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UE745 - Sociologie du sujet vulnérable


Lieu et planning


  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 11
    annuel / hebdomadaire, mardi 09:00-11:00
    du 13 octobre 2020 au 1er juin 2021


Description


Dernière modification : 17 juillet 2020 15:07

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Corps Discrimination Éthique Famille Inégalités Santé Sociologie
Aires culturelles
France
Intervenant·e·s
  • Philippe Bataille [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain (IIAC)

La sociologie du sujet vulnérable à raison du grand âge, des discriminations, de la maladie et de la mort s’arrête sur la crise sanitaire de la Covid-19. L’année établira un bilan critique des politiques sociales de la vieillesse. Elle interrogera la modélisation des parcours de vie fondée sur l’évaluation/catégorisation de l'autonomie/dépendance des très âgés

Le premier semestre revient sur l'idéal culturel de l’allongement de la vie et sur la crainte du vieillissement de la population. Nous questionnerons les normes sanitaires et sécuritaires qui privent les vieux de leur liberté sans les protéger pour autant d'une attaque épidémique lorsqu'elle les cible. À partir d’enquêtes en EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et auprès de nombreux services de soins à domicile et en gériatrie (équipe mobile), le second semestre s'intéresse aux raisons pour lesquelles la Covid-19 est devenu la maladie mortelle du sujet vulnérable. La démonstration s’écartera des poncifs philosophiques qui dominent sans la renouveler la conception politique de la relation d’aide et de soins des vulnérables. Il sera aussi question de l’expérience en cours des familles et des professionnels.

Un programme détaillé pour chaque semestre sera remis à la première séance.


Master


Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.


Renseignements


Contacts additionnels
iiac@ehess.fr
Informations pratiques

contacter l'enseignant par courriel.

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

ouvert aux M1 M2 sur demande auprès de l'enseignant.


Compte rendu


L’année 2020-2021 a été marquée par la pandémie virale dont un vaccin allait bientôt faciliter le contrôle. Au premier semestre, le séminaire s’est en partie détaché de la discussion entamée depuis plusieurs années avec les principaux concepts et courants théoriques de la sociologie de la santé et des relations de soins. L’heure était aux vagues de contamination avec des variants qui menaçaient, mais aussi à l’âge qui était devenu la principale variable d’ajustement des messages de santé publique qui s’adressaient tantôt aux âgés tantôt aux jeunes. Les institutions de vieillesse sont vite devenues un important enjeu de santé publique avec des données qualitatives et statistiques nouvelles issues du premier confinement (17 mars au 11 mai 2020). Le problème des vieux dans cette période a été d’accéder à leurs soins ordinaires sans encourir le risque d’une contamination. Or, c’est le contraire qui s’est produit. Ce sont dans les établissements médicalisés de vieillesse et au-delà dans les services de médecine mais aussi les bâtiments sanitaires et sociaux qu’il y a eu le plus de clusters et des fortes morbidités. Au-delà, les vieux ont aussi été privés de leur environnement social, voire ils ont été coupés de leur famille qui est la seule raison de vivre de beaucoup. Leurs conditions de vie se sont vite dégradées, faisant qu’à la sortie du premier confinement des nonagénaires avaient perdu la marche quand d’autres étaient dénutris. D’autres encore, plus autonomes ou hors institutions, ont pu traverser sans trop de difficultés ces semaines et mois d’interruption de leurs aides. Il est également vite apparu que l’épreuve de la pandémie affectait si nettement les professions de santé que beaucoup s’en détourneraient. Plusieurs ont démissionné ou ils ont réorienté leur carrière pour quitter le secteur de la gériatrie et de l’aide à la personne âgée dépendante.

