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UE863 - Crises économiques et crises politiques


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 1
    annuel / bimensuel (1re/3e/5e), mercredi 11:00-13:00
    du 4 novembre 2020 au 7 avril 2021


Description


Dernière modification : 9 juillet 2020 09:59

Type d'UE
Enseignements fondamentaux de master
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
anglais espagnol français
Mots-clés
Capitalisme Classes sociales Comparatisme Économie Économie politique Émotions Esclavage Finance Globalisation Mobilisation(s) Mouvements sociaux Nationalisme Philosophie politique Post-coloniales (études) Racismes et races Révolutions Socio-économie Sociohistoire Sociologie Sociologie politique Temps/temporalité Textes Travail Violence
Aires culturelles
Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Quentin Ravelli [référent·e]   chargé de recherche, CNRS / Centre Maurice-Halbwachs (CMH)

Les grandes crises économiques engendrent presque toujours des crises politiques, mais les liens entre les deux événements restent énigmatiques. Pourquoi le même effondrement financier de 2008 a-t-il conduit à l’élection de Donald Trump aux États-Unis et à l’essor de Podemos en Espagne ? Il n’y a aucun basculement mécanique d’une crise à l’autre, mais au contraire des séries de changements historiquement construits, où le blocage de la reproduction sociale joue un rôle essentiel. Si le déclassement conduit à la radicalisation des idées politiques, le sens que prennent ces idées, leur contenu concret, dépend en partie d’autres facteurs : l’état des luttes sociales, la réactivation de relations coloniales racialisées ou encore la place des femmes dans des structures familiales éclatées invitent à une interprétation intersectionnelle des crises, où les sujets individuels ne disparaissent pas sous les données macroéconomiques.

Ce séminaire s’intéressera à des mouvements récents, des Gilets jaunes en France à la Révolte des Parapluies à Hong-Kong, mais reviendra aussi sur l’histoire des grandes crises : la crise de 1929, qui a nourri la montée du fascisme en Europe ; la crise ferroviaire de 1846, à l’origine de la vague révolutionnaire européenne de 1848 ; la bulle des Mers du Sud de 1720, enracinée dans l’histoire coloniale ; la crise des Tulipes hollandaises de 1637. La crise économique et politique ouverte récémment l'année dernière avec la pandémie du Covid-19 sera également abordée. Cependant, la réflexion s’appuiera sur des transformations longues, qui ne sont pas toujours perçues comme des crises, par exemple sur le processus d’accumulation primitive, issu des contradictions du mode de production féodal. Une attention particulière sera portée aux formes de production et de circulation des marchandises – coton, pétrole, médicaments, produits financiers. Enfin, l'importance des images, des films et des productions artistiques précisera la recherche.

En confrontant différentes théories des crises, on réfléchira aux problèmes posés par les schémas libéraux, classiques et néoclassiques, pour lesquelles les crises sont des anomalies dans des systèmes équilibrés. À l’inverse, les théoriciens des crises de surproduction, marxistes en particuliers, font de la crise un problème structurel, révélateur de contradictions profondes. Entre l’étymologie latine de la crise comme « apparition brutale d’une maladie », et l’étymologie grecque du « jugement », de la « prise de décision », la sociologie des crises a toujours oscillé entre des pôles inconciliables.

Séance 1 : Introduction générale - Mercredi 4 novembre

On présentera les objectifs généraux du séminaire, à partir du problème théorique que pose la crise, entre structure et anomalie, récurrence et singularité.  D’une part, la fréquence des crises fait penser qu’on a affaire à un phénomène structurel, voire à une loi immanente au système économique qui défie l’unicité de l’événement et justifie la recherche de « cycles » – de Kondratieff, de Kuznets, de Juglar, de Kitchin. D’autre part, malgré cette régularité, nous restons incapables de prévoir les crises, ni même de leur trouver un remède ou de les dépasser quand elles adviennent : leurs expressions nationales et sectorielles, souvent sous la forme d’explosions sociales imprévues, restent largement incomprises – et a fortiori leurs conséquences sociales en termes de rapports de classe, de race, de genre.

Séance 2 : Bulles et cygnes noirs : les théories libérales de la crise

Les économistes libéraux confèrent au marché une capacité d’autorégulation qui devrait, en théorie, l’immuniser contre les crises. Les crises sont donc attribuées à des facteurs externes, comme c’est le cas chez Milton Friedman et Friedrich Hayek. Bulles, effondrements boursiers et dépressions sont des anomalies liées à l’Etat, aux monopoles, aux catastrophes naturelles, aux guerres, aux syndicats. De nombreux auteurs, parfois marginaux parmi les orthodoxes – quand ils ne sont pas classés chez les hétérodoxes – considèrent cependant que ces éléments font partie intégrante de l’économie et cherchent à les y intégrer sans changer de modèle. Joseph Stiglitz, avec sa notion d’asymétrie de l’information, et Paul Krugman, avec celle des rendements croissants, en font partie. On se demandera quelles sont les limites de cette démarche : l’économie libérale est-elle suffisamment élastique pour penser les crises ? Quelles sont les failles de son modèle théorique ?

