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UE952 - L'événement de la Covid-19 au crible des sciences sociales de la santé : temporalités, quantifications et catégories


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 11
    annuel / mensuel (2e), jeudi 15:00-18:00
    du 12 novembre 2020 au 10 juin 2021


Description


Dernière modification : 11 janvier 2021 07:58

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Biopolitique Circulations Classes sociales Corps Environnement État et politiques publiques Histoire des sciences et des techniques Médecine Santé Santé environnementale Sociologie Temps/temporalité
Aires culturelles
Europe France Ibérique (monde) Japon
Intervenant·e·s
  • Anne Rasmussen [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
  • Catherine Cavalin   chargée de recherche, CNRS
  • Frédéric Vagneron   contrat postdoctoral, CNRS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)

Ce séminaire de recherche analyse la pandémie de Covid-19 à partir des ressources des sciences sociales de la santé. La pertinence de la notion d’événement, au sens de rupture entre le champ de l’expérience et l’horizon d’attente (Koselleck), pour s’appliquer au cas de cette pandémie, est interrogée au crible de trois dimensions : celle des temporalités ; celles des mesures et quantifications ; et celle des catégories des acteurs et institutions.

La notion de temporalité permet de réinsérer l’irruption de la pandémie dans un temps historique plus long, en cherchant à saisir comment des précédents, des politiques de préparation ou des organisations de systèmes de soin ont fourni des répertoires de connaissance et d’action et paramétré les ressources cognitives et pratiques mobilisées lors du processus épidémique de 2019-2020. Elle renvoie également au processus dynamique et incertain de l’événement, aux signes et signaux d’alerte, aux prédictions et modèles anticipant son devenir, jusqu’à la gestion de l’urgence et aux rapports et enquêtes ex post.

Le champ d’étude des mesures et quantifications s’intéresse à l’avalanche de chiffres produits au cours de la pandémie. Le rôle des chiffres sera étudié de la production des données à leur mise en ordre et standardisation, jusqu’à leur interprétation et leur circulation dans différents espaces sociaux, des administrations publiques aux médias en passant par les réseaux sociaux. Les nombreuses controverses autour de la qualité des relevés chiffrés, les incertitudes entourant les cas, les ratios et les modèles employés, les pratiques administratives et scientifiques distinctes d’usage des chiffres (par exemple entre l’épidémiologie prédictive et la statistique d’État) sont étudiées comme autant de points d’accès à ce mode de généralisation et de véridicité des savoirs sur l’événement pandémique.

La notion de catégorie permet d’interroger, en contexte médical, la manière dont l’irruption d’un nouveau virus et la construction de l’identité d’une nouvelle maladie ont contribué à questionner ou brouiller les catégories de savoirs et d’actions des acteurs du système de soin, des médecins aux gestionnaires des hôpitaux en passant par les malades. La question classique des frontières – entre l’infectieux et le non-infectieux, l’aigu et le chronique, le rôle du « terrain » et celui de l’environnement – sera réévaluée pour le cas de la Covid-19. Son origine infectieuse virale apparaît comme une évidence indiscutable dans la construction du problème pandémique, tout en donnant lieu à des prises en charges médicales ne relevant pas exclusivement de l’infectiologie, en particulier dans le cadre hospitalier. D’autres catégories, comme celle de crise sanitaire, de triage, de porteur sain, de mesures non-pharmaceutiques, etc. seront analysées.

Les séances se consacreront à des terrains d’étude à différentes échelles d’observation, laissant une place importante à plusieurs trajectoires nationales singulières de l’événement sanitaire (Japon, Espagne, Suisse par exemple).

