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UE95 - Pour une histoire globale des Indiens d'Amérique : sociétés indigènes et mondialisation ibérique (XVIe-XVIIe siècles)


Lieu et planning


  • Autre lieu Paris
    musée du quai Branly - Jacques Chirac, 37 Quai Branly 75007 Paris
    Salle 2
    annuel / hebdomadaire, mercredi 10:00-13:00
    du 28 octobre 2020 au 16 juin 2021


Description


Dernière modification : 2 juin 2020 08:38

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
espagnol
Mots-clés
Anthropologie historique Histoire culturelle Histoire des idées
Aires culturelles
Amériques
Intervenant·e·s
  • Serge Gruzinski [référent·e]   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Centre de recherches sur les mondes Américains (MONDA-CERMA)

L’historiographie a longtemps étudié les sociétés indigènes préhispaniques et sous domination coloniale dans une perspective étroitement nationale. C’est le cas des écoles hispano-américaine, brésilienne et nord-américaine. Les approches ethno-historiques ont porté sur des cadres plus restreints encore, souvent liés aux terrains spécifiques définis par les chercheurs. Afin de dépasser ces étapes jadis nécessaires mais aujourd’hui dépassées, le séminaire développe une approche globale sensible à des contextes plus larges et plus en prise sur nos préoccupations contemporaines.

Nos recherches ont montré de quelle manière la mondialisation ibérique incite à replacer les sociétés indigènes des empires espagnol et portugais dans un cadre planétaire (Les Quatre Parties du monde) et comment une histoire connectée est à même de revisiter un comparatisme encore trop rare ou mal pratiqué (L’Aigle et le dragon). Dans cet esprit, nous reprendrons l’étude des contacts entre l’humanisme de la Renaissance et les sociétés indigènes du Mexique et du Pérou. Ce qui  veut dire non seulement réévaluer l’influence européenne sur les pratiques et les modalités de l’évangélisation comme sur les formes de colonisation, mais également examiner les réponses des élites indigènes et métisses aux diverses manifestations de la Renaissance européenne. En débordant le contexte colonial et même ibérique, ce programme vise à réintégrer les passés amérindiens et ibéro-américains dans un espace occidental et planétaire. L’histoire des idées et l’histoire du livre, l’ethnohistoire et l’anthropologie seront mobilisées sans tenir compte des frontières qui séparent ces disciplines. Au cours de cette année, nous examinerons le contenu des ouvrages européens qui étaient expédiés en Nouvelle-Espagne dans la seconde moitié du XVIe siècle afin de définir les contours de la culture intellectuelle qui s'est développée dans les grands centres urbains et les monastères de cette partie du monde. Nous explorerons ensuite les chaînes et les réseaux à partir desquels ces savoirs se diffusent dans les milieux métis et indigène en analysant l'apparition puis la disparition d'auteux appartenant à ces deux secteurs de la nouvelle société coloniale.


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

pas de direction.

Réception des candidats

sur rendez-vous par courriel ou tél. : 01 45 89 19 20.

Pré-requis

connaissance de l'espagnol et/ou du portugais.


Compte rendu


L’irruption de l’alphabet, du livre et du papier, de l’imprimé et de l’imprimerie dans l’Amérique du XVIe siècle a constitué un bouleversement sans précédent pour les sociétés indigènes du continent, comparable à la révolution digitale que nous vivons aujourd’hui. Cette irruption a accompagné la naissance et la formation de sociétés coloniales et métisses. Cette révolution a gagné ensuite d’autres continents sous d’autres formes liées à d’autres colonisations.

Écriture, papier, livre, imprimerie, ces éléments indissociables de nos sources suggèrent de reprendre l’étude d’une dimension mal étudiée du processus de conquête et de colonisation, la vague alphabétique.

Nous avons suivi la trajectoire d’un Rouennais, Pierre Ochart, qui s‘est installé à Mexico et a publié des ouvrages essentiels en espagnol, en latin et en nahuatl. Ce fut l’occasion d’examiner la situation de l’imprimerie en France (Rouen), en Espagne (Séville) et à Mexico dans la première moitié du XVIe siècle. Puis on a comparé l’introduction de l’imprimerie en Espagne avec son arrivée dans le Nouveau Monde.

