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UE860 - Made in Chinafrica. Anthropologie des circulations de marchandises dans le Sud global


Lieu et planning


  • Vieille-Charité
    Centre de la Vieille-Charité, salle A, 2 rue de la Charité 13002 Marseille

    mercredi 3, 17 et 24 mars 2021, 10:00-13:00
    mercredi 7 et 21 avril 2021, 10:00-13:00
    mercredi 12, 19 et 26 mai 2021, 10:00-13:00
    mercredi 2 juin 2021, 10:00-13:00


Description


Dernière modification : 31 mai 2020 08:49

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie sociale Circulations Culture matérielle Globalisation Industrie Marché Politique Techniques Transnational Valeur
Aires culturelles
Afrique Chine Contemporain (anthropologie du, monde) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Giorgio Blundo [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre Norbert-Elias (CNE)

Dans la littérature en sciences sociales sur les interconnexions au sein du Sud global, et tout particulièrement des relations entre la Chine et l’Afrique, l’étude des mobilités humaines a longtemps prévalu sur celle de la circulation de biens et marchandises. Les travaux se sont ainsi concentrés sur les acteurs de la « mondialisation par le bas », non sans quelques lectures réductrices ou misérabilistes, reléguant à l’arrière-plan « ce qui circule », les produits manufacturés asiatiques et leur inscription dans les sociétés africaines.

Croisant des approches issues du « material turn », des « thing-following studies » et de l’anthropologie de la globalisation, ce séminaire propose d’aborder les enjeux théoriques et empiriques d’une anthropologie globale des chaines d’approvisionnement et de valeur reliant la Chine à l’Afrique. Il sera alimenté par des travaux récents centrés sur les trajectoires « biographiques » de certaines marchandises caractérisées par une circulation à grande échelle et par les résultats d’une longue enquête multisituée à peine achevée, centrée sur la production, la commercialisation et les usages des motos de fabrication chinoise, marchandise qui incarne l’essor des relations commerciales entre l’Empire du Milieu et l’Afrique.

Au cours du séminaire, on examinera les itinéraires, les routes et les hubs (villes portuaires, foires internationales, districts industriels, zones franches, marchés frontaliers) de ces circulations, les configurations d’acteurs qui les animent, les infrastructures et les moyens de transport qu’elles utilisent, les formes de régulation qui les encadrent et leurs contournements. On s’intéressera également aux processus complexes de transformation, adaptation voire transfiguration affectant les marchandises étudiées au cours de leur circulation.

Par des aller-retours entre les lieux de conception, fabrication, exposition, distribution et consommation, et le croisement des regards et des pratiques observés tout au long de la chaine d’approvisionnement, on soulignera la forte interdépendance entre importateurs africains et fabricants chinois et les implications de ces formes de coprésence, voire de coproduction, pour notre compréhension de ce qui se joue aujourd’hui dans les nouvelles formes de coopération économique et industrielle au sein du Sud global, en termes de transformation des modes de consommation, des styles culturels, des manières d’entreprendre et des modèles de développement.

Nous aborderons également les problèmes, les potentialités et les ouvertures d’une ethnographie embrassant la totalité d’une chaine globale d’approvisionnement et de valeur. Traquer une marchandise globalisée morcelle le terrain entre un vaste répertoire d’acteurs, d’actants et de situations appartenant à des espaces sociaux et politiques transculturels et transnationaux et incite de ce fait à repenser la place des aires culturelles, les formes du comparatisme et l’exigence d’érudition qui leur est étroitement associée.

Le programme détaillé n'est pas disponible.


Master


  • Séminaires de recherche – Recherches comparatives en anthropologie, histoire et sociologie [Marseille] – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral

Renseignements


Contacts additionnels
-
Informations pratiques

renseignements : par courriel ou via le secrétariat de la mention.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

aucun.


Compte rendu


Il s’agit de la première édition d’un séminaire entièrement basé sur la présentation et l’analyse des résultats d’une longue étude multisituée centrée sur l’observation d’une chaîne de marchandises reliant la Chine à l’Afrique de l’Ouest. Le séminaire correspond à une réorientation importante de mes recherches, jusqu’alors consacrées à l’anthropologie de l’État et des formes de gouvernance en Afrique. J’ai ainsi entrepris un terrain doublement inédit, aussi bien sur le plan géographique et culturel (je passe des sociétés sahéliennes aux sociétés du Golfe de Guinée, à partir desquelles j’observe la « ChinAfrique ») que thématique (j’investis le domaine des thing-following studies, avec des incursions vers l’anthropologie économique et l’anthropologie des techniques).

J’ai choisi de renouer avec les approches « biographiques » des marchandises, dans le sillage des travaux d’Appadurai et de Kopytoff, pour éclairer à nouveaux frais les dynamiques sociales, politiques et économiques qu’engendre l’insertion de l’Afrique dans des échanges globalisés, en particulier avec la Chine. L’entrée par la circulation des objets permet en effet d’ethnographier finement les réseaux translocaux et transnationaux qui animent les chaînes de marchandises, de la production jusqu’à la consommation.

