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UE896 - Universalisations et patrimonialisations du soufisme


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.10
    annuel / bimensuel (1re/3e), vendredi 17:00-20:00
    du 4 décembre 2020 au 19 mars 2021


Description


Dernière modification : 2 novembre 2020 16:54

Type d'UE
Séminaires de centre
Centres
Institut des mondes africains (IMAF)
Disciplines
Anthropologie historique, Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Sociologie
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Arts Circulations Fait religieux Globalisation Islam Marché Patrimoine Religieux (sciences sociales du)
Aires culturelles
Afrique Amérique du Nord Arabe (monde) Contemporain (anthropologie du, monde) Europe Musulmans (mondes) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s

Ce séminaire propose d’étudier les phénomènes de globalisation ainsi que les transformations sociales et culturelles qui travaillent le soufisme, également nommé « mysticisme musulman ».

Il s’agit de réfléchir aux liens qui existent entre tradition soufie, narrations universelles et processus de patrimonialisation, afin de rendre compte des transformations et des adaptations que connaît le soufisme en ce début de XXIe siècle.

L’histoire du soufisme dans le monde est marquée par la diversité des doctrines, des pratiques et des politiques adoptées par les différentes confréries. Dans certaines régions et à certaines époques, elles ont été vecteurs d’islamisation et ont incarné l’orthodoxie islamique en soulignant la séparation entre les musulmans et les non-musulmans alors que, dans d’autres, elles ont brouillé les frontières entre les religions.

Si la relation avec l’altérité religieuse, autrement dit la dialectique entre l’universel et le particulier, a toujours fait partie de l’histoire de l’islam et du soufisme, elle a pris de plus en plus d’importance à partir du XIXe siècle. Plusieurs orientalistes, théosophes, ésotéristes occidentaux en quête d’une religion universelle ont en effet contribué à imaginer et à construire le soufisme contemporain en mettant l’accent sur les dimensions universelles (déjà présentes dans le soufisme), en dépit de ses dimensions particularistes.

Ce processus d’universalisation, et parfois de dé-islamisation, s’est accentué après le 11 septembre 2001, alors que des institutions américaines et européennes, mais aussi des États, notamment africains, ont commencé à présenter et à promouvoir le soufisme en tant que religion « du juste milieu » inclusive, de l’amour, de la paix, des arts et de l’interculturalité, en opposition avec celui du salafisme/wahhabisme/djihadisme. Des entrepreneurs religieux et confréries soufis ont répondu à cette demande et ont profité de cette nouvelle visibilité en négociant activement leur place dans les champs religieux et politique et en investissant la scène culturelle.

L’objectif de ce séminaire est double. D’une part, il s’agit de présenter et de discuter des enquêtes ethnographiques et historiques portant sur les mobilisations sociales, les lieux et les acteurs soufis ainsi que sur la mise en patrimoine et en scène du soufisme. La démarche, en discutant d’enquêtes réalisées dans plusieurs pays sur les continents européen, africain, asiatique et américain, est de décloisonner les aires culturelles, afin de faire émerger des problématiques similaires à ces pays, ou de mettre au jour des particularismes liés à leurs contextes historiques, politiques et religieux.

En croisant l’étude des formes de patrimonialisations à la fois officielles et ordinaires du soufisme, ce séminaire vise à observer la fabrique des discours sur les soufismes et les universels tout en saisissant, à partir des études de cas en contextes nationaux, les tensions entre les ’universalisations et les instrumentalisations locales du soufisme. En combinant l’analyse de trajectoires de pratiquants et d’entrepreneurs du soufisme, celle de ses espaces de définition et de patrimonialisation et celle de ses réseaux mondialisés, ce séminaire veut notamment contribuer à analyser l’insertion du soufisme dans les marchés globalisés de l’islam, de la spiritualité, du développement personnel, des « musiques du monde ».

D’autre part, seront également invités à intervenir dans ce séminaire des acteurs – porte-paroles de confréries soufies, fondateurs de festivals, de musées, d’associations, de fondations, de mosquées – participant à la création des nouveaux lieux et réseaux où se déroulent les transactions contemporaines (religieuses, politiques, sémiotiques, symboliques, identitaires, économiques) liées au soufisme universalisé.

