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UE168 - Dilemmas of colonial and postcolonial citizenship


Lieu et planning


  • Vieille-Charité
    Centre de la Vieille-Charité, 2 rue de la Charité 13002 Marseille
    Salle A
    1er semestre / hebdomadaire, mercredi 09:00-12:00
    du 20 octobre 2021 au 15 décembre 2021


Description


Dernière modification : 10 mai 2021 07:03

Type d'UE
Cours de langues
Disciplines
Langues
Page web
-
Langues
-
Mots-clés
Cinéma Citoyenneté Coloniales (études) Post-coloniales (études)
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Arundhati Virmani [référent·e]   enseignante contractuelle, EHESS / Centre Norbert-Elias (CNE)

Ce séminaire examine certains des sites et des luttes où la citoyenneté est légalement définie, produite, contestée et mise en œuvre, de l'époque coloniale à l'époque contemporaine. Alors que l'État colonial élabore ses systèmes de citoyenneté, définissant les identités des immigrants ou des groupes ethniques afin de visualiser l'amalgame de l'empire, ces paramètres impériaux instituant une hiérarchie des droits sont contestés dans le tribunal, par des actes de désobéissance, des protestations et de la résistance. Cette année, les enjeux et les dilemmes de la citoyenneté seront explorés à travers le prisme du cinéma. Alors que la citoyenneté en tant que statut juridique met l'accent sur les droits et l'appartenance, les films peuvent mettre en lumière l'exclusion, la marginalité, l'apatridie, à travers les récits de ceux qui sont effacés et se retrouvent dans un vide juridique. Nous commencerons par une sélection des premiers documentaires et films commandés par l'État colonial et les administrateurs britanniques au début du XXe siècle, qui projettent les notions impériales britanniques de la citoyenneté. Nous les confronterons aux récits cinématographiques de l'après-indépendance afin d'examiner les thèmes de l'appartenance, de l'exclusion, de l'altérité ou de l'identité dans le contexte des promesses de l'État post-colonial en matière de droits fondamentaux de liberté et d'égalité. En commençant par Bhowani Junction (1956) de l'américain George Cukor, les films discutés cette année se concentreront sur le cinéma bengali et bollywoodien : Nagarik (1952) de Satyajit Ray, Komal Gandhar (1961) et Subarnarekha (1962), de Ritwik Ghatak, au Yeh Gulistan Hamara d’Atma Ram (1972), Massey Sahib (1985) de Pradeep Krishen et Cotton Mary (1999) d'Ismail Merchant.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Cours de langues – Recherches comparatives en anthropologie, histoire et sociologie [Marseille] – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé oral, texte écrit

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire est parti des questions actuelles concernant la citoyenneté et les modifications récentes des régimes de citoyenneté, illustrées de manière spectaculaire en Inde par l'adoption de la loi de 2014 dont la mise en œuvre initiale dans l’état d’Assam a rendu apatride plus d'un million de personnes. La première séance a été dédiée aux approches historiographiques de la citoyenneté en tant qu'idiome fondamental pour étudier l’Empire et l'État postcolonial.  L’approche à la citoyenneté en tant qu'appartenance légale à un État a été enrichie par les études d’anthropologues et de sociologues sur l'appartenance et l'adhésion affective à une nation au-delà du contrat politique formel qui lie les individus à l'État. Ces discussions préliminaires ont permis d'aborder le problème principal du séminaire, à savoir la mise en place des régimes de citoyenneté dans l’empire britannique, avec une attention particulière au cas de l’Inde coloniale. L’interrogation principale s’est concentrée sur la construction, les pratiques et les actes de citoyenneté à travers divers types de productions cinématographiques. Comment les films construisent-ils le sujet colonial ? Quel genre de déclarations sociopolitiques faisaient-ils à propos des sujets impériaux ? Les expériences cinématographiques dans l'empire britannique ont commencé dès le début du XXe siècle avec l'Armée du Salut, qui avait déjà tourné 13 films en Inde en 1904.

