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UE227 - Anthropologie historique des sociétés du Maghreb à l’époque moderne (XVIe-XIXe siècle)
Lieu et planning
-
Vieille-Charité
Centre de la Vieille-Charité, salle A, 2 rue de la Charité 13002 Marseillemercredi 5 janvier 2022, 10:00-13:00
mercredi 19 janvier 2022, 10:00-13:00
mercredi 2 mars 2022, 10:00-13:00
mercredi 16 mars 2022, 10:00-13:00
mercredi 27 avril 2022, 10:00-13:00
mercredi 11 mai 2022, 10:00-13:00
mercredi 25 mai 2022, 10:00-13:00
mercredi 8 juin 2022, 10:00-13:00
Description
Dernière modification : 16 décembre 2021 07:40
- Type d'UE
- Séminaires DR/CR
- Disciplines
- Anthropologie historique, Histoire
- Page web
- -
- Langues
- français
- Mots-clés
- Archives Coloniales (études) Écriture Espace social Histoire
- Aires culturelles
- Maghreb Méditerranéens (mondes)
Intervenant·e·s
- Isabelle Grangaud [référent·e] directrice de recherche, CNRS / Centre Norbert-Elias (CNE)
Travaillée par deux champs de recherche aujourd’hui en plein essor, celui des études ottomanes et celui du colonial, l’histoire du Maghreb d’époque moderne peine à sortir des marges dans lesquelles l’un et l’autre l’ont confinée. Ce séminaire entreprend plutôt de poser la focale sur cette région et ce passé, c’est-à-dire de mettre les sociétés du Maghreb de cette époque au centre de l’analyse et de la comparaison. Un tel recentrage permet d’exhumer des expériences historiques originales que les traditions historiographiques avaient recouvertes. En bousculant ainsi des cadres analytiques trop vite érigés, il invite au renouvellement des questionnaires de la recherche maghrébine et de son champ historiographique, en particulier quant aux formes – étatiques et non étatiques – du politique saisies dans les épaisseurs du social.
L’anthropologie historique du politique poursuivie ici, à distance d’une histoire institutionnelle, éclaire les dynamiques et les logiques d’institutions sociales qui sont mises en lumière par l’attention portée aux pratiques saisies en situation et dans les termes de leurs manifestations. Elle s’attache (plutôt que de les présupposer) à en reconstituer les contextes et les langages qui en explicitent la portée et les enjeux. Cette approche situe ainsi les sources – leur histoire et l’à propos de leur élaboration ou de leurs usages – au cœur du dispositif de la recherche. Considérées comme des productions sociales à part entière, inscrites de plain-pied dans les contextes historiques qui les ont vu naître, les sources sont abordées comme le véritable terrain anthropologique de l’observation et de l’analyse.
Cette année nous nous concentrerons sur le dossier constitué par la longue histoire d’un fonds d’archive particulier, le fonds ottoman d’Algérie, qui forme aujourd’hui la source principale des études modernistes de la province ottomane d’Alger. L’anthropologie historique du politique ainsi conduite entend interroger, aux sources des archives, ce que les archives d’aujourd’hui sont aux mobilisations sociales du passé et en quoi cette considération transforme le sens et la lecture des matériaux historiques. Attentif à rendre compte de la recherche en train de se faire, le séminaire prendra la forme d’un atelier mettant à disposition des étudiants les matériaux de la recherche (leur traduction le cas échéant) et les éléments méthodologiques et épistémologiques mobilisés pour leur abord. Ce séminaire, au-delà du champ de recherche qu’il parcourt, propose, à partir d’objets historiquement situés, de réfléchir aux opérations historiques intimées par la lecture des sources et les processus de contextualisation d’une anthropologie historique pragmatique.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
Master
-
Séminaires de recherche
– Recherches comparatives en anthropologie, histoire et sociologie [Marseille]
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 0 ECTS
MCC – autre
Renseignements
- Contacts additionnels
- isabelle.grangaud@gmail.com , isabelle.grangaud@ehess.fr
- Informations pratiques
- -
- Direction de travaux des étudiants
sur rendez-vous.
