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UE881 - Procréation et productions matérielle et symbolique. Égalitarisme et hiérarchie sociale


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 8
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 11:00-13:00
    du 23 février 2021 au 8 juin 2021


Description


Dernière modification : 31 mai 2020 09:42

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Ethnographie Ethnologie Parenté
Aires culturelles
Amérique du Nord Asie Europe
Intervenant·e·s

Dans les années antérieures, nous nous sommes efforcé de montrer comment la façon dont les différentes cultures considéraient la conception d'un enfant – et donc la sexualité elle-même – était déterminante pour comprendre non seulement la structure de la parenté mais également des pans entiers de l'organisation sociale. Nous tenterons de poursuivre cette analyse en intégrant deux nouvelles variables, celle de l'économie, et donc de la technique, et celle de l'ordre symbolique du monde, autrement dit la religion. Certaines formes de croyances sont-elles plus en correspondance avec certaines d'organisation sociale que d'autres ? Le cas des monothéismes est à cet égard exemplaire qui, tous, prétendent à un dépassement du social. Ce qui pose in fine la question du rapport de la technique et de la religion, question en général totalement occultée, au-delà de la question qui demeure centrale, de l'organisation sociale. Au fond, qu'est-ce qui crée en priorité de la hiérarchie au sein d'une société donnée : la relation sexuelle, la technique ou la religion ? Plusieurs aires culturelles seront examinées sous cet angle. On verra que, selon ces différentes aires, la réponse est susceptible de varier considérablement.  

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

séminaire ouvert à tous.


Compte rendu


Après avoir assuré l’enseignement de tronc commun au premier semestre, la seconde partie de l’année a été consacrée à notre « séminaire propre » auquel assistait, toujours par écrans interposés, un groupe un peu plus réduit d’étudiants, ce qui a amélioré la qualité de l’échange. Le thème du séminaire portait pour l’essentiel sur la procréation. Qui dit procréation dit, du moins dans les sociétés traditionnelles, sexualité, mais également conditions matérielles et symboliques du rapport entre les sexes. Nous avons choisi de focaliser notre attention sur ce que l’on a longtemps appelé les populations marginales de l’Amérique du Sud : Aché du Paraguay, Sirono de Bolivie, Nambikwara du Mato Grosso et, enfin, les Bari, les Yanomami et les Cuiva du Venezuela. Sans oublier les Urubu du Brésil oriental. Tous ces groupes, alors qu’ils vivaient encore à l’écart de l’influence occidentale, ont fait l’objet de monographies de qualité, à savoir les textes respectifs de Clastres, de Bloomberg, de Lévi-Strauss, de Pinton, de Chagnon d’Arcand et enfin de Huxley. Toutes ces monographies, malgré des arrière-plans théoriques, sont très contrastées, mais distillent « une petite musique » commune qui entre en résonnance avec nos propres terrains nord-américains. Nous avons pu ainsi montrer un certain nombre de variations de type transformationnel entre ces différents groupes. Elles ont trait essentiellement à un balancement entre dualisme strict – serait-il implicite comme chez les Bari – et dichotomie aînés/cadets débouchant éventuellement sur des rivalités tel que chez les Yanomani. Ces observations ont pu être rattachées à notre propre théorie des socièmes élémentaires que nous avions développée naguère dans Quadratura americana et nos ouvrages suivants. Deux phénomènes qui ressortent très nettement de l’ethnographie nous ont conduits à dégager une autre constance : d’une part, les femmes sollicitent autant que les hommes l’acte sexuel, d’autre part, toute une série d’injonctions rituelles et d’interdits vient par ailleurs réguler la possibilité, voire la fréquence de cet acte. Or, cette régulation par le biais du rite, qui court parallèlement aux interdits d’inceste, équivaut jusqu’à un certain point à des interdits alimentaires et renvoie au totémisme qui lui-même, selon nous, s’inscrit dans la théorie des socièmes élémentaires évoquée plus haut. En la matière, les animaux sont régulés par les saisons, les humains par eux-mêmes ou par leur interprétation des conjonctions cosmiques. Enfin, il y a une dernière constance, il est vrai qui s’exprime de manière plus ou moins prononcée selon les groupes. Il s’agit d’un rapport à la plaisanterie qui, en quelque sorte, « double » la relation sexuelle, comme d’ailleurs la division « dravidienne » de la société. Tout se passe comme si, en passant de l’animalité à l’humanité la relation sexuelle tendait à devenir un enjeu langagier plutôt qu’un enjeu corporel. On rejoint alors une fois de plus le grand partage entre l’Amérique et, sinon le reste du monde, l’Occident qui repose sur le primat accordé tantôt à la parole, tantôt à la substance.
Deux séances ont été consacrées à des exposés d’étudiants sur leurs recherches en cours.

 

Publications
  • « La bise va-t-elle survivre au coronavirus ? Oui », Le Drenche, n°4, 2020, p. 4.
  • « Claude Lévi-Strauss : de Montaigne à Montaigne », Entretien d’Emmanuel Désveaux avec Fabien Lins, Modernos & Contemporâneos, vol. 4, n° 10, 2020.