12 novembre 2020 : L’événement de la COVID-19 dans les sciences sociales de la santé : cadrages cognitifs et temporels

10 décembre 2020 : La COVID-19 au crible de la grippe : 2020-1918, et retour

Mercredi 13 janvier 2021, 15-19 h : La recherche clinique sous le signe de la COVID-19 : controverses scientifiques, activisme thérapeutique et données médicales

Séance en collaboration avec le séminaire ESOPP : attention, il est nécessaire de s'inscrire pour recevoir le lien Zoom de cette séance (renseignements adressés aux inscrits sur ListSem)

  • En première partie (15h-17h), Luc Berlivet et d’Ilana Löwy reviennent, à partir des polémiques sur l’efficacité du recours à la chloroquine, sur les fondements historiques et épistémologiques de l’Evidence Based Medicine et de ses contestations, et sur les tentatives intervenues, dans les premiers mois de la pandémie, pour remplacer l’expérimentation médicale par le recours massif aux health data. Michael Nurok, du Cedars-SinaiMedical Center de Los Angeles, présente les effets de la pandémie sur l’organisation de la santé publique aux États-Unis, et notamment les formes de la compétition entre hôpitaux. 
  • En seconde partie (17h-19h), à l’instar des Witness Seminars du Wellcome Trust, nous réunissons un ensemble de praticiens hospitaliers européens, sud-africains et californiens, pour comparer la manière dont la maladie les a amenés à revoir leurs dispositifs de soins respiratoires. 

11 février 2021 : Déterminants socio-environnementaux de la gravité de la COVID-19 : enquête auprès de patients suivis en consultation « post-COVID »

11 mars 2021 : Les enjeux d'un test. Pénurie, bricolage et politique du diagnostic de Covid-19 en France

  • Avec la participation de Claire Beaudevin, Luc Berlivet, Jean-Paul Gaudillière, Ilana Löwy (présentation d’une enquête menée dans le cadre du Cermes3)

8 avril 2021 : Quantifier  la pandémie 

  • Avec la participation de Jean-Guy Prévost, Pandémie, fédéralisme et quantification : la COVID au Québec et au Canada.
  • Kiko Llaneras, Contribution au débat public, méthodes et résultats : la quantification de la pandémie de COVID-19 en Espagne dans le quotidien national El País
  • Fabrice Cahen, et Emilien Ruiz (sous réserve)

Jeudi 6 mai 2021 : Modéliser la pandémie

  • Avec la participation de Luc Berlivet

Master


  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Études environnementales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Santé, médecine et questions sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

demandes d'information et prises de rendez-vous par courriel auprès des organisateurs.

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

le séminaire est ouvert aux étudiant.e.s en master, doctorant.e.s, chercheur.e.s et à toute personne intéressée sur demande.


Compte rendu


Le séminaire coanimé par Catherine Cavalin (CNRS, Irisso), Anne Rasmussen (EHESS, CAK) et Frédéric Vagneron (Université de Strasbourg, SAGE), a tenté d’analyser « à chaud » la pandémie de Covid-19 à partir des ressources des sciences sociales de la santé. La pertinence de la notion d’événement, au sens de rupture entre le champ de l’expérience et l’horizon d’attente, pour s’appliquer au cas de cette pandémie, a été interrogée au crible de trois dimensions : celle des temporalités ; celles des mesures et quantifications ; et celle des catégories des acteurs et institutions.

La notion de temporalité a permis de réinsérer l’irruption de la pandémie dans un temps historique plus long, en cherchant à saisir comment des précédents, des politiques de préparation ou des organisations de systèmes de soin ont fourni des répertoires de connaissance et d’action et paramétré les ressources cognitives et pratiques mobilisées lors du processus épidémique de 2019-2020. Elle renvoyait également au processus dynamique et incertain de l’événement, aux signaux d’alerte, aux prédictions et modèles anticipant son devenir, jusqu’à la gestion de l’urgence et aux enquêtes ex post.

Le champ d’étude des mesures et quantifications s’est intéressé à l’avalanche de chiffres produits au cours de la pandémie. Le rôle des chiffres a été envisagé de la production des données à leur mise en ordre et standardisation, jusqu’à leur interprétation et leur circulation dans différents espaces sociaux, des administrations publiques aux médias en passant par les réseaux sociaux. Les nombreuses controverses autour de la qualité des relevés chiffrés, les incertitudes entourant les cas, les ratios et les modèles employés, les pratiques administratives et scientifiques distinctes d’usage des chiffres ont été saisies comme autant de points d’accès à ce mode de généralisation et de véridicité des savoirs sur l’événement pandémique.

