Attention, les informations que vous consultez actuellement ne sont pas celles de l'année universitaire en cours. Consulter l'année universitaire 2023-2024.

UE1042 - L'archivistique, de science auxiliaire à science sociale (XIXe-XXIe siècle)


Lieu et planning


  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    2nd semestre / hebdomadaire, vendredi 08:30-10:30
    du 25 février 2022 au 10 juin 2022
    Nombre de séances : 12


Description


Dernière modification : 11 mai 2022 14:44

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Méthodes et techniques des sciences sociales
Page web
-
Langues
-
Mots-clés
-
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Olivier Poncet [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur d'études, École nationale des chartes / Centre de recherches historiques (CRH), Groupe d'études sur les historiographies modernes (CRH-GEHM)

La science des archives, longtemps réduite à une série de techniques matérielles et intellectuelles empreintes d’un fort pragmatisme, est devenue au cours du XIXe siècle une alliée de choix dans la construction en Europe d’une écriture critique de l’histoire à l’heure de l’école méthodique et a été repensée professionnellement pour être mise au service d’une fabrication historicisée des archives. Deux siècles plus tard, l’archivistique revendique une forme d’autonomie de pensée et d’action qui la dégage parfois du lien exclusif tissé avec la science historique pour viser un statut spécifique qui fait d’elle un partenaire scientifique à part entière pour d’autres domaines des sciences sociales. Le séminaire s’attachera à explorer les pratiques et les théories qui ont conduit, en France, comme à l’étranger, à cette forme moderne de translatio imperii.

Le séminaire a lieu le vendredi de 8 h 30 à 10 h 30 en salle 25-A du bâtiment EHESS-Condorcet, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers.

Le séminaire aura lieu en mode hybride (sauf pour les étudiants validant le séminaire).

25 février : Les mille et un visages de l’archivistique depuis le XVIIe siècle

4 mars : Plus historiens que les historiens ? Respect des fonds, metodo storico, Provenienzprinzip

11 mars : Réformer les archives, réformer les archivistes ? Le débat français des années 1904-1906

18 mars : Sylvie Desachy (Archives départementales de l’Hérault) et Katia Weidenfeld (Tribunal administratif de Montreuil-École nationale des chartes), « Responsable mais pas coupable », hommes politiques et reddition des comptes aujourd’hui (séance commune avec le séminaire ENC-EHESS) (attention : le séminaire aura lieu à l’École des chartes, 65 rue de Richelieu, 75002 Paris, en salle Delisle de 10 h 00 à 12 h 00)

25 mars : L’archivistique des tris : des Lumières à la querelle Langlois-Aulard de 1913-1914

1er avril : La « pureté » de l’archiviste selon Hilary Jenkinson

8 avril : Adama Pam (Archives de l’Unesco), Archives de la douleur dans les processus de solde mémoriel  des régimes totalitaires (exemple du Togo) (séance commune avec le séminaire ENC-EHESS) (attention : le séminaire aura lieu à l’École des chartes, 65 rue de Richelieu, 75002 Paris, en salle Delisle de 10 h 00 à 12 h 00)

15 avril : Édouard Vasseur (École nationale des chartes), La fabrique d’un directeur général des Archives : Charles Braibant

22 avril : Une translatio imperii ? Posner, Schellenberg, Perotin

13 mai (Séance relocalisée à l'École des Chartes) : Marie-Anne Chabin (Université Paris 8), Le geste d’archiver et les relations archivistiques

27 mai (Séance relocalisée à l'École des Chartes) : Réparations : Foucault, Derrida et les archives

3 juin (Séance relocalisée à l'École des Chartes) : Terry Cook et la responsabilité sociale de l’archiviste

https://enseignements.ehess.fr/attachements/91


Master


  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Compte rendu


Le séminaire a eu lieu au second semestre, à un rythme hebdomadaire et selon un format hybride qui a facilité l’inclusion de professionnels des archives et a permis d’accueillir en moyenne une quinzaine d’auditeurs. Destiné à installer la nouvelle chaire instituée par l’élection du directeur d’études en juin 2021, il a été placé sous l’intitulé « L'archivistique, de science auxiliaire à science sociale (XIXe-XXIe siècle) ». Principalement assurées par le directeur d’études – deux séances ont été confiées à Édouard Vasseur et à Marie-Anne Chabin –, les différentes séances ont permis de reparcourir les trois derniers siècles de pratiques et de théories de l’archivistique dans le monde occidental dans un ordre chronologique relativement bien respecté.