Mais Pierre Ochart n’a pas été le seul Français à rejoindre le Mexique, des franciscains de la province d’Aquitaine – toutes des personnalités intellectuelles de premier plan – ont pris une part essentielle à l’évangélisation et à l’alphabétisation des élites indigènes en y introduisant des expériences, des pratiques et des conceptions propres à une Europe du Nord s’étendant de Paris aux Pays-Bas septentrionaux.

Les modalités de l’introduction de l’imprimerie de Gutenberg dans le Nouveau Monde ont ensuite été l’objet de nos discussions. Comme c’est la première fois que cette technique s’établissait hors d’Europe, il s’agissait de mesurer le rôle des autorités politiques et ecclésiastiques mais aussi le poids des intérêts économiques – ceux d’une puissante famille d’imprimeurs sévillans, les Cromberger – dans cette implantation, antérieure à celle que l’on observera à Goa en Asie portugaise. L’imprimerie se révèle être ainsi un instrument non négligeable dans la construction des sociétés coloniales qui surgissent en Amérique et en Asie au cours du XVIe siècle.

L’autre volet du séminaire s’intéresse à la réception de la révolution alphabétique en milieu indigène, trop longtemps minimisée. Qu’est-ce que l’écriture européenne pour les Indiens ? Qu’est-ce qu’un lecteur indigène ? Qu’est-ce qu’un auteur indigène ? Pourquoi la prolifération des traductions de textes bibliques dans plusieurs langues amérindiennes alors que la question oppose brutalement l’Europe catholique à l’Europe protestante ? Comment naissent les milieux intellectuels indigènes qui s’empareront de l’écrit et produiront une littérature religieuse en collaboration avec des membres des ordres mendiants ? Enfin en quoi la situation mexicaine diffère-t-elle de celle des Andes et des rivages asiatiques (Goa et Nagazaki) occupés ou visités par les Portugais ?

Publications
  • Conversation avec un métis de la Nouvelle-Espagne, Paris, Fayard, 2021

Dernière modification : 2 juin 2020 08:38

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Histoire
Page web
-
Langues
espagnol
Mots-clés
Anthropologie historique Histoire culturelle Histoire des idées
Aires culturelles
Amériques
Intervenant·e·s
  • Serge Gruzinski [référent·e]   directeur d'études (retraité·e), EHESS / Centre de recherches sur les mondes Américains (MONDA-CERMA)

L’historiographie a longtemps étudié les sociétés indigènes préhispaniques et sous domination coloniale dans une perspective étroitement nationale. C’est le cas des écoles hispano-américaine, brésilienne et nord-américaine. Les approches ethno-historiques ont porté sur des cadres plus restreints encore, souvent liés aux terrains spécifiques définis par les chercheurs. Afin de dépasser ces étapes jadis nécessaires mais aujourd’hui dépassées, le séminaire développe une approche globale sensible à des contextes plus larges et plus en prise sur nos préoccupations contemporaines.

Nos recherches ont montré de quelle manière la mondialisation ibérique incite à replacer les sociétés indigènes des empires espagnol et portugais dans un cadre planétaire (Les Quatre Parties du monde) et comment une histoire connectée est à même de revisiter un comparatisme encore trop rare ou mal pratiqué (L’Aigle et le dragon). Dans cet esprit, nous reprendrons l’étude des contacts entre l’humanisme de la Renaissance et les sociétés indigènes du Mexique et du Pérou. Ce qui  veut dire non seulement réévaluer l’influence européenne sur les pratiques et les modalités de l’évangélisation comme sur les formes de colonisation, mais également examiner les réponses des élites indigènes et métisses aux diverses manifestations de la Renaissance européenne. En débordant le contexte colonial et même ibérique, ce programme vise à réintégrer les passés amérindiens et ibéro-américains dans un espace occidental et planétaire. L’histoire des idées et l’histoire du livre, l’ethnohistoire et l’anthropologie seront mobilisées sans tenir compte des frontières qui séparent ces disciplines. Au cours de cette année, nous examinerons le contenu des ouvrages européens qui étaient expédiés en Nouvelle-Espagne dans la seconde moitié du XVIe siècle afin de définir les contours de la culture intellectuelle qui s'est développée dans les grands centres urbains et les monastères de cette partie du monde. Nous explorerons ensuite les chaînes et les réseaux à partir desquels ces savoirs se diffusent dans les milieux métis et indigène en analysant l'apparition puis la disparition d'auteux appartenant à ces deux secteurs de la nouvelle société coloniale.

