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UE2 - La révolution expressive des images documentaires


Lieu et planning


  • INHA
    2 rue Vivienne 75002 Paris
    Salle Walter-Benjamin
    1er semestre / hebdomadaire, jeudi 18:00-20:00
    du 4 novembre 2021 au 10 février 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 9 septembre 2021 13:54

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Signes, formes, représentations
Page web
http://imagesociale.fr/ 
Langues
français
Mots-clés
Culture visuelle
Aires culturelles
Contemporain (anthropologie du, monde)
Intervenant·e·s
  • André Gunthert [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre d'histoire et de théorie des arts (CRAL-CEHTA)

À l’aube du XXe siècle, le succès d’un nouveau type de spectacle, le cinéma muet, conduit les producteurs culturels à recourir aux instruments de la pantomime et de l’hyperexpressivité pour améliorer la lisibilité du récit. D’abord réservée au burlesque, cette ressource s’étend rapidement à l’ensemble des images d’enregistrement. À partir des années 1920, cinéma et photographie forment le laboratoire d’un renouvellement du langage visuel, basé sur l’expression des émotions, qui se diffuse par l’intermédiaire de médias où l’image documentaire occupe une place croissante. Du maquillage des clowns à l’amplification expressive des dessins animés, du gros plan cinématographique au « Say cheese ! » photographique, une histoire plurielle de la culture visuelle dévoile une conversion méconnue, au croisement des codes sociaux de l’expression de soi et de la scénarisation des images documentaires.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Images, cultures visuelles, histoire de l'art (M2) – M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

Le mardi matin sur rendez-vous.

Réception des candidats

Le mardi matin sur rendez-vous.

Pré-requis

Formation niveau licence en cinéma, histoire de l'art ou études visuelles.


Compte rendu


L’enquête du séminaire visait à analyser le paradoxe des usages narratifs de l’expressivité dans le contexte des images documentaires. Depuis l'ouvrage de Charles Darwin consacré à l’expression des émotions chez l’homme et les animaux (1872), les différentes formes de langage non verbaux (expression faciale, gestuelle et posturale) ont d’abord été étudiées comme un langage naturel, révélateur de la vie psychique. La fonction mimétique, mais aussi le mutisme des œuvres visuelles encouragent les beaux-arts à développer une expertise du vocabulaire expressif, dans un triple objectif de réalisme de la représentation, de traduction des mouvements de l’âme et d’accentuation de la lisibilité des scènes. La discussion sur le Laocoon, célèbre groupe statuaire du 1er siècle avant notre ère, par le philosophe Lessing (1766), explore pour la première fois la question de la normativité dans la lecture des signes corporels. La psychologie moderne et les sciences de la communication font évoluer la compréhension de l’expressivité vers une pratique sociale fortement dépendante de l’histoire culturelle et largement réencodée.

La question de l’expressivité se pose aujourd’hui dans le domaine photographique à propos de certaines icônes médiatiques ou encore à travers l’observation d’une transition de la norme du portrait d’une pose grave, au XIXe siècle, vers une pose souriante, au XXe – un tournant généralement expliqué par l’évolution des techniques photographiques. En réalité, le tournant de l’expressivité dans les arts visuels intervient d’abord au début du XXe siècle dans le champ du cinéma muet, qui développe le recours à la pantomime et à l’accentuation gestuelle pour améliorer l’intelligibilité de la narration. Cette nouvelle grammaire est également exploitée dans les domaines du dessin animé ou de la bande dessinée, qui explorent les traductions graphiques du mouvement. Le succès de cette formule inspire le photojournalisme, qui s’efforce à partir des années 1930 d’accompagner le récit de l’actualité par un travail du portrait expressif, que l’on peut décrire comme « expressivité posée ». L’impression de « naturel » associée à la traduction iconographique du langage du corps par les médias d’enregistrement rencontre un accueil public enthousiaste, favorise le développement de nouvelles formes médiatiques, comme le magazine, et modifie les codes du portrait, qui s'aligne sur cette révolution expressive.

L’examen de genres plus récents, comme les gifs animés utilisés dans la conversation en ligne, confirme la puissance de la ressource expressive dans un cadre narratif. L’étude de la circulation de gestes de succès sportifs, des chaînes de télévision à péage aux banques de gifs en passant par les films populaires, témoigne à la fois d’une invention gestuelle et de l’existence de pratiques de réencodage, qui contredisent la croyance en un langage spontané.

Publications
  • « Un sourire de classe. Le portrait photographique et la culture de l’expressivité », Transbordeur. Photographie, histoire, société, n° 6, février 2022, p. 136-149.