4 décembre 2020 :

  • Nadège Chabloz (IMAF, EHESS), « Introduction au séminaire »
  • Francesco Piraino (Ca’ Foscari, Venise), « La pluralité des universalisme(s) dans le soufisme contemporain »
  • Sara Kuehn, (IDEMEC/CNRS), « Spiritual Ideal in Action and Not Just in Words’: Inayati Universalist Spiritual Cyber-pedagogy with Respect to Social and Environmental Issues »

18 décembre 2020 :

  • Youna Eskandari (Césor, EHESS), « Lire la révolution islamique d'Iran à travers René Guénon »
  • Delphine Ortis (CEIAS-INALCO), « Les effets de la nationalisation du sanctuaire du saint soufi Lāl Shahbāz Qalandar sur son culte (Sindh-Pakistan) »

8 janvier 2021 :

  • Mark Sedgwick (Aarhus University), « L’universalisme, le pérennialisme et le soufisme en Occident »
  • Feyza Burak Adli (Northwestern University), « Unity in Multiplicity: The Shifting Trajectories of Universalism in the Turkish Rifai Sufism »

22 janvier 2021 :

  • Éric Geoffroy (Université de Strasbourg), « Allah au féminin »
  • Kahina Bahloul (EPHE), « Réformer l’islam : une imama à Paris »

5 février 2021 :

  • Elise Massicard (CERI-Sciences Po, CNRS), « Entre particularisme et universalisme : Autour des reformulations de l’alévisme en Turquie »
  • Talia Bachir-Loopuyt (ICFD, Université de Tours) « “Musiques soufies” en France : circulations de formes sonores et d'imaginaires, entre mondes de l'art et réseaux diasporiques turcs »

19 février 2021 :

  • Katia Boissevain (IDEMEC-CNRS), « Soufisme et politique en Tunisie : quel universalisme ? »
  • Manoêl Pénicaud (IDEMEC-CNRS), « L’universalisme en question chez Louis Massignon »

5 mars 2021 :

  • Jean-Loup Amselle (IMAF, EHESS), « L’instrumentalisation politique du soufisme au Mali »
  • Gianfranco Bria (Université de Rome La Sapienza), « The Sultan Nevruz Between Theological Debate and Multi-Framed Practice in Contemporary Albania »

19 mars 2021 :

  • Gregory Vandamme (Université de Louvain-la-Neuve), « L’influence de la pensée d’Ibn ʿArabī dans les débats contemporains en islam : de l’inspiration à l’appropriation »

Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Ce séminaire est libre d'accès, nécessite une préinscription obligatoire sur listsem et se fera, en fonction de l'évolution la situation sanitaire, soit en visioconférence, soit en présentiel, soit en hybride si l'équipement des salles du campus Condorcet rendra cette solution possible dans les mois à venir.

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

séminaire ouvert à toutes et tous


Compte rendu


La deuxième édition de ce séminaire, consacré à l’étude de la globalisation et des transformations sociales et culturelles qui travaillent le soufisme contemporain, s’est particulièrement penchée sur les liens qui existent entre tradition soufie, narrations universelles et processus de patrimonialisation.

La séance d’ouverture a consisté à analyser la pluralité des universalismes dans le soufisme contemporain (Francesco Piraino, Ca’ Foscari, Venise) et à présenter les 15 interventions de l’année (Nadège Chabloz, Imaf, Aubervilliers). Dans une démarche comparative, ces interventions ont majoritairement considéré les réappropriations politiques, les universalisations et les patrimonialisations du soufisme et de plusieurs confréries, à partir d’enquêtes empiriques menées par des doctorants et des chercheurs francophones et anglophones en Turquie (Feyza Burak Adli, Northwestern University ; Elise Massicard CERI-Sciences Po, CNRS), en Iran (Youna Eskandari, Césor, EHESS), au Pakistan (Delphine Ortis, CEIAS-INALCO), en Tunisie (Katia Boissevain, IDEMEC-CNRS), au Mali (Jean-Loup Amselle, IMAF, EHESS), en Albanie (Gianfranco Bria, Université de Rome La Sapienza) et à Mayotte (Elena Bertuzzi, Université Paris-Nanterre). Sara Kuehn (IDEMEC/CNRS) s’est quant à elle attachée à décrire les activités de militantisme transnational et de « cyber-pedagogy » de l’ordre soufi Inayati.