La notion de catégorie a permis d’interroger, en contexte médical, la manière dont l’irruption d’un nouveau virus et la construction de l’identité d’une nouvelle maladie ont contribué à questionner ou brouiller les catégories de savoirs et d’actions des acteurs du système de soin, des médecins aux gestionnaires des hôpitaux en passant par les malades. La question classique des frontières entre l’infectieux et le non-infectieux, l’aigu et le chronique, le rôle du terrain et celui de l’environnement, a été réévaluée pour le cas de la Covid-19. Son origine infectieuse virale apparaît comme une évidence indiscutable dans la construction du problème pandémique, tout en donnant lieu à des prises en charges médicales ne relevant pas exclusivement de l’infectiologie, en particulier dans le cadre hospitalier.

Les huit séances (de 3 heures) du séminaire ont fonctionné comme des ateliers de discussion de cas d’étude, et de mise à l’épreuve de premiers résultats de recherche, comme ceux de Catherine Cavalin sur la « covidisation » de la santé respiratoire, ou ceux des trois organisateurs du séminaire sur la pertinence du cadrage cognitif et épidémiologique « grippe » pour saisir la Covid-19. Luc Berlivet a participé, avec Jean-Paul Gaudillière et Ilana Löwy, à la réflexion dans une séance consacrée au test Covid dans la politique française du diagnostic, et a contribué à une séance sur l’histoire de la modélisation de la pandémie. La comparaison des trajectoires nationales a été particulièrement scrutée, en particulier lors d’une séance consacrée aux méthodes de la quantification et à leur débat public, avec Jean-Guy Prévost (Canada) et Kiko Llaneras (Espagne). Une séance expérimentale, en collaboration avec le séminaire ESOPP, sous la forme d’un Witness Seminar réunissant, en ligne, des praticiens internationaux de la santé respiratoire (France, Espagne, Israël, Japon, États-Unis, Afrique du sud) a exploré les transformations médicales et hospitalières opérées par la Covid-19, et permis la collecte de sources.

 

Publications
  • « Nouvelles questions à l’histoire de la santé, du XXIe au XIXe siècle, et retour », Histoire, médecine et santé, 15, 2019 (parution en octobre 2020), p. 21-28.
  • « 1919 : réparer la nation, réparer les corps », dans Cent ans de sous-reconnaissance des maladies professionnelles, sous la dir. de Catherine Cavalin, Emmanuel Henry, Jean-Noël Jouzel et Jérôme Pélisse, Paris, Presses de Mines, 2020, p. 31-38.
  • « Préface », dans Un choc de circulations. La puissance navale française face au choléra en Méditerranée, 1831-1856, sous la dir. de Benoît Pouget, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2020, p. 11-16.
  • « Savoirs, fictions, croyances : la guerre est-elle crédible ? », dans Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre, La Grande Guerre dans tous les sens, Paris, Odile Jacob, 2021, p. 233-258.
  • « Le temps long des épidémies. Entretien », dans « Covid-19 : de la pandémie aux crises », Mouvements, 105, 2021, p. 56-67.
  • « Pandémies », CNRS Le Journal, 300, 2020, p. 44-45.
  •  « L’humanité a toujours vécu avec les virus », Carnets de Science. La Revue du CNRS, 8, 2020, p. 4-11.
  • Avec Jean-Paul Gaudillière et Frédéric Keck, « Des virus, des humains, des savoirs : la construction sociale de quoi ? », dans Carnet de l’EHESS. Perspectives sur le coronavirus, Paris, EHESS, 2021, p. 57-68.
  • Traduction en portugais : « Virus, humanos, saberes, epidemias : construção social do quê ? », dans Diário da Pandemia. O Olhar dos Historiadores, sous la dir. de Dominichi Miranda de Sá et al., São Paulo, Hucitec, 2020, p. 201-213.

