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UE225 - Représenter l’Amérique dans la longue durée : histoire et société


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle A427
    annuel / hebdomadaire, mercredi 14:30-16:30
    du 3 novembre 2021 au 25 mai 2022
    Nombre de séances : 26


Description


Dernière modification : 12 mai 2022 13:51

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Arts Culture visuelle Histoire Histoire culturelle
Aires culturelles
Amérique du Sud
Intervenant·e·s
  • Jacques Poloni-Simard [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre de recherches sur les mondes Américains (MONDA-CERMA)

Après la cartographie américaine, puis la nature et le paysage américains, c’est l’histoire de l’Amérique qui nous intéressera cette année ou, plus exactement, la représentation de son histoire et de la société qui en est le produit. On envisagera ainsi les récits nationaux et leur mise en critique, les fresques continentales (et leur critique) ou les discours alternatifs (et leurs apories), à partir des productions artistiques les plus diverses, afin d’atteindre celle des imaginaires iconographiques latino-américains (et leurs évolutions et transformations) dans leur traitement de l’histoire. On analysera pour cela, de manière diachronique, l’image des moments fondateurs ou de crise, des figures historiques individuelles et des entités sociales collectives, les tableaux qui se dégagent des scènes « costumbristes » ou des mises en scène baroques, nationalistes et révolutionnaires. On retrouvera ainsi les régimes artistiques de l’histoire (identitaire, critique, utopique), mis en lumière il y a quelques années pour l’art argentin de la première moitié du XXe siècle. L’objectif est d’offrir une histoire de l’Amérique latine à partir de son iconographie.

La séance du 11 mai se déroulera en salle 0.031, bât. recherche sud, campus Condorcet


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets (M1) – M1/S1-S2
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Images, cultures visuelles, histoire de l'art (M2) – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages (M1) – M1/S1-S2
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Goretti Frouin, CERMA, Jacques Poloni-Simard

Direction de travaux des étudiants

Mardis, 10h00-13h00, CERMA, sur rendez-vous

Réception des candidats

Mardis, 10h00-13h00, CERMA, sur rendez-vous

Pré-requis


Compte rendu


Consacré cette année à la représentation de l’histoire de l’Amérique, le séminaire a abordé cette question par la « fin » ou, plus exactement, par le moment paradigmatique du Mexique postérieur à sa révolution de 1910, et de son école muraliste. Avec l’appui des nouvelles autorités nationales, en particulier du ministre de l’Éducation José Vasconcelos, qui a fait du muralisme un instrument de formation comme de propagande politique en lançant de grands programmes de décoration des bâtiments publics (palais national, ministères, universités, écoles), les artistes mexicains, au premier rang desquels Diego Rivera, David Alfaro Siqueiros et José Clemente Orozco, ont développé un véritable « roman national » illustré, avec ses moments-clés (conquête, indépendance, Réforme, porfiriat, révolution de 1910), qu’ils ont représentés en inventant un répertoire de motifs iconographiques et en utilisant la figuration comme moyen de défendre leurs convictions nationalistes et révolutionnaires, tout en affirmant leur attachement au mouvement communiste. Une « peinture d’histoire » était née, peinture politique également, qui liait les révendications sociales aux affirmations identitaires nationales (ouvrière, paysanne ou indienne), sans omettre la dimension latino-amériaine et internationale. De ces trois artistes majeurs comme de leurs collègues moins connus : ceux des première (Jean Charlot, Fernando Leal, Fermín Revueltas, Ramón Alva de la Canal, Eduardo Solares), deuxième (Juan O’Gorman, Aurora Reyes, Jorge González Camarena, Rufino Tamayo) et troisième générations (Osvaldo Barra Cunningham, Desiderio Hernández Xochitiotzin), nous avons analysé les plus importantes réalisations, celles en tout cas ayant une résonance historique explicite, en pointant les constantes de la vision politique de l’histoire mexicaine ainsi exaltée et promue, tout en signalant les accents régionalistes, indigénistes, anthropologiques ou symboliques. Cette doxa visuelle a servi de modèle idéologique de la lecture de l’histoire, parfois jusqu’à la caricature, et de ciment autour de valeurs nationales ainsi sacralisées. Sur la base des mêmes références historiques – la Conquête –, certaines œuvres, comme la série « Los Teules » (1945-1947), de J.-C. Orozco, d’une violence extrême, se démarquent des clichés somme toute décoratifs ou stéréotypés de certaines des réalisations muralistes pour toucher à l’universel, en l’espèce les dénonciations de la guerre des Jacques Callot, Francisco Goya ou Otto Dix.

Nous avons prolongé l’enquête en s’intéressant aux muralismes non mexicains (Guatemala – Carlos Mérida, Roberto González Goyri –, Équateur – Oswaldo Guayasamín –, Bolivie – Miguel Alandia Pantoja, Walter Solón –, Pérou – Juan Bravo Vizcarra –, Brésil – Cândido Portinari, Carybé). On y a retrouvé l’inscription du discours artistique dans le passé colonial (considéré le plus souvent sous l’angle de la seule appropriation espagnole, de l’exploitation socio-économique et de la christianisation forcée) et l’affirmation nationale matinée de solidarité continentale ou internationale, articulée à la valorisation des périodes de réformes et de transformations sociales.

Nous avons terminé l’année par des considérations sur le Street art, celui en tout cas qui a une dimension politique : instrument de propagande partisane (dans la Cuba castriste ou le Nicaragua sandiniste) ou de dénonciation des violations des droits de l’homme (l’Argentine et le Chili postérieurs aux dictatures).