Dernière modification : 31 mai 2020 09:42

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Ethnographie Ethnologie Parenté
Aires culturelles
Amérique du Nord Asie Europe
Intervenant·e·s

Dans les années antérieures, nous nous sommes efforcé de montrer comment la façon dont les différentes cultures considéraient la conception d'un enfant – et donc la sexualité elle-même – était déterminante pour comprendre non seulement la structure de la parenté mais également des pans entiers de l'organisation sociale. Nous tenterons de poursuivre cette analyse en intégrant deux nouvelles variables, celle de l'économie, et donc de la technique, et celle de l'ordre symbolique du monde, autrement dit la religion. Certaines formes de croyances sont-elles plus en correspondance avec certaines d'organisation sociale que d'autres ? Le cas des monothéismes est à cet égard exemplaire qui, tous, prétendent à un dépassement du social. Ce qui pose in fine la question du rapport de la technique et de la religion, question en général totalement occultée, au-delà de la question qui demeure centrale, de l'organisation sociale. Au fond, qu'est-ce qui crée en priorité de la hiérarchie au sein d'une société donnée : la relation sexuelle, la technique ou la religion ? Plusieurs aires culturelles seront examinées sous cet angle. On verra que, selon ces différentes aires, la réponse est susceptible de varier considérablement.  

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

séminaire ouvert à tous.

  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 8
    2nd semestre / hebdomadaire, mardi 11:00-13:00
    du 23 février 2021 au 8 juin 2021

Après avoir assuré l’enseignement de tronc commun au premier semestre, la seconde partie de l’année a été consacrée à notre « séminaire propre » auquel assistait, toujours par écrans interposés, un groupe un peu plus réduit d’étudiants, ce qui a amélioré la qualité de l’échange. Le thème du séminaire portait pour l’essentiel sur la procréation. Qui dit procréation dit, du moins dans les sociétés traditionnelles, sexualité, mais également conditions matérielles et symboliques du rapport entre les sexes. Nous avons choisi de focaliser notre attention sur ce que l’on a longtemps appelé les populations marginales de l’Amérique du Sud : Aché du Paraguay, Sirono de Bolivie, Nambikwara du Mato Grosso et, enfin, les Bari, les Yanomami et les Cuiva du Venezuela. Sans oublier les Urubu du Brésil oriental. Tous ces groupes, alors qu’ils vivaient encore à l’écart de l’influence occidentale, ont fait l’objet de monographies de qualité, à savoir les textes respectifs de Clastres, de Bloomberg, de Lévi-Strauss, de Pinton, de Chagnon d’Arcand et enfin de Huxley. Toutes ces monographies, malgré des arrière-plans théoriques, sont très contrastées, mais distillent « une petite musique » commune qui entre en résonnance avec nos propres terrains nord-américains. Nous avons pu ainsi montrer un certain nombre de variations de type transformationnel entre ces différents groupes. Elles ont trait essentiellement à un balancement entre dualisme strict – serait-il implicite comme chez les Bari – et dichotomie aînés/cadets débouchant éventuellement sur des rivalités tel que chez les Yanomani. Ces observations ont pu être rattachées à notre propre théorie des socièmes élémentaires que nous avions développée naguère dans Quadratura americana et nos ouvrages suivants. Deux phénomènes qui ressortent très nettement de l’ethnographie nous ont conduits à dégager une autre constance : d’une part, les femmes sollicitent autant que les hommes l’acte sexuel, d’autre part, toute une série d’injonctions rituelles et d’interdits vient par ailleurs réguler la possibilité, voire la fréquence de cet acte. Or, cette régulation par le biais du rite, qui court parallèlement aux interdits d’inceste, équivaut jusqu’à un certain point à des interdits alimentaires et renvoie au totémisme qui lui-même, selon nous, s’inscrit dans la théorie des socièmes élémentaires évoquée plus haut. En la matière, les animaux sont régulés par les saisons, les humains par eux-mêmes ou par leur interprétation des conjonctions cosmiques. Enfin, il y a une dernière constance, il est vrai qui s’exprime de manière plus ou moins prononcée selon les groupes. Il s’agit d’un rapport à la plaisanterie qui, en quelque sorte, « double » la relation sexuelle, comme d’ailleurs la division « dravidienne » de la société. Tout se passe comme si, en passant de l’animalité à l’humanité la relation sexuelle tendait à devenir un enjeu langagier plutôt qu’un enjeu corporel. On rejoint alors une fois de plus le grand partage entre l’Amérique et, sinon le reste du monde, l’Occident qui repose sur le primat accordé tantôt à la parole, tantôt à la substance.
Deux séances ont été consacrées à des exposés d’étudiants sur leurs recherches en cours.

 

Publications
  • « La bise va-t-elle survivre au coronavirus ? Oui », Le Drenche, n°4, 2020, p. 4.
  • « Claude Lévi-Strauss : de Montaigne à Montaigne », Entretien d’Emmanuel Désveaux avec Fabien Lins, Modernos & Contemporâneos, vol. 4, n° 10, 2020.