Passant en revue différents moments classiques des inflexions de l’archivistique – respect des fonds et metodo storico du XIXe siècle, la théorie jenkinsonienne de « pureté » de l’action de l’archiviste, la nouvelle administration et le records management de l’Américain Schellenberg, la réception des penseurs post-modernes et les nouvelles frontières de l’archivistique telles que les a synthétisées le Canadien Terry Cook –, le séminaire s’est efforcé de mettre en lumière l’extraordinaire plasticité de raisonnements et de pratiques qui ont constamment élargi leurs sources d’inspiration, qu’elles soient historiques, administratives, philosophiques et plus largement démocratiques et sociales. Reflet de leur époque et de leur milieu, les théories archivistiques se sont progressivement affranchies de l’emprise quasiment exclusive exercée par l’histoire pour acquérir une forme d’autonomie de pensée et d’action. Certaines de ces évolutions se sont parfois faites sous la contrainte et dans un contexte de crise, comme le montre le cas de la France des années 1900-1910 où la demande de professionnalisation des acteurs et le questionnement des principes de tri ont connu une inédite exposition publique et médiatique.

Quoique ces théories fussent énoncées par des professionnels dont la très large majorité a reçu une formation académique en histoire, elles ont connu une réception limitée dans les cercles universitaires. La prise en compte des impératifs d’une administration renouvelée et du défi des masses d’archives au XXe siècle ont accentué ce phénomène d’émancipation de la science historique. Il s’est récemment mué en une série de propositions faites aux historiens et plus largement aux sciences sociales dont témoigne l’archival turn. Il a surtout accompagné une forme de translatio imperii qui, comme dans d’autres domaines des sciences sociales, a vu un déplacement net du centre de gravité intellectuel en la matière d’un bord à l’autre de l’Océan Atlantique, sous l’effet conjugué d’une vie administrative sans traditions archivistiques affirmées et d’une porosité plus affirmée aux débats de société. De science auxiliaire, l’archivistique réfléchie et vécue a fini par devenir le creuset des attentes, des ambitions et des moyens d’actions d’une société administrative et scientifique dont les choix pèsent infiniment sur la pratique des sciences humaines et sociales.

Plusieurs séances ont donné lieu ou donneront lieu à des articles tandis que la matière principale du séminaire devrait trouver un débouché éditorial sous forme d’une anthologie commentée de textes-jalons destinés à tracer un parcours historique de l’âge moderne à l’époque contemporaine.

Publications
  • Mazarin. L’art de gouverner, Paris, Perrin-Bibliothèque nationale de France, 2021 (Bibliothèque des illustres), 256 p.
  • « Les Barberini et la France, de Henri IV à Mazarin », dans I Barberini et l’Europa, sous la dir. de Péter Tusor et Alessandro Boccolini, Viterbe, Sette Città, 2022, p. 169-188.
  • « Au delà de la preuve. La dramatisation des archives comme discours politique, social et savant (France, XVIe-début XVIIIe siècle) », dans Les conflits d’archives. France, Espagne, Méditerranée, sous la dir. Stéphane Péquignot et Yann Potin, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Histoire-Archives, histoire et société), 2022, p. 259-276.
  • Avec la collaboration de Sylvie Desachy et Olivier Guyotjeannin, Figures du notaire dans la France méridionale. Institutions, clientèles et actes (XIIe-XVIe siècle), Paris, École des chartes, 2022 (Études et rencontres de l’École des chartes, 64), 336 p.
  • Avec Olivier Guyotjeannin, « D’une Renaissance à l’autre, l’avènement d’un homme et de son métier dans le Midi de la France : le notaire du XIIe au XVIe siècle», dans Figures du notaire dans la France méridionale. Institutions, clientèles et actes (XIIe-XVIe siècle), op. cit., p. 13-23.

