Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2023-2024.

UE19 - Histoire de la famille. Pouvoirs et dépendances au sein de la famille. Perspectives comparatives (XVIe-XXIe siècle)


Lieu et planning


  • 48 bd Jourdan
    48 bd Jourdan 75014 Paris
    annuel / bimensuel (2e/4e), jeudi 17:00-19:00
    du 25 novembre 2021 au 9 juin 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 7 mai 2021 13:49

Type d'UE
Séminaires collectifs de recherche
Disciplines
Histoire, Sociologie
Page web
-
Langues
anglais espagnol français portugais
Mots-clés
-
Aires culturelles
Afrique Amérique du Nord Amérique du Sud Amériques Asie Asie centrale Atlantiques (mondes) Chine Corée Europe Europe centrale et orientale France Ibérique (monde) Inde Japon Maghreb Méditerranéens (mondes) Musulmans (mondes) Russie Transméditerranée Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Antoinette Fauve-Chamoux [référent·e]   maîtresse de conférences (retraité·e), EHESS / Centre de recherches historiques (CRH)
  • Lucia Carle   professeure des universités, Université de Florence, Italie
  • Claudia Contente   enseignant-chercheur, Université Pompeu Fabra, Barcelone
  • Helena Da Silva   enseignant-chercheur, IHC - FCSH/NOVA, Portugal - Université Le Havre Normandie
  • Marius Eppel   enseignant-chercheur, Université Babes-Bolyai de Cluj, Roumanie
  • Mary Louise Nagata   professeure des universités, Francis Marion University

Nous aborderons les modèles de pouvoir dans le cadre de la famille, les conditions de co-résidence des individus apparentés ou non au sein des unités domestiques, la formation des couples, légitimes ou non, leur dissolution, la transmission transgénérationnelle du patrimoine, la condition des veuves, des personnes âgées et des célibataires, l’avenir des enfants et leur mobilité géographique et sociale suivant la position dans la fratrie, le genre et le marché du travail.
Seront examinées les différentes juridictions et les pratiques morales et coutumières concernant l’autorité du chef de famille (homme ou femme) sur les membres de ménage, cherchant à définir quels sont les devoirs et obligations des parents. Dans une optique largement comparative, nous chercherons à mettre en évidence les interactions entre, d’une part, le changement social et, d’autre part, les stratégies individuelles et collectives concernant les comportements de reproduction démographique aussi bien que socio-économique et les choix de vie. On s’attachera enfin aux rôles respectifs joués historiquement par les réseaux de parenté, la communauté, les rituels coutumiers, la religion et l’État sur la famille.

Programme détaillé communiqué ultérieurement


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

sur rendez-vous avec Antoinette Fauve-Chamoux, par courriel : antoinette.fauve-chamoux@ehess.fr

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous avec Antoinette Fauve-Chamoux, par courriel : antoinette.fauve-chamoux@ehess.fr

Site web : http://esopp.ehess.fr/index.php?478

Site web : http://erhimor.ehess.fr/index.php?791

 

Réception des candidats

sur rendez-vous avec Antoinette Fauve-Chamoux, par courriel : antoinette.fauve-chamoux@ehess.fr

Pré-requis

séminaire ouvert, tous niveaux.

Inscription en début d'année académique, avec présentation du CV à jour complet et d'un projet de recherche écrit.


