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UE234 - Performatif et vérité : témoignage, aveu, confession


Lieu et planning


  • Autre lieu Paris
    Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne, Campus Port Royal, 37 bd Port Royal (entrée par le 1 rue de la Glacière) 75013 Paris
    annuel / bimensuel (1re/3e), jeudi 11:00-13:00
    du 18 novembre 2021 au 2 juin 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 25 mars 2022 13:53

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Linguistique, sémantique, Philosophie et épistémologie, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Analyse de discours Anthropologie et linguistique Philosophie Philosophie analytique Pragmatique Religieux (sciences sociales du)
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe France
Intervenant·e·s
  • Michel de Fornel [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Bruno Ambroise   chargé de recherche, CNRS
  • Philippe Büttgen   professeur des universités, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Le séminaire poursuivra la réflexion déjà initiée sur la dimension performative de l'assertion. Reprenant les débats classiques et contemporains en philosophie du langage et en pragmatique, il mobilisera les ressources de l'anthropologie linguistique, de la philosophie des religions et de l'histoire pour comparer et analyser les aspects sociaux et politiques, souvent ignorés, d'actes de parole ayant pour objet de « dire le vrai », et qui restent inadéquatement saisis au moyen du traitement standard de l'assertion. On étudiera ainsi les configurations socio-historiques et anthropologiques associées à des actes de parole comme la profession de foi, la confession des péchés et différentes formes de témoignage, afin de souligner la complexité de ces actes de parole, d'élucider le statut de leur(s) énonciateur(s) et d'en interroger les contextes d'énonciation. On pourra s’intéresser ensuite, toujours à titre comparatif,  à des actes de parole appartenant à d'autres familles, comme les comportatifs et les promissifs

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages (M1) – M1/S1-S2
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Michel de Fornel par courriel.

Direction de travaux des étudiants

jeudi, de 14 h à 17 h, sur rendez-vous par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous, par courriel.

Pré-requis

ouvert à tous les étudiants.


Compte rendu


Le séminaire a poursuivi dans une double direction la réflexion initiée l’année précédente sur la dimension performative de l'assertion. Reprenant les débats classiques et contemporains en philosophie du langage et en pragmatique, on a montré dans un premier temps les apories de la théorie standard de l’assertion. On a cherché ensuite à préciser les contours d’une théorie contextuelle et sociale de l’assertion permettant une réappropriation du concept de performatif. Michel de Fornel a en particulier procédé à un examen critique de la place de l’assertion dans le modèle d’orientation pragmatiste des actes de parole développé par M. Lance et R. Kukla dans Yo ! and Lo ! : The Pragmatic Topography of The Space of Reasons. L'intérêt de ce modèle tient à ce qu'il propose une classification des actes de parole centrée sur la structure d’interpellation propre à chaque classe d’acte et qu'il permet de qualifier de façon plus précise que Brandom ou Moran le statut interlocutoire d’un acte assertif.

Le cadre de notre réflexion étant posé, nous avons précisé le rôle que peuvent jouer l'anthropologie linguistique, la philosophie des religions et l'histoire dans la comparaison et l’analyse des aspects sociaux et politiques, souvent ignorés, d'actes de parole ayant pour objet de « dire le vrai », et qui restent inadéquatement saisis au moyen du seul traitement de l'assertion dans sa dimension générique. Plusieurs séances ont été ainsi consacrées à l’examen d’un premier type d’acte assertif, le témoignage. Selon un point de vue (développé en particulier par A. Coady), le témoignage dans nos pratiques ordinaires doit être analysé dans son rapport au témoignage juridique, dont il constitue une variante moins formelle. On peut opposer à ce point de vue une vision qui cherche au contraire à montrer le caractère secondaire du témoignage juridique en raison de l’existence d’un formatage, que l’on peut spécifier sur le plan interactionnel, destiné à permettre une distanciation avec l’expérience vécue. Élise Marrou nous a présenté son analyse des conditions permettant à un tel acte d’être une source d’autorité épistémique. Bruno Ambroise a comparé la perspective de A. Coady – le témoignage comme acte de parole consistant à transmettre de l’information et valant comme preuve (evidence) – et celles de J. L. Austin et de R. Moran, centrées en priorité sur les conditions du témoignage comme acte intersubjectif engageant la reconnaissance par l’interlocuteur de l’engagement du locuteur. La présentation de Marion Vorms a permis d’aborder le problème du témoignage comme source épistémique et a conduit à s’interroger sur les propriétés contextuelles d’un témoignage crédible. Notre réflexion a aussi inclus la dimension juridique avec l’intervention de Pierre-Yves Quiviger.

