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UE985 - Capitalismes et environnement. Lectures contemporaines


Lieu et planning


  • Vieille-Charité
    Centre de la Vieille-Charité, 2 rue de la Charité 13002 Marseille

    vendredi 9 octobre 2020, 14:00-16:00
    vendredi 16 octobre 2020, 14:00-16:00, salle C
    vendredi 6 et 20 novembre 2020, 14:00-16:00, salle C
    vendredi 4 et 11 décembre 2020, 14:00-16:00, salle C
    vendredi 8 et 22 janvier 2021, 14:00-16:00, salle C
    vendredi 5 et 19 février 2021, 14:00-16:00, salle A


Description


Dernière modification : 20 octobre 2020 13:13

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Capitalisme Environnement Politique Sociologie
Aires culturelles
Contemporain (anthropologie du, monde)
Intervenant·e·s

Au cours des dernières décennies, les débats sur le capitalisme et ses transformations sont revenus sur le devant de la scène. En particulier, la crise financière de 2008 et l'aggravation de la crise écologique planétaire ont ravivé l’intérêt pour la compréhension du capitalisme et de ses dynamiques. Dans les écrits qui se multiplient à ce sujet, la référence au capitalisme, toutefois, n’est pas toujours accompagnée par l’effort d’éclairer cette catégorie analytique et ses usages, avec le risque de tout reconduire au capitalisme et juste reproduire les lectures existantes, sans vraiment les mettre à l’épreuve. Certains auteurs estiment que l'utilisation de cette notion, surtout si elle n’est pas précisée, ne nous aide pas à comprendre les processus actuels d'imbrication entre questions économiques et problèmes écologiques. D’autres revendiquent au contraire sa pertinence et la nécessité de la garder comme cadre analytique.

À partir de ce débat, l'objectif de ce séminaire est de proposer un parcours multidisciplinaire de lectures contemporaines du capitalisme en explorant les visions et les interprétations que ces travaux produisent du capitalisme. Il nous intéresse d’approfondir les relations qui s’établissent entre les formes capitalistes d’organisation de l’économie et la « question environnementale ». Il s’agira de discuter des travaux d’historiens, d’anthropologues, de sociologues, d’économistes, de philosophes politiques, de géographes (de Immanuel Wallerstein à Eric Wolf, de André Gorz à Jason Moore, de Sidney Mintz à Anna Tsing, de J. K. Gibson-Graham à Nancy Fraser…). Les auteurs au centre de chaque séance seront également inscrits dans les débats disciplinaires, en offrant des éléments d’histoire de la pensée.

9 octobre : Séance d’introduction au séminaire : « Des outils pour un usage réflexif de la notion de capitalisme en sciences sociales »

16 octobre : Autour de Fernand Braudel, La dynamique du capitalisme, Paris, Flammarion, 1985.

6 novembre : Autour de Jason Moore, Capitalism in the web of life, London, Verso, 2015.

20 novembre : Autour de Sidney W. Mintz, Sweetness and Power. The Place of Sugar in Modem History, New York Elisabeth Sifton Books-Penguin Books, 1986 (tr. Fr. 2014, La douceur et le pouvoir. La place du sucre dans l’histoire moderne, Bruxelles, Université de Bruxelles).

4 décembre : Autour de Nancy Fraser  et Rahel Jaeggi, Capitalism. A conversation in critical theory, Cambridge, Polity Press, 2018.

11 décembre : Autour de Anna Tsing, Friction: An Ethnography of Global Connection, Princeton, Princeton University Press, 2004 (tr.fr. 2020, Friction - Délires et faux-semblants de la globalité, Paris, La Découverte). 

8 janvier : Autour de André Gorz, Ecologica, Paris, Galilée, 2008.

22 janvier : Autour de Eric R. Wolf, Europe and the People Without History, Berkley, University of California Press, 1982. 

5 février : Autour de Isabelle Stengers et Philippe Pignarre, La sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûtement, Paris, La Découverte, 2005.