  • Friedrich Hayek (1975) [1931], Prix et production, Calmann-Lévy, Paris
  • Milton et Rose Friedman (1980) [1979], « Anatomie d’une crise », in Milton et Rose Friedman, La liberté du choix, Pierre Belfond, Paris
  • James K. Galbraith (2015) [2014], La Grande Crise, Le Seuil, Paris

Lectures complémentaires :

  • Nassim Taleb (2011) [2007], Le cygne noir, Les Belles Lettres, Paris
  • Chris Anderson (2012) [2006], La longue traîne, Flammarion, Paris

Séance 3 : Les crises selon l’économie hétérodoxe : la suraccumulation structurelle

Malgré leur diversité, les théories hétérodoxes s’accordent à voir les crises comme des problèmes inhérents au capitalisme, qui supposent d’en analyser la structure. Concurrence destructrice, guerres impérialistes et surproduction sont parmi les principales raisons invoquées. Plus fondamentalement, la théorie marxiste repose sur l’idée d’une suraccumulation – du capital et de marchandises – qui s’enracine dans une contradiction fondamentale du système capitaliste. Pourtant, dans les écrits de Marx, les liens entre crise économique et révolution sociale ne sont jamais abordés directement : ils sont essentiels mais seulement parsemés dans des textes très divers. Depuis, parmi les auteurs marxistes, rares sont ceux qui s’attellent concrètement la question de la crise – plus rares encore sont ceux qui l’abordent à l’échelle d’un secteur ou d’une marchandise. Pour faire redescendre sur terre l’économie politique, on essaiera de proposer des pistes pour une sociologie des crises.

  • François Chesnais (2014), « La crise et le dépassement du capitalisme chez Marx », dossier « Marx Politique », Cités, n°59, p. 115-125, PUF, Paris
  • Karl Marx (2002) [1850], Les luttes de classes en France, Gallimard, Paris
  • Karl Marx (1972), [1859], Contribution à la Critique de l’économie politique, « Préface », Editions Sociales, Paris
  • Karl Marx (2014) [1867], Le Capital, livre I, PUF, Paris [extraits]

Lectures complémentaires :

  • Karl Marx (2009), Les crises du capitalisme, Démopolis, Paris
  • John Bellamy Foster et Robert McChesney (2012), The Endless Crisis, Monthly Review Press, New York
  • Giovanni Arrighi (2010) [1994], The Long Twentieth Century, Verso, New York
  • Robert Brenner (2009), « What is good for Goldman Sachs is Good for America: The Origins of the Current Crisis », Center for Social Theory and Comparative History, UCLA, Los Angeles, 18 avril 2009

Séance 4 : La crise crée-t-elle les luttes sociales ? I. Révolution française et Mai 1968

Les crises économiques sont souvent suivies de bouleversements sociaux. Des crises de subsistance du XVIIIe siècle à aujourd’hui, en passant par le début des années 1930 en Europe, les deux chronologies sont corrélées. Il est difficile de comprendre la Révolution de 1789 sans faire référence à l’histoire économique du monde paysan, et le « printemps des peuples » de 1848 en Europe s’ancre dans la crise spéculative ferroviaire de 1846-1847. Mais le lien n’est pas systématique : certains mouvements, comme celui de Mai 1968 qui conduit à une crise politique généralisée par désectorisation, ont surgi sans choc économique préalable ; et certaines crises économiques, comme la bulle des tulipes hollandaises de 1637, n’ont pas eu d’effets sociaux durables. Comment expliquer ces paradoxes ? Le rôle des organisations, comme les partis et les syndicats, jouent ici des rôles importants.

  • François Furet et Denis Richet (2010) [1963], La Révolution française, Hachette, Paris
  • Michel Dobry (1986), Sociologie des crises politiques, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, Paris
  • Ludivine Bantigny (2018), 1968. De grands soirs en petits matins, Le Seuil, Paris
  • Alexis de Tocqueville (1984) [1856], L’Ancien régime et la Révolution, Gallimard, Paris

Lectures complémentaires :

  • David Weir (1991), « Les crises économiques et les origines de la révolution française », Annales, juillet-août 1991, n°4, 917-947
  • Charles Tilly et Maria Kousis (2005), Economic and Political Contention in Comparative Perspective, Paradigm, New York
  • Raymond Boudon (1977), « La logique de la frustration relative », European Journal of Sociology, 18(1), 3-26
  • Walter G. Runciman (1980), Relative deprivation and social justice, Routledge & Kegan, Londres

Séance 5 : La crise crée-t-elle les luttes sociales ? II. Gilets jaunes et Parapluies de Hong-Kong

À la lumière de la séance précédente, on éclairera un mouvement social récent : les Gilets jaunes. Ce soulèvement inédit, surgi en dehors des partis et des syndicats, est difficilement interprétable avec les outils politiques habituels : le clivage entre la droite et la gauche lui correspond mal ; ses lieux et ses techniques de mobilisation sont inhabituels. À partir de nombreux matériaux empiriques de première main, on s’intéressera à ses formes spécifiques d’organisation, du rond-point à l’Assemblée des assemblées, en passant par le rôle de centralisation des manifestations du samedi. S’agit-il d’une brèche atypique dans les répertoires d’action habituels aux luttes sociales ? Ce mouvement n’est pourtant pas sans ressemblance avec d’autres : son ambiguïté idéologique peut faire penser au Mouvement des Cinq Étoiles ; ses moyens d’actions radicaux et ses revendications économiques sont comparables à celles de la Révolte des parapluies à Hong-Kong.

