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UE997 - Violences de guerre et violences exterminatrices : Est de l'Anatolie, Caucase et Asie centrale (1912-1924)


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 2
    annuel / mensuel (3e), mardi 09:00-13:00
    du 17 novembre 2020 au 15 juin 2021


Description


Dernière modification : 9 novembre 2021 08:49

Type d'UE
Séminaires DR/CR
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Coloniales (études) Diaspora Discrimination Empire Ethnicité Génocides (études des) Guerre Histoire Historiographie Mémoire Nationalisme Transnational Violence
Aires culturelles
Asie centrale Russie Turc (domaine)
Intervenant·e·s
  • Cloé Drieu [référent·e]   chargée de recherche, CNRS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)
  • Claire Mouradian   directrice de recherche (émérite), CNRS / Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC)
  • Alexandre Toumarkine   professeur des universités, INaLCO

Ce séminaire se focalisera sur les marges d’empires (est de l’Anatolie, Caucase et Asie centrale en particulier) durant cette longue Première Guerre mondiale (Greater War), allant du début des Guerres balkaniques (1912) aux années 1923/24, qui marquent l’émergence de nouveaux États modernes (République de Turquie et républiques soviétiques du Caucase et d’Asie centrale). Ces deux grands ensembles régionaux, encore peu étudiés par les recherches occidentales sur le Premier conflit mondial comme par celles portant sur l’histoire du fait colonial et impérial, possèdent des caractéristiques communes : ils sont géographiquement situés à la confluence de grands empires continentaux (ottoman, russe, chinois, perse) ; ils connaissent politiquement une période de transition d’une extrême violence pour les populations civiles et militaires, passant d’une situation impériale et coloniale à des États ethno-nationaux fortement assimilateurs ; ils peuvent être pensés comme des théâtres périphériques et secondaires de la Grande Guerre dans le sens où ils ne constituent que partiellement des zones de front alors que leurs populations minoritaires bénéficient d’une faible intégration dans les armées impériales (elles échappent majoritairement à la conscription militaire pour servir dans des bataillons de travail) ; ils sont au cœur d’un phénomène milicien et paramilitaire fondamental dans la perpétration de crimes et de violences exterminatrices de masse (génocide, nettoyages ethniques). Le séminaire s’interrogera sur ces violences exterminatrices (conditions d’émergence, modalités…) et sur les témoignages et récits qui en sont faits.

Ce séminaire a lieu dans le cadre de l’ANR Shatterzone (ANR-19-FGEN-0001-01)

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

Sur rendez-vous

Pré-requis
-

Compte rendu


La question des enfants dans le génocide des Arméniens fut l’un des deux axes importants développés dans le séminaire cette année, avec Nazan Maksudyan et Selim Derimgil, ainsi que, en contrepoint historique et géographique éloigné, Hélène Dumas sur le cas du génocide des Tutsi. Ces interventions ont permis d’aborder non seulement la question – encore relativement peu débattue – du genre dans les violences de masse, mais aussi celle des enfants dans les violences extrêmes (guerre, génocide) qui émerge depuis une période récente dans d’autres aires géographiques et évènements historiques. Le renouvellement de l’historiographie permet de penser les enfants non plus comme des victimes collatérales, mais comme des cibles parmi les plus vulnérables, également des témoins à part entière, puisqu’ils et elles subissent les mêmes violences que les adultes (torture, empoisonnement, déportation et marche de la mort, viol et meurtre des garçons dès 12 ans). Adopter leur point de vue permet de saisir la dynamique et la richesse des trajectoires individuelles, tout comme leur capacité à agir, inventer, s’adapter et être pleinement acteurs du jeu de reconfigurations sociales et identitaires. Dans la période post-génocidaire, ces orphelins font l’objet des politiques assimilatrices de l’Empire ottoman, institutionnalisées ou pas, mais également des conséquences d’une reconquête communautaire. Les estimations du nombre d’orphelins oscillent entre 63 000 et 300 000 pour les estimations les plus hautes, et ils se concentrent majoritairement dans la province d’Alep, qui offre davantage de possibilités de survie. Analyser l’immédiat après-génocide en considérant les enfants comme une forme de « propriété nationale » du point de vue de l’idéologie jeune-turque fut abordé à travers le cas de l’orphelinat d’Antoura situé au Liban. Cette institution est présentée par les autorités comme un lieu de modernisation sociale et d’assimilation exemplaire, où les individus paraissent « reprogrammables ». Or il a été montré que l’orphelinat favorisait aussi le maintien d’une identité arménienne.