- Réception des candidats
Isabelle Grangaud : isabelle.grangaud@gmail.com, isabelle.grangaud@ehess.fr
- Pré-requis
- -
Compte rendu
Consacré cette année au dossier constitué par la longue histoire d’un fonds d’archive particulier, le fonds ottoman d’Algérie, qui forme aujourd’hui la source principale des études modernistes de la province ottomane d’Alger, le séminaire a interrogé, aux sources des archives, ce que les archives d’aujourd’hui sont aux mobilisations sociales du passé et en quoi cette considération transforme le sens et la lecture des matériaux historiques. A partir de ce cas algérien, les séances ont ainsi constitué les étapes d’une exploration critique des différents modes du « tournant archivistique », attentive à traquer et à reconstituer les phénomènes de « naturalisation » qui président à la forme et au fond de patrimoine scripturaire. La première séance a consisté à repérer les accrocs à la présupposée stabilité du fonds ottoman algérien, manifestes dans la réalité coloniale d’une documentation pourtant strictement aujourd’hui estampillée ottomane. La deuxième séance s’est concentrée sur les deux archivages qu’a connu le fonds, dans les années 1860 et un siècle plus tard dans les années 1960. Il s’est agi à chaque fois de qualifier la période ottomane à travers l’archivage mais, à un siècle de différence, en des termes opposés, conformément aux usages sociaux et politiques du passé inversés que chaque archivage a incarné. C’est, en troisième lieu, le processus de conservation en lui-même qui a été discuté, à l’appui des débats historiographiques riches qui se sont déployés récemment dans le champ des études du Moyen-Orient pré-ottoman sur les moyens divers de faire archive, et la nécessité pour les reconnaitre de restituer, à rebours des genres documentaires, les pratiques à travers lesquelles les documents étaient produits, circulaient et étaient préservés. Dans les deux séances suivantes l’analyse a porté sur la critique de la perspective développée dans le virage le plus saillant de ce que fut le tournant archivistique, à savoir l’idée du pouvoir intrinsèque de l’archive, puis sur l’approche alternative qui considère que plutôt que l’archive aurait simplement du pouvoir, elle est prise à partie dans une bataille, qui n’est pas nécessairement énoncée dans les archives mais qui explicite le bien fondé, restitue l’à propos de leur mise en forme. Enfin les interventions de deux invité.e.s sont venues nourrir le questionnement d’ensemble. Fatma Ben-Slimane a présenté le travail en cours qu’elle mène sur les processus de formation des archives tunisiennes de l’époque ottomane : la Série historique, avait été jusqu’ici conçue comme un ensemble documentaire inscrit dans le processus de tunissification qui allait voir émerger de l’Etat national sur lequel s’est longtemps focalisée l’historiographie tunisienne de l’époque moderne. Fatma Ben-Slimane reconstitue la part ottomane de cette histoire de la formation du fonds archivistique en la resituant dans le contexte des réformes administratives des années 1860. De son côté, Amar Mohand Amer a présenté les conditions et le contexte des tensions actuelles en Algérie liées à l’émergence, à l’initiative d’acteurs diverses, d’archives nouvelles qui mettent en question le récit national. Il a montré que le rassemblement par ces derniers de matériaux scripturaires, formait aujourd’hui des armes, des arguments ou des preuves utilisées pour faire valoir des mémoires mais aussi des droits liés à ces mémoires.
Dernière modification : 16 décembre 2021 07:40
- Type d'UE
- Séminaires DR/CR
- Disciplines
- Anthropologie historique, Histoire
- Page web
- -
- Langues
- français
- Mots-clés
- Archives Coloniales (études) Écriture Espace social Histoire
- Aires culturelles
- Maghreb Méditerranéens (mondes)
Intervenant·e·s
- Isabelle Grangaud [référent·e] directrice de recherche, CNRS / Centre Norbert-Elias (CNE)
Travaillée par deux champs de recherche aujourd’hui en plein essor, celui des études ottomanes et celui du colonial, l’histoire du Maghreb d’époque moderne peine à sortir des marges dans lesquelles l’un et l’autre l’ont confinée. Ce séminaire entreprend plutôt de poser la focale sur cette région et ce passé, c’est-à-dire de mettre les sociétés du Maghreb de cette époque au centre de l’analyse et de la comparaison. Un tel recentrage permet d’exhumer des expériences historiques originales que les traditions historiographiques avaient recouvertes. En bousculant ainsi des cadres analytiques trop vite érigés, il invite au renouvellement des questionnaires de la recherche maghrébine et de son champ historiographique, en particulier quant aux formes – étatiques et non étatiques – du politique saisies dans les épaisseurs du social.
L’anthropologie historique du politique poursuivie ici, à distance d’une histoire institutionnelle, éclaire les dynamiques et les logiques d’institutions sociales qui sont mises en lumière par l’attention portée aux pratiques saisies en situation et dans les termes de leurs manifestations. Elle s’attache (plutôt que de les présupposer) à en reconstituer les contextes et les langages qui en explicitent la portée et les enjeux. Cette approche situe ainsi les sources – leur histoire et l’à propos de leur élaboration ou de leurs usages – au cœur du dispositif de la recherche. Considérées comme des productions sociales à part entière, inscrites de plain-pied dans les contextes historiques qui les ont vu naître, les sources sont abordées comme le véritable terrain anthropologique de l’observation et de l’analyse.