  • Laurent Jeanpierre (2019), In Girum. Les leçons politiques des ronds-points, La Découverte, Paris
  • Gérard Noiriel (2018), Les Gilets jaunes à la lumière de l’histoire, Editions de l’Aube, La tour d’Aigues
  • Louis Augustin-Jean et Anthea H.Y. Cheung (2018), The Economic Roots of the Umbrella Movement in Hong Kong. Globalization and the Rise of China, Londres et New-York

Lectures complémentaires :

  • AOC (2019), Les Gilets jaunes. Hypothèses sur un mouvement, La Découverte, Paris

Séance 6 : Crise et nouveaux partis politiques : nationalisme et anticapitalisme

Après 2008, de nombreuses forces d’extrême droite sont arrivés au pouvoir – en Hongrie, en Italie, au Brésil, aux Etats-Unis – et d’autres sont en plein essor – Front national en France, Aube dorée en Grèce, Vox en Espagne, néonazis en Allemagne. La fermeture des frontières, le nationalisme et les revendications familialiste et patriarcale en sont des traits communs, qu’on retrouve dans l’Europe des années 1930, malgré toutes les différences entre les deux époques. A l’inverse, d’autres organisations politiques ont déployé des programmes opposés : c’est le cas de Syriza, de Podemos, des Economic Freedom Fighters en Afrique du Sud ou du Parti Pirate en Islande. Ils sont souvent les héritiers de la vague de contestation de 2011, l’année du printemps arabes, des Indignés espagnol et du mouvement Occupy. Féminisme et antiracisme, ancrés dans une critique radicale du système financier, voire du capitalisme, sont souvent explicitement revendiqués. On s’intéressera aux racines sociologiques de ces deux phénomènes faussement symétriques, en particulier à l’endettement et au déclassement dans les quartiers populaires.

  • Lamprini Lori (2016), « L’ambition sans remords : SYRIZA et l’exercice du pouvoir, Pôle Sud. Revue de science politique de l’Europe méridionale, 2016/2, 45
  • Héloïse Nez (2015), Podemos : de l’indignation aux élections, Les Petits Matins, Paris
  • Roger Southhall (2014), « The South African Election of 2014: Retrospect and Prospect », Strategic Review for Southern Africa, vol. 36, 2
  • Louis Chauvel (2016), La spirale du déclassement. Essai sur la société des illusions, Le Seuil, Paris

Lectures complémentaires :

  • Enrique Hernandez et Hanspeter Kriesi (2016), « The Electoral Consequences of the Financial and Economic Crisis in Europe », European Journal of Political Research, 55(2):203-24
  • Daniel Bizeul (2003), Avec ceux du FN. Un sociologue au Front National, La Découverte, Paris

Séance 7 : L’économie politique de la race : la crise comme activation raciale

La sociologie des crises économiques souligne la réapparition de clivages sociaux autour des rapports sociaux de race, le plus souvent issus d’histoires coloniales ou esclavagistes qui ont joué un rôle essentiel dans la construction des économies nationales. On s’intéressera ici à deux cas de figure : la remise en cause du système économique de plantation avec la grève générale de Guadeloupe et la politique du LKP ; l’antiracisme économique de certains mouvements sociaux sud-africains, qui luttent contre le surendettement parmi les travailleurs du secteur minier et dans le domaine du logement. Historiquement, ce lien entre l’économie politique de la race et la crise économique – souvent souligné dans le cas de la crise des subprime qui a prioritairement touché les quartiers noirs aux États-Unis – s’est manifesté dès les premières heures de la colonisation : la bulle des Mers du Sud de 1720, souvent considérée comme la première crise financière internationale, est ancrée dans l’histoire de l’esclavagisme.

  • Gary Dymski (2009), « Racial Exclusion and the Political Economy of the Subprime Crisis », Historical Materialism, 17(2) :149-79
  • Nesrine Bentemessek Kahia (2010), « La bulle des mers du Sud, ou le ’too big to fail’ avant l’heure », L’économie politique, 2010/4, n°48
  • Joseph Inikori (2002), Africans and the Industrial Revolution in England, Cambridge Univ. Press, Cambridge

Lectures complémentaires :

  • Sébastien Chauvin et Alexandre Jaunait (2012), « Représenter l’intersection. Les théories de l’intersectionalité à l’épreuve des sciences sociales », Revue Française de Science Politique, 2012/1, 62
  • Satnam Virdee (2014), Racism, Class and the Racialized Outsider, Red Globe Press, London
  • Markus Rediker (2013) [2007], A bord du négrier. Une histoire atlantique de la traite, Le Seuil, Paris

Séance 8 : Crise et marchandises : pétrole, antibiotiques, crédits à risque

Certaines crises, générales ou sectorielles, sont directement liées à des marchandises. C’est le cas des « chocs pétroliers » des années 1970, pour lesquels aucun consensus n’est établi : selon certains, ils résultent d’un choix politique des pays producteurs du pétrole du Moyen-Orient ; pour d’autres, ils proviennent d’une saturation de la production de pétrole aux États-Unis. Quelle qu’en soit l’origine, ils ont eu un effet durable sur la politique américaine, en particulier sur sa politique intérieure pendant les années Reagan. Pour comprendre les effets sociaux de ces crises liées aux marchandises, on s’intéressera à la crise de santé publique des résistances aux antibiotiques, puis aux crédits immobiliers à l’origine de la crise de 2008. À partir de « biographies sociales » de ces marchandises, on approfondira empiriquement le lien entre le phénomène de surproduction et ses conséquences sociales.

  • Arjun Appadurai (1986), Social Life of Things: Commodities in Cultural Perspective, Cambridge University Press, Cambridge
  • Timothy Mitchell (2011), Carbon Democracy. Political Power in the Age of Oil, Verso, New York
  • Jean-Stéphane Bron (2010), Cleveland contre Wall Street, Les films du Losange [film]

Lecture complémentaire :

  • Scott H. Podolsky (2018), « The evolving response to antibiotic resistance (1945-2018) », Palgrave Communications, 4, article 124

Séance 9 : Présentation de recherches (à définir)

Séance 10 : Présentation de recherches (à définir)

Séance 11 : Les récits de 1929 : art et sciences sociales

Plus que toute autre crise, celle de 1929 a eu des effets durables sur les formes d’expression artistiques. Outre les cas les plus connu, comme Les raisins de la colère, de John Steinbeck, on essaiera de dresser un tableau des « cultures de la crise » qu’on retrouve aussi bien en peinture, en photographie et au cinéma que dans la littérature. Elles ont contribué à forger les termes du débat politique et les solutions envisagées par les gouvernements face aux effets de la Grande Dépression. Pendant le New Deal, l’administration Roosevelt a par exemple commissionné des photographes et des écrivains pour documenter les effets du chômage, établir puis diffuser son diagnostic et orienter ses politiques.