Le deuxième axe traitait de la question du paramilitarisme, des milices et des bandes ainsi que de leurs rapports à l’État central ; il s’agissait de comprendre de façon concomitante le rôle des acteurs de la violence génocidaire touchant les Arméniens et le cadre étatique de cette dernière. Après une revue des publications récentes traitant de ces questions, plusieurs cas d’étude spécifiques ont ciblé l’Organisation spéciale ottomane (OS – Teşkilat-ı Mahsusa) directement responsable de la mise en œuvre des massacres. À partir d’une lecture à nouveaux frais des nombreuses sources existantes (mémoires, archives publiées, procès), Oktay Özel a réussi à décomposer de façon excessivement fine l’histoire de l’OS en distinguant trois phases : la contre-insurrection avant la Première Guerre mondiale, le contre-espionnage entre 1914 et avril 1915, puis l’extermination des Arméniens à partir de cette date. De façon complémentaire, Nikos Sigalas a réinscrit l’histoire et l’évolution de l’OS dans le contexte spécifique du front du Caucase de la Première Guerre mondiale, en tant qu’espace politique et juridique. Il a souligné les liens et interactions constantes entre gouverneurs représentants de l’État central et bandes armées. Ozan Arslan a évoqué cette fois la violence (massacres, projets de déportation et de réinstallation) qui touchait les populations musulmanes en Transcaucasie et en Anatolie orientale lorsqu’elle était sous administration russe entre 1915 et 1917 et après, une fois l’armée russe désintégrée. Ces massacres auraient touché 50 000 personnes de confession musulmane, ce qui reste sans commune mesure avec l’ampleur et le caractère planifié et systématique du génocide des Arméniens. Une intervention d’Adnan Çelik a enfin permis d’aborder la période actuelle et de comprendre l’importance du rôle des Kurdes dans les politiques mémorielles du génocide des Arméniens, ainsi que son impact dans les imaginaires locaux encore aujourd’hui (superstitions notamment).

Publications

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Dernière modification : 9 novembre 2021 08:49

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Disciplines
Histoire
Page web
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anglais français
Mots-clés
Coloniales (études) Diaspora Discrimination Empire Ethnicité Génocides (études des) Guerre Histoire Historiographie Mémoire Nationalisme Transnational Violence
Aires culturelles
Asie centrale Russie Turc (domaine)
Intervenant·e·s
  • Cloé Drieu [référent·e]   chargée de recherche, CNRS / Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CETOBaC)
  • Claire Mouradian   directrice de recherche (émérite), CNRS / Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC)
  • Alexandre Toumarkine   professeur des universités, INaLCO

Ce séminaire se focalisera sur les marges d’empires (est de l’Anatolie, Caucase et Asie centrale en particulier) durant cette longue Première Guerre mondiale (Greater War), allant du début des Guerres balkaniques (1912) aux années 1923/24, qui marquent l’émergence de nouveaux États modernes (République de Turquie et républiques soviétiques du Caucase et d’Asie centrale). Ces deux grands ensembles régionaux, encore peu étudiés par les recherches occidentales sur le Premier conflit mondial comme par celles portant sur l’histoire du fait colonial et impérial, possèdent des caractéristiques communes : ils sont géographiquement situés à la confluence de grands empires continentaux (ottoman, russe, chinois, perse) ; ils connaissent politiquement une période de transition d’une extrême violence pour les populations civiles et militaires, passant d’une situation impériale et coloniale à des États ethno-nationaux fortement assimilateurs ; ils peuvent être pensés comme des théâtres périphériques et secondaires de la Grande Guerre dans le sens où ils ne constituent que partiellement des zones de front alors que leurs populations minoritaires bénéficient d’une faible intégration dans les armées impériales (elles échappent majoritairement à la conscription militaire pour servir dans des bataillons de travail) ; ils sont au cœur d’un phénomène milicien et paramilitaire fondamental dans la perpétration de crimes et de violences exterminatrices de masse (génocide, nettoyages ethniques). Le séminaire s’interrogera sur ces violences exterminatrices (conditions d’émergence, modalités…) et sur les témoignages et récits qui en sont faits.