Dans la seconde phase de l’année, le séminaire a prolongé l’enquête menée l’année précédente du dispositif de la confession. Philippe Büttgen a consacré plusieurs séances aux trois confessions de Saint Augustin. À partir d’une discussion critique des lectures des Confessions proposées par Derrida, Lyotard et Marion, il a fait apparaître l’importance que revêt la dimension formulaire dans la perspective d’une philosophie de la religion. Ouvrant un dialogue critique avec l’anthropologie de la religion, il a esquissé une analyse nouvelle de l’assertion confessante, et défini ce qui la distingue de l’énoncé dogmatique. Michel de Fornel a clos l’année avec plusieurs séances consacrées aux incantations. Après avoir rappelé que c’est à partir de son enquête sur les incantations que Malinowski a formulé son modèle pragmatique du langage, il a examiné la tentative de Tambiah de le reformuler en termes austiniens, ainsi que les critiques qu’elle a soulevées. Il a ensuite montré, à partir d’un corpus d’incantations cherokee, que les incantations peuvent utiliser, à côté des formes impératives ou injonctives, des énoncés déclaratifs dont il a analysé le statut de performatif. La séance finale a été consacrée à une discussion avec Irène Rosier de l’analyse des formules incantatoires par les théologiens du Moyen Âge.

Dernière modification : 25 mars 2022 13:53

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Linguistique, sémantique, Philosophie et épistémologie, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Analyse de discours Anthropologie et linguistique Philosophie Philosophie analytique Pragmatique Religieux (sciences sociales du)
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe France
Intervenant·e·s
  • Michel de Fornel [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Bruno Ambroise   chargé de recherche, CNRS
  • Philippe Büttgen   professeur des universités, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Le séminaire poursuivra la réflexion déjà initiée sur la dimension performative de l'assertion. Reprenant les débats classiques et contemporains en philosophie du langage et en pragmatique, il mobilisera les ressources de l'anthropologie linguistique, de la philosophie des religions et de l'histoire pour comparer et analyser les aspects sociaux et politiques, souvent ignorés, d'actes de parole ayant pour objet de « dire le vrai », et qui restent inadéquatement saisis au moyen du traitement standard de l'assertion. On étudiera ainsi les configurations socio-historiques et anthropologiques associées à des actes de parole comme la profession de foi, la confession des péchés et différentes formes de témoignage, afin de souligner la complexité de ces actes de parole, d'élucider le statut de leur(s) énonciateur(s) et d'en interroger les contextes d'énonciation. On pourra s’intéresser ensuite, toujours à titre comparatif,  à des actes de parole appartenant à d'autres familles, comme les comportatifs et les promissifs

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages (M1) – M1/S1-S2
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Michel de Fornel par courriel.

Direction de travaux des étudiants

jeudi, de 14 h à 17 h, sur rendez-vous par courriel.

Réception des candidats

sur rendez-vous, par courriel.

Pré-requis

ouvert à tous les étudiants.