Ce séminaire, dont l’ambition était également d’apporter un éclairage sur la dialectique entre l’universel et le particulier qui s’est développée à partir du XIXe siècle, a accueilli plusieurs interventions portant sur les orientalistes, théosophes, ésotéristes en quête d’une religion universelle qui ont contribué à imaginer et à construire le soufisme contemporain. Mark Sedgwick (Aarhus University) a présenté l’histoire de l’un des plus importants courants de l’universalisation dans le soufisme en Occident, celui du pérennialisme « traditionaliste », tout en interrogeant la diversité et l’évolution de la relation entre l’universalisme et l’islam selon les trois principaux protagonistes de ce courant, René Guénon, Frithjof Schuon et Ivan Aguéli.

Youna Eskandari (Césor, EHESS) s’est attachée à faire dialoguer les idées de René Guénon avec celles de l’ayatollah Khomeini et de Morteza Motahhari, afin de dévoiler la nature de l’ésotérisme de l’utopie iranienne qui reste invisible dans le monde académique. Manoël Pénicaud (CNRS, Idemec, AMU) s’est intéressé au rapport de l’islamologue et mystique catholique Louis Massignon à l’altérité religieuse en général et au soufisme en particulier. Gregory Vandamme (UC Louvain) a montré quant à lui de quelle manière la pensée d’Ibn ʿArabī a été utilisée par de nombreuses figures marquantes des deux derniers siècles pour fonder un discours soufi universaliste, notamment dans ses dimensions philosophiques et inter-religieuses. L’intervention d’Éric Geoffroy (Université de Strasbourg ; co-fondateur de la Fondation Conscience soufie) a porté sur la manière dont la tradition soufie a conçu l’universel dans son rapport au « Féminin » et s’est appuyée sur les exemples contrastés d’Ibn ‘Arabî et de Rumi pour montrer les incidences de leurs positions dans le monde soufi contemporain. C’est également la pensée d’Ibn ‘Arabî qui a été mobilisée par Kahina Bahloul (EPHE, co-fondatrice de la Mosquée Fatima) pour interroger la place des femmes dans l’islam en général et dans le soufisme en particulier, ainsi que pour éclairer sa vision réformatrice de l’islam et son parcours de première femme imam en France.

Publications

-

Dernière modification : 2 novembre 2020 16:54

Type d'UE
Séminaires de centre
Centres
Institut des mondes africains (IMAF)
Disciplines
Anthropologie historique, Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie, Sociologie
Page web
-
Langues
anglais français
Mots-clés
Anthropologie culturelle Arts Circulations Fait religieux Globalisation Islam Marché Patrimoine Religieux (sciences sociales du)
Aires culturelles
Afrique Amérique du Nord Arabe (monde) Contemporain (anthropologie du, monde) Europe Musulmans (mondes) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s

Ce séminaire propose d’étudier les phénomènes de globalisation ainsi que les transformations sociales et culturelles qui travaillent le soufisme, également nommé « mysticisme musulman ».

Il s’agit de réfléchir aux liens qui existent entre tradition soufie, narrations universelles et processus de patrimonialisation, afin de rendre compte des transformations et des adaptations que connaît le soufisme en ce début de XXIe siècle.

L’histoire du soufisme dans le monde est marquée par la diversité des doctrines, des pratiques et des politiques adoptées par les différentes confréries. Dans certaines régions et à certaines époques, elles ont été vecteurs d’islamisation et ont incarné l’orthodoxie islamique en soulignant la séparation entre les musulmans et les non-musulmans alors que, dans d’autres, elles ont brouillé les frontières entre les religions.

Si la relation avec l’altérité religieuse, autrement dit la dialectique entre l’universel et le particulier, a toujours fait partie de l’histoire de l’islam et du soufisme, elle a pris de plus en plus d’importance à partir du XIXe siècle. Plusieurs orientalistes, théosophes, ésotéristes occidentaux en quête d’une religion universelle ont en effet contribué à imaginer et à construire le soufisme contemporain en mettant l’accent sur les dimensions universelles (déjà présentes dans le soufisme), en dépit de ses dimensions particularistes.

Ce processus d’universalisation, et parfois de dé-islamisation, s’est accentué après le 11 septembre 2001, alors que des institutions américaines et européennes, mais aussi des États, notamment africains, ont commencé à présenter et à promouvoir le soufisme en tant que religion « du juste milieu » inclusive, de l’amour, de la paix, des arts et de l’interculturalité, en opposition avec celui du salafisme/wahhabisme/djihadisme. Des entrepreneurs religieux et confréries soufis ont répondu à cette demande et ont profité de cette nouvelle visibilité en négociant activement leur place dans les champs religieux et politique et en investissant la scène culturelle.