Dernière modification : 11 janvier 2021 07:58

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire, Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Biopolitique Circulations Classes sociales Corps Environnement État et politiques publiques Histoire des sciences et des techniques Médecine Santé Santé environnementale Sociologie Temps/temporalité
Aires culturelles
Europe France Ibérique (monde) Japon
Intervenant·e·s
  • Anne Rasmussen [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)
  • Catherine Cavalin   chargée de recherche, CNRS
  • Frédéric Vagneron   contrat postdoctoral, CNRS / Centre Alexandre-Koyré. Histoire des sciences et des techniques (CAK)

Ce séminaire de recherche analyse la pandémie de Covid-19 à partir des ressources des sciences sociales de la santé. La pertinence de la notion d’événement, au sens de rupture entre le champ de l’expérience et l’horizon d’attente (Koselleck), pour s’appliquer au cas de cette pandémie, est interrogée au crible de trois dimensions : celle des temporalités ; celles des mesures et quantifications ; et celle des catégories des acteurs et institutions.

La notion de temporalité permet de réinsérer l’irruption de la pandémie dans un temps historique plus long, en cherchant à saisir comment des précédents, des politiques de préparation ou des organisations de systèmes de soin ont fourni des répertoires de connaissance et d’action et paramétré les ressources cognitives et pratiques mobilisées lors du processus épidémique de 2019-2020. Elle renvoie également au processus dynamique et incertain de l’événement, aux signes et signaux d’alerte, aux prédictions et modèles anticipant son devenir, jusqu’à la gestion de l’urgence et aux rapports et enquêtes ex post.

Le champ d’étude des mesures et quantifications s’intéresse à l’avalanche de chiffres produits au cours de la pandémie. Le rôle des chiffres sera étudié de la production des données à leur mise en ordre et standardisation, jusqu’à leur interprétation et leur circulation dans différents espaces sociaux, des administrations publiques aux médias en passant par les réseaux sociaux. Les nombreuses controverses autour de la qualité des relevés chiffrés, les incertitudes entourant les cas, les ratios et les modèles employés, les pratiques administratives et scientifiques distinctes d’usage des chiffres (par exemple entre l’épidémiologie prédictive et la statistique d’État) sont étudiées comme autant de points d’accès à ce mode de généralisation et de véridicité des savoirs sur l’événement pandémique.

La notion de catégorie permet d’interroger, en contexte médical, la manière dont l’irruption d’un nouveau virus et la construction de l’identité d’une nouvelle maladie ont contribué à questionner ou brouiller les catégories de savoirs et d’actions des acteurs du système de soin, des médecins aux gestionnaires des hôpitaux en passant par les malades. La question classique des frontières – entre l’infectieux et le non-infectieux, l’aigu et le chronique, le rôle du « terrain » et celui de l’environnement – sera réévaluée pour le cas de la Covid-19. Son origine infectieuse virale apparaît comme une évidence indiscutable dans la construction du problème pandémique, tout en donnant lieu à des prises en charges médicales ne relevant pas exclusivement de l’infectiologie, en particulier dans le cadre hospitalier. D’autres catégories, comme celle de crise sanitaire, de triage, de porteur sain, de mesures non-pharmaceutiques, etc. seront analysées.

Les séances se consacreront à des terrains d’étude à différentes échelles d’observation, laissant une place importante à plusieurs trajectoires nationales singulières de l’événement sanitaire (Japon, Espagne, Suisse par exemple).