Cette année nous nous concentrerons sur le dossier constitué par la longue histoire d’un fonds d’archive particulier, le fonds ottoman d’Algérie, qui forme aujourd’hui la source principale des études modernistes de la province ottomane d’Alger. L’anthropologie historique du politique ainsi conduite entend interroger, aux sources des archives, ce que les archives d’aujourd’hui sont aux mobilisations sociales du passé et en quoi cette considération transforme le sens et la lecture des matériaux historiques. Attentif à rendre compte de la recherche en train de se faire, le séminaire prendra la forme d’un atelier mettant à disposition des étudiants les matériaux de la recherche (leur traduction le cas échéant) et les éléments méthodologiques et épistémologiques mobilisés pour leur abord. Ce séminaire, au-delà du champ de recherche qu’il parcourt, propose, à partir d’objets historiquement situés, de réfléchir aux opérations historiques intimées par la lecture des sources et les processus de contextualisation d’une anthropologie historique pragmatique.
Le programme détaillé n'est pas disponible.
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Séminaires de recherche
– Recherches comparatives en anthropologie, histoire et sociologie [Marseille]
– M1/S1-S2-M2/S3-S4
Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 0 ECTS
MCC – autre
- Contacts additionnels
- isabelle.grangaud@gmail.com , isabelle.grangaud@ehess.fr
- Informations pratiques
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- Direction de travaux des étudiants
sur rendez-vous.
- Réception des candidats
Isabelle Grangaud : isabelle.grangaud@gmail.com, isabelle.grangaud@ehess.fr
- Pré-requis
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Vieille-Charité
Centre de la Vieille-Charité, salle A, 2 rue de la Charité 13002 Marseillemercredi 5 janvier 2022, 10:00-13:00
mercredi 19 janvier 2022, 10:00-13:00
mercredi 2 mars 2022, 10:00-13:00
mercredi 16 mars 2022, 10:00-13:00
mercredi 27 avril 2022, 10:00-13:00
mercredi 11 mai 2022, 10:00-13:00
mercredi 25 mai 2022, 10:00-13:00
mercredi 8 juin 2022, 10:00-13:00
Consacré cette année au dossier constitué par la longue histoire d’un fonds d’archive particulier, le fonds ottoman d’Algérie, qui forme aujourd’hui la source principale des études modernistes de la province ottomane d’Alger, le séminaire a interrogé, aux sources des archives, ce que les archives d’aujourd’hui sont aux mobilisations sociales du passé et en quoi cette considération transforme le sens et la lecture des matériaux historiques. A partir de ce cas algérien, les séances ont ainsi constitué les étapes d’une exploration critique des différents modes du « tournant archivistique », attentive à traquer et à reconstituer les phénomènes de « naturalisation » qui président à la forme et au fond de patrimoine scripturaire. La première séance a consisté à repérer les accrocs à la présupposée stabilité du fonds ottoman algérien, manifestes dans la réalité coloniale d’une documentation pourtant strictement aujourd’hui estampillée ottomane. La deuxième séance s’est concentrée sur les deux archivages qu’a connu le fonds, dans les années 1860 et un siècle plus tard dans les années 1960. Il s’est agi à chaque fois de qualifier la période ottomane à travers l’archivage mais, à un siècle de différence, en des termes opposés, conformément aux usages sociaux et politiques du passé inversés que chaque archivage a incarné. C’est, en troisième lieu, le processus de conservation en lui-même qui a été discuté, à l’appui des débats historiographiques riches qui se sont déployés récemment dans le champ des études du Moyen-Orient pré-ottoman sur les moyens divers de faire archive, et la nécessité pour les reconnaitre de restituer, à rebours des genres documentaires, les pratiques à travers lesquelles les documents étaient produits, circulaient et étaient préservés. Dans les deux séances suivantes l’analyse a porté sur la critique de la perspective développée dans le virage le plus saillant de ce que fut le tournant archivistique, à savoir l’idée du pouvoir intrinsèque de l’archive, puis sur l’approche alternative qui considère que plutôt que l’archive aurait simplement du pouvoir, elle est prise à partie dans une bataille, qui n’est pas nécessairement énoncée dans les archives mais qui explicite le bien fondé, restitue l’à propos de leur mise en forme. Enfin les interventions de deux invité.e.s sont venues nourrir le questionnement d’ensemble. Fatma Ben-Slimane a présenté le travail en cours qu’elle mène sur les processus de formation des archives tunisiennes de l’époque ottomane : la Série historique, avait été jusqu’ici conçue comme un ensemble documentaire inscrit dans le processus de tunissification qui allait voir émerger de l’Etat national sur lequel s’est longtemps focalisée l’historiographie tunisienne de l’époque moderne. Fatma Ben-Slimane reconstitue la part ottomane de cette histoire de la formation du fonds archivistique en la resituant dans le contexte des réformes administratives des années 1860. De son côté, Amar Mohand Amer a présenté les conditions et le contexte des tensions actuelles en Algérie liées à l’émergence, à l’initiative d’acteurs diverses, d’archives nouvelles qui mettent en question le récit national. Il a montré que le rassemblement par ces derniers de matériaux scripturaires, formait aujourd’hui des armes, des arguments ou des preuves utilisées pour faire valoir des mémoires mais aussi des droits liés à ces mémoires.