Compte rendu


Dans la ligne de nos travaux en perspective eurasienne (Japon, Corée, Chine), initiés de longue date, Mary Louise Nagata (Université Francis Marion, USA) a présenté le mode reproductif spécifique des familles urbaines de Kyoto au Japon, à l’époque Tokugawa, y notant le rôle des femmes dans la continuité des lignées. Pour la période actuelle, les sociologues Glenda S. Roberts (Université Waseda Tokyo) et Hiroko Umegaki-Costantini (SciencesPo Paris et Université d’Oxford) ont exposé l’état d’avancement de leur projet franco-japonais sur l’activité professionnelle des femmes, la répartition des tâches domestiques et autres responsabilités familiales au sein du ménage, en particulier à l’égard de l’éducation des enfants et des relations avec les membres de la parenté. Pour l’Europe du Nord, à travers l’exemple, de la Suède et de la Finlande à l’époque préindustrielle, Beatrice Moring (Université de Cambridge) a insisté sur le travail permanent des femmes au cours de leur vie, tout particulièrement lorsqu’elles deviennent veuves et doivent subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants en milieu urbain. Elles témoignent alors d’une grande inventivité et résilience pour conserver un niveau de vie décent, en particulier grâce à leurs chambres d’hôtes et à une bonne économie ménagère. De son côté, Julieta Rotaru (Université Södertörn, Suède) a rappelé les rudes conditions socio-économiques des communautés gitanes en Europe. Elle y a étudié l’affirmation identitaire des Rudari, orpailleurs, tsiganes roumanisés (1388-1838), restés semi-nomades et libres au fil des siècles au sein d’une Valachie orthodoxe. Les femmes s’activaient non seulement à prendre soin de leurs enfants et des personnes âgées, mais accomplissaient des travaux que l’on aurait pu croire réservés aux hommes. D’ailleurs, en temps de crises, les femmes de milieux aristocratiques n’échappaient pas aux durs travaux des champs et des forêts, comme l’a bien montré Marielle Léridon (Aix en Provence), par son étude fine de l’histoire d’une famille transatlantique au cœur de son temps, celle de Louis Paul d’Autremont (1770-1843). Émigrée en Amérique du Nord une partie de cette famille fut confrontée à de nombreuses difficultés, suivies à travers une riche correspondance en grande partie inédite.

Peter Teibenbacher (Université Karl-Franzens de Graz), poursuivant son travail sur le modèle d’illégitimité rurale en Styrie autrichienne, propose un modèle séculaire des naissances hors mariage, sur la longue durée historique pour l’Europe centrale. Il voit se succéder une époque prémoderne, avec ses caractéristiques, puis vient le temps de l’industrialisation, suivi par une ère postmoderne, jusqu’à nos jours où « l’illégitimité » a perdu son sens premier, la formation de la famille ayant pris de nouvelles formes, si souvent éloignées du mariage traditionnel. Ruben Castro Rodondo (Université de Cantabrie) ravive son étude sur les enfants illégitimes de La Corogne au XIXe siècle et aborde la question des enfants abandonnés à l’hôpital de la Charité de cette grande ville portuaire espagnole. Catherine Canel-Dol (EHESS, Paris) résume les arguments majeurs de sa thèse de doctorat EHESS sur Les adoptions en France de 1789 à 1923 :  instituées, rêvées et vécuesElle revient sur le modèle familial institué par le Code civil de 1804. Elle analyse en particulier les pratiques adoptives à partir des statistiques nationales puis à travers les décisions rendues en matière d’adoption par la cour d’appel d’Aix entre 1807 et 1923, dégageant différents modèles de stratégies familiales. Evelien Walhout (Université de Leiden) soulève le problème de l’infanticide aux Pays-Bas entre 1582 et 1910, à la lumière de données quantitatives nouvellement accessibles, comprenant des séries paroissiales de baptêmes ainsi que les naissances enregistrées aux bureaux de l’état civil. Peu de recherches sont pour l’instant disponibles sur l’évolution du sex ratio dans ce pays. Il n’existe pas de signe clair laissant supposer une pratique tentant à éliminer les petites filles. Dans le cadre d’un autre projet en cours, E. Walhout reconstruit l’histoire de l’épidémie de choléra en 1866 dans la petite ville de Woerden et compare les modalités de lutte contre le fléau, élaborées et mises en œuvre par les divers acteurs au niveau local et régional (politique publique, mesures sanitaires et médicales etc.). Helena da Silva (Université Nova de Lisbonne) a partagé les premiers résultats de son grand projet MemoriaCovid destiné à documenter l’histoire de la pandémie, par l’archivages de témoignages écrits et oraux, au Portugal, et à étudier l’impact socio-démographique de cette crise sanitaire sur la vie familiale. 

