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UE878 - Guerres électorales ou violences électorales ?


Lieu et planning


  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.09
    annuel / bimensuel (2e/4e), mardi 15:00-17:00
    du 10 novembre 2020 au 8 juin 2021


Description


Dernière modification : 31 mai 2020 09:37

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Coloniales (études) Comparatisme Développement Épistémologie Politique Post-coloniales (études)
Aires culturelles
Afrique Contemporain (anthropologie du, monde)
Intervenant·e·s

Nous approfondirons cette année la présentation du fait électoral par une approche narrative (intrigue historique). Nous reviendrons sur l’hypothèse bâtie à partir de cas africains, selon laquelle l’élection constitue, pour une société, une modalité de la représentation par la dramatisation des relations d’autorité qui légitiment, pour tous, le droit de commander autrui et de lui obéir. Il s’agira de montrer que ce drame politique se déroule en trois séquences successives: l’ouverture de la compétition, le vote et l’adoubement. À travers ces étapes, le corps naturel de l’élu déjà pressenti se retrouve sélectionné, parmi les éligibles, pour incarner celui qui présentifie, aux yeux de tous, la totalité politique. À cet égard, l’élection relève de deux rituels - d’institution (Bourdieu) et funéraire (Kantorowicz). Nous soulignerons comment le sens de la suivabilité (Ricoeur) de l’ordre de succession de ces séquences est saisissable à partir des intrigues historiques construites autour des figures du zombie, du « fils de… », du phénix, etc. Les séances offriront également l'occasion de mettre à la discussion les données recueillies dans le cadre d'enquêtes en cours dans plus d’une dizaine de pays.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Étude comparative du développement – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
eldubois@ehess.fr
Informations pratiques

auprès d'Élisabeth Dubois par courriel.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-

Compte rendu


Nous avons continué, cette année 2020-2021, à approfondir la compréhension de l’élection comme une procédure globale à travers laquelle, pour chaque électeur, une société convertit les formes immanentes d’autorité sociale et celle de la domination, en forme politique de consentement au fait d’être gouverné et de prendre part au gouvernement. Par cette procédure, la société se noue comme totalité à travers l’unité du corps physique d’une ou plusieurs personnes qu’elle adoube pour la présentifier. Cette année nous en avons développé le séminaire en trois temps.

Un premier ensemble de séances se concentra sur les aspects disciplinaires. Pour saisir les mécanismes socio-politiques par lesquels l’élection opère cette conversion, nous avons défendu la nécessité d’élaborer une socio-anthropologie électorale qui privilégie la construction de la totalité et permet ainsi de postuler que c’est l’élu qui institue, par son corps physico-naturel, le corps mystico-symbolique des électeurs et non l’inverse. Cela nous a permis de montrer que c’est à partir d’une forme immanente de domination convertie et incarnée que l’élu présentifie la totalité politique. Ce détour a nécessité d’apporter des précisions sur l’hétérogénéité du corps électoral par lequel se mettent en branle toutes les formes immanentes d’autorité sociale. Nous l’avons décomposé en quatre corps distincts. Tout d’abord, le corps des éligibles et celui des électeurs « proprement dits ». Ensuite, celui des votants, souvent décrit improprement comme corps électoral, est légalement défini par l’entité gouvernante, principalement l’État, en fonction de critères légaux précis. Enfin, le corps de l’élu qui est unique. Ces précisions invitent à poser ainsi l’élection comme la réduction rituelle des trois corps mystico-symboliques en un corps naturel.