L’objectif de ce séminaire est double. D’une part, il s’agit de présenter et de discuter des enquêtes ethnographiques et historiques portant sur les mobilisations sociales, les lieux et les acteurs soufis ainsi que sur la mise en patrimoine et en scène du soufisme. La démarche, en discutant d’enquêtes réalisées dans plusieurs pays sur les continents européen, africain, asiatique et américain, est de décloisonner les aires culturelles, afin de faire émerger des problématiques similaires à ces pays, ou de mettre au jour des particularismes liés à leurs contextes historiques, politiques et religieux.

En croisant l’étude des formes de patrimonialisations à la fois officielles et ordinaires du soufisme, ce séminaire vise à observer la fabrique des discours sur les soufismes et les universels tout en saisissant, à partir des études de cas en contextes nationaux, les tensions entre les ’universalisations et les instrumentalisations locales du soufisme. En combinant l’analyse de trajectoires de pratiquants et d’entrepreneurs du soufisme, celle de ses espaces de définition et de patrimonialisation et celle de ses réseaux mondialisés, ce séminaire veut notamment contribuer à analyser l’insertion du soufisme dans les marchés globalisés de l’islam, de la spiritualité, du développement personnel, des « musiques du monde ».

D’autre part, seront également invités à intervenir dans ce séminaire des acteurs – porte-paroles de confréries soufies, fondateurs de festivals, de musées, d’associations, de fondations, de mosquées – participant à la création des nouveaux lieux et réseaux où se déroulent les transactions contemporaines (religieuses, politiques, sémiotiques, symboliques, identitaires, économiques) liées au soufisme universalisé.

4 décembre 2020 :

  • Nadège Chabloz (IMAF, EHESS), « Introduction au séminaire »
  • Francesco Piraino (Ca’ Foscari, Venise), « La pluralité des universalisme(s) dans le soufisme contemporain »
  • Sara Kuehn, (IDEMEC/CNRS), « Spiritual Ideal in Action and Not Just in Words’: Inayati Universalist Spiritual Cyber-pedagogy with Respect to Social and Environmental Issues »

18 décembre 2020 :

  • Youna Eskandari (Césor, EHESS), « Lire la révolution islamique d'Iran à travers René Guénon »
  • Delphine Ortis (CEIAS-INALCO), « Les effets de la nationalisation du sanctuaire du saint soufi Lāl Shahbāz Qalandar sur son culte (Sindh-Pakistan) »

8 janvier 2021 :

  • Mark Sedgwick (Aarhus University), « L’universalisme, le pérennialisme et le soufisme en Occident »
  • Feyza Burak Adli (Northwestern University), « Unity in Multiplicity: The Shifting Trajectories of Universalism in the Turkish Rifai Sufism »

22 janvier 2021 :

  • Éric Geoffroy (Université de Strasbourg), « Allah au féminin »
  • Kahina Bahloul (EPHE), « Réformer l’islam : une imama à Paris »

5 février 2021 :

  • Elise Massicard (CERI-Sciences Po, CNRS), « Entre particularisme et universalisme : Autour des reformulations de l’alévisme en Turquie »
  • Talia Bachir-Loopuyt (ICFD, Université de Tours) « “Musiques soufies” en France : circulations de formes sonores et d'imaginaires, entre mondes de l'art et réseaux diasporiques turcs »

19 février 2021 :

  • Katia Boissevain (IDEMEC-CNRS), « Soufisme et politique en Tunisie : quel universalisme ? »
  • Manoêl Pénicaud (IDEMEC-CNRS), « L’universalisme en question chez Louis Massignon »

5 mars 2021 :

  • Jean-Loup Amselle (IMAF, EHESS), « L’instrumentalisation politique du soufisme au Mali »
  • Gianfranco Bria (Université de Rome La Sapienza), « The Sultan Nevruz Between Theological Debate and Multi-Framed Practice in Contemporary Albania »

19 mars 2021 :

  • Gregory Vandamme (Université de Louvain-la-Neuve), « L’influence de la pensée d’Ibn ʿArabī dans les débats contemporains en islam : de l’inspiration à l’appropriation »

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Ce séminaire est libre d'accès, nécessite une préinscription obligatoire sur listsem et se fera, en fonction de l'évolution la situation sanitaire, soit en visioconférence, soit en présentiel, soit en hybride si l'équipement des salles du campus Condorcet rendra cette solution possible dans les mois à venir.