Les premières séances du séminaire ont été consacrées à visionner de courts documentaires sur les Indiens dans les espaces urbains (Panorama de Calcutta ; scènes de rue de Delhi (1909), en particulier sur des catégories spécifiques comme les artisans ou les courtisanes (Villenour 1914). Cela a fourni une plate-forme de discussion sur les techniques visuelles permettant de montrer les colonisés comme un spectacle, en soulignant le caractère exotique du pays et de ses habitants à travers leurs vêtements ou leurs occupations. Les films amateurs réalisés en grande partie par des administrateurs ou des employés britanniques sur place, destinés à un public restreint – leurs familles ou cercle d’amis – offraient le colonisé en spectacle, insérant le sujet colonial dans un fantasme impérial. Ils répondaient au souhait du public britannique de voir des indigènes primitifs plutôt que des sociétés coloniales modernes. Les documentaires plus officiels ont diffusé les grands moments d’affirmation de pouvoir impérial : ainsi le documentaire muet "With our King and Queen through India" (1912), a enregistré les célébrations de décembre 1911 en Inde marquant le couronnement de George V. Il offre un exemple de la façon dont la citoyenneté des sujets britanniques était marquée par des inégalités fondées sur la race et la classe, révélant le paradoxe du discours impérial sur l'égalité des sujets impériaux. En offrant des visions ordinaires de l'empire et des sujets impériaux, ces films montrent la pratique du pouvoir, et les places respectives des colonisateurs et des colonisés.

Le séminaire a poursuivi deux axes. D’abord il a tracé l'évolution des films britanniques sur les colonies,  d'une forme de production artisanale à une industrie clé avec la rencontre du cinéma et de la politique coloniale. La Première Guerre mondiale fait prendre conscience aux Britanniques de l'importance des films pour mettre en scène l'unité de leur Empire et les objectifs d’une guerre collective. Les colonies avec les dominions se trouvent ainsi au centre de la production cinématographique britannique.

De travaux plus récents en sciences sociales qui s’appuient sur la relation entre éducation et citoyenneté ont été examinés à partir de certaines institutions clés (Empire Marketing Board, General Post Office, War Office, ou Ministry of Royal Mint), et des figures clé du monde du cinéma comme John Grierson (1898-1972) et Stephen Tallents (1884-1958) . La notion de film comme force sociale développée par Grierson incite à situer les citoyens dans le tissu de l'empire. Sa formation en psychologie sociale des « social mediums » au département de sociologie de l'université de Chicago l’a conduit à développer ses idées sur le film comme moyen de construire une citoyenneté sociale. Cet objectif converge avec les objectifs impériaux d'interdépendance des dominions et des colonies britanniques et de loyauté de leurs sujets. Tout comme Tallents, secrétaire de l’Empire Marketting Board, ils s’engagent dans le cinéma en tant que technologie capable de surmonter la distance et de cultiver des formes de citoyenneté susceptibles de traverser les espaces internationaux. Ils jouent un rôle majeur d’intermédiaire au près du gouvernement pendant l'entre-deux-guerres, assurant le flot des fonds du gouvernement pour les films.

À partir de 1926, le cinéma britannique joue un rôle important dans la représentation d'un nouveau paradigme de l'empire, sous l'égide de l'Empire Marketing Board, créé en mai 1926, qui recrute Kipling pour contrer le succès américain en diffusant des messages idéologiques forts à travers le divertissement. Des discussions ont suivi le visionnage de Song of Ceylon, un documentaire en quatre parties commandées par le Ceylon Tea Propaganda Bureau en 1933. Il présente un mélange d'observation anthropologique, de carnet de voyage, de poésie et montre une expérimentation inédite d'images sonores avec un scénario orientaliste.

Le second axe du séminaire a prêté attention à l’essor des films commerciaux. La guerre fait pencher la balance en faveur de l'Amérique. Les producteurs d'Hollywood peuvent profiter de la pénurie de films et de matériel cinématographique pour inonder le marché européen de leurs propres produits. Les films réalisés dans l'après-guerre reflètent l'idée qu’ils peuvent élargir la citoyenneté au-delà des simples préoccupations locales. Certains de ces films à succès visionnés en classe (Lives of a Bengal Lancer (1935) ; Gunga Din (1939) ; The Drum (1938) ont permis d’étudier ces aspects de la citoyenneté à travers l'appartenance, les rôles, l'altérité ou les processus d'exclusion qui resituent la place de chacun dans l'empire. Ces films présentent des actes de citoyenneté de la part de soldats, d'administrateurs et même de jeunes britanniques, engagés dans l’empire. Ils intègrent des questions de citoyenneté dans leurs récits, en montrant qui appartient à l'empire, qui est un citoyen utile, qui défend ou trahit l'empire. Ils présentent le contexte politique, le milieu social dans lequel ces aspects sont définis, et illustrent ce qui constitue l'acte de citoyenneté.

Publications
  • Aesthetic perceptions of Urban Environments, Londres, Routledge, 2022.
  • “Le curry, le tikka, le naan”, dans L’épicerie du monde, sous la dir. de Pierre Singaravelu, Sylvain Venayre, Paris, Fayard, 2022, p. 37-41, p. 341-344 et p. 391-394.