12 novembre 2020 : L’événement de la COVID-19 dans les sciences sociales de la santé : cadrages cognitifs et temporels

10 décembre 2020 : La COVID-19 au crible de la grippe : 2020-1918, et retour

Mercredi 13 janvier 2021, 15-19 h : La recherche clinique sous le signe de la COVID-19 : controverses scientifiques, activisme thérapeutique et données médicales

Séance en collaboration avec le séminaire ESOPP : attention, il est nécessaire de s'inscrire pour recevoir le lien Zoom de cette séance (renseignements adressés aux inscrits sur ListSem)

  • En première partie (15h-17h), Luc Berlivet et d’Ilana Löwy reviennent, à partir des polémiques sur l’efficacité du recours à la chloroquine, sur les fondements historiques et épistémologiques de l’Evidence Based Medicine et de ses contestations, et sur les tentatives intervenues, dans les premiers mois de la pandémie, pour remplacer l’expérimentation médicale par le recours massif aux health data. Michael Nurok, du Cedars-SinaiMedical Center de Los Angeles, présente les effets de la pandémie sur l’organisation de la santé publique aux États-Unis, et notamment les formes de la compétition entre hôpitaux. 
  • En seconde partie (17h-19h), à l’instar des Witness Seminars du Wellcome Trust, nous réunissons un ensemble de praticiens hospitaliers européens, sud-africains et californiens, pour comparer la manière dont la maladie les a amenés à revoir leurs dispositifs de soins respiratoires. 

11 février 2021 : Déterminants socio-environnementaux de la gravité de la COVID-19 : enquête auprès de patients suivis en consultation « post-COVID »

11 mars 2021 : Les enjeux d'un test. Pénurie, bricolage et politique du diagnostic de Covid-19 en France

  • Avec la participation de Claire Beaudevin, Luc Berlivet, Jean-Paul Gaudillière, Ilana Löwy (présentation d’une enquête menée dans le cadre du Cermes3)

8 avril 2021 : Quantifier  la pandémie 

  • Avec la participation de Jean-Guy Prévost, Pandémie, fédéralisme et quantification : la COVID au Québec et au Canada.
  • Kiko Llaneras, Contribution au débat public, méthodes et résultats : la quantification de la pandémie de COVID-19 en Espagne dans le quotidien national El País
  • Fabrice Cahen, et Emilien Ruiz (sous réserve)

Jeudi 6 mai 2021 : Modéliser la pandémie

  • Avec la participation de Luc Berlivet
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Études environnementales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Histoire des sciences, des techniques et des savoirs – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Savoirs en sociétés-Santé, médecine et questions sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

demandes d'information et prises de rendez-vous par courriel auprès des organisateurs.

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

le séminaire est ouvert aux étudiant.e.s en master, doctorant.e.s, chercheur.e.s et à toute personne intéressée sur demande.

  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 11
    annuel / mensuel (2e), jeudi 15:00-18:00
    du 12 novembre 2020 au 10 juin 2021

Le séminaire coanimé par Catherine Cavalin (CNRS, Irisso), Anne Rasmussen (EHESS, CAK) et Frédéric Vagneron (Université de Strasbourg, SAGE), a tenté d’analyser « à chaud » la pandémie de Covid-19 à partir des ressources des sciences sociales de la santé. La pertinence de la notion d’événement, au sens de rupture entre le champ de l’expérience et l’horizon d’attente, pour s’appliquer au cas de cette pandémie, a été interrogée au crible de trois dimensions : celle des temporalités ; celles des mesures et quantifications ; et celle des catégories des acteurs et institutions.

La notion de temporalité a permis de réinsérer l’irruption de la pandémie dans un temps historique plus long, en cherchant à saisir comment des précédents, des politiques de préparation ou des organisations de systèmes de soin ont fourni des répertoires de connaissance et d’action et paramétré les ressources cognitives et pratiques mobilisées lors du processus épidémique de 2019-2020. Elle renvoyait également au processus dynamique et incertain de l’événement, aux signaux d’alerte, aux prédictions et modèles anticipant son devenir, jusqu’à la gestion de l’urgence et aux enquêtes ex post.

Le champ d’étude des mesures et quantifications s’est intéressé à l’avalanche de chiffres produits au cours de la pandémie. Le rôle des chiffres a été envisagé de la production des données à leur mise en ordre et standardisation, jusqu’à leur interprétation et leur circulation dans différents espaces sociaux, des administrations publiques aux médias en passant par les réseaux sociaux. Les nombreuses controverses autour de la qualité des relevés chiffrés, les incertitudes entourant les cas, les ratios et les modèles employés, les pratiques administratives et scientifiques distinctes d’usage des chiffres ont été saisies comme autant de points d’accès à ce mode de généralisation et de véridicité des savoirs sur l’événement pandémique.