Dans une seconde série de séances, nous avons justifié méthodologiquement cette réélaboration disciplinaire par la nécessité de l’adosser à une approche narrative que nous entendons de deux manières. Pour la première, il s’agit de concevoir l’élection comme une action performée et structurée dans le temps sous forme de mise en représentation d’une intrigue. Cet outil, classique dans les sciences historiques, consiste en la saisie, minutieusement re-construite comme un tout, de l’ordre d’une succession de faits socialement significatifs ayant un début, un milieu et une fin. La seconde manière vise à s’appuyer sur la valeur heuristique des modèles narratifs. Ce détour nous a permis de soutenir que l’élection est elle-même organisée de manière narrative indépendamment de notre manière d’en parler. Nous avons, ainsi, été en mesure de montrer que la procédure électorale est scandée par trois séquences. La première, l’ouverture, manifestée par un événement particulier, signale le basculement de la société dans l’incertitude du temps électoral. Du point de vue des corps mystico-symboliques, l’ouverture régit les engagements des électeurs et des éligibles. La séquence du vote correspond au moment précis, défini légalement, qui ouvre la campagne officielle et se termine par l’annonce du résultat, en passant par la mise en œuvre du procès effectif de sélection retenue par la société. Cette séquence fait intervenir les corps des votants et des éligibles. Enfin, la dernière séquence la guerre électorale, décrit le procès, plus ou moins long, de la confirmation définitive de l’élu et de son adoubement. Durant cette séquence, entre, enfin, en scène le corps électoral, face à celui physico-naturel de l’élu.

Enfin, un troisième ensemble de séances proposa un retour à l’Afrique. Pour ce faire, nous avons commencé à présenter la plateforme EleQta, dont le montage débuta en 2017 et qui est actuellement finalisée, ce qui nous a permis de déployer cette socio-anthropologie électorale de manière empirique. Ce programme visant à réexaminer les expériences électorales à partir de l’Afrique s’appuie sur un dispositif articulé autour d’une plateforme numérique alimentée en données de première main par des équipes de doctorants et masterants, déployées sur onze pays et toujours supervisées par un collègue enseignant local. Dans le cadre de ce déploiement, nous avons enquêté au mois de mars sur les présidentielles ayant eu lieu au Congo-Brazzaville. La mise en œuvre analytique de ce programme s’appuie sur la richesse de la comparaison des six intrigues électorales d’ores et déjà construites : Le président zombie, Le retour du phénix, L’impossible contournement du vote, La solution dynastique, L’élection en monarchie et, enfin, Là où le nombre fait loi. Pour chacune d’elles nous avons réinscrit les trois séquences afin d’éclairer leur similarité et différences.

 

Publications

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Dernière modification : 31 mai 2020 09:37

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
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Langues
français
Mots-clés
Anthropologie Coloniales (études) Comparatisme Développement Épistémologie Politique Post-coloniales (études)
Aires culturelles
Afrique Contemporain (anthropologie du, monde)
Intervenant·e·s

Nous approfondirons cette année la présentation du fait électoral par une approche narrative (intrigue historique). Nous reviendrons sur l’hypothèse bâtie à partir de cas africains, selon laquelle l’élection constitue, pour une société, une modalité de la représentation par la dramatisation des relations d’autorité qui légitiment, pour tous, le droit de commander autrui et de lui obéir. Il s’agira de montrer que ce drame politique se déroule en trois séquences successives: l’ouverture de la compétition, le vote et l’adoubement. À travers ces étapes, le corps naturel de l’élu déjà pressenti se retrouve sélectionné, parmi les éligibles, pour incarner celui qui présentifie, aux yeux de tous, la totalité politique. À cet égard, l’élection relève de deux rituels - d’institution (Bourdieu) et funéraire (Kantorowicz). Nous soulignerons comment le sens de la suivabilité (Ricoeur) de l’ordre de succession de ces séquences est saisissable à partir des intrigues historiques construites autour des figures du zombie, du « fils de… », du phénix, etc. Les séances offriront également l'occasion de mettre à la discussion les données recueillies dans le cadre d'enquêtes en cours dans plus d’une dizaine de pays.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Étude comparative du développement – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études politiques – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
eldubois@ehess.fr
Informations pratiques

auprès d'Élisabeth Dubois par courriel.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis
-
  • Campus Condorcet-Centre de colloques
    Centre de colloques, Cours des humanités 93300 Aubervilliers
    Salle 3.09
    annuel / bimensuel (2e/4e), mardi 15:00-17:00
    du 10 novembre 2020 au 8 juin 2021

Nous avons continué, cette année 2020-2021, à approfondir la compréhension de l’élection comme une procédure globale à travers laquelle, pour chaque électeur, une société convertit les formes immanentes d’autorité sociale et celle de la domination, en forme politique de consentement au fait d’être gouverné et de prendre part au gouvernement. Par cette procédure, la société se noue comme totalité à travers l’unité du corps physique d’une ou plusieurs personnes qu’elle adoube pour la présentifier. Cette année nous en avons développé le séminaire en trois temps.