Dernière modification : 10 mai 2021 07:03

Type d'UE
Cours de langues
Disciplines
Langues
Page web
-
Langues
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Mots-clés
Cinéma Citoyenneté Coloniales (études) Post-coloniales (études)
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Arundhati Virmani [référent·e]   enseignante contractuelle, EHESS / Centre Norbert-Elias (CNE)

Ce séminaire examine certains des sites et des luttes où la citoyenneté est légalement définie, produite, contestée et mise en œuvre, de l'époque coloniale à l'époque contemporaine. Alors que l'État colonial élabore ses systèmes de citoyenneté, définissant les identités des immigrants ou des groupes ethniques afin de visualiser l'amalgame de l'empire, ces paramètres impériaux instituant une hiérarchie des droits sont contestés dans le tribunal, par des actes de désobéissance, des protestations et de la résistance. Cette année, les enjeux et les dilemmes de la citoyenneté seront explorés à travers le prisme du cinéma. Alors que la citoyenneté en tant que statut juridique met l'accent sur les droits et l'appartenance, les films peuvent mettre en lumière l'exclusion, la marginalité, l'apatridie, à travers les récits de ceux qui sont effacés et se retrouvent dans un vide juridique. Nous commencerons par une sélection des premiers documentaires et films commandés par l'État colonial et les administrateurs britanniques au début du XXe siècle, qui projettent les notions impériales britanniques de la citoyenneté. Nous les confronterons aux récits cinématographiques de l'après-indépendance afin d'examiner les thèmes de l'appartenance, de l'exclusion, de l'altérité ou de l'identité dans le contexte des promesses de l'État post-colonial en matière de droits fondamentaux de liberté et d'égalité. En commençant par Bhowani Junction (1956) de l'américain George Cukor, les films discutés cette année se concentreront sur le cinéma bengali et bollywoodien : Nagarik (1952) de Satyajit Ray, Komal Gandhar (1961) et Subarnarekha (1962), de Ritwik Ghatak, au Yeh Gulistan Hamara d’Atma Ram (1972), Massey Sahib (1985) de Pradeep Krishen et Cotton Mary (1999) d'Ismail Merchant.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Cours de langues – Recherches comparatives en anthropologie, histoire et sociologie [Marseille] – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – exposé oral, texte écrit
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-
  • Vieille-Charité
    Centre de la Vieille-Charité, 2 rue de la Charité 13002 Marseille
    Salle A
    1er semestre / hebdomadaire, mercredi 09:00-12:00
    du 20 octobre 2021 au 15 décembre 2021

Le séminaire est parti des questions actuelles concernant la citoyenneté et les modifications récentes des régimes de citoyenneté, illustrées de manière spectaculaire en Inde par l'adoption de la loi de 2014 dont la mise en œuvre initiale dans l’état d’Assam a rendu apatride plus d'un million de personnes. La première séance a été dédiée aux approches historiographiques de la citoyenneté en tant qu'idiome fondamental pour étudier l’Empire et l'État postcolonial.  L’approche à la citoyenneté en tant qu'appartenance légale à un État a été enrichie par les études d’anthropologues et de sociologues sur l'appartenance et l'adhésion affective à une nation au-delà du contrat politique formel qui lie les individus à l'État. Ces discussions préliminaires ont permis d'aborder le problème principal du séminaire, à savoir la mise en place des régimes de citoyenneté dans l’empire britannique, avec une attention particulière au cas de l’Inde coloniale. L’interrogation principale s’est concentrée sur la construction, les pratiques et les actes de citoyenneté à travers divers types de productions cinématographiques. Comment les films construisent-ils le sujet colonial ? Quel genre de déclarations sociopolitiques faisaient-ils à propos des sujets impériaux ? Les expériences cinématographiques dans l'empire britannique ont commencé dès le début du XXe siècle avec l'Armée du Salut, qui avait déjà tourné 13 films en Inde en 1904.