Poursuivant nos fructueux échanges triangulaires avec le Portugal et l’Espagne, plusieurs séances de ce séminaire collectif de recherche furent consacrées à l’étude comparative des modèles familiaux en péninsule ibérique, depuis la Renaissance, en particulier en matière de formation du ménage, de choix du conjoint, de relations de couple, de transmission intergénérationnelle, survie et recherche du bienêtre. Maria Marta Lobo de Araújo  (Université du Minho & Laboratoire d’excellence 2PT) souligne la présence familiale dans les Miséricordes portugaises à l’âge moderne et la politique d’investissement de certains ménages dans ces institutions caritatives bien spécifiques. Dans la ligne de recherche interdisciplinaire de l’Institut des Sciences Sociales de Braga, Luís Gonçalves Ferreira consacre une thèse à la politique d’assistance pratiquée en ville, aux XVIIe et XVIIIe siècles, par ces communautés en matière de vêtement, d’aide sociale et de dotations financières aux familles pauvres. Les filles orphelines vertueuses pouvaient être dotées à l’issue de sélections rigoureuses. Le niveau et la composition des dots sont scrutés, au sein des contrats de mariage, par Flávia Manuela Rodrigues Oliveira pour la ville même de Braga au XVIIIe siècle. Avec Liliana Neves, on découvre que l’aide de la Misericordia de cette cité historique a pu aussi s’adresser à de nombreuses familles voyageant par nécessité économique (travail saisonnier par exemple) ou en pèlerinage religieux vers Compostelle. Justement, Daniel Mena Acevedo (Université de Saint-Jacques de Compostelle) note la bonne gestion patrimoniale séculaire des maisons de campagne du chapitre de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle (1578-1868). Son collègue, Pablo Vázquez Bello montre qu’il existe aussi en Galice, au Nord-Ouest hispanique, d’autres institutions et communautées religieuses actives, de fondation ancienne. Par exemple, la congrégation laïque qui fait l’objet de son étude originale sur les Franciscains de La Coruña, constitués en Vénérable Tiers-Ordre (1673-1834), intègre non seulement des membres de familles locales mais attire et accepte des personnes laïques originaires de fort loin. 

Graźyna Liczbinska (Université Adam Mickiewicz de Poznan) se demande, pour les années 1930, quel fut l’impact des guerres et des crises économiques, non seulement sur le sex ratio de la population locale, mais plus précisément sur l’état de santé des nourrissons, en particulier ceux des mères célibataires. Helena M. Repczyńska évalue dans quelle mesure les maternités tardives affectent la condition des nouveaux nés, à Poznan au cours des XIXe et XXe siècles. Szymon Antosik, attaché à ce même groupe de travail polonais, a choisi de se pencher sur les troubles psychologiques, physiques et mentaux induits, dans la région de Poznan, par les crises économiques du XIXe siècle. Enfin, Malgorzata Chmielarz résume le nouveau projet interdisciplinaire de cette équipe intitulé « La famille, source de connaissance.  Revisiter l’histoire de la ville de Poznan ».

Publications
  • « Femmes et trajectoires de vie: modèles historiques européens », dans As Mulheres nos Caminhos da História, sous la dir de Maria Marta Lobo de Araújo, Cláudia Contente et Alexandra Esteves, Porto, Sersilito, 2021, p. 14-37.
  • « Historical Demography, Natural Daughter of the Annales School »,dans Jednostka, rodzina i struktury społeczne w perspektywie historycznej. Księga jubileuszowa dedykowana Profesorowi Cezaremu Kukli z okazji 45-lecia pracy naukowej, sous la dir de Piotr Łozowski et Radek Poniat, [Individus, structures familiales et sociales dans une perspective historique. Mélanges offerts au professeur Cezary Kuklo pour ses 45 années de travail scientifique], Białystok, Instytut Badań nad Dziedzictwem Kulturowym Europy [Institut de recherche sur le patrimoine culturel de l’Europe/ Research Institute on the Cultural Heritage of Europe], 2022, p. 270-286. (Le nom des pairs évaluateurs est indiqué page 4).
  • « The European rural stem family as a determinant of illegitimacy », Romanian Journal of Population Studies, Cluj-Napoca, XVI, 1, 2022, p. 9-44. https://doi.org/10.24193/RJPS.2022.1.01

