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UE861 - Anthropologie de l'autorité


Lieu et planning


  • 54 bd Raspail
    54 bd Raspail 75006 Paris
    Salle A06_51
    2nd semestre / hebdomadaire, jeudi 15:00-17:00
    du 4 février 2021 au 17 juin 2021


Description


Dernière modification : 25 novembre 2020 07:27

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Action Administration Affects Anthropologie Anthropologie culturelle Anthropologie sociale Biopolitique Culture matérielle Démocratie Domination Dynamiques sociales Écriture Enquêtes État et politiques publiques Ethnographie Ethnologie Études des sciences contemporaines Fait religieux Génétique Gouvernance Guerre Imaginaire Institutions Intellectuels Interactions Laïcité Liturgie Mémoire Objets Philosophie politique Philosophie sociale Politique Pragmatique Pragmatisme Pratiques Religieux (sciences sociales du) Réseaux sociaux Rituel Savoirs Sciences Théâtre
Aires culturelles
Asie orientale Asie sud-orientale
Intervenant·e·s
  • Paul Sorrentino [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre Asie du Sud-Est (CASE)

Qu'est-ce qu'agir en étant plus que soi-même ? Ce séminaire entend appréhender l'autorité comme l'ensemble des transactions qui permettent de mobiliser des êtres au sein d'une action. Les sciences sociales ont surtout décrit l'autorité en termes de légitimation de formes de domination, ou d'une crise dans laquelle elle serait plongée par la modernité. Afin de dépasser ces paradigmes, il s'agira de s'intéresser moins aux fondements des actes et discours autorisés qu'aux relations d'autorisation qu'ils supposent, aux coûts que ces transactions impliquent, et aux contestations et impairs qui en font l'épaisseur.

Les manières dont l'autorité s'exerce à travers ses mises à l'épreuve plutôt que malgré elles seront notamment abordées à partir du terrain vietnamien (post-)socialiste, où un processus de sécularisation se poursuit alors que toutes les instances pourvoyeuses de vérité semblent être devenues suspectes, et où des relations complexes se tissent entre des formes rituelles, scientifiques et bureaucratiques d'autorité. Toutefois, ce séminaire a également une vocation comparatiste et se veut attentif à la diversité des régimes de transactions et circulations agentives qui articulent les figures multiples de l'autorité. Le séminaire mulitpliera donc les études de cas au gré des lectures, et des interventions d'étudiant.es ou d'invité.es. Il pourra ainsi y être question de rituels de possession et de tests ADN, de bureaucrates et de zombies, de science citoyenne et de magie amoureuse, et de tout ce qui touche aux manières de "faire faire". Cette année, le séminaire cheminera avec l'élaboration d'une monographie sur les différentes expertises mobilisées dans la recherche et l'identification des corps égarés des soldats vietnamiens tombés au combat pendant les trois guerres d'Indochine.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sciences des religions et société-Sciences sociales des religions – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats


sur rendez-vous.

Pré-requis

ouvert à tou.tes.


Compte rendu


Cette année inaugurale du séminaire « Anthropologie de l’autorité » a consisté à poser les bases d’une anthropologie pragmatique de l’autorité à partir de mes différents terrains vietnamiens, que les enquêtes soient déjà achevées ou encore ouvertes. Il a été décidé de ne procéder à aucune invitation d’intervenants extérieurs, les séances étant donc toutes animées par l’enseignant ainsi que par les exposés des étudiant·e·s.

Les premières séances ont donc été consacrées à la présentation générale du projet de ma maîtrise de conférences. Il y est question d’appréhender l’autorité comme l’ensemble des transactions agentives qui permettent de mobiliser des êtres au sein d’une action. Au-delà des paradigmes de la domination et de la crise de l’autorité, il s’agit d’interroger relations d’autorisation supposées par les actes de fondation et les discours autorisés, aux coûts que ces transactions impliquent, et aux contestations et impairs qui en font l’épaisseur. Cet exposé du cadre général du séminaire a donné l’occasion de relire Hannah Arendt, et la généalogie de l’autorité qu’elle construit non seulement dans son texte « Qu’est-ce que l’autorité » mais plus largement dans l’ensemble de La crise de la culture. Les travaux de Pierre Bourdieu sur les discours autorisés ainsi que texte fondateur de Bruno Latour et Michel Callon ont également été étudiés.

Le cycle suivant a été consacré à une étude de cas relevant de l’anthropologie de la bureaucratie et examinant, à partir d’une archive gouvernementale, la manière dont les autorités vietnamiennes ont appréhendé, à la fin des années 1990, le cas d’un spécialiste rituel faisant appel à la communication avec les morts dans le but de localiser les corps égarés de martyrs de la guerre. L’affaire en question a donné lieu à un programme de recherche officiellement autorisé, qui a constitué le cadre légal dans lequel de nombreuses pratiques nouvelles ont pu se développer malgré les politiques anti-superstition. En prenant pour objet les documents eux-mêmes, la manière dont ils traduisent les activités du spécialiste rituel, en suivant leurs trajectoires et traitements au sein des cabinets ministériels, cette étude de « l’affaire Nguyễn Văn Liên » permet d’appréhender les formes concrètes (et, en l’occurrence, bureaucratiques) du processus de sécularisation à l’œuvre au Vietnam. À ce titre, elle révèle des tentatives laborieuses et imparfaites de différencier la sphère séculaire en tant qu’elles s’opèrent, littéralement, sur le papier, qui devient un terrain d’action et de mobilisation d’êtres multiples dans des cours d’actions parfois conflictuels malgré le caractère feutré de l’arène dans laquelle ils se jouent.