Un état des lieux des politiques publiques sur le vieillissement de la population française devenait possible. D’autant plus que la crise sanitaire écarte l’analyse du vieillissement de l’alerte démographique annoncée entre 2035 et 2050 avec l’âge des baby-boomers (nés entre 1945 et 1960). Le regard porte sur les enfants nés avant 1945 qui sont les nonagénaires, octogénaires et centenaires d’aujourd’hui et qui ont été les premières victimes de la pandémie. Le second semestre s’est attaché à mieux articuler les ambitions théoriques de la sociologie du sujet vulnérable aux enquêtes en gériatrie hospitalière et dans des réseaux de soignants et d’aidants à domicile, par exemple en intégrant une équipe mobile de gériatrie qui se rendait dans des Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) toujours en proie avec le virus. De ce point de vue, l’épidémie a facilité l’accès du chercheur à des terrains d’enquêtes jusqu’alors difficiles d’accès. Les Ehpad s’entouraient de conseils pour revoir leur projet d’établissement en s’ouvrant à des études et des étudiant·e·s. La plupart venaient de perdre entre 10% et 30% de leurs résidents, parfois en quelques jours. Le choc pour les professionnels du soin a été considérable, de même, le rôle du médecin coordinateur en Ehpad a soudain été mis en exergue en même temps que nous assistions à la remise en cause des parcours territoriaux de gériatrie voulue par les Agences régionales de santé (ARS) avec des médecins généralistes, si mal préparés aux pathologies du grand âge. Le réflexe établi d’adresser les vieux aux urgences était si entravé que bien des vieux sont morts là où ils se trouvaient, surtout dans ces maisons de vieillesse dont ni les bâtiments, ni l’organisation, pas même les habitudes ou la formation professionnelle, pas non plus les décisions prises par la direction durant la crise n’ont été circonstanciés. Le séminaire a problématisé ce que la crise faisait au grand âge. Sa conclusion souligne l’absence d’une culture gériatrique dans les sociétés de la longévité qui sont de plus en plus intergénérationnelles.

 

Publications

-

Dernière modification : 17 juillet 2020 15:07

Type d'UE
Séminaires DE/MC
Disciplines
Sociologie
Page web
-
Langues
français
Mots-clés
Corps Discrimination Éthique Famille Inégalités Santé Sociologie
Aires culturelles
France
Intervenant·e·s
  • Philippe Bataille [référent·e]   directeur d'études, EHESS / Institut interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain (IIAC)

La sociologie du sujet vulnérable à raison du grand âge, des discriminations, de la maladie et de la mort s’arrête sur la crise sanitaire de la Covid-19. L’année établira un bilan critique des politiques sociales de la vieillesse. Elle interrogera la modélisation des parcours de vie fondée sur l’évaluation/catégorisation de l'autonomie/dépendance des très âgés

Le premier semestre revient sur l'idéal culturel de l’allongement de la vie et sur la crainte du vieillissement de la population. Nous questionnerons les normes sanitaires et sécuritaires qui privent les vieux de leur liberté sans les protéger pour autant d'une attaque épidémique lorsqu'elle les cible. À partir d’enquêtes en EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et auprès de nombreux services de soins à domicile et en gériatrie (équipe mobile), le second semestre s'intéresse aux raisons pour lesquelles la Covid-19 est devenu la maladie mortelle du sujet vulnérable. La démonstration s’écartera des poncifs philosophiques qui dominent sans la renouveler la conception politique de la relation d’aide et de soins des vulnérables. Il sera aussi question de l’expérience en cours des familles et des professionnels.

Un programme détaillé pour chaque semestre sera remis à la première séance.

Cette UE n'est rattachée à aucune formation de master.

Contacts additionnels
iiac@ehess.fr
Informations pratiques

contacter l'enseignant par courriel.

Direction de travaux des étudiants
-
Réception des candidats
-
Pré-requis

ouvert aux M1 M2 sur demande auprès de l'enseignant.