Publications

Dernière modification : 12 mai 2022 13:51

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Signes, formes, représentations
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Arts Culture visuelle Histoire Histoire culturelle
Aires culturelles
Amérique du Sud
Intervenant·e·s
  • Jacques Poloni-Simard [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre de recherches sur les mondes Américains (MONDA-CERMA)

Après la cartographie américaine, puis la nature et le paysage américains, c’est l’histoire de l’Amérique qui nous intéressera cette année ou, plus exactement, la représentation de son histoire et de la société qui en est le produit. On envisagera ainsi les récits nationaux et leur mise en critique, les fresques continentales (et leur critique) ou les discours alternatifs (et leurs apories), à partir des productions artistiques les plus diverses, afin d’atteindre celle des imaginaires iconographiques latino-américains (et leurs évolutions et transformations) dans leur traitement de l’histoire. On analysera pour cela, de manière diachronique, l’image des moments fondateurs ou de crise, des figures historiques individuelles et des entités sociales collectives, les tableaux qui se dégagent des scènes « costumbristes » ou des mises en scène baroques, nationalistes et révolutionnaires. On retrouvera ainsi les régimes artistiques de l’histoire (identitaire, critique, utopique), mis en lumière il y a quelques années pour l’art argentin de la première moitié du XXe siècle. L’objectif est d’offrir une histoire de l’Amérique latine à partir de son iconographie.

La séance du 11 mai se déroulera en salle 0.031, bât. recherche sud, campus Condorcet

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Formes et objets (M1) – M1/S1-S2
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Images, cultures visuelles, histoire de l'art (M2) – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Pratiques, discours et usages (M1) – M1/S1-S2
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel hebdomadaire = 12 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Goretti Frouin, CERMA, Jacques Poloni-Simard

Direction de travaux des étudiants

Mardis, 10h00-13h00, CERMA, sur rendez-vous

Réception des candidats

Mardis, 10h00-13h00, CERMA, sur rendez-vous

Pré-requis

  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle A427
    annuel / hebdomadaire, mercredi 14:30-16:30
    du 3 novembre 2021 au 25 mai 2022
    Nombre de séances : 26

Consacré cette année à la représentation de l’histoire de l’Amérique, le séminaire a abordé cette question par la « fin » ou, plus exactement, par le moment paradigmatique du Mexique postérieur à sa révolution de 1910, et de son école muraliste. Avec l’appui des nouvelles autorités nationales, en particulier du ministre de l’Éducation José Vasconcelos, qui a fait du muralisme un instrument de formation comme de propagande politique en lançant de grands programmes de décoration des bâtiments publics (palais national, ministères, universités, écoles), les artistes mexicains, au premier rang desquels Diego Rivera, David Alfaro Siqueiros et José Clemente Orozco, ont développé un véritable « roman national » illustré, avec ses moments-clés (conquête, indépendance, Réforme, porfiriat, révolution de 1910), qu’ils ont représentés en inventant un répertoire de motifs iconographiques et en utilisant la figuration comme moyen de défendre leurs convictions nationalistes et révolutionnaires, tout en affirmant leur attachement au mouvement communiste. Une « peinture d’histoire » était née, peinture politique également, qui liait les révendications sociales aux affirmations identitaires nationales (ouvrière, paysanne ou indienne), sans omettre la dimension latino-amériaine et internationale. De ces trois artistes majeurs comme de leurs collègues moins connus : ceux des première (Jean Charlot, Fernando Leal, Fermín Revueltas, Ramón Alva de la Canal, Eduardo Solares), deuxième (Juan O’Gorman, Aurora Reyes, Jorge González Camarena, Rufino Tamayo) et troisième générations (Osvaldo Barra Cunningham, Desiderio Hernández Xochitiotzin), nous avons analysé les plus importantes réalisations, celles en tout cas ayant une résonance historique explicite, en pointant les constantes de la vision politique de l’histoire mexicaine ainsi exaltée et promue, tout en signalant les accents régionalistes, indigénistes, anthropologiques ou symboliques. Cette doxa visuelle a servi de modèle idéologique de la lecture de l’histoire, parfois jusqu’à la caricature, et de ciment autour de valeurs nationales ainsi sacralisées. Sur la base des mêmes références historiques – la Conquête –, certaines œuvres, comme la série « Los Teules » (1945-1947), de J.-C. Orozco, d’une violence extrême, se démarquent des clichés somme toute décoratifs ou stéréotypés de certaines des réalisations muralistes pour toucher à l’universel, en l’espèce les dénonciations de la guerre des Jacques Callot, Francisco Goya ou Otto Dix.

Nous avons prolongé l’enquête en s’intéressant aux muralismes non mexicains (Guatemala – Carlos Mérida, Roberto González Goyri –, Équateur – Oswaldo Guayasamín –, Bolivie – Miguel Alandia Pantoja, Walter Solón –, Pérou – Juan Bravo Vizcarra –, Brésil – Cândido Portinari, Carybé). On y a retrouvé l’inscription du discours artistique dans le passé colonial (considéré le plus souvent sous l’angle de la seule appropriation espagnole, de l’exploitation socio-économique et de la christianisation forcée) et l’affirmation nationale matinée de solidarité continentale ou internationale, articulée à la valorisation des périodes de réformes et de transformations sociales.

Nous avons terminé l’année par des considérations sur le Street art, celui en tout cas qui a une dimension politique : instrument de propagande partisane (dans la Cuba castriste ou le Nicaragua sandiniste) ou de dénonciation des violations des droits de l’homme (l’Argentine et le Chili postérieurs aux dictatures).

Publications