Le dernier cycle de séances a porté sur la notion d’agentivité, à partir de la manière dont elle était mobilisée dans l’anthropologie de l’art d’Alfred Gell, avec pour horizon son application au rituel et en particulier aux rituels de possession. Les logiques de circulation de l’agence à travers des supports matériels (que Gell appelle « objets d’art », dans une acception très large) s’y sont trouvé fonctionner à une multitude d’échelles, allant de l’emprunt de la parole d’ancêtres ou de divinités au sein d’un groupe familial à la construction d’un culte accompagnant le projet pré-colonial d’édification d’une nation vietnamienne (chapitre alors en cours de rédaction sur le culte des Quatre Palais).

Parmi les exposés des étudiant·e·s : Adnan Bouhamidi nous a invités à une plongée dans l’anthropologie des pratiques d’écriture dans les organisations internationales ethnographiées par Annelise Riles. Nadège Ressia a posé un regard de juriste sur l’ouvrage Government of Paper de Mathew Hull. Maxence Dutilleul a mené une analyse virtuose de la parole quasi magique des banquiers centraux, donnant lieu à une discussion sur la notion de fétiche. Dorothea Bauer nous a invités à relire Max Weber en français et en allemand, commentant sa sociologie de la domination et les traductions dont elle a fait l’objet. Alice Viterbo, psychiatre, s’est livrée à une ambitieuse traversée des travaux de Michel Foucault sur l’institution psychiatrique. Ciellà Péricard a suivi Bruno Latour dans les couloirs du Conseil d’État. Florine Riolet a interrogé les formes de normativité sexuelle construites dans les sitcoms thaïlandais. Olivier Marinos, enfin, s’est essayé à une application du modèle Gellien du réseau de l’art à un contexte rituel tibétain.

Dernière modification : 25 novembre 2020 07:27

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Action Administration Affects Anthropologie Anthropologie culturelle Anthropologie sociale Biopolitique Culture matérielle Démocratie Domination Dynamiques sociales Écriture Enquêtes État et politiques publiques Ethnographie Ethnologie Études des sciences contemporaines Fait religieux Génétique Gouvernance Guerre Imaginaire Institutions Intellectuels Interactions Laïcité Liturgie Mémoire Objets Philosophie politique Philosophie sociale Politique Pragmatique Pragmatisme Pratiques Religieux (sciences sociales du) Réseaux sociaux Rituel Savoirs Sciences Théâtre
Aires culturelles
Asie orientale Asie sud-orientale
Intervenant·e·s
  • Paul Sorrentino [référent·e]   maître de conférences, EHESS / Centre Asie du Sud-Est (CASE)

Qu'est-ce qu'agir en étant plus que soi-même ? Ce séminaire entend appréhender l'autorité comme l'ensemble des transactions qui permettent de mobiliser des êtres au sein d'une action. Les sciences sociales ont surtout décrit l'autorité en termes de légitimation de formes de domination, ou d'une crise dans laquelle elle serait plongée par la modernité. Afin de dépasser ces paradigmes, il s'agira de s'intéresser moins aux fondements des actes et discours autorisés qu'aux relations d'autorisation qu'ils supposent, aux coûts que ces transactions impliquent, et aux contestations et impairs qui en font l'épaisseur.

Les manières dont l'autorité s'exerce à travers ses mises à l'épreuve plutôt que malgré elles seront notamment abordées à partir du terrain vietnamien (post-)socialiste, où un processus de sécularisation se poursuit alors que toutes les instances pourvoyeuses de vérité semblent être devenues suspectes, et où des relations complexes se tissent entre des formes rituelles, scientifiques et bureaucratiques d'autorité. Toutefois, ce séminaire a également une vocation comparatiste et se veut attentif à la diversité des régimes de transactions et circulations agentives qui articulent les figures multiples de l'autorité. Le séminaire mulitpliera donc les études de cas au gré des lectures, et des interventions d'étudiant.es ou d'invité.es. Il pourra ainsi y être question de rituels de possession et de tests ADN, de bureaucrates et de zombies, de science citoyenne et de magie amoureuse, et de tout ce qui touche aux manières de "faire faire". Cette année, le séminaire cheminera avec l'élaboration d'une monographie sur les différentes expertises mobilisées dans la recherche et l'identification des corps égarés des soldats vietnamiens tombés au combat pendant les trois guerres d'Indochine.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Ethnologie et anthropologie sociale – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Études asiatiques-Histoire et sciences sociales : terrains, textes et images – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
  • Séminaires de recherche – Sciences des religions et société-Sciences sociales des religions – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture
Contacts additionnels
-
Informations pratiques
-
Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats


sur rendez-vous.