Les premières séances du séminaire ont été consacrées à visionner de courts documentaires sur les Indiens dans les espaces urbains (Panorama de Calcutta ; scènes de rue de Delhi (1909), en particulier sur des catégories spécifiques comme les artisans ou les courtisanes (Villenour 1914). Cela a fourni une plate-forme de discussion sur les techniques visuelles permettant de montrer les colonisés comme un spectacle, en soulignant le caractère exotique du pays et de ses habitants à travers leurs vêtements ou leurs occupations. Les films amateurs réalisés en grande partie par des administrateurs ou des employés britanniques sur place, destinés à un public restreint – leurs familles ou cercle d’amis – offraient le colonisé en spectacle, insérant le sujet colonial dans un fantasme impérial. Ils répondaient au souhait du public britannique de voir des indigènes primitifs plutôt que des sociétés coloniales modernes. Les documentaires plus officiels ont diffusé les grands moments d’affirmation de pouvoir impérial : ainsi le documentaire muet "With our King and Queen through India" (1912), a enregistré les célébrations de décembre 1911 en Inde marquant le couronnement de George V. Il offre un exemple de la façon dont la citoyenneté des sujets britanniques était marquée par des inégalités fondées sur la race et la classe, révélant le paradoxe du discours impérial sur l'égalité des sujets impériaux. En offrant des visions ordinaires de l'empire et des sujets impériaux, ces films montrent la pratique du pouvoir, et les places respectives des colonisateurs et des colonisés.

Le séminaire a poursuivi deux axes. D’abord il a tracé l'évolution des films britanniques sur les colonies,  d'une forme de production artisanale à une industrie clé avec la rencontre du cinéma et de la politique coloniale. La Première Guerre mondiale fait prendre conscience aux Britanniques de l'importance des films pour mettre en scène l'unité de leur Empire et les objectifs d’une guerre collective. Les colonies avec les dominions se trouvent ainsi au centre de la production cinématographique britannique.

De travaux plus récents en sciences sociales qui s’appuient sur la relation entre éducation et citoyenneté ont été examinés à partir de certaines institutions clés (Empire Marketing Board, General Post Office, War Office, ou Ministry of Royal Mint), et des figures clé du monde du cinéma comme John Grierson (1898-1972) et Stephen Tallents (1884-1958) . La notion de film comme force sociale développée par Grierson incite à situer les citoyens dans le tissu de l'empire. Sa formation en psychologie sociale des « social mediums » au département de sociologie de l'université de Chicago l’a conduit à développer ses idées sur le film comme moyen de construire une citoyenneté sociale. Cet objectif converge avec les objectifs impériaux d'interdépendance des dominions et des colonies britanniques et de loyauté de leurs sujets. Tout comme Tallents, secrétaire de l’Empire Marketting Board, ils s’engagent dans le cinéma en tant que technologie capable de surmonter la distance et de cultiver des formes de citoyenneté susceptibles de traverser les espaces internationaux. Ils jouent un rôle majeur d’intermédiaire au près du gouvernement pendant l'entre-deux-guerres, assurant le flot des fonds du gouvernement pour les films.

À partir de 1926, le cinéma britannique joue un rôle important dans la représentation d'un nouveau paradigme de l'empire, sous l'égide de l'Empire Marketing Board, créé en mai 1926, qui recrute Kipling pour contrer le succès américain en diffusant des messages idéologiques forts à travers le divertissement. Des discussions ont suivi le visionnage de Song of Ceylon, un documentaire en quatre parties commandées par le Ceylon Tea Propaganda Bureau en 1933. Il présente un mélange d'observation anthropologique, de carnet de voyage, de poésie et montre une expérimentation inédite d'images sonores avec un scénario orientaliste.

Le second axe du séminaire a prêté attention à l’essor des films commerciaux. La guerre fait pencher la balance en faveur de l'Amérique. Les producteurs d'Hollywood peuvent profiter de la pénurie de films et de matériel cinématographique pour inonder le marché européen de leurs propres produits. Les films réalisés dans l'après-guerre reflètent l'idée qu’ils peuvent élargir la citoyenneté au-delà des simples préoccupations locales. Certains de ces films à succès visionnés en classe (Lives of a Bengal Lancer (1935) ; Gunga Din (1939) ; The Drum (1938) ont permis d’étudier ces aspects de la citoyenneté à travers l'appartenance, les rôles, l'altérité ou les processus d'exclusion qui resituent la place de chacun dans l'empire. Ces films présentent des actes de citoyenneté de la part de soldats, d'administrateurs et même de jeunes britanniques, engagés dans l’empire. Ils intègrent des questions de citoyenneté dans leurs récits, en montrant qui appartient à l'empire, qui est un citoyen utile, qui défend ou trahit l'empire. Ils présentent le contexte politique, le milieu social dans lequel ces aspects sont définis, et illustrent ce qui constitue l'acte de citoyenneté.

Publications
  • Aesthetic perceptions of Urban Environments, Londres, Routledge, 2022.
  • “Le curry, le tikka, le naan”, dans L’épicerie du monde, sous la dir. de Pierre Singaravelu, Sylvain Venayre, Paris, Fayard, 2022, p. 37-41, p. 341-344 et p. 391-394.