  • Autre lieu Paris
    Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne, Campus Port Royal, 37 bd Port Royal (entrée par le 1 rue de la Glacière) 75013 Paris
    annuel / bimensuel (1re/3e), jeudi 11:00-13:00
    du 18 novembre 2021 au 2 juin 2022
    Nombre de séances : 12

Le séminaire a poursuivi dans une double direction la réflexion initiée l’année précédente sur la dimension performative de l'assertion. Reprenant les débats classiques et contemporains en philosophie du langage et en pragmatique, on a montré dans un premier temps les apories de la théorie standard de l’assertion. On a cherché ensuite à préciser les contours d’une théorie contextuelle et sociale de l’assertion permettant une réappropriation du concept de performatif. Michel de Fornel a en particulier procédé à un examen critique de la place de l’assertion dans le modèle d’orientation pragmatiste des actes de parole développé par M. Lance et R. Kukla dans Yo ! and Lo ! : The Pragmatic Topography of The Space of Reasons. L'intérêt de ce modèle tient à ce qu'il propose une classification des actes de parole centrée sur la structure d’interpellation propre à chaque classe d’acte et qu'il permet de qualifier de façon plus précise que Brandom ou Moran le statut interlocutoire d’un acte assertif.

Le cadre de notre réflexion étant posé, nous avons précisé le rôle que peuvent jouer l'anthropologie linguistique, la philosophie des religions et l'histoire dans la comparaison et l’analyse des aspects sociaux et politiques, souvent ignorés, d'actes de parole ayant pour objet de « dire le vrai », et qui restent inadéquatement saisis au moyen du seul traitement de l'assertion dans sa dimension générique. Plusieurs séances ont été ainsi consacrées à l’examen d’un premier type d’acte assertif, le témoignage. Selon un point de vue (développé en particulier par A. Coady), le témoignage dans nos pratiques ordinaires doit être analysé dans son rapport au témoignage juridique, dont il constitue une variante moins formelle. On peut opposer à ce point de vue une vision qui cherche au contraire à montrer le caractère secondaire du témoignage juridique en raison de l’existence d’un formatage, que l’on peut spécifier sur le plan interactionnel, destiné à permettre une distanciation avec l’expérience vécue. Élise Marrou nous a présenté son analyse des conditions permettant à un tel acte d’être une source d’autorité épistémique. Bruno Ambroise a comparé la perspective de A. Coady – le témoignage comme acte de parole consistant à transmettre de l’information et valant comme preuve (evidence) – et celles de J. L. Austin et de R. Moran, centrées en priorité sur les conditions du témoignage comme acte intersubjectif engageant la reconnaissance par l’interlocuteur de l’engagement du locuteur. La présentation de Marion Vorms a permis d’aborder le problème du témoignage comme source épistémique et a conduit à s’interroger sur les propriétés contextuelles d’un témoignage crédible. Notre réflexion a aussi inclus la dimension juridique avec l’intervention de Pierre-Yves Quiviger.

Dans la seconde phase de l’année, le séminaire a prolongé l’enquête menée l’année précédente du dispositif de la confession. Philippe Büttgen a consacré plusieurs séances aux trois confessions de Saint Augustin. À partir d’une discussion critique des lectures des Confessions proposées par Derrida, Lyotard et Marion, il a fait apparaître l’importance que revêt la dimension formulaire dans la perspective d’une philosophie de la religion. Ouvrant un dialogue critique avec l’anthropologie de la religion, il a esquissé une analyse nouvelle de l’assertion confessante, et défini ce qui la distingue de l’énoncé dogmatique. Michel de Fornel a clos l’année avec plusieurs séances consacrées aux incantations. Après avoir rappelé que c’est à partir de son enquête sur les incantations que Malinowski a formulé son modèle pragmatique du langage, il a examiné la tentative de Tambiah de le reformuler en termes austiniens, ainsi que les critiques qu’elle a soulevées. Il a ensuite montré, à partir d’un corpus d’incantations cherokee, que les incantations peuvent utiliser, à côté des formes impératives ou injonctives, des énoncés déclaratifs dont il a analysé le statut de performatif. La séance finale a été consacrée à une discussion avec Irène Rosier de l’analyse des formules incantatoires par les théologiens du Moyen Âge.