19 février : Séance en hommage à David Graeber autour de ses travaux


Master


  • Séminaires de recherche – Recherches comparatives en anthropologie, histoire et sociologie [Marseille] – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 0 ECTS
    MCC – autre

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

sur rendez-vous

Pré-requis
-

Compte rendu


L’étude du capitalisme et sa caractérisation par rapport à d’autres formes d’organisation de l’économie, ses implications sociales et culturelles, ont été des thèmes importants dans le premier développement des sciences sociales. La référence au capitalisme est revenue en force avec la crise financière de 2008 et les débats sur la crise écologique. Le séminaire a interrogé les conditions pour un usage réflexif de la notion de capitalisme à partir de la lecture critique de textes de sociologie, anthropologie, philosophie et histoire. Parmi les questions qui structurent cet espace très diversifié d’interprétations du capitalisme, le séminaire a approfondi trois questions : l’origine du capitalisme ; la relation entre valeur et écologie ; la critique.

La question de l’origine du capitalisme a été discutée lors de la séance consacrée à Fernand Braudel (La dynamique du capitalisme). L’analyse de Braudel a inspiré le travail du sociologue Jason Moore, connu pour avoir proposé une lecture de l’Anthropocène en tant que Capitalocène. Dans son livre Capitalism in the web of life, Moore met en relation la perspective de Braudel avec une lecture marxiste du capitalisme et de sa « loi de la valeur », qu’il élargit afin de prendre en compte la nature dans l’extraction de la plus-value.

À l’opposé de l’approche de Moore, se situe la proposition de l’anthropologue Anna Tsing. Pour Tsing, dans son livre Friction, le capitalisme doit être analysé à partir des « frictions » entre les opérateurs d’universalisation à travers lesquels il fonctionne et les spécificités des contextes. Le capitalisme apparaît comme le produit d’assemblages. En partie précurseur des analyses d’Anna Tsing est l’anthropologue Sydney Mintz, spécialiste de l’aire Caribéenne. Ses recherches sur l’histoire du sucre offrent une lecture dense de la question de la valeur, en croisant production, consommation, pouvoir et formes d’expérience et d’existence. Le livre Sweetness and Power dessine un tissu complexe de relations d’interdépendances (économiques, politiques, culturelles) entre les colonies et les pays colonisateurs en montrant l’importance des plantations comme modèle d’une organisation du travail et des écosystèmes propices à la production de plus-value.

Une lecture du capitalisme comme « ordre social institutionnalisé », marqué par une tendance intrinsèque à la crise, est au cœur de la proposition de la philosophe Nancy Fraser. Dans son livre-dialogue avec la philosophe Rahel Jaegg, Capitalism. A conversation Nancy Fraser donne une interprétation du capitalisme et de sa dynamique comme étant basés sur des luttes de frontières (entre appropriation et exploitation ; production et reproduction ; économique et politique ; nature et société). Ces frontières scotomisent des interdépendances structurelles, ce qui explique la tendance du capitalisme aux crises.

La vision du capitalisme comme ordre social institutionnalisé donne la mesure de l’ampleur des efforts nécessaires à sa transformation, un thème qui est approfondi par André Gorz dans son livre Ecologica. Selon Gorz, parmi les initiateurs de l’écologie politique, le capitalisme et ses catégories (travail, valeur, capital) sont en crise. Face au changement climatique il faut promouvoir un mouvement de décroissance, mais cette transformation suppose une autre économie, un autre style de vie, d’autres rapports sociaux. Aux mouvements qui soutiennent la nécessité d’un changement radical de l’économie et de l’organisation sociale est consacré le livre d’Isabelle Stengers avec Philippe Pignarre La sorcellerie capitaliste, qui analyse l’expérience du mouvement altermondialiste apparu à Seattle en 1999. C’est enfin dans les travaux de l’anthropologue David Graeber qu’on peut trouver une élaboration qui articule l’analyse du capitalisme avec une analyse anthropologique de la valeur et un engagement dans les mouvements sociaux. La dernière séance lui a été dédiée à quelques mois de sa disparition.