Un premier ensemble de séances se concentra sur les aspects disciplinaires. Pour saisir les mécanismes socio-politiques par lesquels l’élection opère cette conversion, nous avons défendu la nécessité d’élaborer une socio-anthropologie électorale qui privilégie la construction de la totalité et permet ainsi de postuler que c’est l’élu qui institue, par son corps physico-naturel, le corps mystico-symbolique des électeurs et non l’inverse. Cela nous a permis de montrer que c’est à partir d’une forme immanente de domination convertie et incarnée que l’élu présentifie la totalité politique. Ce détour a nécessité d’apporter des précisions sur l’hétérogénéité du corps électoral par lequel se mettent en branle toutes les formes immanentes d’autorité sociale. Nous l’avons décomposé en quatre corps distincts. Tout d’abord, le corps des éligibles et celui des électeurs « proprement dits ». Ensuite, celui des votants, souvent décrit improprement comme corps électoral, est légalement défini par l’entité gouvernante, principalement l’État, en fonction de critères légaux précis. Enfin, le corps de l’élu qui est unique. Ces précisions invitent à poser ainsi l’élection comme la réduction rituelle des trois corps mystico-symboliques en un corps naturel.

Dans une seconde série de séances, nous avons justifié méthodologiquement cette réélaboration disciplinaire par la nécessité de l’adosser à une approche narrative que nous entendons de deux manières. Pour la première, il s’agit de concevoir l’élection comme une action performée et structurée dans le temps sous forme de mise en représentation d’une intrigue. Cet outil, classique dans les sciences historiques, consiste en la saisie, minutieusement re-construite comme un tout, de l’ordre d’une succession de faits socialement significatifs ayant un début, un milieu et une fin. La seconde manière vise à s’appuyer sur la valeur heuristique des modèles narratifs. Ce détour nous a permis de soutenir que l’élection est elle-même organisée de manière narrative indépendamment de notre manière d’en parler. Nous avons, ainsi, été en mesure de montrer que la procédure électorale est scandée par trois séquences. La première, l’ouverture, manifestée par un événement particulier, signale le basculement de la société dans l’incertitude du temps électoral. Du point de vue des corps mystico-symboliques, l’ouverture régit les engagements des électeurs et des éligibles. La séquence du vote correspond au moment précis, défini légalement, qui ouvre la campagne officielle et se termine par l’annonce du résultat, en passant par la mise en œuvre du procès effectif de sélection retenue par la société. Cette séquence fait intervenir les corps des votants et des éligibles. Enfin, la dernière séquence la guerre électorale, décrit le procès, plus ou moins long, de la confirmation définitive de l’élu et de son adoubement. Durant cette séquence, entre, enfin, en scène le corps électoral, face à celui physico-naturel de l’élu.

Enfin, un troisième ensemble de séances proposa un retour à l’Afrique. Pour ce faire, nous avons commencé à présenter la plateforme EleQta, dont le montage débuta en 2017 et qui est actuellement finalisée, ce qui nous a permis de déployer cette socio-anthropologie électorale de manière empirique. Ce programme visant à réexaminer les expériences électorales à partir de l’Afrique s’appuie sur un dispositif articulé autour d’une plateforme numérique alimentée en données de première main par des équipes de doctorants et masterants, déployées sur onze pays et toujours supervisées par un collègue enseignant local. Dans le cadre de ce déploiement, nous avons enquêté au mois de mars sur les présidentielles ayant eu lieu au Congo-Brazzaville. La mise en œuvre analytique de ce programme s’appuie sur la richesse de la comparaison des six intrigues électorales d’ores et déjà construites : Le président zombie, Le retour du phénix, L’impossible contournement du vote, La solution dynastique, L’élection en monarchie et, enfin, Là où le nombre fait loi. Pour chacune d’elles nous avons réinscrit les trois séquences afin d’éclairer leur similarité et différences.

 

Publications

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