  • James Agee et Walker Evans (1993) [1941], Louons maintenant les grands hommes, Terre Humaine, Plon, Paris
  • Charles Hagen (1985), American Photographers of the Depression: Farm Security Administration Photographs 1935-1942, Centre National de la Photographie, Paris et New York
  • Maurice Berger (1992), « FSA: The Illiterate Eye », in Maurice Berger, How Art Becomes History, HarperCollins

Séance 12 : Conclusion

En conclusion, on clarifiera les liens entre trois domaines de recherche mobilisés au cours du séminaire : l’histoire des crises économiques, la biographie sociale des marchandises et la sociologie intersectionnelle. En combinant ces trois angles d’attaque, on cherchera à dessiner une sociologie des crises capable d’éclairer les relations complexes qui lient les crises économiques aux crises politiques.

Bibliographie indicative (à compléter en cours d’année)

  • Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff (2010), Cette fois, c’est différent. Huit siècles de folie financière, Pearson, Paris
  • William H. Sewell (2008), « The temporalities of capitalism », Socio-economic Review, 6, 517-537
  • Arjun Appadurai (1986), Social Life of Things: Commodities in Cultural Perspective, Cambridge University Press, Cambridge
  • Timothy Mitchell (2011), Carbon Democracy. Political Power in the Age of Oil, Verso, New York
  • Scott H. Podolsky (2018), « The evolving response to antibiotic resistance (1945-2018) », Palgrave Communications, 4, article 124
  • Jean-Stéphane Bron (2010), Cleveland contre Wall Street, Les films du Losange [film]
  • James Agee et Walker Evans (1993) [1941], Louons maintenant les grands hommes, Terre Humaine, Plon, Paris
  • Charles Hagen (1985), American Photographers of the Depression: Farm Security Administration Photographs 1935-1942, Centre National de la Photographie, Paris et New York
  • Maurice Berger (1992), « FSA: The Illiterate Eye », in Maurice Berger, How Art Becomes History, HarperCollins
  • Gary Dymski (2009), « Racial Exclusion and the Political Economy of the Subprime Crisis », Historical Materialism, 17(2) :149-79
  • Nesrine Bentemessek Kahia (2010), « La bulle des mers du Sud, ou le ’too bigg to fail’ avant l’heure », L’économie politique, 2010/4, n°48
  • Joseph Inikori (2002), Africans and the Industrial Revolution in England, Cambridge Univ. Press, Cambridge
  • Sébastien Chauvin et Alexandre Jaunait (2012), « Représenter l’intersection. Les théories de l’intersectionalité à l’épreuve des sciences sociales », Revue Française de Science Politique, 2012/1, 62
  • Satnam Virdee (2014), Racism, Class and the Racialized Outsider, Red Globe Press, London
  • Markus Rediker (2013) [2007], A bord du négrier. Une histoire atlantique de la traite, Le Seuil, Paris
  • Lamprini Lori (2016), « L’ambition sans remords : SYRIZA et l’exercice du pouvoir, Pôle Sud. Revue de science politique de l’Europe méridionale, 2016/2, 45
  • Héloïse Nez (2015), Podemos : de l’indignation aux élections, Les Petits Matins, Paris
  • Roger Southhall (2014), « The South African Election of 2014: Retrospect and Prospect », Strategic Review for Southern Africa, vol. 36, 2
  • Enrique Hernandez et Hanspeter Kriesi (2016), « The Electoral Consequences of the Financial and Economic Crisis in Europe », European Journal of Political Research, 55(2):203-24
  • Daniel Bizeul (2003), Avec ceux du FN. Un sociologue au Front National, La Découverte, Paris
  • Louis Chauvel (2016), La spirale du déclassement. Essai sur la société des illusions, Le Seuil, Paris
  • Laurent Jeanpierre (2019), In Girum. Les leçons politiques des ronds-points, La Découverte, Paris
  • Gérard Noiriel (2018), Les Gilets jaunes à la lumière de l’histoire, Editions de l’Aube, La tour d’Aigues
  • AOC (2019), Les Gilets jaunes. Hypothèses sur un mouvement, La Découverte, Paris
  • François Furet et Denis Richet (2010) [1963], La Révolution française, Hachette, Paris
  • Michel Dobry (1986), La structure des crises politiques, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, Paris
  • David Weir (1991), « Les crises économiques et les origines de la révolution française », Annales, juillet-août 1991, n°4, 917-947
  • Charles Tilly et Maria Kousis (2005), Economic and Political Contention in Comparative Perspective, Paradigm, New York

Master


  • Ateliers de lecture – Études politiques – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – Essai à partir des lectures
  • Ateliers de lecture – Sciences sociales-Pratiques de l'interdisciplinarité en sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – Essai à partir des lectures
  • Ateliers de lecture – Sociologie – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – Essais à partir des lectures

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Ce séminaire de lecture et de recherche est ouvert à tous. L’organisation générale reste la même que l’année dernière mais certains textes et thèmes sont différents. Trois séances seront consacrées à la présentation de travaux d’autres chercheurs. La bibliographie est indicative et sera complétée au fil de l’année. Informations actualisées : https://enseignements-2018.ehess.fr/2018/ue/2799/ Validation : texte de 8-10 pages à partir des lectures et d'éléments empiriques.

