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UE93 - Anthropologies de la Renaissance


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.09
    annuel / bimensuel (2e/4e), vendredi 11:00-13:00
    du 13 novembre 2020 au 28 mai 2021


Description


Dernière modification : 5 juin 2020 14:06

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Anthropologie historique Culture matérielle Culture visuelle Émotions Fait religieux Histoire culturelle Histoire des sciences et des techniques Religieux (sciences sociales du) Sociohistoire
Aires culturelles
Europe Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Caroline Callard [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre d'études en sciences sociales du religieux (CéSor)

Dans Les mots et les choses, Michel Foucault a imposé l'image d'une Renaissance placée sous le signe de la pensée analogique. Philippe Descola dans Par delà Nature et culture a retravaillé la notion et proposé de lui donner une ampleur anthropologique en en faisant ce qu'il appelle une "ontologie". Dans le parage de ces deux grandes œuvres, on cherchera à enquêter sur l'anthroplogie de la Renaissance à partir d'objets singuliers (spectres, poupées, "sauvages", statues parlantes, trophées), animés par une vaste gamme de pratiques (judiciaires, funéraires, magiques, etc), et saisis par des dispositifs savants qui leur donnent sens (traités eurématiques, ouvrages naturalistes et antiquaires, etc). Ce faisant, on tentera de dégager, aux côtés du travail de l'analogie, une place pour l'animisme dans l'anthropologie des Renaissants.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

coordonnées de l'enseignante référente : 14, Cours des Humanités 93322 Aubervillers Cedex et par courriel.

 

 

Direction de travaux des étudiants

sur entretien et présentation d'un projet de recherche.

Réception des candidats

sur rendez-vous, par courriel.

Pré-requis

aucun pré-requis spécifique n'est exigé.

Le séminaire ouvert à tous les étudiants au niveau du master et du doctorat ainsi qu'à tous les chercheurs.


Compte rendu


Ce séminaire d’anthropologie historique s’est intéressé à retrouver la « part animiste » des sociétés des XVIe et XVIIe siècles. L’enquête a emprunté trois axes : le premier regarde l’anthropologie savante au sens étymologique de savoir sur l’homme, sa physiologie et ses facultés, produite entre la fin du Moyen Âge et le début de l’époque moderne. On a tenté de ressaisir la question sur les parties de l’âme, leur rôle dans la production de l’ontologie scalaire professée à l’université depuis le Moyen Âge et la partition vivant/non-vivant, animé/non animé. On s’est interrogé sur la façon dont les savoirs scolastiques – ou mieux « scolaires » ou « artiens » – avaient pu cohabiter avec l’essor d’une nouvelle philosophie de la nature qui présente le monde comme un organisme vivant doué de perception sensorielle. Pour ne pas s’en tenir aux seuls savoirs académiques, nous avons étendu l’enquête aux savoirs pratiques, techniques et artisans, et plus particulièrement aux cultures minières du XVIe siècle, objets d’une culture partagée entre savants, théologiens, ingénieurs et autres professionnels de la mine. Théâtre de la germination des pierres et des métaux, mais aussi asile tellurique de nombreuses créatures, l’imaginaire du sous-sol nous est apparu comme un lieu privilégié pour examiner ce « monde animé » en acte. La question de la circulation de ces êtres au statut théologique ambigu entre l’Europe et l’Amérique nous a permis de mettre en évidence les convergences, mais aussi parfois les discordances, entre l’entreprise de christianisation du sous-sol minier andin par les missionnaires et la dédiabolisation des représentations attachées aux mondes souterrains dans les monts métallifères d’Europe.

