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UE230 - Anthropologie et linguistique : convergences et recherches actuelles


Lieu et planning


  • 10 rue Monsieur-le-Prince
    10 rue Monsieur-le-Prince 75006 Paris
    Salle Alphonse-Dupront
    annuel / bimensuel (1re/3e), mercredi 13:00-15:00
    du 3 novembre 2021 au 1er juin 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 11 mai 2021 08:53

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Linguistique, sémantique
Page web
http://tessitures.org/ 
Langues
français
Mots-clés
Analyse de discours Anthropologie et linguistique Linguistique Littérature orale Pragmatique Sociologie Théâtre
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe Inde
Intervenant·e·s
  • Michel de Fornel [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Francis Zimmermann   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Maud Verdier   maîtresse de conférences, Université Paul-Valéry Montpellier 3

Linguistes et anthropologues, nous étudierons ensemble la langue et ses usages dans différents contextes ethnographiques et les interactions conversationnelles dans différents cadres de participation aux actes de parole. Nous suivrons l’actualité de la recherche sur des questions intéressant l'anthropologie, la linguistique et la sociolinguistique. Questions classiques comme : les arts de la parole et le théâtre,  l'ethnopoétique, oralité et performance, la narrativité, musique et langage. Ou plus récentes : la multimodalité, l'empathie et la syntonie.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages (M1) – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Compte rendu


Faisant suite à nos séminaires précédents sur la narrativité, nous avons abordé cette année, à partir de lectures de Mikhaïl Bakhtine, la problématique des chronotopes, c’est-à-dire de l’inscription du récit dans l’espace et dans le temps. Les premières séances furent consacrées à l’examen de la réappropriation de ce concept par l’anthropologie linguistique pour décrire l’inscription des événements de parole et des performances qui s’y déploient au sein de cadres spatio-temporels différenciés, et pour appréhender les jeux d’échelles liés aux dynamiques de recontextualisation.

Plusieurs séances furent consacrées aux textes de Bakhtine datant de 1936–1941, publiés vingt ans plus tard dans Esthétique et théorie du roman et dans son livre sur Rabelais. Michel de Fornel analysa le chronotope des romans grecs, « un temps d’aventures dans des lieux lointains » comme le définit Bakhtine, chronotope encore pauvre et abstrait, simple matrice que rempliront les romanciers modernes à partir de Rabelais en y ajoutant des valeurs sociales et des dimensions biologiques et matérielles qui plongeront le lecteur dans des mondes spatio-temporels aussi concrets qu’insolites.

Nous nous sommes intéressés ensuite à la conception chez Bakhtine d’un autre genre, le théâtre, en analysant les multiples remarques disséminées dans ses textes et sans oublier qu’ils furent écrits à une époque où la pratique théâtrale se transformait profondément. Quand Bakhtine oppose le roman au drame, les mots drame et dramatique (le dialogue dramatique) désignent le drame bourgeois et le théâtre naturaliste (dénoncés par Mallarmé dès les années 1860), des formes théâtrales fondées sur une théorie de la représentation, déployant une perspective représentationnelle et se conformant à la règle classique des trois unités. Or chez Bakhtine le triangle temps-espace-héros en action est la structure de base d’un chronotope. Le héros de l’histoire qui est racontée est en action ici et maintenant, à un instant et dans un lieu bien concrets. « Il s’agit du lien singulier de l’homme et de toutes ses actions et péripéties dans le monde spatio-temporel » (Esthétique et théorie du roman, p. 313). Ce n’est autre que le chronotope du théâtre classique en Europe : unité de lieu, de temps et d’action. Dans son Dostoïevski (1929) où n’apparaît pas encore le concept de chronotope (forgé dans les années 1936–1941), l’idée est en filigrane dans les pages où Bakhtine étudie les « points » où se produit la crise. Par exemple dans le rêve où Raskolnikov monte un escalier menant en haut d’une tour d’où il aperçoit, en bas, le peuple qui grouille sur la place publique. Ces  « points » où se déroule l’action sont les chronotopes (au pluriel) propres à Dostoïevski, c’est-à-dire les lieux et temps privilégiés dans lesquels viennent s’incarner les multiples voix entrelacées dans ses romans (par exemple les chronotopes de l’escalier, du seuil, de l’entrée, du palier), tandis qu’il en écartait d’autres (comme l’espace intérieur des maisons qui était le lieu de l’action dans le drame bourgeois et le théâtre naturaliste).