 

Publications

-

Dernière modification : 20 octobre 2020 13:13

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Capitalisme Environnement Politique Sociologie
Aires culturelles
Contemporain (anthropologie du, monde)
Intervenant·e·s

Au cours des dernières décennies, les débats sur le capitalisme et ses transformations sont revenus sur le devant de la scène. En particulier, la crise financière de 2008 et l'aggravation de la crise écologique planétaire ont ravivé l’intérêt pour la compréhension du capitalisme et de ses dynamiques. Dans les écrits qui se multiplient à ce sujet, la référence au capitalisme, toutefois, n’est pas toujours accompagnée par l’effort d’éclairer cette catégorie analytique et ses usages, avec le risque de tout reconduire au capitalisme et juste reproduire les lectures existantes, sans vraiment les mettre à l’épreuve. Certains auteurs estiment que l'utilisation de cette notion, surtout si elle n’est pas précisée, ne nous aide pas à comprendre les processus actuels d'imbrication entre questions économiques et problèmes écologiques. D’autres revendiquent au contraire sa pertinence et la nécessité de la garder comme cadre analytique.

À partir de ce débat, l'objectif de ce séminaire est de proposer un parcours multidisciplinaire de lectures contemporaines du capitalisme en explorant les visions et les interprétations que ces travaux produisent du capitalisme. Il nous intéresse d’approfondir les relations qui s’établissent entre les formes capitalistes d’organisation de l’économie et la « question environnementale ». Il s’agira de discuter des travaux d’historiens, d’anthropologues, de sociologues, d’économistes, de philosophes politiques, de géographes (de Immanuel Wallerstein à Eric Wolf, de André Gorz à Jason Moore, de Sidney Mintz à Anna Tsing, de J. K. Gibson-Graham à Nancy Fraser…). Les auteurs au centre de chaque séance seront également inscrits dans les débats disciplinaires, en offrant des éléments d’histoire de la pensée.

9 octobre : Séance d’introduction au séminaire : « Des outils pour un usage réflexif de la notion de capitalisme en sciences sociales »

16 octobre : Autour de Fernand Braudel, La dynamique du capitalisme, Paris, Flammarion, 1985.

6 novembre : Autour de Jason Moore, Capitalism in the web of life, London, Verso, 2015.

20 novembre : Autour de Sidney W. Mintz, Sweetness and Power. The Place of Sugar in Modem History, New York Elisabeth Sifton Books-Penguin Books, 1986 (tr. Fr. 2014, La douceur et le pouvoir. La place du sucre dans l’histoire moderne, Bruxelles, Université de Bruxelles).

4 décembre : Autour de Nancy Fraser  et Rahel Jaeggi, Capitalism. A conversation in critical theory, Cambridge, Polity Press, 2018.

11 décembre : Autour de Anna Tsing, Friction: An Ethnography of Global Connection, Princeton, Princeton University Press, 2004 (tr.fr. 2020, Friction - Délires et faux-semblants de la globalité, Paris, La Découverte). 

8 janvier : Autour de André Gorz, Ecologica, Paris, Galilée, 2008.

22 janvier : Autour de Eric R. Wolf, Europe and the People Without History, Berkley, University of California Press, 1982. 

5 février : Autour de Isabelle Stengers et Philippe Pignarre, La sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûtement, Paris, La Découverte, 2005.

19 février : Séance en hommage à David Graeber autour de ses travaux

  • Séminaires de recherche – Recherches comparatives en anthropologie, histoire et sociologie [Marseille] – M1/S1-M2/S3
    Suivi et validation – semestriel bi-mensuelle = 0 ECTS
    MCC – autre
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats

sur rendez-vous

Pré-requis
-
  • Vieille-Charité
    Centre de la Vieille-Charité, 2 rue de la Charité 13002 Marseille

    vendredi 9 octobre 2020, 14:00-16:00
    vendredi 16 octobre 2020, 14:00-16:00, salle C
    vendredi 6 et 20 novembre 2020, 14:00-16:00, salle C
    vendredi 4 et 11 décembre 2020, 14:00-16:00, salle C
    vendredi 8 et 22 janvier 2021, 14:00-16:00, salle C
    vendredi 5 et 19 février 2021, 14:00-16:00, salle A