Ce séminaire a lieu dans le cadre de l’ANR Shatterzone (ANR-19-FGEN-0001-01)

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

Sur rendez-vous

Pré-requis
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  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 2
    annuel / mensuel (3e), mardi 09:00-13:00
    du 17 novembre 2020 au 15 juin 2021

La question des enfants dans le génocide des Arméniens fut l’un des deux axes importants développés dans le séminaire cette année, avec Nazan Maksudyan et Selim Derimgil, ainsi que, en contrepoint historique et géographique éloigné, Hélène Dumas sur le cas du génocide des Tutsi. Ces interventions ont permis d’aborder non seulement la question – encore relativement peu débattue – du genre dans les violences de masse, mais aussi celle des enfants dans les violences extrêmes (guerre, génocide) qui émerge depuis une période récente dans d’autres aires géographiques et évènements historiques. Le renouvellement de l’historiographie permet de penser les enfants non plus comme des victimes collatérales, mais comme des cibles parmi les plus vulnérables, également des témoins à part entière, puisqu’ils et elles subissent les mêmes violences que les adultes (torture, empoisonnement, déportation et marche de la mort, viol et meurtre des garçons dès 12 ans). Adopter leur point de vue permet de saisir la dynamique et la richesse des trajectoires individuelles, tout comme leur capacité à agir, inventer, s’adapter et être pleinement acteurs du jeu de reconfigurations sociales et identitaires. Dans la période post-génocidaire, ces orphelins font l’objet des politiques assimilatrices de l’Empire ottoman, institutionnalisées ou pas, mais également des conséquences d’une reconquête communautaire. Les estimations du nombre d’orphelins oscillent entre 63 000 et 300 000 pour les estimations les plus hautes, et ils se concentrent majoritairement dans la province d’Alep, qui offre davantage de possibilités de survie. Analyser l’immédiat après-génocide en considérant les enfants comme une forme de « propriété nationale » du point de vue de l’idéologie jeune-turque fut abordé à travers le cas de l’orphelinat d’Antoura situé au Liban. Cette institution est présentée par les autorités comme un lieu de modernisation sociale et d’assimilation exemplaire, où les individus paraissent « reprogrammables ». Or il a été montré que l’orphelinat favorisait aussi le maintien d’une identité arménienne.

Le deuxième axe traitait de la question du paramilitarisme, des milices et des bandes ainsi que de leurs rapports à l’État central ; il s’agissait de comprendre de façon concomitante le rôle des acteurs de la violence génocidaire touchant les Arméniens et le cadre étatique de cette dernière. Après une revue des publications récentes traitant de ces questions, plusieurs cas d’étude spécifiques ont ciblé l’Organisation spéciale ottomane (OS – Teşkilat-ı Mahsusa) directement responsable de la mise en œuvre des massacres. À partir d’une lecture à nouveaux frais des nombreuses sources existantes (mémoires, archives publiées, procès), Oktay Özel a réussi à décomposer de façon excessivement fine l’histoire de l’OS en distinguant trois phases : la contre-insurrection avant la Première Guerre mondiale, le contre-espionnage entre 1914 et avril 1915, puis l’extermination des Arméniens à partir de cette date. De façon complémentaire, Nikos Sigalas a réinscrit l’histoire et l’évolution de l’OS dans le contexte spécifique du front du Caucase de la Première Guerre mondiale, en tant qu’espace politique et juridique. Il a souligné les liens et interactions constantes entre gouverneurs représentants de l’État central et bandes armées. Ozan Arslan a évoqué cette fois la violence (massacres, projets de déportation et de réinstallation) qui touchait les populations musulmanes en Transcaucasie et en Anatolie orientale lorsqu’elle était sous administration russe entre 1915 et 1917 et après, une fois l’armée russe désintégrée. Ces massacres auraient touché 50 000 personnes de confession musulmane, ce qui reste sans commune mesure avec l’ampleur et le caractère planifié et systématique du génocide des Arméniens. Une intervention d’Adnan Çelik a enfin permis d’aborder la période actuelle et de comprendre l’importance du rôle des Kurdes dans les politiques mémorielles du génocide des Arméniens, ainsi que son impact dans les imaginaires locaux encore aujourd’hui (superstitions notamment).

Publications

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