Dans la dernière phase de l’année nous avons complété cette première approche du concept de chronotope par la présentation de recherches personnelles. Francis Zimmermann, étudiant les productions scéniques de pièces de théâtre en sanskrit dans l’Inde contemporaine, analysa quelques chronotopes spécifiques du théâtre indien sur des exemples pris dans le Aṅgulīyāṅkam (L’Acte de l’Anneau), un chef d’œuvre du Kūṭiyāṭṭam au Kerala. Maud Verdier, poursuivant la recherche initiée l’an dernier sur l’identité personnelle et s’appuyant sur William Labov et son approche des récits d’expérience personnelle, analysa des récits de vocation chez les comédiens pour en faire ressortir les caractéristiques chronotopiques. Le corpus est constitué d’entretiens radiophoniques de comédiens de théâtre professionnels. Invités à revenir sur leur parcours, les comédiens expliquent la manière dont est né le désir de faire du théâtre. Michel de Fornel a présenté son enquête sur les joutes poétiques improvisées et a fait apparaître le rôle central de plusieurs chronotopes dans les performances.

Publications

Michel de Fornel

  • « De l’usage de la science-fiction en anthropologie », L’Homme, 2021, n°237, p. 143-154.
  • Avec A. Ortiz-Caria, « Expliquer une pathologie ‘‘invisible’’. L’emploi d’une métaphore pour représenter la maladie d’Alzheimer en consultation gériatrique », Espaces Linguistiques 2, 2021.

Dernière modification : 11 mai 2021 08:53

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Linguistique, sémantique
Page web
http://tessitures.org/ 
Langues
français
Mots-clés
Analyse de discours Anthropologie et linguistique Linguistique Littérature orale Pragmatique Sociologie Théâtre
Aires culturelles
Amérique du Nord Europe Inde
Intervenant·e·s
  • Michel de Fornel [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Francis Zimmermann   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités. Fonds Yan-Thomas (LIER-FYT)
  • Maud Verdier   maîtresse de conférences, Université Paul-Valéry Montpellier 3

Linguistes et anthropologues, nous étudierons ensemble la langue et ses usages dans différents contextes ethnographiques et les interactions conversationnelles dans différents cadres de participation aux actes de parole. Nous suivrons l’actualité de la recherche sur des questions intéressant l'anthropologie, la linguistique et la sociolinguistique. Questions classiques comme : les arts de la parole et le théâtre,  l'ethnopoétique, oralité et performance, la narrativité, musique et langage. Ou plus récentes : la multimodalité, l'empathie et la syntonie.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Anthropologie-Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages (M1) – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-
  • 10 rue Monsieur-le-Prince
    10 rue Monsieur-le-Prince 75006 Paris
    Salle Alphonse-Dupront
    annuel / bimensuel (1re/3e), mercredi 13:00-15:00
    du 3 novembre 2021 au 1er juin 2022
    Nombre de séances : 12

Faisant suite à nos séminaires précédents sur la narrativité, nous avons abordé cette année, à partir de lectures de Mikhaïl Bakhtine, la problématique des chronotopes, c’est-à-dire de l’inscription du récit dans l’espace et dans le temps. Les premières séances furent consacrées à l’examen de la réappropriation de ce concept par l’anthropologie linguistique pour décrire l’inscription des événements de parole et des performances qui s’y déploient au sein de cadres spatio-temporels différenciés, et pour appréhender les jeux d’échelles liés aux dynamiques de recontextualisation.