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

pas de direction.

Réception des candidats

sur rendez-vous par courriel ou tél. : 01 45 89 19 20.

Pré-requis

connaissance de l'espagnol et/ou du portugais.

  • Autre lieu Paris
    musée du quai Branly - Jacques Chirac, 37 Quai Branly 75007 Paris
    Salle 2
    annuel / hebdomadaire, mercredi 10:00-13:00
    du 28 octobre 2020 au 16 juin 2021

L’irruption de l’alphabet, du livre et du papier, de l’imprimé et de l’imprimerie dans l’Amérique du XVIe siècle a constitué un bouleversement sans précédent pour les sociétés indigènes du continent, comparable à la révolution digitale que nous vivons aujourd’hui. Cette irruption a accompagné la naissance et la formation de sociétés coloniales et métisses. Cette révolution a gagné ensuite d’autres continents sous d’autres formes liées à d’autres colonisations.

Écriture, papier, livre, imprimerie, ces éléments indissociables de nos sources suggèrent de reprendre l’étude d’une dimension mal étudiée du processus de conquête et de colonisation, la vague alphabétique.

Nous avons suivi la trajectoire d’un Rouennais, Pierre Ochart, qui s‘est installé à Mexico et a publié des ouvrages essentiels en espagnol, en latin et en nahuatl. Ce fut l’occasion d’examiner la situation de l’imprimerie en France (Rouen), en Espagne (Séville) et à Mexico dans la première moitié du XVIe siècle. Puis on a comparé l’introduction de l’imprimerie en Espagne avec son arrivée dans le Nouveau Monde.

Mais Pierre Ochart n’a pas été le seul Français à rejoindre le Mexique, des franciscains de la province d’Aquitaine – toutes des personnalités intellectuelles de premier plan – ont pris une part essentielle à l’évangélisation et à l’alphabétisation des élites indigènes en y introduisant des expériences, des pratiques et des conceptions propres à une Europe du Nord s’étendant de Paris aux Pays-Bas septentrionaux.

Les modalités de l’introduction de l’imprimerie de Gutenberg dans le Nouveau Monde ont ensuite été l’objet de nos discussions. Comme c’est la première fois que cette technique s’établissait hors d’Europe, il s’agissait de mesurer le rôle des autorités politiques et ecclésiastiques mais aussi le poids des intérêts économiques – ceux d’une puissante famille d’imprimeurs sévillans, les Cromberger – dans cette implantation, antérieure à celle que l’on observera à Goa en Asie portugaise. L’imprimerie se révèle être ainsi un instrument non négligeable dans la construction des sociétés coloniales qui surgissent en Amérique et en Asie au cours du XVIe siècle.

L’autre volet du séminaire s’intéresse à la réception de la révolution alphabétique en milieu indigène, trop longtemps minimisée. Qu’est-ce que l’écriture européenne pour les Indiens ? Qu’est-ce qu’un lecteur indigène ? Qu’est-ce qu’un auteur indigène ? Pourquoi la prolifération des traductions de textes bibliques dans plusieurs langues amérindiennes alors que la question oppose brutalement l’Europe catholique à l’Europe protestante ? Comment naissent les milieux intellectuels indigènes qui s’empareront de l’écrit et produiront une littérature religieuse en collaboration avec des membres des ordres mendiants ? Enfin en quoi la situation mexicaine diffère-t-elle de celle des Andes et des rivages asiatiques (Goa et Nagazaki) occupés ou visités par les Portugais ?

Publications
  • Conversation avec un métis de la Nouvelle-Espagne, Paris, Fayard, 2021