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
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Pré-requis

séminaire ouvert à toutes et tous

  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.10
    annuel / bimensuel (1re/3e), vendredi 17:00-20:00
    du 4 décembre 2020 au 19 mars 2021

La deuxième édition de ce séminaire, consacré à l’étude de la globalisation et des transformations sociales et culturelles qui travaillent le soufisme contemporain, s’est particulièrement penchée sur les liens qui existent entre tradition soufie, narrations universelles et processus de patrimonialisation.

La séance d’ouverture a consisté à analyser la pluralité des universalismes dans le soufisme contemporain (Francesco Piraino, Ca’ Foscari, Venise) et à présenter les 15 interventions de l’année (Nadège Chabloz, Imaf, Aubervilliers). Dans une démarche comparative, ces interventions ont majoritairement considéré les réappropriations politiques, les universalisations et les patrimonialisations du soufisme et de plusieurs confréries, à partir d’enquêtes empiriques menées par des doctorants et des chercheurs francophones et anglophones en Turquie (Feyza Burak Adli, Northwestern University ; Elise Massicard CERI-Sciences Po, CNRS), en Iran (Youna Eskandari, Césor, EHESS), au Pakistan (Delphine Ortis, CEIAS-INALCO), en Tunisie (Katia Boissevain, IDEMEC-CNRS), au Mali (Jean-Loup Amselle, IMAF, EHESS), en Albanie (Gianfranco Bria, Université de Rome La Sapienza) et à Mayotte (Elena Bertuzzi, Université Paris-Nanterre). Sara Kuehn (IDEMEC/CNRS) s’est quant à elle attachée à décrire les activités de militantisme transnational et de « cyber-pedagogy » de l’ordre soufi Inayati.

Ce séminaire, dont l’ambition était également d’apporter un éclairage sur la dialectique entre l’universel et le particulier qui s’est développée à partir du XIXe siècle, a accueilli plusieurs interventions portant sur les orientalistes, théosophes, ésotéristes en quête d’une religion universelle qui ont contribué à imaginer et à construire le soufisme contemporain. Mark Sedgwick (Aarhus University) a présenté l’histoire de l’un des plus importants courants de l’universalisation dans le soufisme en Occident, celui du pérennialisme « traditionaliste », tout en interrogeant la diversité et l’évolution de la relation entre l’universalisme et l’islam selon les trois principaux protagonistes de ce courant, René Guénon, Frithjof Schuon et Ivan Aguéli.

Youna Eskandari (Césor, EHESS) s’est attachée à faire dialoguer les idées de René Guénon avec celles de l’ayatollah Khomeini et de Morteza Motahhari, afin de dévoiler la nature de l’ésotérisme de l’utopie iranienne qui reste invisible dans le monde académique. Manoël Pénicaud (CNRS, Idemec, AMU) s’est intéressé au rapport de l’islamologue et mystique catholique Louis Massignon à l’altérité religieuse en général et au soufisme en particulier. Gregory Vandamme (UC Louvain) a montré quant à lui de quelle manière la pensée d’Ibn ʿArabī a été utilisée par de nombreuses figures marquantes des deux derniers siècles pour fonder un discours soufi universaliste, notamment dans ses dimensions philosophiques et inter-religieuses. L’intervention d’Éric Geoffroy (Université de Strasbourg ; co-fondateur de la Fondation Conscience soufie) a porté sur la manière dont la tradition soufie a conçu l’universel dans son rapport au « Féminin » et s’est appuyée sur les exemples contrastés d’Ibn ‘Arabî et de Rumi pour montrer les incidences de leurs positions dans le monde soufi contemporain. C’est également la pensée d’Ibn ‘Arabî qui a été mobilisée par Kahina Bahloul (EPHE, co-fondatrice de la Mosquée Fatima) pour interroger la place des femmes dans l’islam en général et dans le soufisme en particulier, ainsi que pour éclairer sa vision réformatrice de l’islam et son parcours de première femme imam en France.

Publications

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