Plusieurs séances furent consacrées aux textes de Bakhtine datant de 1936–1941, publiés vingt ans plus tard dans Esthétique et théorie du roman et dans son livre sur Rabelais. Michel de Fornel analysa le chronotope des romans grecs, « un temps d’aventures dans des lieux lointains » comme le définit Bakhtine, chronotope encore pauvre et abstrait, simple matrice que rempliront les romanciers modernes à partir de Rabelais en y ajoutant des valeurs sociales et des dimensions biologiques et matérielles qui plongeront le lecteur dans des mondes spatio-temporels aussi concrets qu’insolites.

Nous nous sommes intéressés ensuite à la conception chez Bakhtine d’un autre genre, le théâtre, en analysant les multiples remarques disséminées dans ses textes et sans oublier qu’ils furent écrits à une époque où la pratique théâtrale se transformait profondément. Quand Bakhtine oppose le roman au drame, les mots drame et dramatique (le dialogue dramatique) désignent le drame bourgeois et le théâtre naturaliste (dénoncés par Mallarmé dès les années 1860), des formes théâtrales fondées sur une théorie de la représentation, déployant une perspective représentationnelle et se conformant à la règle classique des trois unités. Or chez Bakhtine le triangle temps-espace-héros en action est la structure de base d’un chronotope. Le héros de l’histoire qui est racontée est en action ici et maintenant, à un instant et dans un lieu bien concrets. « Il s’agit du lien singulier de l’homme et de toutes ses actions et péripéties dans le monde spatio-temporel » (Esthétique et théorie du roman, p. 313). Ce n’est autre que le chronotope du théâtre classique en Europe : unité de lieu, de temps et d’action. Dans son Dostoïevski (1929) où n’apparaît pas encore le concept de chronotope (forgé dans les années 1936–1941), l’idée est en filigrane dans les pages où Bakhtine étudie les « points » où se produit la crise. Par exemple dans le rêve où Raskolnikov monte un escalier menant en haut d’une tour d’où il aperçoit, en bas, le peuple qui grouille sur la place publique. Ces  « points » où se déroule l’action sont les chronotopes (au pluriel) propres à Dostoïevski, c’est-à-dire les lieux et temps privilégiés dans lesquels viennent s’incarner les multiples voix entrelacées dans ses romans (par exemple les chronotopes de l’escalier, du seuil, de l’entrée, du palier), tandis qu’il en écartait d’autres (comme l’espace intérieur des maisons qui était le lieu de l’action dans le drame bourgeois et le théâtre naturaliste).

Dans la dernière phase de l’année nous avons complété cette première approche du concept de chronotope par la présentation de recherches personnelles. Francis Zimmermann, étudiant les productions scéniques de pièces de théâtre en sanskrit dans l’Inde contemporaine, analysa quelques chronotopes spécifiques du théâtre indien sur des exemples pris dans le Aṅgulīyāṅkam (L’Acte de l’Anneau), un chef d’œuvre du Kūṭiyāṭṭam au Kerala. Maud Verdier, poursuivant la recherche initiée l’an dernier sur l’identité personnelle et s’appuyant sur William Labov et son approche des récits d’expérience personnelle, analysa des récits de vocation chez les comédiens pour en faire ressortir les caractéristiques chronotopiques. Le corpus est constitué d’entretiens radiophoniques de comédiens de théâtre professionnels. Invités à revenir sur leur parcours, les comédiens expliquent la manière dont est né le désir de faire du théâtre. Michel de Fornel a présenté son enquête sur les joutes poétiques improvisées et a fait apparaître le rôle central de plusieurs chronotopes dans les performances.

Publications

Michel de Fornel

  • « De l’usage de la science-fiction en anthropologie », L’Homme, 2021, n°237, p. 143-154.
  • Avec A. Ortiz-Caria, « Expliquer une pathologie ‘‘invisible’’. L’emploi d’une métaphore pour représenter la maladie d’Alzheimer en consultation gériatrique », Espaces Linguistiques 2, 2021.