Dernière modification : 11 mai 2022 14:44

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Méthodes et techniques des sciences sociales
Page web
-
Langues
-
Mots-clés
-
Aires culturelles
-
Intervenant·e·s
  • Olivier Poncet [référent·e]   directeur d'études, EHESS - directeur d'études, École nationale des chartes / Centre de recherches historiques (CRH), Groupe d'études sur les historiographies modernes (CRH-GEHM)

La science des archives, longtemps réduite à une série de techniques matérielles et intellectuelles empreintes d’un fort pragmatisme, est devenue au cours du XIXe siècle une alliée de choix dans la construction en Europe d’une écriture critique de l’histoire à l’heure de l’école méthodique et a été repensée professionnellement pour être mise au service d’une fabrication historicisée des archives. Deux siècles plus tard, l’archivistique revendique une forme d’autonomie de pensée et d’action qui la dégage parfois du lien exclusif tissé avec la science historique pour viser un statut spécifique qui fait d’elle un partenaire scientifique à part entière pour d’autres domaines des sciences sociales. Le séminaire s’attachera à explorer les pratiques et les théories qui ont conduit, en France, comme à l’étranger, à cette forme moderne de translatio imperii.

Le séminaire a lieu le vendredi de 8 h 30 à 10 h 30 en salle 25-A du bâtiment EHESS-Condorcet, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers.

Le séminaire aura lieu en mode hybride (sauf pour les étudiants validant le séminaire).

25 février : Les mille et un visages de l’archivistique depuis le XVIIe siècle

4 mars : Plus historiens que les historiens ? Respect des fonds, metodo storico, Provenienzprinzip

11 mars : Réformer les archives, réformer les archivistes ? Le débat français des années 1904-1906

18 mars : Sylvie Desachy (Archives départementales de l’Hérault) et Katia Weidenfeld (Tribunal administratif de Montreuil-École nationale des chartes), « Responsable mais pas coupable », hommes politiques et reddition des comptes aujourd’hui (séance commune avec le séminaire ENC-EHESS) (attention : le séminaire aura lieu à l’École des chartes, 65 rue de Richelieu, 75002 Paris, en salle Delisle de 10 h 00 à 12 h 00)

25 mars : L’archivistique des tris : des Lumières à la querelle Langlois-Aulard de 1913-1914

1er avril : La « pureté » de l’archiviste selon Hilary Jenkinson

8 avril : Adama Pam (Archives de l’Unesco), Archives de la douleur dans les processus de solde mémoriel  des régimes totalitaires (exemple du Togo) (séance commune avec le séminaire ENC-EHESS) (attention : le séminaire aura lieu à l’École des chartes, 65 rue de Richelieu, 75002 Paris, en salle Delisle de 10 h 00 à 12 h 00)

15 avril : Édouard Vasseur (École nationale des chartes), La fabrique d’un directeur général des Archives : Charles Braibant

22 avril : Une translatio imperii ? Posner, Schellenberg, Perotin

13 mai (Séance relocalisée à l'École des Chartes) : Marie-Anne Chabin (Université Paris 8), Le geste d’archiver et les relations archivistiques

27 mai (Séance relocalisée à l'École des Chartes) : Réparations : Foucault, Derrida et les archives

3 juin (Séance relocalisée à l'École des Chartes) : Terry Cook et la responsabilité sociale de l’archiviste

https://enseignements.ehess.fr/attachements/91

  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis
-
  • Bâtiment EHESS-Condorcet
    EHESS, 2 cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 25-A
    2nd semestre / hebdomadaire, vendredi 08:30-10:30
    du 25 février 2022 au 10 juin 2022
    Nombre de séances : 12

Le séminaire a eu lieu au second semestre, à un rythme hebdomadaire et selon un format hybride qui a facilité l’inclusion de professionnels des archives et a permis d’accueillir en moyenne une quinzaine d’auditeurs. Destiné à installer la nouvelle chaire instituée par l’élection du directeur d’études en juin 2021, il a été placé sous l’intitulé « L'archivistique, de science auxiliaire à science sociale (XIXe-XXIe siècle) ». Principalement assurées par le directeur d’études – deux séances ont été confiées à Édouard Vasseur et à Marie-Anne Chabin –, les différentes séances ont permis de reparcourir les trois derniers siècles de pratiques et de théories de l’archivistique dans le monde occidental dans un ordre chronologique relativement bien respecté.