Après une introduction générale montrant l’intérêt du croisement de trois corpus d’études relativement autonomes – sur les chaînes d’approvisionnement et de valeur, sur les transferts technologiques et sur les échanges économiques « par le bas » entre la Chine et plusieurs pays africains –, j’ai présenté ma propre recherche sur la production, la commercialisation et les usages des motos de fabrication chinoise. J’ai comparé le dispositif d’enquête envisagé dans le cadre de cette ethnographie globale avec d’autres études récentes en anthropologie, géographie sociale et économie. Puis le séminaire s’est déroulé autour de trois thématiques. La première portait sur les lieux et les acteurs de ces chaînes d’approvisionnement de marchandises, se déployant des districts industriels de la région du Guangdong et de la mégalopole de Chongqing jusqu’aux ports en eaux profondes en Afrique de l’Ouest, où des pays comme le Togo et le Bénin jouent le rôle d’« États entrepôts » qui fournissent les économies sahéliennes enclavées. J’ai dédié trois séances à l’analyse du système de production de motocycles en Chine et des principaux « hubs », comme la Foire de Canton, où les producteurs rencontrent les importateurs étrangers grâce à l’œuvre d’intermédiaires africains et chinois. La deuxième partie du séminaire a été consacrée aux interactions entre opérateurs économiques chinois et africains. Parallèlement à l’examen des itinéraires de réussite et d’échec à l’ombre de la ChinAfrique, je me suis intéressé à ce qui se joue de nos jours dans ces configurations inédites de coprésence et de coproduction au sein du Sud global : dans quelle mesure ces rencontres et ces échanges contribuent à transformer les modes de consommation, les modèles entrepreneuriaux, les styles culturels, aussi bien dans les pays producteurs que dans les sociétés qui les importent ? Enfin, les trois dernières séances ont permis de considérer les transformations, matérielles, techniques et symboliques, qui affectent les biens au cours de leur périple, et d’aborder la question des formes et instance de régulation des circulations de marchandises entre la Chine et l’Afrique.

En relation à mes recherches sur l’anthropologie des échanges globalisés, j’ai présenté dans le séminaire Domaines et débats en anthropologie (Paris, EHESS, 11 janvier 2021) un exposé intitulé « « Thing-following studies » et chaînes globales de valeur : débats et terrains en anthropologie ».

 

Publications
  • « Corruption and the State in the Sahel », dans The Oxford Handbook of the African Sahel, sous la dir. de Leonardo A. Villalon, Oxford, Oxford University Press, 2021, p. 363-380.

Dernière modification : 31 mai 2020 08:49

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Anthropologie sociale Circulations Culture matérielle Globalisation Industrie Marché Politique Techniques Transnational Valeur
Aires culturelles
Afrique Chine Contemporain (anthropologie du, monde) Transnational/transfrontières
Intervenant·e·s
  • Giorgio Blundo [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Centre Norbert-Elias (CNE)

Dans la littérature en sciences sociales sur les interconnexions au sein du Sud global, et tout particulièrement des relations entre la Chine et l’Afrique, l’étude des mobilités humaines a longtemps prévalu sur celle de la circulation de biens et marchandises. Les travaux se sont ainsi concentrés sur les acteurs de la « mondialisation par le bas », non sans quelques lectures réductrices ou misérabilistes, reléguant à l’arrière-plan « ce qui circule », les produits manufacturés asiatiques et leur inscription dans les sociétés africaines.

Croisant des approches issues du « material turn », des « thing-following studies » et de l’anthropologie de la globalisation, ce séminaire propose d’aborder les enjeux théoriques et empiriques d’une anthropologie globale des chaines d’approvisionnement et de valeur reliant la Chine à l’Afrique. Il sera alimenté par des travaux récents centrés sur les trajectoires « biographiques » de certaines marchandises caractérisées par une circulation à grande échelle et par les résultats d’une longue enquête multisituée à peine achevée, centrée sur la production, la commercialisation et les usages des motos de fabrication chinoise, marchandise qui incarne l’essor des relations commerciales entre l’Empire du Milieu et l’Afrique.

Au cours du séminaire, on examinera les itinéraires, les routes et les hubs (villes portuaires, foires internationales, districts industriels, zones franches, marchés frontaliers) de ces circulations, les configurations d’acteurs qui les animent, les infrastructures et les moyens de transport qu’elles utilisent, les formes de régulation qui les encadrent et leurs contournements. On s’intéressera également aux processus complexes de transformation, adaptation voire transfiguration affectant les marchandises étudiées au cours de leur circulation.

Par des aller-retours entre les lieux de conception, fabrication, exposition, distribution et consommation, et le croisement des regards et des pratiques observés tout au long de la chaine d’approvisionnement, on soulignera la forte interdépendance entre importateurs africains et fabricants chinois et les implications de ces formes de coprésence, voire de coproduction, pour notre compréhension de ce qui se joue aujourd’hui dans les nouvelles formes de coopération économique et industrielle au sein du Sud global, en termes de transformation des modes de consommation, des styles culturels, des manières d’entreprendre et des modèles de développement.