Dernière modification : 7 mai 2021 13:49

Type d'UE
Séminaires collectifs de recherche
Disciplines
Histoire, Sociologie
Page web
-
Langues
anglais espagnol français portugais
Mots-clés
-
Aires culturelles
Afrique Amérique du Nord Amérique du Sud Amériques Asie Asie centrale Atlantiques (mondes) Chine Corée Europe Europe centrale et orientale France Ibérique (monde) Inde Japon Maghreb Méditerranéens (mondes) Musulmans (mondes) Russie Transméditerranée Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Antoinette Fauve-Chamoux [référent·e]   maîtresse de conférences (retraité·e), EHESS / Centre de recherches historiques (CRH)
  • Lucia Carle   professeure des universités, Université de Florence, Italie
  • Claudia Contente   enseignant-chercheur, Université Pompeu Fabra, Barcelone
  • Helena Da Silva   enseignant-chercheur, IHC - FCSH/NOVA, Portugal - Université Le Havre Normandie
  • Marius Eppel   enseignant-chercheur, Université Babes-Bolyai de Cluj, Roumanie
  • Mary Louise Nagata   professeure des universités, Francis Marion University

Nous aborderons les modèles de pouvoir dans le cadre de la famille, les conditions de co-résidence des individus apparentés ou non au sein des unités domestiques, la formation des couples, légitimes ou non, leur dissolution, la transmission transgénérationnelle du patrimoine, la condition des veuves, des personnes âgées et des célibataires, l’avenir des enfants et leur mobilité géographique et sociale suivant la position dans la fratrie, le genre et le marché du travail.
Seront examinées les différentes juridictions et les pratiques morales et coutumières concernant l’autorité du chef de famille (homme ou femme) sur les membres de ménage, cherchant à définir quels sont les devoirs et obligations des parents. Dans une optique largement comparative, nous chercherons à mettre en évidence les interactions entre, d’une part, le changement social et, d’autre part, les stratégies individuelles et collectives concernant les comportements de reproduction démographique aussi bien que socio-économique et les choix de vie. On s’attachera enfin aux rôles respectifs joués historiquement par les réseaux de parenté, la communauté, les rituels coutumiers, la religion et l’État sur la famille.

Programme détaillé communiqué ultérieurement

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
-
Informations pratiques

sur rendez-vous avec Antoinette Fauve-Chamoux, par courriel : antoinette.fauve-chamoux@ehess.fr

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous avec Antoinette Fauve-Chamoux, par courriel : antoinette.fauve-chamoux@ehess.fr

Site web : http://esopp.ehess.fr/index.php?478

Site web : http://erhimor.ehess.fr/index.php?791

 

Réception des candidats

sur rendez-vous avec Antoinette Fauve-Chamoux, par courriel : antoinette.fauve-chamoux@ehess.fr

Pré-requis

séminaire ouvert, tous niveaux.

Inscription en début d'année académique, avec présentation du CV à jour complet et d'un projet de recherche écrit.

  • 48 bd Jourdan
    48 bd Jourdan 75014 Paris
    annuel / bimensuel (2e/4e), jeudi 17:00-19:00
    du 25 novembre 2021 au 9 juin 2022
    Nombre de séances : 12