Dernière modification : 9 septembre 2021 13:54

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Signes, formes, représentations
Page web
http://imagesociale.fr/ 
Langues
français
Mots-clés
Culture visuelle
Aires culturelles
Contemporain (anthropologie du, monde)
Intervenant·e·s
  • André Gunthert [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre d'histoire et de théorie des arts (CRAL-CEHTA)

À l’aube du XXe siècle, le succès d’un nouveau type de spectacle, le cinéma muet, conduit les producteurs culturels à recourir aux instruments de la pantomime et de l’hyperexpressivité pour améliorer la lisibilité du récit. D’abord réservée au burlesque, cette ressource s’étend rapidement à l’ensemble des images d’enregistrement. À partir des années 1920, cinéma et photographie forment le laboratoire d’un renouvellement du langage visuel, basé sur l’expression des émotions, qui se diffuse par l’intermédiaire de médias où l’image documentaire occupe une place croissante. Du maquillage des clowns à l’amplification expressive des dessins animés, du gros plan cinématographique au « Say cheese ! » photographique, une histoire plurielle de la culture visuelle dévoile une conversion méconnue, au croisement des codes sociaux de l’expression de soi et de la scénarisation des images documentaires.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Arts, littératures et langages-Images, cultures visuelles, histoire de l'art (M2) – M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

Le mardi matin sur rendez-vous.

Réception des candidats

Le mardi matin sur rendez-vous.

Pré-requis

Formation niveau licence en cinéma, histoire de l'art ou études visuelles.

  • INHA
    2 rue Vivienne 75002 Paris
    Salle Walter-Benjamin
    1er semestre / hebdomadaire, jeudi 18:00-20:00
    du 4 novembre 2021 au 10 février 2022
    Nombre de séances : 12

L’enquête du séminaire visait à analyser le paradoxe des usages narratifs de l’expressivité dans le contexte des images documentaires. Depuis l'ouvrage de Charles Darwin consacré à l’expression des émotions chez l’homme et les animaux (1872), les différentes formes de langage non verbaux (expression faciale, gestuelle et posturale) ont d’abord été étudiées comme un langage naturel, révélateur de la vie psychique. La fonction mimétique, mais aussi le mutisme des œuvres visuelles encouragent les beaux-arts à développer une expertise du vocabulaire expressif, dans un triple objectif de réalisme de la représentation, de traduction des mouvements de l’âme et d’accentuation de la lisibilité des scènes. La discussion sur le Laocoon, célèbre groupe statuaire du 1er siècle avant notre ère, par le philosophe Lessing (1766), explore pour la première fois la question de la normativité dans la lecture des signes corporels. La psychologie moderne et les sciences de la communication font évoluer la compréhension de l’expressivité vers une pratique sociale fortement dépendante de l’histoire culturelle et largement réencodée.

La question de l’expressivité se pose aujourd’hui dans le domaine photographique à propos de certaines icônes médiatiques ou encore à travers l’observation d’une transition de la norme du portrait d’une pose grave, au XIXe siècle, vers une pose souriante, au XXe – un tournant généralement expliqué par l’évolution des techniques photographiques. En réalité, le tournant de l’expressivité dans les arts visuels intervient d’abord au début du XXe siècle dans le champ du cinéma muet, qui développe le recours à la pantomime et à l’accentuation gestuelle pour améliorer l’intelligibilité de la narration. Cette nouvelle grammaire est également exploitée dans les domaines du dessin animé ou de la bande dessinée, qui explorent les traductions graphiques du mouvement. Le succès de cette formule inspire le photojournalisme, qui s’efforce à partir des années 1930 d’accompagner le récit de l’actualité par un travail du portrait expressif, que l’on peut décrire comme « expressivité posée ». L’impression de « naturel » associée à la traduction iconographique du langage du corps par les médias d’enregistrement rencontre un accueil public enthousiaste, favorise le développement de nouvelles formes médiatiques, comme le magazine, et modifie les codes du portrait, qui s'aligne sur cette révolution expressive.

L’examen de genres plus récents, comme les gifs animés utilisés dans la conversation en ligne, confirme la puissance de la ressource expressive dans un cadre narratif. L’étude de la circulation de gestes de succès sportifs, des chaînes de télévision à péage aux banques de gifs en passant par les films populaires, témoigne à la fois d’une invention gestuelle et de l’existence de pratiques de réencodage, qui contredisent la croyance en un langage spontané.

Publications
  • « Un sourire de classe. Le portrait photographique et la culture de l’expressivité », Transbordeur. Photographie, histoire, société, n° 6, février 2022, p. 136-149.