Contact par courriel.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats
-
Pré-requis
-

Dernière modification : 9 juillet 2020 09:59

Type d'UE
Enseignements fondamentaux de master
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
anglais espagnol français
Mots-clés
Capitalisme Classes sociales Comparatisme Économie Économie politique Émotions Esclavage Finance Globalisation Mobilisation(s) Mouvements sociaux Nationalisme Philosophie politique Post-coloniales (études) Racismes et races Révolutions Socio-économie Sociohistoire Sociologie Sociologie politique Temps/temporalité Textes Travail Violence
Aires culturelles
Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Quentin Ravelli [référent·e]   chargé de recherche, CNRS / Centre Maurice-Halbwachs (CMH)

Les grandes crises économiques engendrent presque toujours des crises politiques, mais les liens entre les deux événements restent énigmatiques. Pourquoi le même effondrement financier de 2008 a-t-il conduit à l’élection de Donald Trump aux États-Unis et à l’essor de Podemos en Espagne ? Il n’y a aucun basculement mécanique d’une crise à l’autre, mais au contraire des séries de changements historiquement construits, où le blocage de la reproduction sociale joue un rôle essentiel. Si le déclassement conduit à la radicalisation des idées politiques, le sens que prennent ces idées, leur contenu concret, dépend en partie d’autres facteurs : l’état des luttes sociales, la réactivation de relations coloniales racialisées ou encore la place des femmes dans des structures familiales éclatées invitent à une interprétation intersectionnelle des crises, où les sujets individuels ne disparaissent pas sous les données macroéconomiques.

Ce séminaire s’intéressera à des mouvements récents, des Gilets jaunes en France à la Révolte des Parapluies à Hong-Kong, mais reviendra aussi sur l’histoire des grandes crises : la crise de 1929, qui a nourri la montée du fascisme en Europe ; la crise ferroviaire de 1846, à l’origine de la vague révolutionnaire européenne de 1848 ; la bulle des Mers du Sud de 1720, enracinée dans l’histoire coloniale ; la crise des Tulipes hollandaises de 1637. La crise économique et politique ouverte récémment l'année dernière avec la pandémie du Covid-19 sera également abordée. Cependant, la réflexion s’appuiera sur des transformations longues, qui ne sont pas toujours perçues comme des crises, par exemple sur le processus d’accumulation primitive, issu des contradictions du mode de production féodal. Une attention particulière sera portée aux formes de production et de circulation des marchandises – coton, pétrole, médicaments, produits financiers. Enfin, l'importance des images, des films et des productions artistiques précisera la recherche.

En confrontant différentes théories des crises, on réfléchira aux problèmes posés par les schémas libéraux, classiques et néoclassiques, pour lesquelles les crises sont des anomalies dans des systèmes équilibrés. À l’inverse, les théoriciens des crises de surproduction, marxistes en particuliers, font de la crise un problème structurel, révélateur de contradictions profondes. Entre l’étymologie latine de la crise comme « apparition brutale d’une maladie », et l’étymologie grecque du « jugement », de la « prise de décision », la sociologie des crises a toujours oscillé entre des pôles inconciliables.

Séance 1 : Introduction générale - Mercredi 4 novembre

On présentera les objectifs généraux du séminaire, à partir du problème théorique que pose la crise, entre structure et anomalie, récurrence et singularité.  D’une part, la fréquence des crises fait penser qu’on a affaire à un phénomène structurel, voire à une loi immanente au système économique qui défie l’unicité de l’événement et justifie la recherche de « cycles » – de Kondratieff, de Kuznets, de Juglar, de Kitchin. D’autre part, malgré cette régularité, nous restons incapables de prévoir les crises, ni même de leur trouver un remède ou de les dépasser quand elles adviennent : leurs expressions nationales et sectorielles, souvent sous la forme d’explosions sociales imprévues, restent largement incomprises – et a fortiori leurs conséquences sociales en termes de rapports de classe, de race, de genre.

Séance 2 : Bulles et cygnes noirs : les théories libérales de la crise

Les économistes libéraux confèrent au marché une capacité d’autorégulation qui devrait, en théorie, l’immuniser contre les crises. Les crises sont donc attribuées à des facteurs externes, comme c’est le cas chez Milton Friedman et Friedrich Hayek. Bulles, effondrements boursiers et dépressions sont des anomalies liées à l’Etat, aux monopoles, aux catastrophes naturelles, aux guerres, aux syndicats. De nombreux auteurs, parfois marginaux parmi les orthodoxes – quand ils ne sont pas classés chez les hétérodoxes – considèrent cependant que ces éléments font partie intégrante de l’économie et cherchent à les y intégrer sans changer de modèle. Joseph Stiglitz, avec sa notion d’asymétrie de l’information, et Paul Krugman, avec celle des rendements croissants, en font partie. On se demandera quelles sont les limites de cette démarche : l’économie libérale est-elle suffisamment élastique pour penser les crises ? Quelles sont les failles de son modèle théorique ?

  • Friedrich Hayek (1975) [1931], Prix et production, Calmann-Lévy, Paris
  • Milton et Rose Friedman (1980) [1979], « Anatomie d’une crise », in Milton et Rose Friedman, La liberté du choix, Pierre Belfond, Paris
  • James K. Galbraith (2015) [2014], La Grande Crise, Le Seuil, Paris

Lectures complémentaires :

  • Nassim Taleb (2011) [2007], Le cygne noir, Les Belles Lettres, Paris
  • Chris Anderson (2012) [2006], La longue traîne, Flammarion, Paris

Séance 3 : Les crises selon l’économie hétérodoxe : la suraccumulation structurelle

Malgré leur diversité, les théories hétérodoxes s’accordent à voir les crises comme des problèmes inhérents au capitalisme, qui supposent d’en analyser la structure. Concurrence destructrice, guerres impérialistes et surproduction sont parmi les principales raisons invoquées. Plus fondamentalement, la théorie marxiste repose sur l’idée d’une suraccumulation – du capital et de marchandises – qui s’enracine dans une contradiction fondamentale du système capitaliste. Pourtant, dans les écrits de Marx, les liens entre crise économique et révolution sociale ne sont jamais abordés directement : ils sont essentiels mais seulement parsemés dans des textes très divers. Depuis, parmi les auteurs marxistes, rares sont ceux qui s’attellent concrètement la question de la crise – plus rares encore sont ceux qui l’abordent à l’échelle d’un secteur ou d’une marchandise. Pour faire redescendre sur terre l’économie politique, on essaiera de proposer des pistes pour une sociologie des crises.