Dans la ligne de nos travaux en perspective eurasienne (Japon, Corée, Chine), initiés de longue date, Mary Louise Nagata (Université Francis Marion, USA) a présenté le mode reproductif spécifique des familles urbaines de Kyoto au Japon, à l’époque Tokugawa, y notant le rôle des femmes dans la continuité des lignées. Pour la période actuelle, les sociologues Glenda S. Roberts (Université Waseda Tokyo) et Hiroko Umegaki-Costantini (SciencesPo Paris et Université d’Oxford) ont exposé l’état d’avancement de leur projet franco-japonais sur l’activité professionnelle des femmes, la répartition des tâches domestiques et autres responsabilités familiales au sein du ménage, en particulier à l’égard de l’éducation des enfants et des relations avec les membres de la parenté. Pour l’Europe du Nord, à travers l’exemple, de la Suède et de la Finlande à l’époque préindustrielle, Beatrice Moring (Université de Cambridge) a insisté sur le travail permanent des femmes au cours de leur vie, tout particulièrement lorsqu’elles deviennent veuves et doivent subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants en milieu urbain. Elles témoignent alors d’une grande inventivité et résilience pour conserver un niveau de vie décent, en particulier grâce à leurs chambres d’hôtes et à une bonne économie ménagère. De son côté, Julieta Rotaru (Université Södertörn, Suède) a rappelé les rudes conditions socio-économiques des communautés gitanes en Europe. Elle y a étudié l’affirmation identitaire des Rudari, orpailleurs, tsiganes roumanisés (1388-1838), restés semi-nomades et libres au fil des siècles au sein d’une Valachie orthodoxe. Les femmes s’activaient non seulement à prendre soin de leurs enfants et des personnes âgées, mais accomplissaient des travaux que l’on aurait pu croire réservés aux hommes. D’ailleurs, en temps de crises, les femmes de milieux aristocratiques n’échappaient pas aux durs travaux des champs et des forêts, comme l’a bien montré Marielle Léridon (Aix en Provence), par son étude fine de l’histoire d’une famille transatlantique au cœur de son temps, celle de Louis Paul d’Autremont (1770-1843). Émigrée en Amérique du Nord une partie de cette famille fut confrontée à de nombreuses difficultés, suivies à travers une riche correspondance en grande partie inédite.

Peter Teibenbacher (Université Karl-Franzens de Graz), poursuivant son travail sur le modèle d’illégitimité rurale en Styrie autrichienne, propose un modèle séculaire des naissances hors mariage, sur la longue durée historique pour l’Europe centrale. Il voit se succéder une époque prémoderne, avec ses caractéristiques, puis vient le temps de l’industrialisation, suivi par une ère postmoderne, jusqu’à nos jours où « l’illégitimité » a perdu son sens premier, la formation de la famille ayant pris de nouvelles formes, si souvent éloignées du mariage traditionnel. Ruben Castro Rodondo (Université de Cantabrie) ravive son étude sur les enfants illégitimes de La Corogne au XIXe siècle et aborde la question des enfants abandonnés à l’hôpital de la Charité de cette grande ville portuaire espagnole. Catherine Canel-Dol (EHESS, Paris) résume les arguments majeurs de sa thèse de doctorat EHESS sur Les adoptions en France de 1789 à 1923 :  instituées, rêvées et vécuesElle revient sur le modèle familial institué par le Code civil de 1804. Elle analyse en particulier les pratiques adoptives à partir des statistiques nationales puis à travers les décisions rendues en matière d’adoption par la cour d’appel d’Aix entre 1807 et 1923, dégageant différents modèles de stratégies familiales. Evelien Walhout (Université de Leiden) soulève le problème de l’infanticide aux Pays-Bas entre 1582 et 1910, à la lumière de données quantitatives nouvellement accessibles, comprenant des séries paroissiales de baptêmes ainsi que les naissances enregistrées aux bureaux de l’état civil. Peu de recherches sont pour l’instant disponibles sur l’évolution du sex ratio dans ce pays. Il n’existe pas de signe clair laissant supposer une pratique tentant à éliminer les petites filles. Dans le cadre d’un autre projet en cours, E. Walhout reconstruit l’histoire de l’épidémie de choléra en 1866 dans la petite ville de Woerden et compare les modalités de lutte contre le fléau, élaborées et mises en œuvre par les divers acteurs au niveau local et régional (politique publique, mesures sanitaires et médicales etc.). Helena da Silva (Université Nova de Lisbonne) a partagé les premiers résultats de son grand projet MemoriaCovid destiné à documenter l’histoire de la pandémie, par l’archivages de témoignages écrits et oraux, au Portugal, et à étudier l’impact socio-démographique de cette crise sanitaire sur la vie familiale. 

