populations montagnardes à occuper des quartiers de mégapoles régionales (Bangkok notamment) ont généré de véritables « carrefours sociaux » (François Robinne). Ce sont également ces dynamiques contemporaines de déplacements forcés des populations qui ont été au cœur de plusieurs analyses présentées au cours du séminaire – notamment pour la Thaïlande – en montrant la récurrence au cours des deux derniers siècles. Pour des périodes antérieures, des études localisées – d’abord aux hautes terres du Cambodge, puis étendues à l’ensemble des hauts plateaux de la Chaîne annamitique – ont suggéré qu’il pourrait être possible également de comprendre les phénomènes de mobilité, de migrations, de déplacements des populations montagnardes à la lumière d’une cartographie des épisodes pandémiques (choléra, peste, etc.).

L’analyse de discours relatifs aux dynamiques mémorielles de l’ethnicité, souvent différenciées et parfois opposées selon les cultures locales ou les histoires nationales considérées, a fait également l’objet de plusieurs séances. Qui sont les détenteurs de la mémoire aujourd’hui dans les sociétés locales et comment confronter l’oralité de ces mémoires avec les archives et autres documents écrits ? Ces questions ont été abordées pour plusieurs terrains d’étude, au Laos et en Birmanie notamment. Il a été question de l’instrumentalisation des mémoires et des relations interethniques, particulièrement par les pouvoirs socialistes lao et vietnamien, ou par les militaires birmans, au travers d’enquêtes sur l’origine et le contrôle de « lieux de mémoire » installés à certaines frontières de ces pays.

Le séminaire a accueilli plusieurs collègues qui sont intervenus lors des séances, notamment Pierre Petit (Université libre de Bruxelles), François Robinne (CNRS), Alexander Horstmann (Friedrich-Alexander University), Jean Michaud (Université Laval), Jonathan Padwe (University of Hawaii), Jacques Leider (EFEO), Oliver Tappe (Université de Heidelberg).

Le séminaire a été organisé en séances de trois heures chacune. Les deux premières heures ont été consacrées à l’exposé de matériaux ethnographiques et d’archives originales sur les thématiques rappelées ci-dessus. La troisième heure a été réservée à la relecture d’un texte d’anthropologie sur l’Asie du Sud-Est (textes de Izikowitz, Evans, Horstmann, Liebermann, Scott,  Dove, etc.), choisi en raison d’une approche particulière liant histoire et anthropologie et pouvant faire écho à l’intervention qui précédait. Chaque texte a été présenté et analysé par un étudiant de Master 1 ou Master 2 devant valider le séminaire, et discuté ensuite collectivement.

Publications
  • « Soothsayers and horoscopes: New modes of inquiring into the future in northern Laos », Social Anthropology, vol. 29, special issue « Upland Pioneers: Future Aspirations, Moral Imaginaries and Emerging Religiosities in Upland Southeast Asia », 2021, p. 748-762.
  • « Religious Changes, Ethnic minorities and the State in Laos », Taiwan Journal of Southeast Asian Studies, 16 (2), 2021, p. 79-110.

Dernière modification : 11 février 2022 13:36

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
-
Aires culturelles
Asie Asie sud-orientale
Intervenant·e·s
  • Vanina Bouté [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre Asie du Sud-Est (CASE)
  • Yves Goudineau   directeur d'études, EFEO / Centre Asie du Sud-Est (CASE)
  • Catherine Scheer   maîtresse de conférences, EFEO / Centre Asie du Sud-Est (CASE)

Ethnicité et dynamiques historiques d’intégration politique et culturelle

Le séminaire introduit à l’analyse des relations complexes qui se sont instituées entre les populations occupant les zones de montagnes et/ou de forêts, soit une vaste partie de l’Asie du Sud-Est continentale, et les pouvoirs centraux, coloniaux puis nationaux. Les études sur ces populations dites des marges ont généralement contribué à alimenter une perception antagoniste, soit se situant dans la perspective d’une dilution inéluctable des cultures minoritaires dans les cultures nationales imposées, soit, à l’inverse, mettant en exergue la résistance des minorités ethniques ou leur « fuite » durable au cours de l’histoire face à la logique de contrôle étatique. À partir de l’analyse comparée d’ethnographies détaillées, nous proposons de complexifier cette vision dichotomisée, et par trop réductrice, en montrant des phénomènes d’interaction, d’interdépendance, voire d’appropriation mutuelle entre « centres » et « marges » dans l’histoire récente de l’Asie du Sud-Est.