L’étude du capitalisme et sa caractérisation par rapport à d’autres formes d’organisation de l’économie, ses implications sociales et culturelles, ont été des thèmes importants dans le premier développement des sciences sociales. La référence au capitalisme est revenue en force avec la crise financière de 2008 et les débats sur la crise écologique. Le séminaire a interrogé les conditions pour un usage réflexif de la notion de capitalisme à partir de la lecture critique de textes de sociologie, anthropologie, philosophie et histoire. Parmi les questions qui structurent cet espace très diversifié d’interprétations du capitalisme, le séminaire a approfondi trois questions : l’origine du capitalisme ; la relation entre valeur et écologie ; la critique.

La question de l’origine du capitalisme a été discutée lors de la séance consacrée à Fernand Braudel (La dynamique du capitalisme). L’analyse de Braudel a inspiré le travail du sociologue Jason Moore, connu pour avoir proposé une lecture de l’Anthropocène en tant que Capitalocène. Dans son livre Capitalism in the web of life, Moore met en relation la perspective de Braudel avec une lecture marxiste du capitalisme et de sa « loi de la valeur », qu’il élargit afin de prendre en compte la nature dans l’extraction de la plus-value.

À l’opposé de l’approche de Moore, se situe la proposition de l’anthropologue Anna Tsing. Pour Tsing, dans son livre Friction, le capitalisme doit être analysé à partir des « frictions » entre les opérateurs d’universalisation à travers lesquels il fonctionne et les spécificités des contextes. Le capitalisme apparaît comme le produit d’assemblages. En partie précurseur des analyses d’Anna Tsing est l’anthropologue Sydney Mintz, spécialiste de l’aire Caribéenne. Ses recherches sur l’histoire du sucre offrent une lecture dense de la question de la valeur, en croisant production, consommation, pouvoir et formes d’expérience et d’existence. Le livre Sweetness and Power dessine un tissu complexe de relations d’interdépendances (économiques, politiques, culturelles) entre les colonies et les pays colonisateurs en montrant l’importance des plantations comme modèle d’une organisation du travail et des écosystèmes propices à la production de plus-value.

Une lecture du capitalisme comme « ordre social institutionnalisé », marqué par une tendance intrinsèque à la crise, est au cœur de la proposition de la philosophe Nancy Fraser. Dans son livre-dialogue avec la philosophe Rahel Jaegg, Capitalism. A conversation Nancy Fraser donne une interprétation du capitalisme et de sa dynamique comme étant basés sur des luttes de frontières (entre appropriation et exploitation ; production et reproduction ; économique et politique ; nature et société). Ces frontières scotomisent des interdépendances structurelles, ce qui explique la tendance du capitalisme aux crises.

La vision du capitalisme comme ordre social institutionnalisé donne la mesure de l’ampleur des efforts nécessaires à sa transformation, un thème qui est approfondi par André Gorz dans son livre Ecologica. Selon Gorz, parmi les initiateurs de l’écologie politique, le capitalisme et ses catégories (travail, valeur, capital) sont en crise. Face au changement climatique il faut promouvoir un mouvement de décroissance, mais cette transformation suppose une autre économie, un autre style de vie, d’autres rapports sociaux. Aux mouvements qui soutiennent la nécessité d’un changement radical de l’économie et de l’organisation sociale est consacré le livre d’Isabelle Stengers avec Philippe Pignarre La sorcellerie capitaliste, qui analyse l’expérience du mouvement altermondialiste apparu à Seattle en 1999. C’est enfin dans les travaux de l’anthropologue David Graeber qu’on peut trouver une élaboration qui articule l’analyse du capitalisme avec une analyse anthropologique de la valeur et un engagement dans les mouvements sociaux. La dernière séance lui a été dédiée à quelques mois de sa disparition.

 

Publications

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