  • François Chesnais (2014), « La crise et le dépassement du capitalisme chez Marx », dossier « Marx Politique », Cités, n°59, p. 115-125, PUF, Paris
  • Karl Marx (2002) [1850], Les luttes de classes en France, Gallimard, Paris
  • Karl Marx (1972), [1859], Contribution à la Critique de l’économie politique, « Préface », Editions Sociales, Paris
  • Karl Marx (2014) [1867], Le Capital, livre I, PUF, Paris [extraits]

Lectures complémentaires :

  • Karl Marx (2009), Les crises du capitalisme, Démopolis, Paris
  • John Bellamy Foster et Robert McChesney (2012), The Endless Crisis, Monthly Review Press, New York
  • Giovanni Arrighi (2010) [1994], The Long Twentieth Century, Verso, New York
  • Robert Brenner (2009), « What is good for Goldman Sachs is Good for America: The Origins of the Current Crisis », Center for Social Theory and Comparative History, UCLA, Los Angeles, 18 avril 2009

Séance 4 : La crise crée-t-elle les luttes sociales ? I. Révolution française et Mai 1968

Les crises économiques sont souvent suivies de bouleversements sociaux. Des crises de subsistance du XVIIIe siècle à aujourd’hui, en passant par le début des années 1930 en Europe, les deux chronologies sont corrélées. Il est difficile de comprendre la Révolution de 1789 sans faire référence à l’histoire économique du monde paysan, et le « printemps des peuples » de 1848 en Europe s’ancre dans la crise spéculative ferroviaire de 1846-1847. Mais le lien n’est pas systématique : certains mouvements, comme celui de Mai 1968 qui conduit à une crise politique généralisée par désectorisation, ont surgi sans choc économique préalable ; et certaines crises économiques, comme la bulle des tulipes hollandaises de 1637, n’ont pas eu d’effets sociaux durables. Comment expliquer ces paradoxes ? Le rôle des organisations, comme les partis et les syndicats, jouent ici des rôles importants.

  • François Furet et Denis Richet (2010) [1963], La Révolution française, Hachette, Paris
  • Michel Dobry (1986), Sociologie des crises politiques, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, Paris
  • Ludivine Bantigny (2018), 1968. De grands soirs en petits matins, Le Seuil, Paris
  • Alexis de Tocqueville (1984) [1856], L’Ancien régime et la Révolution, Gallimard, Paris

Lectures complémentaires :

  • David Weir (1991), « Les crises économiques et les origines de la révolution française », Annales, juillet-août 1991, n°4, 917-947
  • Charles Tilly et Maria Kousis (2005), Economic and Political Contention in Comparative Perspective, Paradigm, New York
  • Raymond Boudon (1977), « La logique de la frustration relative », European Journal of Sociology, 18(1), 3-26
  • Walter G. Runciman (1980), Relative deprivation and social justice, Routledge & Kegan, Londres

Séance 5 : La crise crée-t-elle les luttes sociales ? II. Gilets jaunes et Parapluies de Hong-Kong

À la lumière de la séance précédente, on éclairera un mouvement social récent : les Gilets jaunes. Ce soulèvement inédit, surgi en dehors des partis et des syndicats, est difficilement interprétable avec les outils politiques habituels : le clivage entre la droite et la gauche lui correspond mal ; ses lieux et ses techniques de mobilisation sont inhabituels. À partir de nombreux matériaux empiriques de première main, on s’intéressera à ses formes spécifiques d’organisation, du rond-point à l’Assemblée des assemblées, en passant par le rôle de centralisation des manifestations du samedi. S’agit-il d’une brèche atypique dans les répertoires d’action habituels aux luttes sociales ? Ce mouvement n’est pourtant pas sans ressemblance avec d’autres : son ambiguïté idéologique peut faire penser au Mouvement des Cinq Étoiles ; ses moyens d’actions radicaux et ses revendications économiques sont comparables à celles de la Révolte des parapluies à Hong-Kong.

  • Laurent Jeanpierre (2019), In Girum. Les leçons politiques des ronds-points, La Découverte, Paris
  • Gérard Noiriel (2018), Les Gilets jaunes à la lumière de l’histoire, Editions de l’Aube, La tour d’Aigues
  • Louis Augustin-Jean et Anthea H.Y. Cheung (2018), The Economic Roots of the Umbrella Movement in Hong Kong. Globalization and the Rise of China, Londres et New-York

Lectures complémentaires :

  • AOC (2019), Les Gilets jaunes. Hypothèses sur un mouvement, La Découverte, Paris

Séance 6 : Crise et nouveaux partis politiques : nationalisme et anticapitalisme

Après 2008, de nombreuses forces d’extrême droite sont arrivés au pouvoir – en Hongrie, en Italie, au Brésil, aux Etats-Unis – et d’autres sont en plein essor – Front national en France, Aube dorée en Grèce, Vox en Espagne, néonazis en Allemagne. La fermeture des frontières, le nationalisme et les revendications familialiste et patriarcale en sont des traits communs, qu’on retrouve dans l’Europe des années 1930, malgré toutes les différences entre les deux époques. A l’inverse, d’autres organisations politiques ont déployé des programmes opposés : c’est le cas de Syriza, de Podemos, des Economic Freedom Fighters en Afrique du Sud ou du Parti Pirate en Islande. Ils sont souvent les héritiers de la vague de contestation de 2011, l’année du printemps arabes, des Indignés espagnol et du mouvement Occupy. Féminisme et antiracisme, ancrés dans une critique radicale du système financier, voire du capitalisme, sont souvent explicitement revendiqués. On s’intéressera aux racines sociologiques de ces deux phénomènes faussement symétriques, en particulier à l’endettement et au déclassement dans les quartiers populaires.