Le passage d’un monde à l’autre a correspondu au deuxième moment du séminaire. Nous avons voulu documenter et interroger peut-être aussi à nouveaux frais, ce moment repéré depuis longtemps par l’historiographie faisant de la Renaissance et du début du XVIIe siècle celui de la naissance d’une proto-anthropologie, cette fois-ci au sens contemporain de savoirs sur les mondes et les cultures de l’« autre ». Les altérité shuguenote, schismatique ou païenne sont au XVIe siècle autant de miroirs où voyageurs et missionnaires occidentaux travaillent à édifier la ligne de partage entre culte des images et pratiques idolâtres. Face à ces mondes qui au XVIe siècle menacent sans cesse de s’animer, le savoir missionnaire, tout comme les pratiques antiquaires et érudites occidentales opposent peu à peu la pétrification par l’objet, la réification par la commensurabilité au sein de cabinets de curiosité, de collections et de musées – à moins que ces objets ne commencent une nouvelle vie et répondent à de nouvelles formes d’animation.

Le troisième temps du séminaire, à peine esquissé toutefois, a voulu précisément brouiller la linéarité diachronique de la démonstration en s’attachant à repérer des scènes de surgissements animistes à la faveur d’études de cas portant sur le XVIIe siècle.

Le séminaire de l’année prochaine sera centré davantage sur le XVIe siècle et cherchera à articuler plus profondément cette histoire des savoirs animistes avec le théâtre ravagé d’un temps marqué par les grandes mortalités de peste, de guerres et de catastrophes climatiques. La « crise globale » des XVIe et XVIIe siècles n’est pas l’arrière-plan de la mutation anthropologique européenne, elle en est le « vaisseau » tragique.

 

Publications
  • « Fantômes historiographes », Critique, numéro spécial « Le grand retour des fantômes »,  janvier 2021, p. 83-94.
  • « La mort, l’amas, le double et autres fantômes chaunusiens », dans Un historien dans ses lendemains : Pierre Chaunu, sous la dir. de Denis Crouzet et Alain Hugon, Caen, PUC, 2021.
  • « La bataille des corps incorrompus : hosties et morts-vivants dans les îles du Levant », dans Matière à discorde. Les objets chrétiens dans les conflits modernes, sous la dir.de Marie Lezowki et Yann Lignereux, Rennes, PUR, 2021.

Dernière modification : 5 juin 2020 14:06

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie historique, Histoire
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Anthropologie historique Culture matérielle Culture visuelle Émotions Fait religieux Histoire culturelle Histoire des sciences et des techniques Religieux (sciences sociales du) Sociohistoire
Aires culturelles
Europe Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Caroline Callard [référent·e]   directrice d'études, EHESS / Centre d'études en sciences sociales du religieux (CéSor)

Dans Les mots et les choses, Michel Foucault a imposé l'image d'une Renaissance placée sous le signe de la pensée analogique. Philippe Descola dans Par delà Nature et culture a retravaillé la notion et proposé de lui donner une ampleur anthropologique en en faisant ce qu'il appelle une "ontologie". Dans le parage de ces deux grandes œuvres, on cherchera à enquêter sur l'anthroplogie de la Renaissance à partir d'objets singuliers (spectres, poupées, "sauvages", statues parlantes, trophées), animés par une vaste gamme de pratiques (judiciaires, funéraires, magiques, etc), et saisis par des dispositifs savants qui leur donnent sens (traités eurématiques, ouvrages naturalistes et antiquaires, etc). Ce faisant, on tentera de dégager, aux côtés du travail de l'analogie, une place pour l'animisme dans l'anthropologie des Renaissants.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire du monde/histoire des mondes – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Histoire-Histoire et sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

coordonnées de l'enseignante référente : 14, Cours des Humanités 93322 Aubervillers Cedex et par courriel.

 

 

Direction de travaux des étudiants

sur entretien et présentation d'un projet de recherche.

Réception des candidats

sur rendez-vous, par courriel.

Pré-requis

aucun pré-requis spécifique n'est exigé.

Le séminaire ouvert à tous les étudiants au niveau du master et du doctorat ainsi qu'à tous les chercheurs.