Jeudi 3 mars 2022

  • [14h-16h] Yves Goudineau (CASE/EFEO), « Introduction au séminaire »
  • [Atelier 16h-17h – Discussion de Izikowitz, Karl Gustav 1969. « Neighbours in Laos », In F. Barth (éd.), Ethnic Groups and Boundaries, Londres : George Allen & Unwin, pp. 135-149.]

Jeudi 17 mars 2022

  • [14h-16h] François Robinne (IRASIA, CNRS), « Pour une anthropographie des carrefours sociaux »
  • [Atelier 16h-17h - Discussion de Alexander Horstmann, 2002, « Incorporation and Resistance: Border-Crossings and Social Transformation in Southeast Asia », Anthropologi Indonesia 67: 12–29.]

Jeudi 31 mars 2022

  • [14h-16h] Pierre Petit (université libre de Bruxelles, professeur invité EHESS), « Histoire et mémoire chez les Tai Vat du haut Laos »
  • [Atelier 16h-17h – Discussion de Olivier Evrard, 2019, « From Tai-isation to Lao-isation: Ethnic changes in the longue durée in Northern Laos », The Australian Journal of Anthropology 30, pp. 228-242.]

Jeudi 7 avril 2022

  • [14h-16h] Alexander Horstmann (Friedrich-Alexander University, Erlangen, Germany), « Ethno-history of forced migration from highland Southeast Asia »
  • [Atelier 16h-17h - Discussion de Yves Goudineau, 2000, « Ethnicité et déterritorialisation dans la péninsule Indochinoise : considérations à partir du Laos », Autrepart 14, pp. 17-31]

Jeudi 21 avril 2022

  • [14h-16h] Jonathan Padwe (univ. Hawaii, professeur invité EHESS), « Mosquitoes and the Making of the Annamite Hill Country: A Parasitical Speculative History ».
  • [Atelier 16h-17h - Discussion de Jacques Dournes, 1974, « Le Milieu Jörai: Éléments d’ethno-écologie d’une ethnie indochinoise », Études Rurales, n°53-54-55–56, pp. 487-503]

Jeudi 12 mai 2022

  • [14h-16h] Jacques Leider (EFEO), « Un point de vue décentré sur l’histoire des marges entre Birmanie et Inde ».
  • [Atelier 16h-17h - Discussion de Victor Lieberman, 1978, « Ethnic Politics in Eighteenth-Century Burma », Modern Asian Studies, 12, n°3, pp. 455-482.]

Jeudi 19 mai 2022

  • [14h-16h] Oliver Tappe (univ. Heidelberg), « Mobility and Mimesis in Houaphan : Historical trajectories of interethnic relations in the Lao-Vietnamese borderlands ».
  • [Atelier 16h-17h - Discussion de Grant Evans, 2000, « Tai-ization: Ethnic Change in Northern Indo-China ». In A. Turton (éd.), Civility and Savagery: Social Identity in Tai States, Richmond : Curzon, pp. 263-290.]

Jeudi 2 juin 2022

  • [14h-16h] Jean Michaud (univ. Laval, Québec, professeur invité EHESS), « The Art of Not Being Scripted So Much: Musings on the Absence of a Common Writing System for Hmong Language(s) ».
  • [Atelier 16h-17h – Discussion de James C. Scott, « Chapitre 6. Oralité, écritures, textes », Zomia, pp. 291-309 (The Art of Not Being Governed: An Anarchist History of Upland Southeast Asia, 2009, Yale University Press)].

Jeudi 16 juin 2022

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu
  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – contrôle continu
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

1e et 3e jeudi du mois de 14 h à 17 h, à partir du 3 mars 2022 ; Maison de l’Asie (Grand salon, 1er étage), 22 avenue du Président Wilson, 75016 Paris.

Inscription auprès de l’enseignant référent (vannina.boute@ehess.fr)

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats
-
Pré-requis
-
  • Maison de l'Asie
    22 av du Président-Wilson 75016 Paris
    2nd semestre / bimensuel (1re/3e), jeudi 14:00-17:00
    du 3 mars 2022 au 16 juin 2022
    Nombre de séances : 9

Le séminaire a prolongé la recherche sur la thématique « Ethnicité et dynamiques historiques d’intégration politique et culturelle en Asie du Sud-Est » entreprise depuis deux ans. Croisant ethnographie et histoire, l’analyse a porté particulièrement cette année sur les relations complexes qui se sont instituées en Asie du Sud-Est continentale entre les populations dites « marginales » occupant les zones de montagnes et/ou de forêt, soit une vaste part de cette région, et les pouvoirs centralisés, civilisations locales puis administrations coloniales et, plus récemment, gouvernements nationaux. Les diverses situations examinées ont confirmé la nécessité de dépasser la simple dichotomie « centres versus périphéries » trop souvent réduite à la seule alternative : dilution inéluctable des cultures minoritaires dans les cultures nationales imposées – ou bien, résistance séculaire des minorités ethniques contre toute logique de contrôle étatique.