  • Lamprini Lori (2016), « L’ambition sans remords : SYRIZA et l’exercice du pouvoir, Pôle Sud. Revue de science politique de l’Europe méridionale, 2016/2, 45
  • Héloïse Nez (2015), Podemos : de l’indignation aux élections, Les Petits Matins, Paris
  • Roger Southhall (2014), « The South African Election of 2014: Retrospect and Prospect », Strategic Review for Southern Africa, vol. 36, 2
  • Louis Chauvel (2016), La spirale du déclassement. Essai sur la société des illusions, Le Seuil, Paris

Lectures complémentaires :

  • Enrique Hernandez et Hanspeter Kriesi (2016), « The Electoral Consequences of the Financial and Economic Crisis in Europe », European Journal of Political Research, 55(2):203-24
  • Daniel Bizeul (2003), Avec ceux du FN. Un sociologue au Front National, La Découverte, Paris

Séance 7 : L’économie politique de la race : la crise comme activation raciale

La sociologie des crises économiques souligne la réapparition de clivages sociaux autour des rapports sociaux de race, le plus souvent issus d’histoires coloniales ou esclavagistes qui ont joué un rôle essentiel dans la construction des économies nationales. On s’intéressera ici à deux cas de figure : la remise en cause du système économique de plantation avec la grève générale de Guadeloupe et la politique du LKP ; l’antiracisme économique de certains mouvements sociaux sud-africains, qui luttent contre le surendettement parmi les travailleurs du secteur minier et dans le domaine du logement. Historiquement, ce lien entre l’économie politique de la race et la crise économique – souvent souligné dans le cas de la crise des subprime qui a prioritairement touché les quartiers noirs aux États-Unis – s’est manifesté dès les premières heures de la colonisation : la bulle des Mers du Sud de 1720, souvent considérée comme la première crise financière internationale, est ancrée dans l’histoire de l’esclavagisme.

  • Gary Dymski (2009), « Racial Exclusion and the Political Economy of the Subprime Crisis », Historical Materialism, 17(2) :149-79
  • Nesrine Bentemessek Kahia (2010), « La bulle des mers du Sud, ou le ’too big to fail’ avant l’heure », L’économie politique, 2010/4, n°48
  • Joseph Inikori (2002), Africans and the Industrial Revolution in England, Cambridge Univ. Press, Cambridge

Lectures complémentaires :

  • Sébastien Chauvin et Alexandre Jaunait (2012), « Représenter l’intersection. Les théories de l’intersectionalité à l’épreuve des sciences sociales », Revue Française de Science Politique, 2012/1, 62
  • Satnam Virdee (2014), Racism, Class and the Racialized Outsider, Red Globe Press, London
  • Markus Rediker (2013) [2007], A bord du négrier. Une histoire atlantique de la traite, Le Seuil, Paris

Séance 8 : Crise et marchandises : pétrole, antibiotiques, crédits à risque

Certaines crises, générales ou sectorielles, sont directement liées à des marchandises. C’est le cas des « chocs pétroliers » des années 1970, pour lesquels aucun consensus n’est établi : selon certains, ils résultent d’un choix politique des pays producteurs du pétrole du Moyen-Orient ; pour d’autres, ils proviennent d’une saturation de la production de pétrole aux États-Unis. Quelle qu’en soit l’origine, ils ont eu un effet durable sur la politique américaine, en particulier sur sa politique intérieure pendant les années Reagan. Pour comprendre les effets sociaux de ces crises liées aux marchandises, on s’intéressera à la crise de santé publique des résistances aux antibiotiques, puis aux crédits immobiliers à l’origine de la crise de 2008. À partir de « biographies sociales » de ces marchandises, on approfondira empiriquement le lien entre le phénomène de surproduction et ses conséquences sociales.

  • Arjun Appadurai (1986), Social Life of Things: Commodities in Cultural Perspective, Cambridge University Press, Cambridge
  • Timothy Mitchell (2011), Carbon Democracy. Political Power in the Age of Oil, Verso, New York
  • Jean-Stéphane Bron (2010), Cleveland contre Wall Street, Les films du Losange [film]

Lecture complémentaire :

  • Scott H. Podolsky (2018), « The evolving response to antibiotic resistance (1945-2018) », Palgrave Communications, 4, article 124

Séance 9 : Présentation de recherches (à définir)

Séance 10 : Présentation de recherches (à définir)

Séance 11 : Les récits de 1929 : art et sciences sociales

Plus que toute autre crise, celle de 1929 a eu des effets durables sur les formes d’expression artistiques. Outre les cas les plus connu, comme Les raisins de la colère, de John Steinbeck, on essaiera de dresser un tableau des « cultures de la crise » qu’on retrouve aussi bien en peinture, en photographie et au cinéma que dans la littérature. Elles ont contribué à forger les termes du débat politique et les solutions envisagées par les gouvernements face aux effets de la Grande Dépression. Pendant le New Deal, l’administration Roosevelt a par exemple commissionné des photographes et des écrivains pour documenter les effets du chômage, établir puis diffuser son diagnostic et orienter ses politiques.