La notion de catégorie a permis d’interroger, en contexte médical, la manière dont l’irruption d’un nouveau virus et la construction de l’identité d’une nouvelle maladie ont contribué à questionner ou brouiller les catégories de savoirs et d’actions des acteurs du système de soin, des médecins aux gestionnaires des hôpitaux en passant par les malades. La question classique des frontières entre l’infectieux et le non-infectieux, l’aigu et le chronique, le rôle du terrain et celui de l’environnement, a été réévaluée pour le cas de la Covid-19. Son origine infectieuse virale apparaît comme une évidence indiscutable dans la construction du problème pandémique, tout en donnant lieu à des prises en charges médicales ne relevant pas exclusivement de l’infectiologie, en particulier dans le cadre hospitalier.

Les huit séances (de 3 heures) du séminaire ont fonctionné comme des ateliers de discussion de cas d’étude, et de mise à l’épreuve de premiers résultats de recherche, comme ceux de Catherine Cavalin sur la « covidisation » de la santé respiratoire, ou ceux des trois organisateurs du séminaire sur la pertinence du cadrage cognitif et épidémiologique « grippe » pour saisir la Covid-19. Luc Berlivet a participé, avec Jean-Paul Gaudillière et Ilana Löwy, à la réflexion dans une séance consacrée au test Covid dans la politique française du diagnostic, et a contribué à une séance sur l’histoire de la modélisation de la pandémie. La comparaison des trajectoires nationales a été particulièrement scrutée, en particulier lors d’une séance consacrée aux méthodes de la quantification et à leur débat public, avec Jean-Guy Prévost (Canada) et Kiko Llaneras (Espagne). Une séance expérimentale, en collaboration avec le séminaire ESOPP, sous la forme d’un Witness Seminar réunissant, en ligne, des praticiens internationaux de la santé respiratoire (France, Espagne, Israël, Japon, États-Unis, Afrique du sud) a exploré les transformations médicales et hospitalières opérées par la Covid-19, et permis la collecte de sources.

 

Publications
  • « Nouvelles questions à l’histoire de la santé, du XXIe au XIXe siècle, et retour », Histoire, médecine et santé, 15, 2019 (parution en octobre 2020), p. 21-28.
  • « 1919 : réparer la nation, réparer les corps », dans Cent ans de sous-reconnaissance des maladies professionnelles, sous la dir. de Catherine Cavalin, Emmanuel Henry, Jean-Noël Jouzel et Jérôme Pélisse, Paris, Presses de Mines, 2020, p. 31-38.
  • « Préface », dans Un choc de circulations. La puissance navale française face au choléra en Méditerranée, 1831-1856, sous la dir. de Benoît Pouget, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2020, p. 11-16.
  • « Savoirs, fictions, croyances : la guerre est-elle crédible ? », dans Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre, La Grande Guerre dans tous les sens, Paris, Odile Jacob, 2021, p. 233-258.
  • « Le temps long des épidémies. Entretien », dans « Covid-19 : de la pandémie aux crises », Mouvements, 105, 2021, p. 56-67.
  • « Pandémies », CNRS Le Journal, 300, 2020, p. 44-45.
  •  « L’humanité a toujours vécu avec les virus », Carnets de Science. La Revue du CNRS, 8, 2020, p. 4-11.
  • Avec Jean-Paul Gaudillière et Frédéric Keck, « Des virus, des humains, des savoirs : la construction sociale de quoi ? », dans Carnet de l’EHESS. Perspectives sur le coronavirus, Paris, EHESS, 2021, p. 57-68.
  • Traduction en portugais : « Virus, humanos, saberes, epidemias : construção social do quê ? », dans Diário da Pandemia. O Olhar dos Historiadores, sous la dir. de Dominichi Miranda de Sá et al., São Paulo, Hucitec, 2020, p. 201-213.