Deux angles d’études principaux ont guidé la réflexion. D’une part, la multiplication de situations trans-ethniques liées à des mobilités rurales vers les centres urbains ou à des migrations transnationales qui tendent à dissoudre la prégnance d’un déterminisme ethnique. D’autre part, semblant aller dans un sens contraire, la mise en place de dispositifs mémoriels, certains conçus localement dans un esprit d’affirmation identitaire contre le pouvoir central (Birmanie), mais d’autres entièrement instrumentalisés par ce dernier (Vietnam, Laos).

Les déplacements massifs de populations, dans le passé ou contemporains, souvent orchestrés par les centres de pouvoir auxquels ils ont pu être inféodés ou intégrés à différentes époques, ont conduit dans différentes parties de la péninsule à des entrecroisements ou métissages linguistiques, culturels et religieux (Birmanie, Laos). De même, les dynamiques de déterritorialisation (au sens propre comme dans un sens deleuzien) conduisant aujourd’hui des populations montagnardes à occuper des quartiers de mégapoles régionales (Bangkok notamment) ont généré de véritables « carrefours sociaux » (François Robinne). Ce sont également ces dynamiques contemporaines de déplacements forcés des populations qui ont été au cœur de plusieurs analyses présentées au cours du séminaire – notamment pour la Thaïlande – en montrant la récurrence au cours des deux derniers siècles. Pour des périodes antérieures, des études localisées – d’abord aux hautes terres du Cambodge, puis étendues à l’ensemble des hauts plateaux de la Chaîne annamitique – ont suggéré qu’il pourrait être possible également de comprendre les phénomènes de mobilité, de migrations, de déplacements des populations montagnardes à la lumière d’une cartographie des épisodes pandémiques (choléra, peste, etc.).

L’analyse de discours relatifs aux dynamiques mémorielles de l’ethnicité, souvent différenciées et parfois opposées selon les cultures locales ou les histoires nationales considérées, a fait également l’objet de plusieurs séances. Qui sont les détenteurs de la mémoire aujourd’hui dans les sociétés locales et comment confronter l’oralité de ces mémoires avec les archives et autres documents écrits ? Ces questions ont été abordées pour plusieurs terrains d’étude, au Laos et en Birmanie notamment. Il a été question de l’instrumentalisation des mémoires et des relations interethniques, particulièrement par les pouvoirs socialistes lao et vietnamien, ou par les militaires birmans, au travers d’enquêtes sur l’origine et le contrôle de « lieux de mémoire » installés à certaines frontières de ces pays.

Le séminaire a accueilli plusieurs collègues qui sont intervenus lors des séances, notamment Pierre Petit (Université libre de Bruxelles), François Robinne (CNRS), Alexander Horstmann (Friedrich-Alexander University), Jean Michaud (Université Laval), Jonathan Padwe (University of Hawaii), Jacques Leider (EFEO), Oliver Tappe (Université de Heidelberg).

Le séminaire a été organisé en séances de trois heures chacune. Les deux premières heures ont été consacrées à l’exposé de matériaux ethnographiques et d’archives originales sur les thématiques rappelées ci-dessus. La troisième heure a été réservée à la relecture d’un texte d’anthropologie sur l’Asie du Sud-Est (textes de Izikowitz, Evans, Horstmann, Liebermann, Scott,  Dove, etc.), choisi en raison d’une approche particulière liant histoire et anthropologie et pouvant faire écho à l’intervention qui précédait. Chaque texte a été présenté et analysé par un étudiant de Master 1 ou Master 2 devant valider le séminaire, et discuté ensuite collectivement.

Publications
  • « Soothsayers and horoscopes: New modes of inquiring into the future in northern Laos », Social Anthropology, vol. 29, special issue « Upland Pioneers: Future Aspirations, Moral Imaginaries and Emerging Religiosities in Upland Southeast Asia », 2021, p. 748-762.
  • « Religious Changes, Ethnic minorities and the State in Laos », Taiwan Journal of Southeast Asian Studies, 16 (2), 2021, p. 79-110.