  • James Agee et Walker Evans (1993) [1941], Louons maintenant les grands hommes, Terre Humaine, Plon, Paris
  • Charles Hagen (1985), American Photographers of the Depression: Farm Security Administration Photographs 1935-1942, Centre National de la Photographie, Paris et New York
  • Maurice Berger (1992), « FSA: The Illiterate Eye », in Maurice Berger, How Art Becomes History, HarperCollins

Séance 12 : Conclusion

En conclusion, on clarifiera les liens entre trois domaines de recherche mobilisés au cours du séminaire : l’histoire des crises économiques, la biographie sociale des marchandises et la sociologie intersectionnelle. En combinant ces trois angles d’attaque, on cherchera à dessiner une sociologie des crises capable d’éclairer les relations complexes qui lient les crises économiques aux crises politiques.

Bibliographie indicative (à compléter en cours d’année)

  • Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff (2010), Cette fois, c’est différent. Huit siècles de folie financière, Pearson, Paris
  • William H. Sewell (2008), « The temporalities of capitalism », Socio-economic Review, 6, 517-537
  • Arjun Appadurai (1986), Social Life of Things: Commodities in Cultural Perspective, Cambridge University Press, Cambridge
  • Timothy Mitchell (2011), Carbon Democracy. Political Power in the Age of Oil, Verso, New York
  • Scott H. Podolsky (2018), « The evolving response to antibiotic resistance (1945-2018) », Palgrave Communications, 4, article 124
  • Jean-Stéphane Bron (2010), Cleveland contre Wall Street, Les films du Losange [film]
  • James Agee et Walker Evans (1993) [1941], Louons maintenant les grands hommes, Terre Humaine, Plon, Paris
  • Charles Hagen (1985), American Photographers of the Depression: Farm Security Administration Photographs 1935-1942, Centre National de la Photographie, Paris et New York
  • Maurice Berger (1992), « FSA: The Illiterate Eye », in Maurice Berger, How Art Becomes History, HarperCollins
  • Gary Dymski (2009), « Racial Exclusion and the Political Economy of the Subprime Crisis », Historical Materialism, 17(2) :149-79
  • Nesrine Bentemessek Kahia (2010), « La bulle des mers du Sud, ou le ’too bigg to fail’ avant l’heure », L’économie politique, 2010/4, n°48
  • Joseph Inikori (2002), Africans and the Industrial Revolution in England, Cambridge Univ. Press, Cambridge
  • Sébastien Chauvin et Alexandre Jaunait (2012), « Représenter l’intersection. Les théories de l’intersectionalité à l’épreuve des sciences sociales », Revue Française de Science Politique, 2012/1, 62
  • Satnam Virdee (2014), Racism, Class and the Racialized Outsider, Red Globe Press, London
  • Markus Rediker (2013) [2007], A bord du négrier. Une histoire atlantique de la traite, Le Seuil, Paris
  • Lamprini Lori (2016), « L’ambition sans remords : SYRIZA et l’exercice du pouvoir, Pôle Sud. Revue de science politique de l’Europe méridionale, 2016/2, 45
  • Héloïse Nez (2015), Podemos : de l’indignation aux élections, Les Petits Matins, Paris
  • Roger Southhall (2014), « The South African Election of 2014: Retrospect and Prospect », Strategic Review for Southern Africa, vol. 36, 2
  • Enrique Hernandez et Hanspeter Kriesi (2016), « The Electoral Consequences of the Financial and Economic Crisis in Europe », European Journal of Political Research, 55(2):203-24
  • Daniel Bizeul (2003), Avec ceux du FN. Un sociologue au Front National, La Découverte, Paris
  • Louis Chauvel (2016), La spirale du déclassement. Essai sur la société des illusions, Le Seuil, Paris
  • Laurent Jeanpierre (2019), In Girum. Les leçons politiques des ronds-points, La Découverte, Paris
  • Gérard Noiriel (2018), Les Gilets jaunes à la lumière de l’histoire, Editions de l’Aube, La tour d’Aigues
  • AOC (2019), Les Gilets jaunes. Hypothèses sur un mouvement, La Découverte, Paris
  • François Furet et Denis Richet (2010) [1963], La Révolution française, Hachette, Paris
  • Michel Dobry (1986), La structure des crises politiques, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, Paris
  • David Weir (1991), « Les crises économiques et les origines de la révolution française », Annales, juillet-août 1991, n°4, 917-947
  • Charles Tilly et Maria Kousis (2005), Economic and Political Contention in Comparative Perspective, Paradigm, New York
  • Ateliers de lecture – Études politiques – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – Essai à partir des lectures
  • Ateliers de lecture – Sciences sociales-Pratiques de l'interdisciplinarité en sciences sociales – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – Essai à partir des lectures
  • Ateliers de lecture – Sociologie – M1/S1-S2-M2/S3-S4
    Suivi et validation – annuel bi-mensuelle = 6 ECTS
    MCC – Essais à partir des lectures
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

Ce séminaire de lecture et de recherche est ouvert à tous. L’organisation générale reste la même que l’année dernière mais certains textes et thèmes sont différents. Trois séances seront consacrées à la présentation de travaux d’autres chercheurs. La bibliographie est indicative et sera complétée au fil de l’année. Informations actualisées : https://enseignements-2018.ehess.fr/2018/ue/2799/ Validation : texte de 8-10 pages à partir des lectures et d'éléments empiriques.

Contact par courriel.

Direction de travaux des étudiants

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Réception des candidats
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Pré-requis
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  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 1
    annuel / bimensuel (1re/3e/5e), mercredi 11:00-13:00
    du 4 novembre 2020 au 7 avril 2021