Pré-requis

ouvert à tou.tes.

  • 54 bd Raspail
    54 bd Raspail 75006 Paris
    Salle A06_51
    2nd semestre / hebdomadaire, jeudi 15:00-17:00
    du 4 février 2021 au 17 juin 2021

Cette année inaugurale du séminaire « Anthropologie de l’autorité » a consisté à poser les bases d’une anthropologie pragmatique de l’autorité à partir de mes différents terrains vietnamiens, que les enquêtes soient déjà achevées ou encore ouvertes. Il a été décidé de ne procéder à aucune invitation d’intervenants extérieurs, les séances étant donc toutes animées par l’enseignant ainsi que par les exposés des étudiant·e·s.

Les premières séances ont donc été consacrées à la présentation générale du projet de ma maîtrise de conférences. Il y est question d’appréhender l’autorité comme l’ensemble des transactions agentives qui permettent de mobiliser des êtres au sein d’une action. Au-delà des paradigmes de la domination et de la crise de l’autorité, il s’agit d’interroger relations d’autorisation supposées par les actes de fondation et les discours autorisés, aux coûts que ces transactions impliquent, et aux contestations et impairs qui en font l’épaisseur. Cet exposé du cadre général du séminaire a donné l’occasion de relire Hannah Arendt, et la généalogie de l’autorité qu’elle construit non seulement dans son texte « Qu’est-ce que l’autorité » mais plus largement dans l’ensemble de La crise de la culture. Les travaux de Pierre Bourdieu sur les discours autorisés ainsi que texte fondateur de Bruno Latour et Michel Callon ont également été étudiés.

Le cycle suivant a été consacré à une étude de cas relevant de l’anthropologie de la bureaucratie et examinant, à partir d’une archive gouvernementale, la manière dont les autorités vietnamiennes ont appréhendé, à la fin des années 1990, le cas d’un spécialiste rituel faisant appel à la communication avec les morts dans le but de localiser les corps égarés de martyrs de la guerre. L’affaire en question a donné lieu à un programme de recherche officiellement autorisé, qui a constitué le cadre légal dans lequel de nombreuses pratiques nouvelles ont pu se développer malgré les politiques anti-superstition. En prenant pour objet les documents eux-mêmes, la manière dont ils traduisent les activités du spécialiste rituel, en suivant leurs trajectoires et traitements au sein des cabinets ministériels, cette étude de « l’affaire Nguyễn Văn Liên » permet d’appréhender les formes concrètes (et, en l’occurrence, bureaucratiques) du processus de sécularisation à l’œuvre au Vietnam. À ce titre, elle révèle des tentatives laborieuses et imparfaites de différencier la sphère séculaire en tant qu’elles s’opèrent, littéralement, sur le papier, qui devient un terrain d’action et de mobilisation d’êtres multiples dans des cours d’actions parfois conflictuels malgré le caractère feutré de l’arène dans laquelle ils se jouent.

Le dernier cycle de séances a porté sur la notion d’agentivité, à partir de la manière dont elle était mobilisée dans l’anthropologie de l’art d’Alfred Gell, avec pour horizon son application au rituel et en particulier aux rituels de possession. Les logiques de circulation de l’agence à travers des supports matériels (que Gell appelle « objets d’art », dans une acception très large) s’y sont trouvé fonctionner à une multitude d’échelles, allant de l’emprunt de la parole d’ancêtres ou de divinités au sein d’un groupe familial à la construction d’un culte accompagnant le projet pré-colonial d’édification d’une nation vietnamienne (chapitre alors en cours de rédaction sur le culte des Quatre Palais).

Parmi les exposés des étudiant·e·s : Adnan Bouhamidi nous a invités à une plongée dans l’anthropologie des pratiques d’écriture dans les organisations internationales ethnographiées par Annelise Riles. Nadège Ressia a posé un regard de juriste sur l’ouvrage Government of Paper de Mathew Hull. Maxence Dutilleul a mené une analyse virtuose de la parole quasi magique des banquiers centraux, donnant lieu à une discussion sur la notion de fétiche. Dorothea Bauer nous a invités à relire Max Weber en français et en allemand, commentant sa sociologie de la domination et les traductions dont elle a fait l’objet. Alice Viterbo, psychiatre, s’est livrée à une ambitieuse traversée des travaux de Michel Foucault sur l’institution psychiatrique. Ciellà Péricard a suivi Bruno Latour dans les couloirs du Conseil d’État. Florine Riolet a interrogé les formes de normativité sexuelle construites dans les sitcoms thaïlandais. Olivier Marinos, enfin, s’est essayé à une application du modèle Gellien du réseau de l’art à un contexte rituel tibétain.