  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.09
    annuel / bimensuel (2e/4e), vendredi 11:00-13:00
    du 13 novembre 2020 au 28 mai 2021

Ce séminaire d’anthropologie historique s’est intéressé à retrouver la « part animiste » des sociétés des XVIe et XVIIe siècles. L’enquête a emprunté trois axes : le premier regarde l’anthropologie savante au sens étymologique de savoir sur l’homme, sa physiologie et ses facultés, produite entre la fin du Moyen Âge et le début de l’époque moderne. On a tenté de ressaisir la question sur les parties de l’âme, leur rôle dans la production de l’ontologie scalaire professée à l’université depuis le Moyen Âge et la partition vivant/non-vivant, animé/non animé. On s’est interrogé sur la façon dont les savoirs scolastiques – ou mieux « scolaires » ou « artiens » – avaient pu cohabiter avec l’essor d’une nouvelle philosophie de la nature qui présente le monde comme un organisme vivant doué de perception sensorielle. Pour ne pas s’en tenir aux seuls savoirs académiques, nous avons étendu l’enquête aux savoirs pratiques, techniques et artisans, et plus particulièrement aux cultures minières du XVIe siècle, objets d’une culture partagée entre savants, théologiens, ingénieurs et autres professionnels de la mine. Théâtre de la germination des pierres et des métaux, mais aussi asile tellurique de nombreuses créatures, l’imaginaire du sous-sol nous est apparu comme un lieu privilégié pour examiner ce « monde animé » en acte. La question de la circulation de ces êtres au statut théologique ambigu entre l’Europe et l’Amérique nous a permis de mettre en évidence les convergences, mais aussi parfois les discordances, entre l’entreprise de christianisation du sous-sol minier andin par les missionnaires et la dédiabolisation des représentations attachées aux mondes souterrains dans les monts métallifères d’Europe.

Le passage d’un monde à l’autre a correspondu au deuxième moment du séminaire. Nous avons voulu documenter et interroger peut-être aussi à nouveaux frais, ce moment repéré depuis longtemps par l’historiographie faisant de la Renaissance et du début du XVIIe siècle celui de la naissance d’une proto-anthropologie, cette fois-ci au sens contemporain de savoirs sur les mondes et les cultures de l’« autre ». Les altérité shuguenote, schismatique ou païenne sont au XVIe siècle autant de miroirs où voyageurs et missionnaires occidentaux travaillent à édifier la ligne de partage entre culte des images et pratiques idolâtres. Face à ces mondes qui au XVIe siècle menacent sans cesse de s’animer, le savoir missionnaire, tout comme les pratiques antiquaires et érudites occidentales opposent peu à peu la pétrification par l’objet, la réification par la commensurabilité au sein de cabinets de curiosité, de collections et de musées – à moins que ces objets ne commencent une nouvelle vie et répondent à de nouvelles formes d’animation.

Le troisième temps du séminaire, à peine esquissé toutefois, a voulu précisément brouiller la linéarité diachronique de la démonstration en s’attachant à repérer des scènes de surgissements animistes à la faveur d’études de cas portant sur le XVIIe siècle.

Le séminaire de l’année prochaine sera centré davantage sur le XVIe siècle et cherchera à articuler plus profondément cette histoire des savoirs animistes avec le théâtre ravagé d’un temps marqué par les grandes mortalités de peste, de guerres et de catastrophes climatiques. La « crise globale » des XVIe et XVIIe siècles n’est pas l’arrière-plan de la mutation anthropologique européenne, elle en est le « vaisseau » tragique.

 

Publications
  • « Fantômes historiographes », Critique, numéro spécial « Le grand retour des fantômes »,  janvier 2021, p. 83-94.
  • « La mort, l’amas, le double et autres fantômes chaunusiens », dans Un historien dans ses lendemains : Pierre Chaunu, sous la dir. de Denis Crouzet et Alain Hugon, Caen, PUC, 2021.
  • « La bataille des corps incorrompus : hosties et morts-vivants dans les îles du Levant », dans Matière à discorde. Les objets chrétiens dans les conflits modernes, sous la dir.de Marie Lezowki et Yann Lignereux, Rennes, PUR, 2021.