Nous aborderons également les problèmes, les potentialités et les ouvertures d’une ethnographie embrassant la totalité d’une chaine globale d’approvisionnement et de valeur. Traquer une marchandise globalisée morcelle le terrain entre un vaste répertoire d’acteurs, d’actants et de situations appartenant à des espaces sociaux et politiques transculturels et transnationaux et incite de ce fait à repenser la place des aires culturelles, les formes du comparatisme et l’exigence d’érudition qui leur est étroitement associée.

Le programme détaillé n'est pas disponible.

  • Séminaires de recherche – Recherches comparatives en anthropologie, histoire et sociologie [Marseille] – M1/S2-M2/S4
    Suivi et validation – semestriel hebdomadaire = 6 ECTS
    MCC – fiche de lecture, exposé oral
Contacts additionnels
-
Informations pratiques

renseignements : par courriel ou via le secrétariat de la mention.

Direction de travaux des étudiants

sur rendez-vous.

Réception des candidats

sur rendez-vous.

Pré-requis

aucun.

  • Vieille-Charité
    Centre de la Vieille-Charité, salle A, 2 rue de la Charité 13002 Marseille

    mercredi 3, 17 et 24 mars 2021, 10:00-13:00
    mercredi 7 et 21 avril 2021, 10:00-13:00
    mercredi 12, 19 et 26 mai 2021, 10:00-13:00
    mercredi 2 juin 2021, 10:00-13:00

Il s’agit de la première édition d’un séminaire entièrement basé sur la présentation et l’analyse des résultats d’une longue étude multisituée centrée sur l’observation d’une chaîne de marchandises reliant la Chine à l’Afrique de l’Ouest. Le séminaire correspond à une réorientation importante de mes recherches, jusqu’alors consacrées à l’anthropologie de l’État et des formes de gouvernance en Afrique. J’ai ainsi entrepris un terrain doublement inédit, aussi bien sur le plan géographique et culturel (je passe des sociétés sahéliennes aux sociétés du Golfe de Guinée, à partir desquelles j’observe la « ChinAfrique ») que thématique (j’investis le domaine des thing-following studies, avec des incursions vers l’anthropologie économique et l’anthropologie des techniques).

J’ai choisi de renouer avec les approches « biographiques » des marchandises, dans le sillage des travaux d’Appadurai et de Kopytoff, pour éclairer à nouveaux frais les dynamiques sociales, politiques et économiques qu’engendre l’insertion de l’Afrique dans des échanges globalisés, en particulier avec la Chine. L’entrée par la circulation des objets permet en effet d’ethnographier finement les réseaux translocaux et transnationaux qui animent les chaînes de marchandises, de la production jusqu’à la consommation.

Après une introduction générale montrant l’intérêt du croisement de trois corpus d’études relativement autonomes – sur les chaînes d’approvisionnement et de valeur, sur les transferts technologiques et sur les échanges économiques « par le bas » entre la Chine et plusieurs pays africains –, j’ai présenté ma propre recherche sur la production, la commercialisation et les usages des motos de fabrication chinoise. J’ai comparé le dispositif d’enquête envisagé dans le cadre de cette ethnographie globale avec d’autres études récentes en anthropologie, géographie sociale et économie. Puis le séminaire s’est déroulé autour de trois thématiques. La première portait sur les lieux et les acteurs de ces chaînes d’approvisionnement de marchandises, se déployant des districts industriels de la région du Guangdong et de la mégalopole de Chongqing jusqu’aux ports en eaux profondes en Afrique de l’Ouest, où des pays comme le Togo et le Bénin jouent le rôle d’« États entrepôts » qui fournissent les économies sahéliennes enclavées. J’ai dédié trois séances à l’analyse du système de production de motocycles en Chine et des principaux « hubs », comme la Foire de Canton, où les producteurs rencontrent les importateurs étrangers grâce à l’œuvre d’intermédiaires africains et chinois. La deuxième partie du séminaire a été consacrée aux interactions entre opérateurs économiques chinois et africains. Parallèlement à l’examen des itinéraires de réussite et d’échec à l’ombre de la ChinAfrique, je me suis intéressé à ce qui se joue de nos jours dans ces configurations inédites de coprésence et de coproduction au sein du Sud global : dans quelle mesure ces rencontres et ces échanges contribuent à transformer les modes de consommation, les modèles entrepreneuriaux, les styles culturels, aussi bien dans les pays producteurs que dans les sociétés qui les importent ? Enfin, les trois dernières séances ont permis de considérer les transformations, matérielles, techniques et symboliques, qui affectent les biens au cours de leur périple, et d’aborder la question des formes et instance de régulation des circulations de marchandises entre la Chine et l’Afrique.

En relation à mes recherches sur l’anthropologie des échanges globalisés, j’ai présenté dans le séminaire Domaines et débats en anthropologie (Paris, EHESS, 11 janvier 2021) un exposé intitulé « « Thing-following studies » et chaînes globales de valeur : débats et terrains en anthropologie ».

 

Publications
  • « Corruption and the State in the Sahel », dans The Oxford Handbook of the African Sahel, sous la dir. de Leonardo A. Villalon, Oxford, Oxford University Press, 2021, p. 363-380.