  • 105 bd Raspail
    105 bd Raspail 75006 Paris
    Salle 11
    annuel / hebdomadaire, mardi 09:00-11:00
    du 13 octobre 2020 au 1er juin 2021

L’année 2020-2021 a été marquée par la pandémie virale dont un vaccin allait bientôt faciliter le contrôle. Au premier semestre, le séminaire s’est en partie détaché de la discussion entamée depuis plusieurs années avec les principaux concepts et courants théoriques de la sociologie de la santé et des relations de soins. L’heure était aux vagues de contamination avec des variants qui menaçaient, mais aussi à l’âge qui était devenu la principale variable d’ajustement des messages de santé publique qui s’adressaient tantôt aux âgés tantôt aux jeunes. Les institutions de vieillesse sont vite devenues un important enjeu de santé publique avec des données qualitatives et statistiques nouvelles issues du premier confinement (17 mars au 11 mai 2020). Le problème des vieux dans cette période a été d’accéder à leurs soins ordinaires sans encourir le risque d’une contamination. Or, c’est le contraire qui s’est produit. Ce sont dans les établissements médicalisés de vieillesse et au-delà dans les services de médecine mais aussi les bâtiments sanitaires et sociaux qu’il y a eu le plus de clusters et des fortes morbidités. Au-delà, les vieux ont aussi été privés de leur environnement social, voire ils ont été coupés de leur famille qui est la seule raison de vivre de beaucoup. Leurs conditions de vie se sont vite dégradées, faisant qu’à la sortie du premier confinement des nonagénaires avaient perdu la marche quand d’autres étaient dénutris. D’autres encore, plus autonomes ou hors institutions, ont pu traverser sans trop de difficultés ces semaines et mois d’interruption de leurs aides. Il est également vite apparu que l’épreuve de la pandémie affectait si nettement les professions de santé que beaucoup s’en détourneraient. Plusieurs ont démissionné ou ils ont réorienté leur carrière pour quitter le secteur de la gériatrie et de l’aide à la personne âgée dépendante.

Un état des lieux des politiques publiques sur le vieillissement de la population française devenait possible. D’autant plus que la crise sanitaire écarte l’analyse du vieillissement de l’alerte démographique annoncée entre 2035 et 2050 avec l’âge des baby-boomers (nés entre 1945 et 1960). Le regard porte sur les enfants nés avant 1945 qui sont les nonagénaires, octogénaires et centenaires d’aujourd’hui et qui ont été les premières victimes de la pandémie. Le second semestre s’est attaché à mieux articuler les ambitions théoriques de la sociologie du sujet vulnérable aux enquêtes en gériatrie hospitalière et dans des réseaux de soignants et d’aidants à domicile, par exemple en intégrant une équipe mobile de gériatrie qui se rendait dans des Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) toujours en proie avec le virus. De ce point de vue, l’épidémie a facilité l’accès du chercheur à des terrains d’enquêtes jusqu’alors difficiles d’accès. Les Ehpad s’entouraient de conseils pour revoir leur projet d’établissement en s’ouvrant à des études et des étudiant·e·s. La plupart venaient de perdre entre 10% et 30% de leurs résidents, parfois en quelques jours. Le choc pour les professionnels du soin a été considérable, de même, le rôle du médecin coordinateur en Ehpad a soudain été mis en exergue en même temps que nous assistions à la remise en cause des parcours territoriaux de gériatrie voulue par les Agences régionales de santé (ARS) avec des médecins généralistes, si mal préparés aux pathologies du grand âge. Le réflexe établi d’adresser les vieux aux urgences était si entravé que bien des vieux sont morts là où ils se trouvaient, surtout dans ces maisons de vieillesse dont ni les bâtiments, ni l’organisation, pas même les habitudes ou la formation professionnelle, pas non plus les décisions prises par la direction durant la crise n’ont été circonstanciés. Le séminaire a problématisé ce que la crise faisait au grand âge. Sa conclusion souligne l’absence d’une culture gériatrique dans les sociétés de la longévité qui sont de plus en plus intergénérationnelles.

 

Publications

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