Poursuivant nos fructueux échanges triangulaires avec le Portugal et l’Espagne, plusieurs séances de ce séminaire collectif de recherche furent consacrées à l’étude comparative des modèles familiaux en péninsule ibérique, depuis la Renaissance, en particulier en matière de formation du ménage, de choix du conjoint, de relations de couple, de transmission intergénérationnelle, survie et recherche du bienêtre. Maria Marta Lobo de Araújo  (Université du Minho & Laboratoire d’excellence 2PT) souligne la présence familiale dans les Miséricordes portugaises à l’âge moderne et la politique d’investissement de certains ménages dans ces institutions caritatives bien spécifiques. Dans la ligne de recherche interdisciplinaire de l’Institut des Sciences Sociales de Braga, Luís Gonçalves Ferreira consacre une thèse à la politique d’assistance pratiquée en ville, aux XVIIe et XVIIIe siècles, par ces communautés en matière de vêtement, d’aide sociale et de dotations financières aux familles pauvres. Les filles orphelines vertueuses pouvaient être dotées à l’issue de sélections rigoureuses. Le niveau et la composition des dots sont scrutés, au sein des contrats de mariage, par Flávia Manuela Rodrigues Oliveira pour la ville même de Braga au XVIIIe siècle. Avec Liliana Neves, on découvre que l’aide de la Misericordia de cette cité historique a pu aussi s’adresser à de nombreuses familles voyageant par nécessité économique (travail saisonnier par exemple) ou en pèlerinage religieux vers Compostelle. Justement, Daniel Mena Acevedo (Université de Saint-Jacques de Compostelle) note la bonne gestion patrimoniale séculaire des maisons de campagne du chapitre de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle (1578-1868). Son collègue, Pablo Vázquez Bello montre qu’il existe aussi en Galice, au Nord-Ouest hispanique, d’autres institutions et communautées religieuses actives, de fondation ancienne. Par exemple, la congrégation laïque qui fait l’objet de son étude originale sur les Franciscains de La Coruña, constitués en Vénérable Tiers-Ordre (1673-1834), intègre non seulement des membres de familles locales mais attire et accepte des personnes laïques originaires de fort loin. 

Graźyna Liczbinska (Université Adam Mickiewicz de Poznan) se demande, pour les années 1930, quel fut l’impact des guerres et des crises économiques, non seulement sur le sex ratio de la population locale, mais plus précisément sur l’état de santé des nourrissons, en particulier ceux des mères célibataires. Helena M. Repczyńska évalue dans quelle mesure les maternités tardives affectent la condition des nouveaux nés, à Poznan au cours des XIXe et XXe siècles. Szymon Antosik, attaché à ce même groupe de travail polonais, a choisi de se pencher sur les troubles psychologiques, physiques et mentaux induits, dans la région de Poznan, par les crises économiques du XIXe siècle. Enfin, Malgorzata Chmielarz résume le nouveau projet interdisciplinaire de cette équipe intitulé « La famille, source de connaissance.  Revisiter l’histoire de la ville de Poznan ».

Publications
  • « Femmes et trajectoires de vie: modèles historiques européens », dans As Mulheres nos Caminhos da História, sous la dir de Maria Marta Lobo de Araújo, Cláudia Contente et Alexandra Esteves, Porto, Sersilito, 2021, p. 14-37.
  • « Historical Demography, Natural Daughter of the Annales School »,dans Jednostka, rodzina i struktury społeczne w perspektywie historycznej. Księga jubileuszowa dedykowana Profesorowi Cezaremu Kukli z okazji 45-lecia pracy naukowej, sous la dir de Piotr Łozowski et Radek Poniat, [Individus, structures familiales et sociales dans une perspective historique. Mélanges offerts au professeur Cezary Kuklo pour ses 45 années de travail scientifique], Białystok, Instytut Badań nad Dziedzictwem Kulturowym Europy [Institut de recherche sur le patrimoine culturel de l’Europe/ Research Institute on the Cultural Heritage of Europe], 2022, p. 270-286. (Le nom des pairs évaluateurs est indiqué page 4).
  • « The European rural stem family as a determinant of illegitimacy », Romanian Journal of Population Studies, Cluj-Napoca, XVI, 1, 2022, p. 9-44. https://doi.org/10.24193/RJPS.2022.1.01