Passant en revue différents moments classiques des inflexions de l’archivistique – respect des fonds et metodo storico du XIXe siècle, la théorie jenkinsonienne de « pureté » de l’action de l’archiviste, la nouvelle administration et le records management de l’Américain Schellenberg, la réception des penseurs post-modernes et les nouvelles frontières de l’archivistique telles que les a synthétisées le Canadien Terry Cook –, le séminaire s’est efforcé de mettre en lumière l’extraordinaire plasticité de raisonnements et de pratiques qui ont constamment élargi leurs sources d’inspiration, qu’elles soient historiques, administratives, philosophiques et plus largement démocratiques et sociales. Reflet de leur époque et de leur milieu, les théories archivistiques se sont progressivement affranchies de l’emprise quasiment exclusive exercée par l’histoire pour acquérir une forme d’autonomie de pensée et d’action. Certaines de ces évolutions se sont parfois faites sous la contrainte et dans un contexte de crise, comme le montre le cas de la France des années 1900-1910 où la demande de professionnalisation des acteurs et le questionnement des principes de tri ont connu une inédite exposition publique et médiatique.

Quoique ces théories fussent énoncées par des professionnels dont la très large majorité a reçu une formation académique en histoire, elles ont connu une réception limitée dans les cercles universitaires. La prise en compte des impératifs d’une administration renouvelée et du défi des masses d’archives au XXe siècle ont accentué ce phénomène d’émancipation de la science historique. Il s’est récemment mué en une série de propositions faites aux historiens et plus largement aux sciences sociales dont témoigne l’archival turn. Il a surtout accompagné une forme de translatio imperii qui, comme dans d’autres domaines des sciences sociales, a vu un déplacement net du centre de gravité intellectuel en la matière d’un bord à l’autre de l’Océan Atlantique, sous l’effet conjugué d’une vie administrative sans traditions archivistiques affirmées et d’une porosité plus affirmée aux débats de société. De science auxiliaire, l’archivistique réfléchie et vécue a fini par devenir le creuset des attentes, des ambitions et des moyens d’actions d’une société administrative et scientifique dont les choix pèsent infiniment sur la pratique des sciences humaines et sociales.

Plusieurs séances ont donné lieu ou donneront lieu à des articles tandis que la matière principale du séminaire devrait trouver un débouché éditorial sous forme d’une anthologie commentée de textes-jalons destinés à tracer un parcours historique de l’âge moderne à l’époque contemporaine.

Publications
  • Mazarin. L’art de gouverner, Paris, Perrin-Bibliothèque nationale de France, 2021 (Bibliothèque des illustres), 256 p.
  • « Les Barberini et la France, de Henri IV à Mazarin », dans I Barberini et l’Europa, sous la dir. de Péter Tusor et Alessandro Boccolini, Viterbe, Sette Città, 2022, p. 169-188.
  • « Au delà de la preuve. La dramatisation des archives comme discours politique, social et savant (France, XVIe-début XVIIIe siècle) », dans Les conflits d’archives. France, Espagne, Méditerranée, sous la dir. Stéphane Péquignot et Yann Potin, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Histoire-Archives, histoire et société), 2022, p. 259-276.
  • Avec la collaboration de Sylvie Desachy et Olivier Guyotjeannin, Figures du notaire dans la France méridionale. Institutions, clientèles et actes (XIIe-XVIe siècle), Paris, École des chartes, 2022 (Études et rencontres de l’École des chartes, 64), 336 p.
  • Avec Olivier Guyotjeannin, « D’une Renaissance à l’autre, l’avènement d’un homme et de son métier dans le Midi de la France : le notaire du XIIe au XVIe siècle», dans Figures du notaire dans la France méridionale. Institutions, clientèles et actes (XIIe-XVIe siècle), op. cit., p. 13-23.